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HISTOIRE

Le chien dans l'Ecrit

 
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Grèce antique

Alexis Pierron, Histoire de la littérature grecque, Librairie Hachette et Cie, 1875 (p.I-VIII).

PRÉFACE.

[...] Athènes succède à l’Ionie* dans l’empire de l’intelligence. Dès le sixième siècle avant notre ère.......,
[...] Ici les grands noms se pressent mais entre tous rayonnent quelques noms, presque aussi grands, presque aussi glorieux que ceux mêmes d’Homère, de Pindare ou des tragiques : Thucydide, Xénophon, Platon, Aristote, Eschine, Démosthène .......
Pierron, Préface

*

" L'Ionie est une région historique du monde grec antique située à l'ouest de l'Asie mineure.....
[..] C'est en Ionie que se sont développées les premières formes de science de la philosophie en Occident,....... Wikipedia

* prmob4gr3c/Turquie

*

XENOPHON

Wikipedia

" Xénophon ..... est un philosophe et chef militaire de la Grèce antique né à Erchia près d'Athènes vers 430 av. J.C. et mort vers 355 av J.C.

[..] Bien que citoyen d'Athènes, Xénophon est néanmoins l'ami de Sparte. ......proche du roi Agésilas II, il combat notamment en Perse ....

Xénophon, sans le savoir, ouvre la voie aux futures conquêtes d’Alexandre le Grand : dans l’Anabase, outre une description détaillée de son trajet en Asie, il montre qu'un corps expéditionnaire de soldats grecs peut traverser l’Empire perse invaincu. Wikipedia

extraits de "remacle.org"
Traduction française, Eugène TALBOT

DE L’ÉCONOMIE (CHAPITRES I à X)

CHAPITRE V .

Éloge de l’agriculture :

"elle procure de douces jouissances, augmente la fortune, prépare le corps aux travaux guerriers, enseigne la justice et la libéralité, enfante et nourrit les arts.

[..] 5. "elle offre une nourriture facile aux chiens et au gibier. [6] D’autre part, si les chevaux et les chiens reçoivent des services de l’agriculture, ils les lui rendent à leur tour : le cheval, en portant l’inspecteur aux champs de grand matin et en lui donnant la faculté d’en revenir tard;
le
chien, en empêchant les animaux sauvages de nuire aux productions et aux troupeaux, et en assurant la tranquillité de la solitude...." Xénophon, remacle


.
DE LA CHASSE
(CYNEGETIQUE)

.

CHAPITRE PREMIER. : Origines de la chasse ; éloge des héros qui s’y sont adonnés

" [1] C’est une invention des dieux : d’Apollon et de Diane viennent les chasses et les chiens ; ils en ont fait présent à Chiron pour honorer sa justice. Celui-ci reçut ce don avec joie, et eut pour disciples, dans la chasse aussi bien que dans les autres arts, Céphale, Esculape, Mélanion, Nestor, Amphiaraüs, Pélée, Télamon, Méléagre, Thésée, Hippolyte, Palamède, Ulysse, Ménesthée, Diomède, Castor, Pollux, Machaon, Podalire, Antiloque, Énée, Achille, honorés des dieux chacun dans son temps. Leur passion pour les chiens, pour la chasse et les autres exercices, en les plaçant, par leurs vertus, au-dessus des autres hommes, les a rendus dignes d'admiration.
..........

[18] Pour ma part, j’engage donc les jeunes gens à ne pas mépriser la chasse,..... C’est le moyen de devenir de bons soldats, et d’exceller dans tout ce qui exige le talent de bien penser, de bien parler et de bien faire. Xénophon, remacle

.

CHAPITRE III. : Des deux espèces de chiens; leurs qualités et leurs défauts

" [1] Il y a deux espèces de chiens, les castorides et les alopécides. Les castorides prennent leur nom de Castor, qui, fort épris de la chasse, s’attacha particulièrement à cette espèce ; les alopécides s’appellent ainsi parce qu’ils proviennent de l’accouplement des chiens et des renards : avec le temps, les deux natures se sont fondues en une seule.

[2] De ces deux espèces, les plus nombreux et les moins estimés sont les chiens petits, refrognés, à l’œil gris, myopes, laids, au poil rude, faibles, glabres, hauts sur jambes, mal proportionnés, sans cœur, sans nez et sans jarrets. [3] Petits, ils perdent presque toujours leur temps à la chasse, faute de taille ; refrognés, ils n’ont pas de gueule, et, par suite, ils ne peuvent saisir le lièvre ; myopes ou à l’œil gris, ils ont mauvaise vue ; laids, ils sont désagréables à voir ; à poil rude, ils réussissent mal à la chasse ; faibles et glabres, ils ne peuvent soutenir la fatigue ; hauts sur jambes et mal proportionnés, l’inégalité de leur corps les rend lourds à la quête ; sans cœur, ils renoncent, quittent le soleil pour l’ombre et s’y couchent ; sans nez, ils éventent peu ou rarement le lièvre ; sans jarrets, malgré leur cœur, ils ne peuvent tenir à la peine, et renoncent à cause de la sensibilité de leurs pattes.
[4] Il y a une grande variété de quête chez les mêmes
chiens. Les uns, quand ils sont sur la trace, courent sans donner le temps de viser, de sorte qu’on ne sait s’ils tiennent la piste ; les autres n’agitent que les oreilles et gardent la queue immobile ;
[5] d’autres ne remuent point les oreilles et remuent la queue à l’extrémité. Il en est qui serrent les oreilles, suivent la trace d’un air sombre et courent la queue entre les jambes. Beaucoup ne font rien de tout cela, mais ils tournent comme des fous, aboient autour de la trace ; puis, quand ils la trouvent, ils foulent sans intelligence les voies de la bête.
[6] D’autres font de grands cernes, battent le terrain, perdent le lièvre, en revenant sur les premières traces, ou ne suivent la voie que par conjecture ; puis, quand ils aperçoivent le lièvre, ils s’arrêtent étonnés, et ne s’élancent dessus que quand ils le voient en branle.
[7] Quelques-uns, dans leurs quêtes et poursuites, rencontrent, en courant, les traces éventées par d’autres
chiens ; ils les observent à plusieurs reprises et se défient d’eux-mêmes. Il en est de si emportés qu’ils ne laissent pas avancer leurs camarades intelligents ; mais ils les repoussent à grand bruit. D’autres, de mauvaise créance, se jettent bruyamment sur toute espèce de voies et poursuivent avec la conscience de leur mensonge. Quelques-uns font de même sans réflexion.

8] Ces chiens-là ne valent rien, qui, ne sortant jamais des sentiers battus, ne discernent pas les vraies traces. De même ceux qui ne reconnaissent pas les traces de la bête au gîte, et qui sautent par-dessus ses passées, ne sont pas de bonne race. Tels débutent avec ardeur, qui renoncent par mollesse ; tels courent sur la voie, qui gauchissent ensuite, tandis que d’autres, se jetant follement par les sentiers, s’égarent et ne répondent pas à l’appel.

[9] Plusieurs, abandonnant la poursuite, reviennent par crainte de la bête ; quantité d’autres par attachement pour l’homme : quelques-uns, en clabaudant sur la passée essayent de tromper, et de donner le change.
[10] Il en est qui ne font pas cela ; mais si, au milieu de leur course, ils entendent quelque bruit, ils quittent leur besogne et se portent follement de ce côté : ils changent de route, les uns sans qu’on sache pourquoi, les autres par suite de conjectures ; ceux-ci pour des vraisemblances, ceux-là par feinte ; d’autres, enfin, par jalousie, abandonnent la piste, après l’avoir suivie jusque-là.

[11] Tous les chiens qui ont des vices naturels ou produits par une mauvaise éducation ne sont d’aucun service : ils rebuteraient les chasseurs les plus passionnés. Comment doivent être les chiens de la même espèce pour la forme et pour le reste ? C’est ce que je vais dire. " Xénophon, remacle.org

Conclusions DLR

  1° la classification des chiens y est troublante et l'ascendance renard d'une partie d'entre eux est discutée, sur ce site, dans les chapitres de zoologie.... zool2.....
Les deux "espèces" de chiens de cet auteur ont surpris plus d'un lecteur et aucun n'y a vraiment trouvé son compte...
Mais, pour résumer :

en gros: la plupart des chiens (de ces deux "espèces", les plus nombreux), sont de petits chiens "moches" et qui font n'importe quoi sur le terrain de chasse.......... et, donc : ne valent rien .........

sauf qu'on trouve chez eux, clairement, une notion de "conscience" et de "sentiment" de ce qu'ils font, qui peut surprendre ...
alors que nombre de chercheurs en sont encore à se demander si "les animaux pensent ?"
il est clair que ce "penseur" grec avait apporté une réponse positive à cette question, du moins en ce qui concerne les chiens .....
(ce que nous pouvons extrapoler à d'autres animaux, vu ce qu'il dit entre autre du lièvre )

ainsi, pour exemple, ci-dessus..... :

des chiens qui "essayent de tromper", "poursuivent avec la conscience de leur mensonge", ou
abandonnent "par suite de conjectures" .......

CHAPITRE IV. Du bon chien de chasse, et comment on le mène aux champs

"[1] D’abord les chiens de chasse doivent être grands, puis avoir la tête déliée, camuse, nerveuse ; le chanfrein membraneux ; les yeux saillants, noirs, vifs ; le front large et divisé par un enfoncement ; les oreilles petites, minces, glabres dans la partie postérieure; le cou allongé, souple, rond ; la poitrine large. bien en chair ; les omoplates un peu détachées des épaules ; les jambes de devant basses, droites, arrondies, fermes ; les coudes droits ; les côtes très-épaisses et s’avançant un peu obliquement en dehors ; les reins charnus, ni trop longs, ni trop courts ; les flancs ni trop mous, ni trop durs, d’une grandeur moyenne ; les hanches arrondies, charnues en arrière, espacées par le haut et rapprochées à l’intérieur ; le bas du ventre et même tout le ventre plat ; la queue longue, droite, pointue ; le gros de la cuisse ferme, et le reste allongé, arrondi, épais ; les jambes de derrière beaucoup plus hautes que celles de devant, et sèches ; les pieds arrondis .

[2] Des chiens avec cet extérieur seront vigoureux, légers, bien faits, vites, d’un air gai, gueulant bien la bête.
[3] Quand ils quêtent, ils doivent quitter promptement les battues ; le nez à ras de terre, riant sur la trace, l’oreille basse, tournant vivement les yeux, remuant la queue, prenant de grands cernes, pour arriver tous ensemble, par les erres, au fort du gibier.

[4] Dès qu’ils seront autour du lièvre même, ils en avertiront le chasseur, en courant avec plus de vitesse, en manifestant leur ardeur par les mouvements de leur tête, de leurs yeux, les changements d’attitude, leurs regards jetés au-dessus ou au dessous du gîte, leurs bonds en avant, en arrière, de côté, l’exaltation de leur esprit, et leur transports d’être près du lièvre.
[5] Qu’ils poursuivent vigoureusement, sans rompre, avec force aboiements et hurlements, franchissant tout après le lièvre : qu’ils le serrent d’une prompte et brillante menée, le suivant dans le change, et n’aboyant qu’à propos ; qu’ils ne reviennent jamais vers le chasseur, en abandonnant la trace.

[6] Outre ces qualités de complexion et d’entreprise, qu’ils aient du cœur, des jambes, du nez, un beau poil. Ils auront du cœur, s’ils ne reviennent point quand le temps se porte chaud ; du nez, s’ils éventent le lièvre dans des terrains nus, secs, exposés au soleil, cet astre d’aplomb ; des jambes, si elles ne se fendent point sous le midi en gravissant les montées ; beau poil, s’il est fin, épais, soyeux.

[7] Pour la couleur, ils ne doivent être tout à fait ni roux, ni noirs, ni blancs : autrement ils ne seraient point de bonne lignée, mais vulgaires et sauvages.
[8] Que les roux aient donc des poils blancs qui fleurissent aux environs du front, les noirs également, et les blancs, des poils roux : au haut des cuisses du poil noir, épais, de même qu’aux reins et à la queue vers le bas, mais plus courts vers le haut .

[9] Mieux vaut mener les chiens dans les cantons montueux que sur les terres labourées : vu qu’il est facile de quêter sur les terrains montants et d’y courir sans obstacle, ce qui est impossible sur les terres labourées, à cause des sillons. [10] l est bon aussi de mener les chiens dans des endroits âpres et sans lièvre : c’est un moyen de leur faire le pied, et ils y gagnent en s’y trempant le corps par la fatigue. [11] En été, on fait courir les chiens jusqu’à midi ; en hiver, dans la journée ; en automne, l’après-midi ; au printemps, vers le soir : ce sont là, en effet, les heures de température modérée. Xénophon sur remacle.org

NDLR :

Les traductions disponibles témoignent d'une connaissance du vocabulaire cynégétique qui n'est pas commune....

Toutefois, bien que cela n'offrirait pas un intérêt majeur, et nécessiterait de solides notions d'ancien grec, de zoologie et de zootechnie associées, les descriptions d'extérieur seraient à détailler et reprendre minutieusement en terme de traduction...

Pour l'auteur et, sans doute, à l'époque, les chiens de chasse, qui étaient clairement des "chiens courants", se devaient d'être "grands".....

Dans la gamme des races actuelles, de tels chiens seraient nos grands chiens courants (chiens courants de grande taille (FCI), dont la taille au garrot est centrée sur 62 cm*

Certains termes mériteraient une étude critique : par exemple, la tête camuse qui interpelle....

* races françaises : Billy, Français blanc et noir, Français blanc et orange, Français tricolore, Gascon saintogeois, Grand anglo-français blanc et noir, Grand anglo-français blanc et orange, Grand anglo-français tricolore, Grand bleu de Gacogne, Grand griffon vendéen, Poitevin

CHAPITRE VI.
De l'armure des chiens, du temps propre à la quête, du garde-filet, et de la chasse au lièvre

" [1] Les ornements des chiens sont le collier, la laisse, le corselet*. Que le collier soit mince, large, pour ne pas brûler le poil des chiens ;-que la laisse ait des crochets pour être tenue à la main, et rien de plus : car c’est mal garder les chiens que de leur faire un collier de la laisse même ; que le corselet ait des courroies larges, pour ne pas leur faire mal aux flancs, et qu’on les garnisse de pointes, pour éviter les croisements des races.

*du "corselet"

"de l'armure du chien" est sans doute à réviser, linguistiquement...

Il pourraît y avoir une intéressante étude à ce sujet :

Si nous fouillons les chapitres passés de ce site,

ci-dessous quelques trouvailles de nature à inspirer dans ce sens :

1

au Sahara antique

prcab2/ennedi

ph.122, légende :

"Photographie de la partie supérieure du relevé précédent. Ces documents permettent de contrôler l'exactitude des relevés" Bailloud, p93

N.D.L.R. : on dirait que le chien (à fouet apparemment frangé) porte une sorte de chasuble

(peut-être soulignée sur le cliché par la superposition d'une flêche double
exécutée par un quelconque chercheur....)


2
chez les grecs

prmob4gr
à la période géométrique

1er chien portant un "collet" de type "armure" ?

(pouvant être une figure de style, compte tenu des mêmes attributs portés par les sangliers)

que suivent à la période archaïque

prmob4grarch

Chasse au sanglier de Calydon,
Aryballe corinthien à figures noires, v. 580 av. J.-C.

Dionysos, Athena et les chasseurs
amphore attique à figures noires attribuée au peintre d'Amasis, 550-510 avt J.C.

et

prmob4grguerr

divers chiens de guerrier grec (en partance vers le théatre des opérations)

puis

prmob4it

la "Chasse du sanglier de Calydon" d'une amphore de Chiusi


sanglier et chiens

et
l'amphore grecque à figures noires trouvée en Italie, décorée du motif "Hermès et Io (en vache)"

On peut noter que, sur ces représentations, les chiens portent une protection couvrant principalement le cou, prolongée semble-t-il souvent vers le poitrail et le thorax,
mais on ne voit pas les courroies sensées, selon Xénophon, les attacher aux flancs.
*
et encore moins de pointes les empêchant de chercher à s'accoupler " pour éviter les croisements des races".

reste donc à trouver figuration de ces sortes "d'attirail"....

* en matière de courroies de flancs, on peut toutefois se demander comment la protection tiendrait en place sans elles... sur un chien "en vrai"...........

-
à noter qu'on ne trouve jamais de ces protections sur les images de lévriers rencontrées sur ces motifs décoratifs (mort d'Actéon, par exemple)

.
De l'armure des chiens, du temps propre à la quête, du garde-filet, et de la chasse au lièvre
(suite)

" [2] Il ne faut pas mener les chiens à la chasse, quand ils prennent avec dégoût la nourriture qu’on leur présente, ce qui est un signe qu’ils ne se portent pas bien, ni quand il souffle un grand vent, car il dissipe les voies ; les chiens n’ont plus de nez, et les rets et les toiles ne peuvent plus tenir. [3] En l’absence de ces deux obstacles, il faut mener les chiens tous les deux jours. Ne les accoutumez pas à courir les renards : c’est tout à fait les gâter, et, en temps voulu, ils ne suivent plus.

[4] Il faut aussi changer de terrain de chasse, et pour leur apprendre à chasser partout, et pour connaître vous-mêmes le pays. On doit sortir de bon matin, afin qu’ils puissent trouver la voie ; ceux qui s’y prennent trop tard empêchent les chiens de retrouver le lièvre, et perdent eux-mêmes leur peine. En effet, la fumée du gibier, vu la subtilité du matin, ne demeure pas à toute heure.

[5] Le garde-filet .......

[11] Le chasseur part vêtu négligemment, à la légère, ...... et suivi du garde-filet......

[12] Une fois au bois, le chasseur met ses
chiens en laisse, chacun séparément, afin qu’ils soient faciles à détacher. Les rets et les toiles sont tendus....

Ensuite le garde-filet se place en observation, et le chasseur, emmenant les
chiens avec lui, procède au lancer. [13] Il voue à Apollon et à Diane chasseresse les prémices de sa chasse, il fait lâcher alors le chien le plus instruit à la quête, ......
.
[14] Dès que le premier
chien a trouvé la vraie piste, au milieu des brisées qui se croisent, on en lâche un second. Et lorsque ces deux là sont sur la piste, peu de temps après, on lâche les autres un à un. Puis le chasseur suit lui-même, sans presser les chiens, mais en les appelant par leur nom ; rarement toutefois, de peur de les exciter avant le moment.

[15] Les voilà donc partis pleins de joie et d’ardeur, démêlant les voies, comme elles se rencontrent, doubles, triples, courant sur les brisées, telles qu’elles s’offrent dans leur réseau, circulaires, doubles, courbes, serrées, connues, inconnues, se gagnant de vitesse, remuant la queue, baissant l’oreille, l’œil en feu.

[16] Arrivés près du lièvre, ils l’indiquent au chasseur en frappant tout leur corps de leur queue, s’élançant comme à la guerre, courant à l’envi, faisant assaut de vitesse, tantôt se réunissant, tantôt se séparant, pour revenir encore à la charge ; enfin ils sont au fort du lièvre, ils sautent dessus ; soudain l’animal s’élance, poursuivi dans sa fuite par les clameurs et l’aboiement des
chiens. Qu’à leur suite les deux chasseurs s’écrient : « Ohé ! les chiens! Ohé! les chiens ! Bien! les chiens ! Très bien! les chiens ! » et que continuant de les suivre, le maître s’enroule le bras de son vêtement, prenne son bâton et poursuive le lièvre, mais par derrière, sans s’offrir à lui, ce qui serait hasardeux.

[17] Le lièvre se dérobe ; on le perd de vue : il prend d’ordinaire un grand cerne autour du débuché ; le chasseur crie : « A lui! garçon ! à lui ! garçon! garçon! holà ! garçon ! holà ! » Et celui-ci doit faire signe si le lièvre est pris ou non. S’il est pris dès la première course, on appelle les
chiens pour en courre un autre ; autrement, on repart de plus belle, sans aucun répit, et l’on quête avec une nouvelle ardeur.

[18] Quand les
chiens ont retrouvé le lièvre, et qu’ils poursuivent, on crie : « Bien ! très-bien ! les chiens ! Poussez ! les chiens ! » [19] Si les chiens ont trop gagné au pied, et que le chasseur, à leur suite, ne puisse les joindre, ou qu’il les ait perdus dans la course, sans qu’il lui soit possible de les voir errant dans le voisinage, aboyant ou suivant la trace, il demande en criant au premier venu près duquel il passe à la course :

[20] « Ohé ! as-tu vu les
chiens ? » La réponse faite, s’ils sont sur la voie, il les joint, les encourage, les appelle par leur nom, et prend tour à tour des intonations diverses : aiguë, grave, faible, forte. Entre autres encouragements, s’ils courent sur une montée, il les anime ainsi : « Bien ! les chiens ! Bien les chiens ! » Si, au lieu d’être sur la piste, ils la dépassent, il leur crie : « Arrière ! arrière  ! les chiens !  »

[21] Quand il les voit près de la trace, il leur fait prendre de grands cernes et à maintes reprises. Si la trace n’est pas sensible, il y met un piquet pour remarque, puis il restreint les cernes en animant et en caressant ses
chiens, jusqu’à ce qu’ils sentent clairement la piste.

[22] Alors les
chiens, voyant la trace nette, s’élancent, sautent, s’unissent, jappent, font des signes, se fixent des points de repère, et gagnent de vitesse. Tandis qu’ils bondissent ainsi sur la voie, le chasseur court, sans les passer, de peur que, par rivalité, ils ne dépassent le lièvre.

[23] Quand ils l’ont cerné et qu’ils l’indiquent clairement au chasseur, celui-ci prend garde que l’animal, effrayé par les
chiens, ne se dérobe par un crochet. Les chiens, agitant la queue, se ruant les uns sur les autres, sautant, clabaudant, levant la tête, regardant du côté du chasseur, lui font entendre que c’est vrai cette fois, forcent le lièvre et se précipitent dessus en aboyant. [24] Si le lièvre tombe dans les rets, ou bien s’il passe à côté ou à travers, le garde filet criera fort pour indiquer chacune de ces circonstances : si décidément le lièvre est pris, on en cherche un autre ; autrement, on court le même avec les mêmes signaux.

[25] Lorsque les
chiens sont fatigués de la course et qu’il est déjà tard, il faut alors que le chasseur cherche le lièvre, qui, lui-même, doit être rendu, battant tout ce que la terre produit dessus et dessous, allant et revenant sans cesse, de peur de manquer la bête. Or, le lièvre se rase souvent dans un petit coin étroit, et ne bouge plus de fatigue et de crainte. Le chasseur stimule sa meute, lui parle, l’encourage, dit beaucoup au chien docile, peu au chien têtu, quelques mots à celui qui n’est ni l’un ni l’autre, jusqu’à ce qu’enfin il ait abattu le lièvre à ses pieds ou l’ait fait tomber dans les rets.

[26] Après cela, il lève les rets et les toiles, frotte les
chiens et revient de la chasse, après un temps d’arrêt, si c’est l’heure de midi, en été, de peur que les pieds des chiens ne soient brûlés dans la marche.

CHAPITRE VII. De l'élève des chiens de chasse

" [1] Il faut faire couvrir les chiennes en hiver, pendant l’interruption des chasses, afin qu’avec du repos elles donnent une bonne race au printemps : c’est la meilleure saison pour l’accroissement des meutes. Les femelles sont en chaleur pendant quatorze jours. [2] On doit les mener refroidies, pour qu’elles conçoivent plus vite, à des chiens de bonne race. Dès qu’elles sont pleines, on ne les conduit plus continuellement à la chasse, mais à de rares intervalles, de peur qu’elles ne se blessent et ne se laissent entraîner. Elles portent soixante jours.

[3] Quand les petits sont nés, il faut les laisser sous la mère et ne pas les placer sous une autre
chienne : ces soins étrangers les empêchent de grossir ; tandis que le lait de la mère, son haleine, ses douces caresses, tout cela leur est bon. [4] Lorsqu’ils se mettent à aller de côté et d’autre, on leur continue le lait toute l’année avec les aliments dont ils se nourriront le reste du temps, mais rien de plus : autrement la réplétion leur tourne les jambes, leur donne des maladies, et leur détériore les entrailles.

[5] Les noms qu’on leur donne doivent être courts, afin qu’il soit facile de les appeler. En voici quelques-uns : ......

[6] .....Il faut conduire les jeunes chiens à la chasse, les femelles à huit mois et les mâles à dix : on ne doit pas les mettre en liberté sur les traces du lièvre qui gîte, mais les tenir attachés avec de grandes laisses à la suite des chiens en quête, et ne leur permettre de courir qu’ainsi sur les voies.
[7] Quand le lièvre est levé, quelque dispos qu’ils soient pour la course, ne les lâchez point tout de suite ; attendez que l’animal ait assez gagné au pied pour qu’ils ne l’aperçoivent plus. [8] En effet, si, parce qu’ils sont dispos et de bon cœur, on les laissait courir quand ils voient le lièvre, la tension briserait leur corps, qui n’est pas assez formé : que le chasseur y prenne donc garde.

[9] Quand les chiens paraissent peu propres à la course, rien n’empêche de les lâcher ; comme ils n’ont pas l’espoir de prendre le gibier, il ne leur arrivera point de mal. Si les chiens sont sur la trace d’un lièvre de passage, on peut les laisser courir jusqu’à ce qu’ils l’aient pris : quand ils le tiennent, on le leur laisse pour la curée.

[10] Si, au lieu de vouloir se tenir près des filets, ils se dispersent, rappelez-les jusqu’à ce qu’ils s’accoutument à trouver le lièvre à la course : en le cherchant toujours en désordre, ils finiraient par ne plus frayer avec les autres chiens ; ce qui serait une mauvaise habitude.
[11] Tant qu’ils sont jeunes, il faut leur donner à manger auprès des filets au moment où on les enlève, afin que si, par inexpérience, ils s’égarent à la chasse, ils reviennent aux filets et se retrouvent. Or, cela ne leur arrivera plus quand, animés contre la bête, ils en auront plus souci que de leur manger.
[12] Le chasseur donnera lui-même la nourriture aux
chiens : si elle leur manque, ils n’en savent point la cause ; mais s’ils la reçoivent quand ils la désirent, ils aiment qui la leur donne.

CHAPITRE VIII. De la chasse au lièvre en hiver

" [2] Il ne faut donc pas, quand on a des chiens, il ne faut pas les sortir pour cette sorte de chasse : la neige leur brûle le nez et les pieds, et l’excès du froid dissipe les fumées du lièvre. On pend alors des filets, ....

chiens indiens

CHAPITRE IX. De la chasse aux faons et aux cerfs

" [1] Pour chasser les faons et les cerfs, il faut avoir des chiens indiens : ils sont forts, grands, vites, pleins de cœur ; avec cela, propres à supporter la fatigue.

.

Ces chiens indiens de Xénophon ont fait couler une certaine quantité d'encre par la plume des divers cynotechniciens sans qu'aucun d'entre eux n'ait trouvé de réponse à la question de savoir ce qu'ils étaient vraiment.....

.

" On chasse les jeunes faons au printemps ; ........ Quand on sait où ils sont, on arrive avant le jour avec un valet de chiens, une meute et des javelots : là, on tient les chiens en laisse à distance du bois, de peur qu’ils n’aboient à la vue du cerf, et l’on se met au guet. [3] Dès le point du jour, on verra les biches amener leurs faons à l’endroit où chacune doit gîter le sien. Elles les couchent, les allaitent, regardent de tous côtés si on les voit ; après quoi chacune d’elles se porte en avant pour garder son petit. [4] A cette vue, le veneur découple les chiens, prend ses javelots et va droit au premier faon,.....

[5] Quand on a reconnu le faon, on s’approche : il ne bouge pas, rasé à terre, et se laisse emporter, s’il n’est mouillé, en bramant de toutes ses forces. S’il est mouillé, il n’attend pas : l’humidité qui le pénètre, se condensant par le froid, le fait partir. [6] Il est pris par les chiens, qui le poursuivent de vitesse ; puis on le donne au garde-filets ; il brame de plus belle : la biche le voyant, l’entendant, accourt sur celui qui tient son faon et cherche à le lui arracher. [7] C’est le moment d’animer les chiens et d’user des javelots. .....Maître du faon, on passera aux autres,....

[8] ceux qui sont déjà grands donnent plus de mal, parce qu’ils vont au viandis avec leurs mères et d’autres cerfs. Poursuivis, ils se sauvent au milieu et en avant de la troupe, rarement en arrière. [9] Alors les biches, défendant leurs petits, lancent des ruades aux chiens, de sorte qu’on a peine à les prendre, à moins qu’on ne s’élance dans la mêlée, et qu’on ne les disperse en isolant l’un d’eux. [10] Après cet effort, les chiens sont gagnés à la première course, parce que le faon est consterné de l’éloignement de la bande, et qu’il n’y a pas de vitesse comparable à celle d’un cerf de cet âge-là ; mais, à la seconde et à la troisième course, ils sont pris, leur corps n’étant pas encore assez formé pour une fatigue qu’ils ne peuvent supporter.

[11] On tend aussi des pièges aux cerfs.....

[17] Le veneur, suivi de ses chiens, doit épier les cerfs de montagne, .....

[18] Dès qu’on trouve le piège culbuté, on découple les chiens, on les anime, et l’on poursuit la bête sous la traînée du bois, .....

[1] Pour chasser les faons et les cerfs, il faut avoir des chiens indiens : ils sont forts, grands, vites, pleins de cœur ; avec cela, propres à supporter la fatigue.

CHAPITRE X. De la chasse au sanglier

[1] Pour la chasse au sanglier, il faut avoir des chiens indiens, crétois, locriens, laconiens, des rets, des javelots, des épieux et des piéges. Et d’abord, on ne prendra point les premiers chiens venus de cette espèce, si l’on veut qu’ils soient en état de faire tête à cette bête.

[4] Et d’abord, quand on est arrivé à l’endroit où l’on présume qu’est la bauge du gibier, on lâche un chien de Laconie, et tenant tous les autres en laisse, on suit l’autre dans ses cernes.

[5] Dès que le chien a trouvé la voie, on le suit à la piste avec tout le train. Quantité d’indices désignent la bête aux chasseurs : dans les terres molles, c’est le pas ; dans les fourrés, les branches brisées ; dans les endroits boisés, les coups de boutoir.

[6] Le chien, en quêtant, arrivera presque toujours à un endroit couvert d’arbres : c’est là qu’est le plus souvent le fort du sanglier, ces sortes d’endroits étant chauds en hiver et frais en été. Arrivé à la bauge, le chien aboie, mais le sanglier ne veut pas d’ordinaire se débucher .

[7] On rappelle alors le chien pour le remettre en laisse avec les autres à une certaine distance de la bauge ; puis on tend les filets sur les foulures de la bête,

[8] Quand ils sont tendus, on rejoint les chiens, on les découple tous, on prend les javelots et les épieux, et l’on s’avance. On met à la tête des chiens un veneur d’expérience, et les autres suivent en ordre, à de grands intervalles, pour laisser au sanglier un passage suffisant : car si, en débuchant, il trouvait une troupe serrée, on courrait risque d’être blessé ; c’est sur le premier qu’il rencontre que tombe toute sa fureur.

[9] Lorsque les chiens sont près de la bauge, ils foncent : le sanglier s’étonne, se dresse, fait sauter en l’air le premier chien qui se jette sur son groin, s’élance et tombe dans les filets ; s’il n’y tombe pas, il faut le poursuivre......

[10] Sur ce point, les chiens le serrent ; et les chasseurs doivent être sur leurs gardes, en lui lançant des javelots et en le chargeant avec des pierres : il faut qu’ils l’investissent par derrière et d’assez loin, jusqu’à ce qu’il pousse en avant et tende le tirant passé dans les bords du filet. Alors un des veneurs qui se trouvent là présents, le plus expérimenté et le plus fort, le frappe de front avec son épieu.

.......

[17] La force de cet animal est telle qu’on ne saurait s’en faire une idée : au moment où il meurt, si l’on approche du poil de ses défenses, il se crispe, tant elles sont brûlantes. Lorsqu’il est vivant et qu’on l’irrite, elles sont de feu ; voilà pourquoi, quand il manque son coup, il brûle l’extrémité du poil des chiens.

.......

[19] Voici encore une manière de prendre le sanglier. On tend des filets dans le passage des taillis, aux chênaies, dans les vallons, dans les endroits escarpés, dans les coulées qui conduisent aux prairies herbeuses, aux marais, aux endroits humides. Le veneur chargé de ce soin tient un épieu et garde lss filets, tandis que les autres mènent les chiens et cherchent les plus beaux passages : quand on a trouvé la bête, on la poursuit.

[20] Si elle tombe dans le filet, le garde prend son épieu, s’avance et s’en sert comme je l’ai dit ; sinon, on continue la poursuite.
On prend aussi le sanglier, durant les grandes chaleurs, en le chassant avec les
chiens : quoique extrêmement fort, l’animal, épuisé, perd bientôt haleine et se rend.

[21] Il périt beaucoup de chiens dans cette sorte de chasse, et les chasseurs eux-mêmes courent des dangers. Lorsque, après l’avoir mis aux abois, on est forcé de s’avancer contre lui l’épée en main, ......

On tend aussi des piéges aux sangliers comme aux cerfs, ....

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[23] Les petits sont difficiles à prendre : la mère ne les laisse point aller seuls, tant qu’ils sont tout jeunes ; lorsque les
chiens les ont découverts ou qu’eux-mêmes ont vu les chiens, ils s’enfoncent sous bois, où les suivent ordinairement le père et la mère, d’autant plus redoutables qu’ils combattent plus pour leurs petits que pour eux-mêmes.

CHAPITRE XI. De la chasse aux lions, léopards et autres bêtes

Selon ce texte, les chiens n'y sont pas concernés
On se souvient toutefois que, selon
Pline, Alexandre le Grand aurait bien compté y employer un chien cadeau du roi de l'Albanie du Caucase
florilège du chien d'Epire

CHAPITRE XII. De l'usage et de l'excellence de la chasse; c'est l'école de la guerre.

"[1] Nous venons d’exposer tous les faits relatifs à la chasse ; elle offre la plus grande utilité aux partisans zélés de cet exercice : ils y développent leur santé, apprennent à mieux voir et à mieux entendre, et oublient de vieillir ; mais c’est avant tout pour eux l’école de la guerre.

[..] [6] Aussi nos ancêtres, convaincus que la chasse était la source de leurs succès sur de tels ennemis, la firent-ils entrer dans l’éducation de la jeunesse. ....Ils voyaient que c’était le seul plaisir qui procurât les plus grands biens aux jeunes gens, puisqu’il les rendait tempérants, justes, instruits de la réalité. [8] Ils comprenaient qu’ils devaient à la chasse leurs succès militaires..... Xénophon

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