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                |  | extrait de
                 LE CHIEN, RACES-ELEVAGE-ALIMENTATION
                HYGIENE-UTILISATION,
 
 Paul
                DECHAMBRE
 Librairie Agricole de la
                MAISON RUSTIQUE, Librairie de l'Académie
                d'Agriculture, 26, rue Jacob, Paris (6e), 1921
 Premiere partie,
                Les races canines
 |  CHAPITRE PREMIER
 CARACTERES ZOOLOGIQUES -
        ORIGINES
 Les Chiens domestiques sont des Carnivores
        appartenant à la famille des Canidés,
        au genre Canis,
        à l'espèce  Canis
        familiaris Les Canidés sont
        des coureurs digitigrades, à griffes non rétractiles,
        ayant le plus souvent 5 doigts aux membres antérieurs et
        4 aux membres postérieurs.Leur formule dentaire typique est 3/3 - 1/1 - 4/4- 3ou 2/3, correspondant à
        la répartition suivante des diverses catégories de
        dents:
 
            
                |  | à la mâchoire
                supérieure, de chaque côté, 3 incisives, 1
                canine, 4 prémolaires et 3 arrière-molaires
                quelquefois 2; 
 à la mâchoire inférieure, 3 incisives, 1
                canine, 4 prémolaires et 3 arrière-molaires
 
 |  au total 44 ou 42 dents. Les doigts et l'ergot du chien. -  
            
                | Le
                chien possède normalement cinq doigts au membre
                antérieur et 4 au postérieur. Le squelette du pied de derrière compte 4
                métatarsiens parfaits et un rudimentaire, court
                et mince, qui est généralement le seul vestige
                du premier orteil; le pouce manque donc
                ordinairement.
 Il peut cependant se développer et être
                représenté dans le squelette par un ou deux os
                phalangiens petits et libres placés à la suite
                du métatarsien rudimentaire qui vient d'être
                mentionné.
 Il arrive même que ce doigt appelé ergot,
                devient double.
 L'ergot du chien n'est donc pas autre chose que
                le pouce du pied de derrière. Cornevin le considère
                comme une particularité non fixée; Pierre
                Mégnin le donne comme un doigt
                supplémentaire répondant au pouce postérieur
                et constate sa présence habituelle sur les
                chiens de berger, les chiens des anciennes races
                d'arrêt, les dogues de montagne et les sous-races
                qui en dérivent directement.
 | Le double ergot
                existe dans les races de chiens de berger
                français à poil long (Briard) et à poil court
                (Beauceron) où sa présence est constatée
                depuis fort longtemps à l'état de variation
                flottante. La sélection spéciale
                dont ce caractère a été l'objet dans les races
                pécitées, a renforcé sa puissance
                héréditaire; aussi le double ergot jouit-il
                présentement d'une grande fidélité de
                tansmission.Dans le pied du chien, les deux doigts du milieu
                sont égaux et les plus longs; tous les doigts
                portent des ongles allongés, assez obtus, non
                rétractiles.
 La plante des pieds ou sole est garnie de
                tubercules revêtus d'une membrane épidermique
                à surface chagrinée recouvrant un tampon
                élastique.
 Le tubercule qui se trouve à la base des doigts
                a trois lobes; à l'extrémité du doigt le
                tubercule est petit et elliptique;un tubercule
                analogue à ceux de la sole est situé en
                arrière et un peu au dessous de l'articulation
                du carpe.
 Dans quelques races (Terre Neuve) les doigts sont
                réunis par une membrane représentant une sorte
                de palmature.
 |  Les espèces du
        genre Canis ont presque toujours 42 dents soit 3.1.4.2/ 3.1.4.3;
        cependant que la troisième molaire inférieure est
        quelquefois très petite et même absente.
 Ces espèces ont été réparties par Huxley en deux groupes, les Alopécoïdes
        et les Thooïdes.
 - Les Alopécoïdes comprennent
        les Canidés à tête relativement plate, sans
        dépression marquée entre le crâne et la face, de
        manière que le front se continue insensiblement avec le
        dessus du museau; leur pupille est souvent ovale ou en
        fente verticale et leur queue longue et touffue.
 On y range le Renard commun ( Canis vulpes), les
        autres espèces de Renards, telles que le Renard mexicain,
        le Renard argenté, le Renard tricolore, le Renard de
        Nubie, le Renard d'Egypte, le Sabora ( C. famelicus),
        le Caama, ( C. Caama), le Fennec ( C.
        megalotis), l'Isatis ou Renad bleu ( C.lagopus).
 - Les Thooïdes sont
        caractérisés par une séparation assez nette entre le
        front et le dessus du museau, de sorte que ces deux
        régions forment entre elles un angle plus ou moins
        accentué (cassure du nez), une pupille circulaire et une
        queue de longueur moyenne relativement peu touffue.
 On y reconnaît plusieurs sections ou sous-genres :
 1° Les Cyons ou Dholes, de l'Asie
        orientale, qui n'ont d'ordinaire que 40 dents
 2° les Thous ou Chacals sud-américains;
 3°Les Chacals, chiens de petite taille
        répandus dans les régions chaudes de l'ancien continent,
        dont les plus connus sont le Chacal indien ( C.
        aureus) qui habite l'Inde, Ceylan, la Birmanie, le
        sud-ouest de l'Asie jusqu'au Caucase, l'Asie Mineure, la
        Turquie; le Chacal svelte ( C. anthus) ou Dhib
        des Arabes qui vit dans le nord de l'Afrique, en Egypte
        et en Abyssinie;
 4° Les Loups, dont le type est fourni
        par le Loup vulgaire ( C. lupus);
 5° Les Chiens vrais, comprenant de
        nombreux types rangés dans l'espèce Canis
        familiaris, à laquelle on rapporte le Dingo d'Australie
        (Canis familiaris dingo ou C. dingo de
        quelques zoologistes).
 
            
                | La comparaison
                des caractères zoologiques des principales
                espèces du genre Canis montre que le
                Loup, le Chacal, le Cyon (ou Cuon) et le Chien
                sont plus voisins les uns des autres qu'ils ne le
                sont du Renard. Par quelques-unes de ses races, le Chien se
                rapproche du Loup; par d'autres, il se rapproche
                du Chacal; tandis que toutes sont beaucoup plus
                éloignées du Renard.
 L'examen des résultats des accouplements entre
                toutes ces espèces (Loups, Chacals, Renards et
                Chiens) aboutit à des conclusions générales du
                même ordre;
 |  La chienne peut être fécondée par le loup sans
        difficulté, ou inversement la louve par le chien, bien
        que le fait soit plus rare.
 Aristote et Pline l'avaient déjà relaté; les
        expériences du marquis de Beaufort (1773), de
        Buffon, de Cuvier, de Flourens, de Khüne, ne laissent aucun doute à ce
        sujet.
 Les constatations scientifiques corroborent
        diverses observations faites par des propriétaires de
        chiennes habitant des régions boisées et qui ont
        remarqué des accouplements spontanés de ces femelles
        avec des loups. On doit également retenir pour très
        important le fait que les produits de ces unions peuvent
        être féconds et se comporter non pas comme des hybrides,
        mais comme des métis.
 L'union du Chien et du Chacal se
        fait sans grande difficulté. Flourens et Khüne l'ont
        réalisée et ont constaté la fécondité des métis
        obtenus.
 Entre le Chien et le Renard, l'accouplement est beaucoup
        plus rare et plus difficile qu'entre les espèces
        précédentes. Cornevin assure que pour avoir chance de
        réussir, il faudrait mettre en présence le renard et la
        chienne en chaleur et non pas le chien et la renarde.
 
            
                | Tous ces faits montrent la proche parenté du
                Chien, du Loup et du Chacal, et la distance plus
                grande qui les sépare du Renard. En outre, puisque ces espèces ont pu s'unir
                spontanément et fructueusement, on peut penser
                que quelques races de chiens dérivent de ces
                unions, tandis que la difficulté de l'hybridation
                avec le Renard écarte toute idée de communauté
                d'origine avec cette espèce.
 |  Origine des races canines Les races de chiens sont extrêmement nombreuses et
        présentent des variations très accentuées dans leurs
        caractères distinctifs.Ce nombre et ces divergences peuvent s'expliquer par la tendance
        naturelle de l'espèce canine à la variation, renforcée par l'effet d'une
        domestication très ancienne et de l'intervention de l'homme
        dans la multiplication, en vue de la fixation des
        caractères pouvant présenter pour lui un intérêt
        quelconque d'utilité, de sport ou de simple curiosité.
 
 On a toutefois quelque tendance à faire intervenir aussi
        la multiplicité des souches.
 Darwin s'est montré
        partisan de cette idée, en se basant sur la difficulté
        que l'on éprouve à croiser quelques chiens de l'Amérique
        du Sud avec des chiens européens.
 Enfin, on a vu dans le Loup et le Chacal, très voisins
        des Chiens par leurs caractères morphologiques et
        physiologiques, les souches respectives de plusieurs
        races canines.
 
            
                | La question est donc
                complexe et assez confuse.L'opinion qui tend à dominer aujourd'hui
                est celle de la pluralité des souches, sans que
                l'on puisse déterminer avec précision la part
                qui revient à telle ou telle espèce
 |  Domestication du
        chien et races canines primitives
 Quelques auteurs font remonter la domestication du chien
        à l'époque du Mammouth
  voir eporedo/préhistoire ; mais on s'accorde généralement
        pour la placer au début de l'âge de la
        pierre polie (période néolithique). 
 Si on excepte le Renne, pour lequel des doutes sont d'ailleurs
        émis, il faut admettre que le chien est le
        premier animal que l'homme ait soumis à la
        domination et conservé auprès de lui.
 
            
                | Or, dès cette période
                reculée existaient déjà des formes canines
                différentes les unes des autres.  |  Parmi les crânes assez nombreux et bien conservés
        qui ont été trouvés dans des tourbières ou dans des
        restes d'habitations lacustres, on a reconnu des types
        distincts constituant autant de races primitives,
        ancêtres des races actuelles.
 La race la plus anciennement décrite et
        qui paraît devoir être considérée comme la première
        domestiquée, est le chien
        des tourbières (Canis
        familiaris palustris) découvert
        dans des stations lacustres de la période de la pierre
        polie et déterminé par Rütimeyer
        en 1862.
 C'est à ce type que se rattachent les crânes que nous
        avons recueillis dans les habitations lacustres du lac de
        Clairveaux et décrits en 1908.
 
 On y constate cependant
        quelques modifications montrant la tendance très nette
        du type à la variation.
 D'autres crânes ont été trouvés, remontant à l'âge
        du bronze, par conséquent moins anciens que les
        précédents; on en a fait des formes distinctes:
 
            
                |  | Canis
                familiaris matris optimae, beaucoup
                plus grand que le chien des tourbières et
                atteignant la taille d'un chien de berger; Canis familiaris intermedius,
                découvert dans des stations de la Basse-Autriche
                et qui aurait donné naissance au chien de berger,
                tandis que le
 Canis fam. Spaletti,
                plus petit que le C. f. palustris serait
                l'ancêtre des races telles que celle du Loulou.
 
 M.Ed.Hue a déterminé trois types,
                y compris le C. f. palustris, dans les
                ossements des stations lacustres du Jura
                français.
 | L'un de ces types lui
                paraît l'ancêtre du chien de berger, l'autre
                ressemblerait à un chien de chasse de petite
                taille. 
 D'après Hue, la succession de ces
                types primitifs semble avoir eu lieu dans l'ordre
                suivant:- ...Début de la pierre polie: C. f.
                palustris.
 - ...Fin de la pierre polie ou début du bronze :
                Canis f. Spaletti
 - ...Age du bronze : Canis f. matris
                optimae
 -... Age du fer: Canis f. intermedius
 |  . 
            
                | 
                    
                        | En
                        résumé, les traces les plus anciennes
                        de la domestication du chien en Europe
                        centrale et occidentale apparaissent au
                        début de l'âge de la pierre polie, et
                        dès cette période nous constatons l'existence
                        de plusieurs races distinctes primitives,
                        autochtones, formées par évolution
                        naturelle et peut-être aussi par la
                        sélection de l'homme, auxquelles il
                        convient de faire remonter, à travers
                        les siècles, l'origine des nombreuses
                        races actuelles. |  |  Dans la suite des temps celles-ci se
        sont constituées par l'action des causes
        générales qui ont agi sur toutes les espèces
        domestiques:  
            
                |  | variation
                et sélection, croisements et métissages,
 fixation d'anomalies ou de monstruosités
                héréditaires (bouledogues, bassets),
 influence du régime et de l'adaptation à des
                exigences déterminées par entraînement et
                dressage.
 
 Ces causes, aussi complexes que puissantes,
                expliquent la multiplicité des caractères
                offerts par les races canines ainsi que celle des
                hypothèses émises pour interpréter la
                filiation.
 
 |  [....] Paul DechambreProfesseur à l'Ecole Nationale
 d'Agriculture de Grignon
 et à l'Ecole Vétérinaire d'Alfort
 Membre de l'Académie d'Agriculture
 Membre du Comité de direction du
 club Français du chien de berger
 |