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ETHNOLOGIE

APPRECIATION

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UTILISATION

La sélection du chien de travail

Guy QUEINNEC

Societé Française de Cynotechnie
Extrait du dossier sur LE CHIEN AU TRAVAIL
27, 28 Février et 1er Mars 1987
pour l'Union Internationale des Clubs de Lévriers,
UICL,
1988

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MODELE ET APTITUDE


CHOIX DU GENITEUR

METHODES DE SELECTION

MESURE DU PROGRES GENETIQUE


CHOIX DU JEUNE

CONTRÔLE DES RESULTATS

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  DEFINITION

La sélection en vue du travail consiste à rechercher les meilleures méthodes permettant une amélioration des potentialités qu'exprimeront ultérieurement les animaux réellement utilisés.

Ces méthodes devront être efficaces, mais également commodes à mettre en oeuvre dans le cadre des structures de notre élevage.

L'amélioration implique que le progrès puisse être objectivement constaté, donc mesuré. A défaut on ne pourra s'appuyer que sur des
données subjectives, offrant un large champ à toutes les controverses.
Ce sera malheureusement le cas le plus fréquent.
L'expression des potentialités génétiques implique l'éducation, la formation, le dressage, l'entretien de l'animal, ce qui va encore altérer la valeur des comparaisons de résultats.

Beaucoup pensent même qu'il n'est nul besoin de sélectionner
, que c'est le propriétaire qui fait tout. L'existence d'aptitudes différentes entre les races, des lignées distinctes au sein d'une même race font litière d'une opinion commode pour certains éleveurs, mais exaspérante pour les autres, ceux qui ont consenti les efforts nécessaires à la réussite.

  MODELE ET APTITUDE

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  L'opinion de l'utilisateur

L'utilisateur, toujours intéressé par les résultats, souvent passionné par ce qui constitue à ses yeux tout le sel de la vie, fermé à ce qui ne rentre pas dans cet univers, a une typologie caractérielle très marquée. On la retrouve chez l'amateur de courses de lévriers, le musher de traîneau, l'habitué des rings, où l'âpreté des relations traduit la tension conjointe de l'homme et du compétiteur, alors qu'elle sera souvent corrigée par la gaillardise et la convivialité ironiques chez le chasseur.

Nous retrouverons fréquemment ces marques de passion que sont
des affirmations brutales, aussi péremptoires que pourtant changeantes au gré des modes, le peu de réflexion sur les échecs toujours attribués à l'autre, chien, juge, gibier, la généralisation systématique d'observations ponctuelles, le besoin de recourir à l'inconnu et à l'irrationnel, qui évitent de s'interroger sur soi même, l'engouement subit ou le rejet absolu...
Il est alors bien difficile de travailler dans la durée qui est une donnée essentielle de la sélection.


Trois étapes vont marquer l'évolution de l'utilisateur

  - L'humble ignorance du débutant écartelé entre tant de conseils contradictoires qui le conduiront tantôt à l'abandon, tantôt à l'acharnement, le plus souvent selon les résultats obtenus.
- Puis l'arrogance assurée de celui qui, ayant cessé d'ignorer, croit alors détenir le savoir, certifié par 1a va1eur d'un premier chien, dont la part qui revient à 1' éleveur lui parait si minime par rapport à ses convictions.
- Enfn la sagesse studieuse du chevronné, qui a vu s'effilocher tant de ses certitudes initiales, qui a souvent subi la complexité de l'élevage, qui a pu diluer son affectivité sur une production assez diverse pour que 1'analyse remplace le sentiment.
C'est surtout à eux que s'adresse la S.F.C., peut être aux débutants s'ils parviennent à s'affranchir de la pression du milieu.

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  Race et aptitude

Faut-il ou non prendre un chien de race ?

C'est une première interrogation, mais répondre par la négative semble
refuser la sélection. Néanmoins on a souvent cité les mérites de populations jeunes ou mal fixées voire métisses comme les Border collie, l'Eurasier, les chiens de pays, les épagneuls setterisés, etc... On peut aussi parler de la retrempe. On ne peut donc pas éluder le débat sur l'intérêt des races pures.

Si l'on admet que les aptitudes comportementales sont héréditaires (et à
défaut inutile de parler de sélection) on doit penser qu'un chien appartenant à une race durablement sélectionnée sur le travail sera le meilleur.

C'est probablement vrai statistiquement, mais ce ne l'est pas
individuellement. Il y a des ratés dans les meilleures lignées et des succès d'autant plus marquants qu'ils sont rares dans d'autres, corniauds compris.

Or l'utilisateur est très sensible à l'aspect individuel, d'une
part parce que c'est le seul qui l'intéresse personnellement, d'autre part parce qu'il souhaite consciemment ou non imposer sa marque, signe de reconnaissance de son propre mérite, plutôt que de subir celle d'autrui (l'éleveur, le dresseur, l'entraineur).

Beaucoup préfèrent ainsi échouer en allant à contre courant, plutôt que de réussir avec le matériau d'un tiers.
Inversement, d'autres plus soucieux d'éblouir et de susciter l'envie que de se plier aux besoins
de la discipline, croiront s'en sortir par l'achât onéreux d'un sujet qui promettait tant dans d'autres mains.
Combien d'éleveurs se sont désespérés d'avoir vu ainsi gâcher le talent d'un chien mal vendu !

Au Séminaire de Namur on nous a demandé de trouver un test pour
apprécier le candidat acheteur, comme nous en avons pour apprécier l'émotivité du chien. Nous approchons de la solution, qui rejoint d'ailleurs les principes adoptés dans la Gendarmerie pour choisir les maîtres chiens.

Les bâtards jouissent d'une excellente réputation de robustesse et de vivacité, et il est exact que certaines structures hétérozygotes facilitent l'adaptation aux variations du milieu.

Mais alors pourquoi y aurait-il des chiens d'arrêt et des chiens de défense, c'est-à-dire des comportements ethniques distincts ?
Certes j'ai vu mes whippets détecter et lever des perdreaux là où épagneuls bretons et setters (non inscrits) avaient échoué. Ce n'est pas pour autant que j'en conseillerais l'usage à des chasseurs.

En utilisation quotidienne un corniaud mordra bien autant qu'un bon Schnauzer, un ratier peut lever un lièvre, etc... mais en compétition, très rares seront les vainqueurs issus du fruit des circonstances plutôt que d'un plan raisonné d'accouplement.

D'où le rejet spontané, envieux et faussement méprisant, de
cette compétition par tous ceux qui pensent n'y avoir aucune chance.
L'argument revient alors : c'est du cirque, c'est artificiel, ils sont mécanisés, etc... Mon chien sera battu, malgré sa supériorité évidente, parce qu'il est trop intelligent pour se plier à des exercices conçus par des caporaux pour des crétins, etc...

Et la démonstration inlassablement répétée du contraire ne
convaincra personne, si même elle ne déclenche pas la haine.
On entendra
alors :
Le lévrier est forcément idiot, le berger allemand féroce et dangereux, le trialer fragile et incertain, le teckel méchant, etc... Si la renommée a cent bouches, la bêtise en a mille !

Encore faut-il que l'on puisse se fier à la notion de race.

Si la sélection, ou ce qu'on appelle ainsi dans la cynophilie, se limite à récompenser d'élégantes statuettes plus ou moins figées, ou à se fier à la notoriété du présentateur pour dégager les meilleurs et écoeurer alors le néophyte, donc nuire ainsi à l'élevage qu'on croyait récompenser, il est évident qu'il n'y aura pas de corrélation entre élevages de tête et performances, et bientôt entre race et aptitude.

Le divorce s'installera, comme en Grande Bretagne, entre sculpteurs du vivant et partenaires unis dans la communion d'un plaisir commun.

Dans les cas les plus graves, la race disparaîtra ou devra
s'adultérer par la retrempe pour compenser les échecs d'une direction malencontreuse.
Dans d'autres, une race initialement adaptée à une fonction sera dénaturée par l'abandon des aptitudes et la recherche exclusive de caractères
ethniques séduisant l'oeil, parfois d'ailleurs atteignant l'hypertype.
On confondra cause et conséquence, en séparant les lignées.

Bien des Afghans vont sur les cynodromes moins vite que Pointer ou Colley,
tandis que d'autres à la fourrure somptueuse ne paraissent même plus avoir de caractère de lévrier. Combien d'Irlandais ont perdu leur valeur cynégétique car le choix ne valorisait que la robe. Combien de Huskies n'ont pour leur propriétaire que l'attrait des yeux bleus, au lieu de l'aptitude à la traction, etc...
La mode et l'attrait sont de redoutables concurrents pour le sélectionneur, s'il n'est pas aidé par son Club de race.

Si les dégâts ont été graves, il convient peut être de faire une retrempe
c'est-à-dire d'aller chercher au sein d'un même rameau, des sujets apparentés à ceux de la race tout en s'en différenciant par quelques détails, mais qui sont porteurs des gênes d'aptitudes qu'une mauvaise sélection avait laissé disparaître.
Ne confondons pas cela avec des croisements à visée commerciale ou correctrice destinés à rentabiliser la juste notoriété de tel ou tel dirigeant influent.
On voit dès lors se dessiner un courant analogue dans beaucoup de races où les utilisateurs rejettent le modèle, c'est-à-dire le standard, pour ne s'attacher qu'aux aptitudes.

Oublieux de ce que leur sport favori doit à la race qui l'a
créé (courses) ou favorisé (chiens d'arrêt), ils prétendent s'en tenir aux résultats et s'affranchir des contraintes du standard.

Qu'on les écoute, et tous les brassages seront permis. Or une seule génération panmictique annule toutes les générations d'homogénéité précédentes. Nul ne pourrait bientôt plus trouver de sujets utilisables à moins de pouvoir trier dans d'immenses effectifs ou de constituer lui-même sa meute, c'est-à-dire de refaire une race après avoir détruit les autres.

Vouloir rejeter le modèle, donc le socle génétique doté d'une
forte héritabilitë, au seul profit des résultats actuels, c'est vivre en prédateurs d'un système, c'est glorifier la délinquance génétique. |

Que ces chantres de la liberté abandonnent alors toutes règles pour s'amuser, ils seront logiques. Le promeneur muni d'un fusil et accompagné de
son chien qui se plaît à parcourir les champs en prétextant qu'il chasse est cohérent. Il ne l'est plus s'i1 veut comparer son tableau à celui du chasseur féru d'écologie du gibier et associé à des chiens de haute lignée.

Mais le plus souvent les hérauts de l'utilisation sont en réalité des fanatiques de compétition, dont le seul but est de vaincre . Or
toute compétition a forcément des règles, elle doit être organisée.

Pour vaincre on peut chercher a être le meilleur. Mais il est plus simple encore de tricher. Rejeter la contrainte du standard c'e
st presque toujours préconiser la fraude au détrimient d'autrui. Tel amateur de whippet qui brocarde la limite de taille parce qu'il a bénéficié de l'erreur ou pis d'une complaisance délibérée, sera scandalisé si on 1ui propose de faire courir avec des Greyhounds. Alors, 1es règ1es lui paraissent nécessaires.
Le souci de fraude, de préférence peu repérable par le profane, est donc le fondement de la plupart des positions antistandard.

  Morphologie et fonction

Mais inversement, les règlements vont par contre coup orienter les choix des éleveurs vers les modèles performants, quand bien même ils dévieraient d'abord de l'idéal du standard, puis peu à peu du standard lui-même. Si les utilisateurs sont nombreux et influents, ce qui est normalement le cas, on risque de voir progressivement un nouveau type émerger.
On dira que la race a évolué, et de fait les jugements d'exposition eux-mêmes s'orienteront alors vers ce nouveau modèle.

Souvent soucieux de freiner cette dérive, les dirigeants le plus
imprégnés du modèle idéal vont chercher à justifier leurs choix par des considérations aventureuses ou tendancieuses, quand elles ne sont pas grotesques. Dès lors ils se discréditeront, et souvent le standard avec eux.
L'enfer de 1a cynophilie est lui aussi pavé de bonnes intentions.

Que n'a-t-on pas dit sur le rôle des PM1 pour couper le cordon
ombilical, alors qu'elles ne sont même pas au contact, sur les rapports entre l'intelligence et l'ampleur du crâne, sur la croupe et la vitesse, la longueur de tel segment et l'endurance, etc...

Un débat sur morphologie et aptitudes sera utile. Mais déjà il suffit de regarder d'une race à l'autre pour détruire bien des idées reçues.

Ce double ergot qui limiterait l'enfoncement du pied dans la
neige (chez des chiens qui la voient rarement), pourquoi alors ne prolifère-t-il pas chez les chiens nordiques qui la quittent rarement ?

Telle longueur de segment, telle obliquité, se voient parés de vertus ou de défauts contraires pour 1a même fonction selon les races concernées, avec à l'appui des affirmations étranges pour le morphotogiste.

Au lieu d'avouer que l'on recherche tel type de fonction pour des motifs parfois historiques, parfois aléatoires, parfois effectivement justifiés, et qu'il semble que dans telle race les meilleurs résultats soient habituellement obtenus avec telle morphologie, on déclare doctement qu'il y a liaison entre vitesse et épaule, etc...

Le lévrier présente sur d'autres types l'avantage de fournir des réponses mesurables au chronomètre, donc a priori comparables (mais nous verrons que cela n'est pas si simple). Or nous avons fait des mesures qui semblent montrer des corrélations entre diverses valeurs contenues entre certaines limites (toute exagération isolée nuit à l'équilibre donc à la fonction). Mais il n'empêche que les croupes basculées sont compatibles avec la vitesse, que des épaules courtes et droites sont compatibles avec 1a vitesse si le bras est assez court mais le rein puissant et les postérieurs longs (le galop est celui du lièvre), que des épaules longues et obliques permettent un trot soutenu mais aussi un galop efficace à condition que le bras soit long et oblique avec de très puissants ancônés car le ramener sera une phase de propulsion, etc...

Sur ce plan la morphologie peut expliquer de mauvaises allures,
plus rarement les bonnes.

Par contre les deux morphologies, d'efficacité égale, ne correspondent plus à un même standard, ni à une même harmonie.


Nous trouverons ainsi des whippets élégants et puissants comme
le veut le standard, à côté de boules tenant du pinscher mâtiné de lapin, voire de sortes de boxer à nez pointu.
Dans un cas les hautes performances sont compatibles avec le CACIB, pas dans les autres.
Or en France il est considéré comme trop injuste d'associer des qualités éminentes.
Une jolie femme est forcément idiote, un beau chien, stupide ou fragile.
Ceux qui élaborent des règlements de compétition doivent donc penser aux conséquences sur la race, comme ceux qui élaborent les standards doivent penser à l'utilisation.

Un chien de race doit être à la fois beau et bon, c'est-à-dire
conforme au standard, modèle qui rassemble les données morphologiques souhaitées parce que répondant à l'attente des amateurs, compatibles avec le travail demandé, distinctives des races voisines. Mais le standard devrait aussi comprendre les traits comportementaux exigés par l'amateur, c'est-à-dire toujours l'équilibre souhaité pour la compagnie, et les caractéristiques que les concours d'utilisation cherchent à mettre en évidence.
Ce Séminaire nous permettra de faire le point sur les réussites, les échecs, et les incertitudes.

  LE CHOIX DU GENITEUR

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  Modèle

Le modèle est déterminé par des éléments anatomiques qui ont une forte héritabilité.

Par conséquent il est facile à obtenir et à conserver.
Il suffit d'apparier ceux qui possèdent les qualités recherchées, si possible au plus haut niveau, et sans trop se soucier des défauts majeurs, pas du tout des défauts mineurs. !

Ensuite on procédera à une consanguinité collatérale (frères soeurs)
qui fixera un certain nombre de données tout en assurant une grande diversité de répartition. A partir de là une consanguinité soit directe (lignée) soit encore collatérale assurera l'élimination des défauts en gardant les qualités.

En peu de générations on aura un très bon modèle, parfois un
remarquable.

Le standard et l'équilibre seront les guides de cette édification.
Si l'éleveur en a la compétence, qu'il ne se fie qu'à son choix, qu'il mesure, qu'il note, qu'il attende toujours la vérification concrète de ses prévisions.
S'il ne l'a pas, qu'il se fie à plus compétent que lui.
S'il a la chance d'avoir opté pour un Club de race actif, qu'il participe à sa vie, qu'il suive les conseils dispensés.
Si le Club de race est inactif, faute de pouvoir administrativement coopérer avec d'autres, il devra rester soigneusement à l'écart et par des biais divers contribuer à développer un courant susceptible de l'aider.
Si le Club est dévoyé et hostile à la promotion de la race, soit par vénalité de quelques uns, soit par malthusianisme, il sera difficile de continuer, impossible de progresser.

Nous trouvons en France les 3 cas de figure, alors que les structures britanninques ou allemandes autorisent l'émulation, donc le progrès, à ceux qui le recherchent.

  Aptitudes

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  Notation

En apparence la performance est plus facile à mesurer, mais son héritabilité est présumée plus faible (ce qui nous parait vrai pour le physique, moins pour le mental)

La performance :

II convient de soigneusement analyser les types d'épreuves, le niveau des concurrents, la capacité des organisateurs et des juges, pour faire une gamme de notation.

Ensuite on devra valoriser la diversité des résultats qui traduit à tout le moins une bonne stabilité, et probablement un éclectisme témoin d'une haute capacité mentale.

Il faudrait arriver à une notation chiffrée qui permettra des comparaisons ultérieures.

Comme nous l'avons déjà écrit, la science du jugement, ou docimologie
, explique comment on peut passer d'une appréciation subjective à une notation objective (ce qui ne signifie aucunement juste).

Nous aurons 3 types sérieuxs de notation :

  - La gamme A, B, C, D, E (celle de l'école primaire), qui correspond aux 5 écarts type d'une loi normale de distribution.
Elle permet des tics, des éliminations, pas des confrontations.
Dans notre cas nous retiendrons a priori les A et les B, à la rigueur les C,
Son principal avantage, outre la vitesse et la simplicité, est de ne pas induire de fausses hiérarchies par d'illusoires précisions.

- La gamme de 0 à 20 (celle du baccalauréat) qui correspond à des intervalles d'appréciation de 5 % de la variabilité totale, ce qui est à la fois un seuil statistiquement significatif et le seuil minimum de discrimination biologique isolée.
Elle permet de distinguer les géniteurs d'élite si l'on est sur des paramètres d'appréciation.

- La gamme de 0 à 100 qui résulte de la combinaison des 2 précédentes et
permet de réunir par un même chiffre un ensemble de caractéristiques disparates.

Au sommet de la compétition il faudra amplifier artificiellement les écarts. Au Congrès de Madrid nous avions ainsi proposé d'élever les écarts au carré.
D'autres techniques sont possibles.

  Les pièges

Mais le sélectionneur devra déjouer de multiples pièges.

Les structures hétérozygotes sont considérées par 1a plupart des auteurs
comme les plus efficaces. Pour notre part nous n'en contestons pas l'efficacité, mais nous pensons qu'une sélection consanguine sévèrement poussée peut rivaliser avec elles. Il n'empêche qu'à un moment, l'avantage des hétérozygotes peut enlever la décision. Mais ils ne transmettront pas leurs caractéristiques.
Il convient donc d'être d'une grande prudence avant
d'utiliser le crack du moment. (best whith the best).

S'il est seul de sa nichée à avoir obtenu de grands résultats, ses chances
de bien produire seront faibles. Si par contre il est le meilleur d'un lot de très bons frères et soeurs on peut davantage lui faire confiance.
Attendons alors les résultats de sa descendance avant d'aller plus loin, quitte à congeler sa semence pour voir par la suite.
On peut aussi chercher ses propres collatéraux avec de presque aussi bonnes chances.
Mais la meilleure solution parait être l'appel aux géniteurs du crack plus encore qu'à lui-même. Cela est pratiqué dans d'autres espèces.

Les performances recherchées sont elles transmissibles ?

Certes les bases du comportement comme celles de l'effort ont une forte
composante héréditaire.
Mais la maladie, l'alimentation, l'entraînement vont jouer un rôle considérable.
Nous savons bien que ce sont souvent les mêmes propriétaires qui ont les meilleurs chiens. Certes parce qu'ils ont su les choisir, mais aussi les former.

Donc l'interprétation des résultats devra être corrigée des variations
environnementales.
Comment, de combien, ce n'est pas évident, et relève encore de l'art divinatoire du sélectionneur.

Ainsi chez le whippet, sur 350 m, la vitesse est proportionnelle à la
hauteur au garrot à raison de 0,3 sec (soit 4 m) par cm. Elle est probablement aussi fonction du poids. Cette vitesse a un coefficient d'héritabilité de 0,3.

Par conséquent nous pourrons à partir de la taille et de la vitesse des
parents estimer avec beaucoup de précision la rapidité moyenne de leurs descendants.

Supposons que un parent ayant la taille moyenne de la race ait une supériorité de 1 seconde par rapport à ceux de même taille de la génération.

I1 transmettra 1/2 de 1 sec, soit 0,5 sec avec une héritabilité de 0,3 soit un avantage moyen de 0,15 secondes. Le même calcul doit être fait pour 1'autre parent.

Admettons le même résultat. Cela ne veut pas dire qu'on peut prédire que
son fils aura 0,3 sec de mieux que la moyenne de sa génération (car à ce compte on ne ferait que perdre).

Cela veut dire que la moyenne d'un grand nombre de leurs descendants sera
supérieure de 0,3 sec à celle de leurs congénères pour des causes dues à leurs parents. Dans le lot certains auront beaucoup progressé, d'autres moins.

Mais les méthodes d'entraînement changent, les règles aussi, les pistes
enfin. Il est alors très difficile de comparer des valeurs génétiques éloignées dans le temps au seul vu des performances phénotypiques.
Cela est encore plus vrai pour la plupart des disciplines notées par un barême de points.

La performance a-t-elle des bases biologiques ?

Il faut penser aux erreurs de jugement, aux circonstances et aléas de
la compétition, aux fraudes, etc...

L'appréciation de la part transmissible dans les performance
nous parait donc relever d'une longue expérience et d'une connaissance
très approfondie de la discipline concernée.

Appréciation très malaisée des résultats, faible transmissibilité, il est difficile de constituer une lignée de chiens de qualité.

Par contre si on se limite à rechercher un seuil minimum, bien que déjà élevé, on voit se dégager des résultats distincts selon les sélections suivies.
I1 faut donc s'adresser à elles et l'on a une très forte probabilité de réussite. Mais trouver le futur crack relève encore de la chance, améliorée par 1e recours a ces lignées de travail.

  Bases génétiques

L'amélioration génétique regroupe l'ensemble des actions destinées à accroître les performances grâce à l'intervention sur le génotype des individus.
L'expression P des performances réalisées résulte de l'action combiné de 1'environnement E et de la génétique G.

Celle-ci dépend du choix des reproducteurs, c'est-à-dire la sélection, et de leurs modalités d'utilisation, en race pure dans le cas présent.
On appelle souvent sélection traditionnelle celle qui repose sur
la connaissance par l'éleveur des particularités individuelles de ses animaux, et sélection moderne celle qui fait appel à l'interprétation mathématique de performances recueillies dans des structures d'élevages organisés, régies par la loi sur l'élevage du 28.12.1966 que les pouvoirs publics voudraient hélas étendre maintenant a l'espèce canine.

En fait la connaissance des particularités est toujours nécessaire. Si les techniciens se sont souvent implantés à la place des éleveurs c'est que les connaissances de ceux-ci et surtout de leurs dirigeants étaient insuffisantes, voire complètement fausses. La notion de race s'est alors souvent identifiée dans notre pays à celle d'obscurantisme.

Mais cette connaissance, pourtant indispensable, n'est pas suffisante. Il faut ensuite savoir mettre en oeuvre les conséquences de l'observation et en contrôler les résultats.


Enfin on doit accepter la relativité des progrès, car améliorer
un caractère c'est en voir disparaître un autre, le stock génétique n'étant pas extensible. Mais rassurons nous, à notre niveau la marge de progression est encore considérable sans avoir à faire des choix cornéliens.

Comme nous l'avons vu, l'optimum correspond à un environnement précis, pour nous, la pratique ou la compétition avec des règles précises.

La sélection commence par la collecte de l'information au sein
de la race.
Elle est donc liée à l'activité technique et administrative
du Club de race. I1 faut ensuite que cette information diffuse.
On me demande souvent comment détecter un bon Club de race, au-delà des sentiments de chacun.
Je réponds que quelques critères sont suffisants :

  - Progression du cheptel et des effectifs du Club
- Nombre de séances techniques de formation pour les cadres du Club (juges, confirmateurs, délégués, etc...)
- Volume de l'information technique (résultats,commentaires) recueillis et publiés.

Il faudra bientôt y ajouter la publication des détections de tares inva1idantes.

C'est là un énorme travail qui demande bien plus que les résultats des concours et expositions, car il faudrait les rassembler par familles de géniteurs, ce qui est parfois fait, mais pas souvent.

Puis nous devrons évaluer la valeur des informations recueillies,
c'est-à-dire mesurer la part génétique de supériorité d'un reproducteur par rapport à une moyenne de référence, valeur que l'on appellera différentiel de sélection. Il se calcule sur un grand nombre de références qui déterminent son coefficient de fiabilité, et à partir de la supériorité moyenne des enfants de celui-ci par rapport à ceux là.

A partir de la position du géniteur sur une gamme de possibilités
normalement réparties, on va situer son mérite.

On peut ainsi calculer l'écart réduit :
c'est-à-dire le rapport entre la position de l'individu X vis-à-vis de la
moyenne ramenée à l'écart type s. Or il y a 5 écarts types dans la population, donc si on ajoute 5 à cet écart réduit, on a 1e probit

Probit = +5

Toutes les notes deviennent alors positives.

Il existe d'autres méthodes de calcul, mais toutes visent à chiffrer l'écart de valeur.

L'INRA a établi un très bon index chez le cheval de course à partir de la
quantité de gains obtenus.

Chez le chien on pourrait attribuer des points à tel ou tel concours (par
exemple 10 à une sélection régionale, et 100 au championnat), et préparer ainsi des index. Mais les esprits n'y semblent pas préparés.

La supériorité génétique dépend elle même

  - de gènes mendéliens : peur du coup de feu, du coup de bâton
- de gènes majeurs : effet important (comme 1a taille au garrot)

- de polygènes à action additive : (pourcentage de fibres....)

On appelle index la valeur génétique additive d'un reproducteur pour un même caractère (endurance). On va donc devoir mesurer les résultats phénotypiques (concours) des parents et des enfants, corriger les variations dues à des effets non additifs, et calculer la part qui revient aux polygènes.
Chez le chien, on devra procéder autrement.
L'index I, sera fonction de l'écart de valeur et du coefficient d'héritabilité :

 

I = h2 ()

P = niveau du géniteur
= niveau moyen des contemporains
h2 = variance de la part présumée additive, dans la population
de référence.

En dessous de 0,3 i1 est très aléatoire de croire à 1a sélection individuelle.
Il faut passer par la descendance. C'est ce qui explique le succès des êleveurs qui travaillent en continu sur les lignées de travail, et l'échec du recours sporadique à tel ou tel géniteur.

C'est certainement dans la sélection continue du chien de travail que l'éleveur verra le mieux distinguer ses propres aptitudes.
On peut réussir très vite en modèle, pas en travail, à moins de poursuivre évidemment l'oeuvre des autres en utilisant leurs sujets.

Mais h2 varie d'une population à l'autre. Elle sera élevée dans les populations hétérogènes, faibles dans les autres.

Le progrès sera donc plus rapide dans une race mal typée que dans une race bien établie, et la réussite deviendra de plus en plus dure.

C'est à ce phénomène que les partisans de la théorie polygénique de la dysplasie coxofémorale attribuent la stagnation de certains programmes d'éradication.

Pour notre part nous pensons plutôt à des facteurs prédisposants, communs
à toute l'espèce, plus ou moins corrélés à des facteurs favorisants (précocité) et qui à la suite de circonstances malencontreuses (erreur d'élevage avec adjuvants divers) vont déclencher l'anomalie.
Nous aurons alors effectivement des sujets détériorateurs, ce qui justifie des programmes de sélection collective, mais dans la plupart des cas i1 y aura plateau de sélection si l'on n'intervient pas sur les facteurs déclenchants,
Il y a plateau de sélection quand la part génétique de la variation devient trop faible dans une population pour compenser les causes fortuites de variation.

  METHODES DE SELECTION

L'Identification est bien assurée par le tatouage.
Il faudrait ensuite effectuer le contrôle des filiations, car comment progresser si les déclarations sont fausses ?
Nous pensons que le taux d'erreur est plus élevé qu'on ne pense, soit par fraude, soit par inadvertance.
Les incompatibilités de robe sont le meilleur moyen de les détecter, la cytogénétique et les groupes sanguins ayant échoué. Nous effectuons actuellement des recherches sur les marqueurs sanguins par électrophorèse protéique, mais nous ne trouvons guère de différences entre les races, alors les filiations !

Le contrôle des performances
, très lourd chez la vache laitière, gagnerait
à être mis en place chez le chien si on veut progresser, mais certainement pas par des méthodes analogues à celles qui ont conduit au dirigisme régressif imposé par la loi sur l'élevage.

A notre sens le technicien doit fournir des conseils, mais c'est à l'éleveur que revient la décision.

On peut sélectionner sur des bases distinctes :

  En fonction du nombre de caractères voulus

Nous trouvons le débat modèle-aptitudes, mais bien amplifié

Un chien d'arrêt doit avoir au moins

  - du flair
- de la robustesse
- de la souplesse mentale
- une discrimination des odeurs
- la capacité d'arrêt
- de la perspicacité
- de la concentration.

Déjà 7 caractères auxquels on ajoutera un port de tête, un type de quête, une vitesse de parcours, etc...
On va donc sélectionner sur n caractères simultanément.
Mais sont-ils compatibles ou non entre eux ?
Sont-ils indépendants ou non les uns des autres ?
Peut-on trouver des corrélations positives ou négatives qui permettront de simplifier le choix ? Ainsi nous avons trouvé des corrélations positives entre la vitesse du whippet et la longueur de la queue ou du tibia, ainsi qu'avec un jarret clos qui dégage le passage des antérieurs entre les postérieurs (ou n'est-ce qu'une généralisation abusive d'observations triées ?).

La sélection corrélative est efficace et simple mais dangereuse.
En effet nous trouverons beaucoup de fausses corrélations (exemple : les défauts de pigmentation du chien sont des signes de dégénérescence). Il suffit alors d'étudier et d'écouter, de réfléchir pour en éviter le piège.

Mais il y a aussi les corrélations temporaires, qui ont donné naissance
aux raceurs. Il y a bien présence de 2 caractères liés chez un crack, mais qui vont peu à peu se disperser dans la descendance et perdre alors toute signification. Il y a les corrélations dues a un patrimoine commun, qui se maintiennent dans un élevage donné grâce à une bonne consanguinité, mais ne sont plus transposables ailleurs.

Donc la sélection corrélative devra toujours être contrôlée, vérifiée, et ne devra pas être trop vite généralisée pour les caractères à faible héritabilité.
Or plus on va sélectionner de caractères indépendants plus le progrès ralentira, car il répond a la formule


pour n caractères
.

On peut tenter chez le chien la sélection sur seuils indépendants.

On définit chaque caractère recherché et on fixe le seuil éliminatoire.

C'est un peu le principe de la confirmation.
On ne retient que les sujets qui n'ont subi aucune élimination partielle.

Elle élimine donc les sujets exceptionnels, les améliorateurs d'une race dont les qualités seront négligées.
S'il subsiste néanmoins des sujets de qualité sur tout, il y en aura si peu que leur rôle améliorateur sera nul.
En effet l'amélioration pour la race est 1e fruit de l'écart de valeur par le nombre de descendants produits.

L'examen de confirmation, même bien effectué, nous paraît donc
une hérésie dans sa conception : sélection par seuils éliminatoires de caractères indépendants.

Il gagnerait à être remplacé par un examen de salubrité pour
éliminer les tares invalidantes à déterminisme génétique certain, et prolongé par un système de recomnandation sur péréquation de facteurs.

On peut ainsi citer comme une excellente référence la grille d'admission des sujets recommandés par le Club des Amateurs de Teckels.

Cette race comprend 3 variétés de poil et 3 variétés de format,
soit 9 possibilités.

La destination de la race est la chasse avec menée à voix sur
terre, aptitude au terrier et à la recherche du gibier blessé. Mais la plupart des teckels sont en fait utilisés pour la compagnie. Les proportions sont distinctes d'une variété à l'autre, avec un gros écart entre le Poil dur standard (chasse) et le Poil long kaninchen (compagnie) .

Un premier tri alliant le modèle et l'ascendance est effectué lors de la confirmation, qui est normale au 1er choix.
1er choix signifie que l'animal lors de la confirmation a été noté sur un bon niveau de modèle, et qu'il a sur les 14 ascendants du pedigree au moins 10 sujets à haute récompense, dont 5 en lignée paternelle et 5 en lignée maternelle. Ces 10 résultats peuvent être soit en modèle (beauté), soit en travail, mais sans panachage.
Il y a donc constitution de lignées de beauté, de travail, cohérentes entre elles.

Pour éviter la scission de la race en groupes dévoyés vers la perte du modèle ou de l'aptitude, le Club propose alors une grille de recommandation comme ci-joint.

Grille :

Admission des Sujets Recommandés par le C.A.T.

 

Poil ras

Poil long

Poil dur

S
T
A
N
D
A
R
D

Excellent

ou TB+ et 1er Choix

TB + et 1 sigle Sp et BhFK

TB et 2 sigles Sp et BhFK

Excellent+

Excellent et 1er choix

Excellent et Sp ou BhFK

TB+ et (Sp plus BhFK)

Excellent et (Sp plus BhFK)

TB+ et (1er choix plus Sp plus BhFK)

TB et 1er choix et LST

NAIN

et

KANINCHEN

Excellent

TB+ et 1er Choix

TB et

Sp
ou BhFK
ou KschlH pour Kaninchen

Excellent+

Excellent et 1er choix

Excellent et

Sp
ou RhFK
ou KschlH pour Kaninchen

TB et (Sp plus BhFK)

*

Excellent+

Excellent et 1er choix

Excellent et

Sp
ou BhFK
ou KschlH

.

TB+ et

Sp plus
ou

BhFK
KschlH

.

BhFK : aptitude au renard au terrier
Sp : aptitude à crier sur la voie du lièvre
KschLH : aptitude à faire sortir le lapin du terrier (pour Kaninchen)
LST : livre de sélection sur le travail

Excellent + : Très haut niveau de modèle

TB+ : véritable TB à distinguer du TB, parfois généreux.

Aucun géniteur n'est recommandé s'il n'a pas au moins le niveau de TB en modèle (soit C dans la gamme 0-5).

La plupart du temps il faut TB+ (soit B-C) soit Excellent (B), parfois
Excellent + (A).

Aucun sujet à modèle exceptionnel n'est écarté, sauf dans la
variété standard poil dur, utilisée avant tout à la chasse dont la prise en compte devient déterminante.

I1 y a donc respect de la diversité commerciale, de la variabilité génétique, de la continuité généalogique, de la primauté aux caractères héritables (morphologie) et de la nécessité de maintenir les aptitudes.

Aucun sujet de grande qualité au travail n'est écarté, sauf
s'il ne répond pas au standard, avec un niveau Bon.

Enfin les niveaux d'exigence sont périodiquement révisés selon l'évolution de la demande et de la structure génétique de chaque groupe.

La seule réserve que l'on peut faire à ce système, c'est que l'évaluation du modèle soit obligatoirement faite par une commission, à l'occasion de la Nationale d'Elevage. Des questions de lieu et de personnes peuvent donc interférer avec la génétique, sans parler des aléas de l'état d'un animal à un moment donné.

Inversement il y a aussi de ce fait une grande cohérence, qui rappelle les opérations de pointage chez les bovins.

  En fonction de la relation de parenté

La sélection individuelle, sur les performances du géniteur n'est efficace que pour les caractères à forte hêritabilité (modèle). Elle ne devrait donc pas être suffisante pour le travail.

Il en est de même pour la sélection sur l'ascendance c'est-à-dire selon le pedigree, si l'on admet une faible h2.
Mais la pratique démontre le contraire.

Nous devons donc admettre que pour la plupart des disciplines les facteurs
déterminant l'aptitude ont une bonne héritabilité soit qu'ils soient liés à la morphologie (aptitude à l'effort physique), soit que les bases psychiques relèvent elles-mêmes surtout de gènes majeurs, thèse qui correspond à notre sentiment et à diverses études comparatives chez les jumeaux humains où certains auteurs ont avancé des coefficients d'h2 supérieurs à 0,6 pour 1e concept intelligence.
Piacentino la tient pour probable chez le cheval.

Mais la sélection sur les collatéraux, productive pour le modèle, peut nous fournir une approximation intéressante sur le degré d'homogénéité des patrimoines, donc leur probabilité de transmission
La sélection la plus efficace est cependant celle fondée sur la descendance.

Remarquons qu'une sélection dite généalogique sera en partie une sélection sur descendance si l'on a des données concernant la génération des arrière grands parents. C'est une affaire de rédaction de pedigrees. Une continuité généalogique de résultats supérieurs à la moyenne est en fait un testage relatif, qui laisse une incertitude sur la valeur réelle du géniteur, mais accroît les chances de réussite d'autant plus qu'il y a davantage de sujets notés.

Attention néanmoins a l'irruption possible d'un détériorateur dans le génotype.

Nous devrons donc trouver un moyen terme entre la sécurité (tous
les ascendants connus doivent avoir prouvé leur valeur au travail) et la possibilité (au moins les 6 ascendants les plus proches).

  MESURE DU PROGRES GENETIQUE

Le progrés génétique vise a mesurer la part qui revient à la génétique dans l'amélioration des performances, en calculant la différence de valeur entre deux générations successives d'animaux soumis à la sélection.

Le progrès génétique attendu
estime l'écart entre la valeur
phénotypique moyenne des produits des géniteurs sélectionnés et celle des animaux de référence, qui sont ici les géniteurs de la génération précédente.
Il est fonction :

  - de l'intensité de la sélection (taux de sujets conservés) qui est liée aux écarts de valeurs.
- de la variabilité génétique de la population.
Les progrès sont plus intenses dans une population hétérogène,
- de la variabilité phénotypique qui va interférer sur les estimations.
- des intervalles de générations (plus ils sont courts, plus le progrès sera rapide).
- de la corrélation entre valeurs phénotypiques et génotypiques.

L'intensité de la sélection demande à prendre en compte le nombre de sujets que l'on peut améliorer, donc la prolificitê des géniteurs.

Il y a de multiples convergences a retenir la prolificité comme un témoin majeur de salubrité génétique et comme un facteur décisif du progrès génétique chez le chien.

Se pose en effet le rôle du sexe.
Génétiquement mâle et femelle comptent autant.
Mais la mère a un rôle prépondérant dans la mise en place du comportement, donc dans une partie du phénotype de travail.
En outre les facteurs affectifs de l'éleveur ne peuvent pas
être écartés. S'il peut choisir son étalon, en dehors de son élevage, il est tenu par le niveau des lices qu'il possède.

Enfin l'insémination artificielle reste marginale et sans programmes de contrôle de descendance. Donc la multiplication des produits d'étalons reste faible.

Contrairement a l'opinion de beaucoup, nous soutenons donc que la pression de sélection doit rester modérée chez les mâles, ce qui assurera le maintien d'une bonne variabilité génétique dans la race, mais qu'elle doit être
plus stricte chez les femelles qui assurent la perpétuation des lignées et la mise en place du comportement ethnique.

Cela est encore plus vrai pour le chien de travail.

  LE CHOIX DU JEUNE

Le choix du jeune sera important pour l'utilisateur.

D'une part il devra tenir compte de son ascendance, et rappelons le, sur plusieurs générations.

D'autre part il faudra tenir compte des collatéraux.

  Les groupes comportementaux

Le rôle du caractère est important.

CAMPBELL, puis la plupart des éthologistes, estiment que les bases du comportement sont déterminées à 7 semaines, sans être encore faussées par le monitorat maternel ou l'action humaine.

Nous avons ainsi proposé 20 groupes de chiens, selon leurs modes de relation ou d'expression. comp5

Niveau de réactivité

Bagarreur ou rebelle

Indépendant

Obéissant


Tendre


Peureux

Mode d'expression


Voix

(aboiement)

Dent

(morsure)

Tendance interne

Extériorisée

Bruits


Attaques

Inhibé


Gémit


Grignote

On peut naturellement subdiviser ces catégories mais elles recoupent à peu près tous les cas connus.

Les groupes A, E de dominance seront rarement aptes au travail, Rebelles et peureux sont d'ailleurs assez rares.


Les tendres (D) peuvent être assez fréquents chez les chiens
d'arrêt de type épagneul.

La distinction entre muets et aboyeurs, dotés de mordant ou
timides, est assez classique pour ne pas avoir à s'y appesantir.

La tendance à extérioriser ou intérioriser les émotions se
rapproche certes du cas précèdent, mais elle le dépasse et peut servir de guide éducatif, pour mieux comprendre l'animal et donc éviter des erreurs.

D'autres batteries de tests ont été proposées.

Les déplacements en endroit ouvert et inconnus permettent de mesurer la réactivité émotionnelle du sujet à partir du comportement exploratoire (miction, défécation, toilettage, ingestion, exploration, fuite, etc...).
Beaucoup d'auteurs ont pris la défécation comme indice d'affectivité, ce que conteste RASQUAIN.

La latence
est le temps que met le chiot à s'engager dans 1'espace ou à s'y mettre en mouvement.


On a souvent examiné le comportement individuel de chiots au sein d'une
portée à laquelle on jette un os. WRIGHT distingue alors une dominance de compétition ou comportement d'affirmation de soi, par rapport à une dominance sociale, affirmation sur l'autre.
MURPHEE, FOX et d'autres se sont appuyés sur des tests physiologiques, et notamment le rythme cardiaque.

Un rythme faible (autour de 80) correspondrait à des sujets timides, 120 à des stables. Les rythmes élevés correspondraient a un contrôle
orthosympathique. Mais le whippet à la fois le plus stable et le plus performant que nous ayions connu avait un rythme très lent (en dessous de 50) au repos.

A cela MURPHEE répond que la bradycardie de l'adulte chez le pointer, est une réponse à la soumission passive et amicale à l'homme.

Le taux de dérivés des corticosurrénales dans l'urine a été
avancé par ZARROUK et l'équipe de MONTAGNIER, mais la signification en est aujourd'hui controversée.

TOMAN, cité par VASTRADE, propose 4 types fondamentaux :

  L : chef de meute
F : obéissant docile
G : indifférent
A : peureux ou farouche.

Il examine la portée dans un endroit inconnu, puis à l'approche de l'éleveur, à l'arrivée de la nourriture, devant des bruits divers, au retour de la mère, etc.. .

Tous ces tests ont fait l'objet d'une étude critique de
RASQUAIN, lors du Séminaire de Namur.

Nous en retiendrons qu'ils permettent d'écarter assez vite des sujets impropres au travail, qu'ils peuvent aider au choix du futur travailleur, mais que ni leur précision ni leur fiabilité ne sont suffisants pour faire le choix.

  Les tests d'aptitude naturelle (TAN)

Confronté d'une part aux nombreuses doléances d'acheteurs trompés ou déçus, mais aussi à la réputation comportementale désastreuse du chien de race qui à travers divers médias ou professionnels devenait dangereuse pour notre élevage, le Ministère de l'Agriculture a insisté pour que la sélection prenne en compte le caractère.
Après beaucoup d'hésitations apparentes, les Clubs de race ont proposé les TAN.

Ceux-ci soulèvent diverses questions.

  Age de réalisation

Dès 8-10 semaines les aptitudes ont été orientées par l'éducation et ont donc perdu leur valeur génétique.

  Niveau exigé

Toute exigence précise correspond à un certain dressage et pis encore à une adaptation aux sacrosaints règlements de compétition. Il y aura dans ce cas une amorce de dérive, souvent très réductrice.
Nous retrouverions pour le travail les erreurs que nous déplorons pour le standard dans la confirmation.

  Nature des épreuves

II conviendrait de définir au préalable les traits comportementaux transmissibles isolément ou par groupes cohérents, afin de les analyser.
Nous avons vu combien grandes sont les incertitudes des tests d'analyse du caractère, les hypothèses sur l'héritabilité, les traits comportementaux à support héréditaire identifiable.

La Société Française de Cynotechnie peut nous permettre de faire un grand pas en avant si nous parvenions à constituer un groupe d'utilisateurs chevronnés et de psychologues canins pour définir d'abord une liste de tendances comportementales distinctes, puis proposer des hypothèses de transmission.

Les généticiens du comportement ne peuvent rien sans les éleveurs de travail. Ceux-ci peuvent perdre des années d'effort faute de méthodologie correcte.

Le Séminaire Canina de 1986 a regroupé diverses approches des TAN.

Chez le chien de défense ORTEGA propose de chercher la sociabilité (mais est-ce naturel ou acquis ?), la résistance aux stress, le courage avec une bonne réaction de Défense-active.

Il souligne la différence entre la réponse spontanée, franche
et nette, et la réponse ritualisée, hésitante et contournée. Le compotement agressif a une composante nettement héréditaire (HUMPHREY, VARNER, KRUSCHINSKII, CLARK).

La qualité des épreuves est indissociable de celle du notateur, qui doit être expérimenté.


DUTEIL
expose le TAN du Beauceron pour rechercher sociabilité, émotivité au coup de feu, hardiesse face à la menace du bâton, avec une échelle à 5 points.
Il en propose naturellement l'exploitation en consanguinité pour faire des lignées de travail.
La fiche d'examen proposée parait tout à fait convenable.

Par contre MERY défend pour le briard ce qui est pour nous l'erreur classique, en confondant test et sélection et en proposant une méthode d'analyse fondée sur des résultats globaux, c'est-à-dire cumulant tous les facteurs peu utilisables.

Le berger picard, avec un peu plus de précision, ne parait pas non plus s'être intéressé à une approche efficace.

Pour le berger allemand SAORIN rappelle les arguments favorables à l'hérédité du caractère, et insiste enfin sur le rôle des femelles.

Dans l'état des tests pratiqués le plus souvent, on ne tient pas assez
compte de celles-ci.

Rappelons que le comportement de race est pour l'essentiel établi par la
mère et les contemporains de portée.

Parler de lignées maternelles améliorerait probablement beaucoup nos analyses.

SAORIN cite le règlement de Vichy pour les BA, avec Sociabilité, Equilibre, Attitude au coup de feu, Courage. Le programme parait orienté vers l'aptitude à la compétition plus qu'aux simples qualités naturelles.

Peut être moins formalisé que chez le Beauceron le règlement du Berger
allemand permet aussi d'éliminer les sujets arrivés impropres, sans pour autant avoir de valeur génétique négative.

Un bon propriétaire ne peut pas fabriquer un bon chien si son patrimoine génétique est médiocre.
Par contre on peut facilement détruire un animal qui aurait fait merveille en d'autres mains.

Le Berger belge bénéficie de ce que son Président, le Dr SURGET est un excellent spécialiste en génétique du comportement. Mme DEMILLER décrit les principes retenus, qui s'appuient sur les bases de notre analyse du caractère, et vise à rechercher un caractère équilibré plus qu'à chercher l'aptitude à la compétition.

Ils distinguent justement crainte et timidité.


Dans l'ensemble on retrouve des épreuves analogues aux précédentes, avec
un souci de prudence dans leur interprétation.

GELINEAU propose une orientation analogue pour le Bouvier des Flandres, en soulignant justement le danger du dirigisme, et l'effet incitatif des bons résultats.

Nous ne répéterons jamais assez que la sélection consiste
avant tout
à promouvoir les meilleurs et non à éliminer des défauts partiels,
ce qui risque de généraliser la médiocrité.

Le Boxer a lui-même le même type d'épreuves, ainsi que le Schnauzer et le Rottweiler.

L'examen des tests pour chiens de défense montre donc à chaque
fois recherche de sociabilité, de stabilité émotionnelle, d'ardeur, de courage, de mordant. Les pondérations, les contrôles et l'utilisation des résultats varient plus que les principes de base.

  LE CONTROLE DES RESULTATS

II n'y a pas de progrès génétique sans contrôle mesurable des résultats.

A défaut nous avons déjà écrit qu'il n'y avait pas de sélection,
mais seulement exercice du pouvoir génétique à des fins d'autosatisfaction pour les uns, de dénigrement systématique pour les autres.

Lors de l'étude de la sélection à seuils nous avons voulu marquer sur le plan théorique le danger de ce que nous appelons la "méthode

VITTEL" : il faut éliminer........

Accumuler les qualités, si difficiles à obtenir,
plutôt que de
se braquer sur les défauts, assez faciles à éliminer
par consanguinité
raisonnée nous parait plus utile..

En relisant pour cette conférence les propos des uns et des autrss, j'ai été frappé par le constant rappel de la nécessité d'une consanguinité raisonnée.

Ainsi face aux réalités de la confrontation organisée, beaucoup d'éleveurs
ont, contre l'avis des augures, contre la force des mythes, opté pour une sélection rationnelle dans un domaine ou tant de généticiens à calculette en prédisent 1'échec.
Si cela pouvait au moins faire réfléchir les anxieux !

Et pourtant, nous l'avons dit, chaque résultat de concours peut prêter
le flanc à la critique (presque autant qu'en exposition). Comme en exposition, une série d'épreuves réussies sera par contre représentative.

Si des échecs constants peuvent être dus à l'éducation et non
au patrimoine (aléas de la sélection par élimination), des réussites constantes impliquent un bon patrimoine initial (aspect positif de la promotion) bien exploité par des maîtres compétents. Mais si utile que ce soit, cela ne permet pas de mesurer le progrès.
Dans un élevage on peut l'évaluer par le taux de réussite au plus haut niveau.
Dans une race il faudrait procéder à une analyse numérique en 7 temps :

  1) Hiérarchiser les diverses épreuves intéressant la race, tant par nature (ou il devrait surtout y avoir égalité entre elles) que par endroit.

2) Noter les résultats de chaque candidat sur ses n meilleures épreuves
(promotion du bon).
Exemple : 5 meilleurs résultats sur 10 concours.

3) Accentuer les écarts par un barème progressif

Exemple : Formule 1 automobile
9. 6. 4. 3. 2. 1 ou tout autre.

4) Pondérer par une note de modèle à barème progressif.

CACIB 9 CAC 6 etc...

5) Publier le classement annuel
  - Barème de travail seul
- Barême de modèle seul
- Synthèse des deux.

6) Analyser le niveau de la race.
Pour cela prendre au hasard au moins 100 sujets à naissance déclarée.


7) Puis à 3ans (ou tout autre âge), les soumettre à la confrontation.
- Pour ceux ayant affronté concours ou exposition cela se fera sur documents.
- Pour les autres envoyer chez le propriétaire actuel un expert chargé de fournir une estimation du niveau de modèle, de la sociabilité, de 1a hardiesse, etc...

On note le tout, y compris les sujets disparus, ou malades ou tarés et on peut donner un indice global pour la race.

Le travail technique est simple bien qu'il demande beaucoup de discussions préalables.

Le travail administratif est important.

La régularité des épreuves doit enfin être exemplaire.

Si cela semble le cas pour beaucoup d'entre elles, ce n'est pas assez vérifié pour toutes.
Des Commissions de contrôle ou d'appel, en partie externes au milieu concerné peuvent jouer un rôle utile de gendarme ou de garde fou.

CONCLUSION

Un sujet aussi général ne pouvait pas permettre de proposer des solutions concrètes, qui ne valent que pour une seule race et une seule discipline.
Nous avons donc cherché à poser les questions les plus fréquentes et proposé des réflexions à leur sujet, tout en rappelant quelques règles de la génétique et du comportement.

Nous espérons avoir suggéré des pistes de recherche ou de travail, et contribué à mieux cerner les difficultés qui accablent tout
sélectionneur.

Discipline par discipline, nous verrons comment chacun les ressent ou les résoud.

Guy QUEINNEC, 1988

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