selcnt
UTILISATION
La sélection du chien
de travail
Guy
QUEINNEC
Societé
Française de Cynotechnie
Extrait du dossier sur LE
CHIEN AU TRAVAIL
27, 28 Février et 1er Mars 1987
pour l'Union Internationale des Clubs de
Lévriers,
UICL, 1988
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La
sélection en vue du travail consiste à
rechercher les meilleures méthodes
permettant une amélioration des
potentialités qu'exprimeront
ultérieurement les animaux réellement
utilisés.
Ces méthodes devront être efficaces,
mais également commodes à mettre en
oeuvre dans le cadre des structures de
notre élevage.
L'amélioration implique que le progrès
puisse être objectivement constaté,
donc mesuré. A défaut on ne pourra s'appuyer
que sur des données
subjectives, offrant un large champ à
toutes les controverses.
Ce sera
malheureusement le cas le plus fréquent.
L'expression des
potentialités génétiques implique l'éducation,
la formation, le dressage, l'entretien de
l'animal, ce qui va encore altérer la valeur
des comparaisons de résultats.
Beaucoup pensent même qu'il n'est nul
besoin de sélectionner, que c'est
le propriétaire qui fait tout. L'existence
d'aptitudes différentes entre les races,
des lignées distinctes au sein d'une
même race font
litière d'une opinion commode pour
certains éleveurs, mais exaspérante
pour les autres, ceux qui ont consenti
les efforts nécessaires à la
réussite.
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L'opinion de l'utilisateur |
L'utilisateur,
toujours intéressé par les résultats,
souvent passionné
par ce qui constitue à ses yeux tout le
sel de la vie, fermé à ce qui
ne rentre pas dans cet univers, a une
typologie caractérielle très
marquée. On la retrouve chez l'amateur
de courses de lévriers, le musher de
traîneau, l'habitué des rings, où l'âpreté
des relations traduit la tension
conjointe de l'homme et du compétiteur,
alors qu'elle sera
souvent corrigée par la gaillardise et
la convivialité ironiques chez le
chasseur.
Nous retrouverons fréquemment ces
marques de passion que sont des
affirmations brutales, aussi
péremptoires que pourtant changeantes au gré
des modes, le peu de réflexion sur les
échecs toujours attribués à l'autre,
chien, juge, gibier, la généralisation
systématique d'observations ponctuelles,
le besoin de recourir à l'inconnu et à
l'irrationnel, qui évitent de s'interroger
sur soi même, l'engouement subit ou le
rejet
absolu...
Il est alors bien difficile de travailler
dans la durée qui est une donnée
essentielle de la sélection.
Trois étapes vont marquer l'évolution
de l'utilisateur
|
- L'humble
ignorance du débutant écartelé
entre tant de conseils
contradictoires qui le conduiront
tantôt à l'abandon, tantôt à
l'acharnement, le
plus souvent selon les résultats
obtenus.
- Puis l'arrogance
assurée de celui qui, ayant
cessé d'ignorer, croit alors
détenir le savoir, certifié par
1a va1eur d'un premier chien,
dont la part qui revient à 1'
éleveur lui parait si minime par
rapport à ses convictions.
- Enfn la
sagesse studieuse du chevronné,
qui a vu s'effilocher tant de ses certitudes
initiales, qui a souvent subi la
complexité de l'élevage, qui a
pu diluer son affectivité sur
une production assez diverse pour
que 1'analyse
remplace le sentiment.
C'est
surtout à eux que s'adresse la S.F.C.,
peut être aux débutants s'ils parviennent
à s'affranchir de la pression du
milieu. |
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Race et aptitude |
Faut-il ou non
prendre un chien de race ?
C'est une première interrogation, mais
répondre par la négative semble refuser
la sélection. Néanmoins on a souvent
cité les mérites de populations jeunes
ou mal fixées voire métisses comme les
Border collie, l'Eurasier, les
chiens de pays, les épagneuls
setterisés, etc... On peut aussi parler
de la retrempe. On ne peut donc pas
éluder le débat sur l'intérêt des
races
pures.
Si l'on admet que les aptitudes
comportementales sont héréditaires (et
à défaut
inutile de parler de sélection) on doit
penser qu'un chien appartenant à une
race durablement sélectionnée sur le
travail sera le meilleur.
C'est probablement vrai statistiquement,
mais ce ne l'est pas individuellement.
Il y a des ratés dans les meilleures
lignées et des succès d'autant plus
marquants qu'ils sont rares dans d'autres,
corniauds compris.
Or l'utilisateur est très sensible à l'aspect
individuel, d'une part
parce que c'est le seul qui l'intéresse
personnellement, d'autre part parce qu'il
souhaite consciemment ou non imposer sa
marque, signe de reconnaissance de son
propre mérite, plutôt que de subir
celle d'autrui (l'éleveur, le dresseur,
l'entraineur).
Beaucoup préfèrent ainsi échouer en
allant à contre courant, plutôt que de
réussir avec le matériau d'un tiers.
Inversement, d'autres plus soucieux d'éblouir
et de susciter l'envie que de se plier
aux besoins de la
discipline, croiront s'en sortir par l'achât
onéreux d'un sujet qui promettait
tant dans d'autres mains.
Combien d'éleveurs
se sont désespérés d'avoir vu ainsi
gâcher le talent d'un
chien mal vendu !
Au Séminaire de Namur on nous a demandé
de trouver un test pour apprécier
le candidat acheteur, comme nous en avons
pour apprécier l'émotivité du chien.
Nous approchons de la solution, qui
rejoint d'ailleurs les principes adoptés
dans la Gendarmerie pour choisir les
maîtres chiens.
Les bâtards
jouissent d'une excellente réputation de
robustesse et de
vivacité, et il est exact que certaines
structures hétérozygotes facilitent
l'adaptation aux variations du milieu.
Mais alors
pourquoi y aurait-il des chiens d'arrêt
et des chiens de défense, c'est-à-dire
des comportements ethniques distincts ?
Certes j'ai vu mes
whippets détecter et lever des perdreaux
là où épagneuls bretons
et setters (non inscrits) avaient
échoué. Ce n'est pas pour autant que j'en
conseillerais l'usage à des chasseurs.
En utilisation
quotidienne un corniaud mordra bien
autant qu'un bon
Schnauzer, un ratier peut lever un
lièvre, etc... mais en compétition, très
rares seront les vainqueurs issus du
fruit des circonstances plutôt que d'un
plan raisonné d'accouplement.
D'où le rejet spontané, envieux et
faussement méprisant, de cette
compétition par tous ceux qui pensent n'y
avoir aucune chance.
L'argument revient
alors : c'est du cirque, c'est artificiel, ils sont
mécanisés, etc... Mon chien sera battu,
malgré sa supériorité évidente,
parce qu'il est trop intelligent pour se
plier à des exercices conçus
par des caporaux pour des crétins, etc...
Et la démonstration inlassablement
répétée du contraire ne convaincra
personne, si même elle ne déclenche pas
la haine.
On entendra alors :
Le lévrier est
forcément idiot, le berger allemand
féroce et dangereux, le
trialer fragile et incertain, le teckel
méchant, etc... Si la renommée a cent
bouches, la bêtise en a mille !
Encore faut-il que l'on puisse se fier à
la notion de race.
Si la sélection,
ou ce qu'on appelle ainsi dans la
cynophilie, se limite à
récompenser d'élégantes statuettes
plus ou moins figées, ou à se fier à la
notoriété du présentateur pour
dégager les meilleurs et écoeurer alors le
néophyte, donc nuire ainsi à l'élevage
qu'on croyait récompenser, il est
évident qu'il n'y aura pas de
corrélation entre élevages de tête et performances,
et bientôt entre race et aptitude.
Le divorce s'installera,
comme en Grande Bretagne, entre
sculpteurs du vivant et partenaires unis
dans la communion d'un plaisir commun.
Dans les cas les plus graves, la race
disparaîtra ou devra s'adultérer
par la retrempe pour compenser les
échecs d'une direction malencontreuse.
Dans d'autres, une race initialement
adaptée à une fonction sera dénaturée
par l'abandon des aptitudes et la
recherche exclusive de caractères ethniques
séduisant l'oeil, parfois d'ailleurs
atteignant l'hypertype.
On confondra cause
et conséquence, en séparant les
lignées.
Bien des Afghans vont sur les cynodromes
moins vite que Pointer ou Colley, tandis
que d'autres à la fourrure somptueuse ne
paraissent même plus avoir de
caractère de lévrier. Combien d'Irlandais
ont perdu leur valeur cynégétique car
le choix ne valorisait que la robe.
Combien de Huskies n'ont pour leur
propriétaire que l'attrait des yeux
bleus, au lieu de l'aptitude à la traction,
etc...
La mode et l'attrait
sont de redoutables concurrents pour le
sélectionneur, s'il n'est
pas aidé par son Club de race.
Si les dégâts ont été graves, il
convient peut être de faire une retrempe c'est-à-dire
d'aller chercher au sein d'un même
rameau, des sujets apparentés à ceux de
la race tout en s'en différenciant par
quelques détails, mais qui
sont porteurs des gênes d'aptitudes qu'une
mauvaise sélection avait
laissé disparaître.
Ne confondons pas
cela avec des croisements à visée
commerciale ou correctrice destinés à
rentabiliser la juste notoriété de tel
ou tel dirigeant influent.
On voit dès lors
se dessiner un courant analogue dans
beaucoup de races où les
utilisateurs rejettent le modèle, c'est-à-dire
le standard, pour ne s'attacher
qu'aux aptitudes.
Oublieux de ce que leur sport favori doit
à la race qui l'a créé (courses)
ou favorisé (chiens d'arrêt), ils
prétendent s'en tenir aux résultats et
s'affranchir des contraintes du standard.
Qu'on les écoute,
et tous les brassages seront permis. Or
une seule
génération panmictique annule toutes
les générations d'homogénéité
précédentes. Nul ne pourrait bientôt
plus trouver de sujets utilisables à moins
de pouvoir trier dans d'immenses
effectifs ou de constituer lui-même sa
meute, c'est-à-dire de refaire une race
après avoir détruit les autres.
Vouloir rejeter le modèle, donc le socle
génétique doté d'une forte
héritabilitë, au seul profit des
résultats actuels, c'est
vivre en prédateurs
d'un système, c'est glorifier la
délinquance génétique. |
Que ces chantres de la liberté
abandonnent alors toutes règles pour s'amuser,
ils seront logiques. Le promeneur muni d'un
fusil et accompagné de son chien
qui se plaît à parcourir les champs en
prétextant qu'il chasse est
cohérent. Il ne l'est plus s'i1 veut
comparer son tableau à celui du chasseur
féru d'écologie du gibier et associé
à des chiens de haute lignée.
Mais le plus souvent les hérauts de l'utilisation
sont en réalité des fanatiques de
compétition, dont le seul but est de
vaincre . Or toute
compétition a forcément des règles,
elle doit être organisée.
Pour vaincre on peut chercher a être le
meilleur. Mais il est plus simple encore
de tricher. Rejeter la contrainte du
standard c'est presque
toujours préconiser la fraude au
détrimient d'autrui. Tel amateur de whippet qui
brocarde la limite de taille parce qu'il
a bénéficié de l'erreur
ou pis d'une complaisance délibérée,
sera scandalisé si on 1ui propose de
faire courir avec des Greyhounds. Alors,
1es règ1es lui paraissent nécessaires.
Le souci de fraude,
de préférence peu repérable par le
profane, est donc le
fondement de la plupart des positions
antistandard.
|
Morphologie et
fonction |
Mais inversement,
les règlements vont par contre coup
orienter les choix
des éleveurs vers les modèles
performants, quand bien même ils
dévieraient d'abord de l'idéal du
standard, puis peu à peu du standard lui-même.
Si les utilisateurs sont nombreux et
influents, ce qui est normalement le cas,
on risque de voir progressivement un
nouveau type émerger.
On dira que la
race a évolué, et de fait les jugements
d'exposition eux-mêmes s'orienteront
alors vers ce nouveau modèle.
Souvent soucieux de freiner cette
dérive, les dirigeants le plus imprégnés
du modèle idéal vont chercher à
justifier leurs choix par des considérations
aventureuses ou tendancieuses, quand
elles ne sont pas grotesques. Dès lors
ils se discréditeront, et souvent le
standard avec eux.
L'enfer de 1a
cynophilie est lui aussi pavé de bonnes
intentions.
Que n'a-t-on pas dit sur le rôle des PM1
pour couper le cordon ombilical,
alors qu'elles ne sont même pas au
contact, sur les rapports entre l'intelligence
et l'ampleur du crâne, sur la croupe et
la vitesse, la
longueur de tel segment et l'endurance,
etc...
Un débat sur
morphologie et aptitudes sera utile. Mais
déjà il suffit de
regarder d'une race à l'autre pour
détruire bien des idées reçues.
Ce double ergot qui limiterait l'enfoncement
du pied dans la neige (chez
des chiens qui la voient rarement),
pourquoi alors ne prolifère-t-il pas
chez les chiens nordiques qui la quittent
rarement ?
Telle longueur de
segment, telle obliquité, se voient
parés
de vertus ou de
défauts contraires pour 1a même
fonction selon les races concernées,
avec à l'appui des affirmations
étranges pour le morphotogiste.
Au lieu d'avouer
que l'on recherche tel type de fonction
pour des motifs
parfois historiques, parfois aléatoires,
parfois effectivement justifiés, et qu'il
semble que dans telle race les meilleurs
résultats soient habituellement
obtenus avec telle morphologie, on
déclare doctement qu'il y a
liaison entre vitesse et épaule, etc...
Le lévrier
présente sur d'autres
types l'avantage de fournir des
réponses mesurables au chronomètre,
donc a priori comparables (mais nous verrons
que cela n'est pas si simple). Or
nous avons fait des mesures qui
semblent montrer des corrélations entre
diverses valeurs contenues entre
certaines limites (toute exagération
isolée nuit à l'équilibre donc à la
fonction). Mais il n'empêche que les
croupes basculées sont compatibles avec
la vitesse, que des épaules courtes et
droites sont compatibles avec 1a
vitesse si le bras est assez court mais
le rein puissant et les postérieurs
longs (le galop est celui du lièvre),
que des épaules longues et
obliques permettent un trot soutenu mais
aussi un galop efficace à condition
que le bras soit long et oblique avec de
très puissants ancônés car le
ramener sera une phase de propulsion, etc...
Sur ce plan la morphologie peut expliquer
de mauvaises allures, plus
rarement les bonnes.
Par contre les deux morphologies, d'efficacité
égale, ne correspondent plus à un même
standard, ni à une même harmonie.
Nous trouverons ainsi des whippets
élégants et puissants comme le veut
le standard, à côté de boules tenant
du pinscher mâtiné de lapin, voire de
sortes de boxer à nez pointu.
Dans un cas les
hautes performances sont compatibles avec
le CACIB, pas dans les
autres.
Or en France il
est considéré comme trop injuste d'associer
des qualités éminentes.
Une jolie femme
est forcément idiote, un beau chien,
stupide ou fragile.
Ceux qui
élaborent des règlements de
compétition doivent donc penser aux
conséquences sur la race, comme ceux qui
élaborent les standards doivent
penser à l'utilisation.
Un chien de race doit être à la fois
beau et bon, c'est-à-dire conforme
au standard, modèle qui rassemble les
données morphologiques souhaitées
parce que répondant à l'attente des
amateurs, compatibles avec le
travail demandé, distinctives des races
voisines. Mais le standard devrait
aussi comprendre les traits
comportementaux exigés par l'amateur, c'est-à-dire
toujours l'équilibre souhaité pour la
compagnie, et les caractéristiques que
les concours d'utilisation cherchent à
mettre en évidence.
Ce Séminaire nous
permettra de faire le point sur les
réussites, les échecs, et les
incertitudes.
|
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Modèle |
Le
modèle est déterminé par des
éléments anatomiques qui ont une forte
héritabilité.
Par
conséquent il est facile à obtenir et
à conserver.
Il suffit d'apparier
ceux qui possèdent les qualités
recherchées, si possible au plus haut
niveau, et sans trop se soucier des
défauts majeurs, pas du
tout des défauts mineurs. !
Ensuite on procédera à une
consanguinité collatérale (frères
soeurs) qui
fixera un certain nombre de données tout
en assurant une grande diversité de
répartition. A partir de là une
consanguinité soit directe (lignée) soit
encore collatérale assurera l'élimination
des défauts en gardant les qualités.
En peu de générations on aura un très
bon modèle, parfois un remarquable.
Le standard et l'équilibre
seront les guides de cette édification.
Si l'éleveur en a
la compétence, qu'il ne se fie qu'à son
choix, qu'il mesure,
qu'il note, qu'il attende toujours la
vérification concrète de ses prévisions.
S'il ne l'a pas,
qu'il se fie à plus compétent que lui.
S'il a la chance d'avoir
opté pour un Club de race actif, qu'il
participe à sa vie,
qu'il suive les conseils dispensés.
Si le Club de race
est inactif, faute de pouvoir
administrativement coopérer avec d'autres,
il devra rester soigneusement à l'écart
et par des biais
divers contribuer à développer un
courant susceptible de l'aider.
Si le Club est
dévoyé et hostile à la promotion de la
race, soit par vénalité de quelques uns,
soit par malthusianisme, il sera
difficile de continuer, impossible de
progresser.
Nous
trouvons en France les 3
cas de figure, alors que les structures britanninques
ou allemandes autorisent l'émulation,
donc le progrès, à ceux
qui le recherchent.
|
Aptitudes |
.
En
apparence la performance est plus facile
à mesurer, mais son héritabilité
est présumée plus faible (ce qui nous
parait vrai pour le physique,
moins pour le mental)
La
performance :
II convient de
soigneusement analyser les types d'épreuves,
le niveau des concurrents,
la capacité des organisateurs et des
juges, pour faire une gamme de
notation.
Ensuite on devra
valoriser la diversité des résultats
qui traduit à tout le moins
une bonne stabilité, et probablement un
éclectisme témoin d'une haute
capacité mentale.
Il faudrait
arriver à une notation chiffrée qui
permettra des comparaisons ultérieures.
Comme nous l'avons déjà écrit, la
science du jugement, ou docimologie, explique
comment on peut passer d'une
appréciation subjective à une notation
objective (ce qui ne signifie aucunement
juste).
Nous
aurons 3 types sérieuxs de notation :
|
-
La gamme A, B, C, D, E (celle de
l'école primaire), qui
correspond aux 5
écarts type d'une loi normale de
distribution.
Elle
permet des tics, des
éliminations, pas des
confrontations.
Dans notre
cas nous retiendrons a priori les
A et les B, à la rigueur les C,
Son
principal avantage, outre la
vitesse et la simplicité, est de
ne pas induire de fausses
hiérarchies par d'illusoires
précisions.-
La gamme de 0 à 20 (celle du
baccalauréat) qui correspond à
des intervalles d'appréciation
de 5 % de la variabilité totale,
ce qui est à la fois un seuil
statistiquement significatif et
le seuil minimum de
discrimination biologique isolée.
Elle
permet de distinguer les
géniteurs d'élite si l'on est
sur des paramètres d'appréciation.
- La gamme de 0 à 100 qui
résulte de la combinaison des 2
précédentes et permet
de réunir par un même chiffre
un ensemble de caractéristiques disparates.
|
Au
sommet de la compétition il faudra
amplifier artificiellement les
écarts. Au Congrès de Madrid nous
avions ainsi proposé d'élever les écarts
au carré.
D'autres techniques sont possibles.
|
Les pièges |
Mais
le sélectionneur devra déjouer de
multiples pièges.
Les structures
hétérozygotes sont
considérées par 1a plupart des auteurs comme les
plus efficaces. Pour notre part nous n'en
contestons pas l'efficacité, mais nous
pensons qu'une sélection consanguine
sévèrement poussée peut
rivaliser avec elles. Il n'empêche qu'à
un moment, l'avantage des hétérozygotes
peut enlever la décision. Mais ils ne
transmettront pas leurs
caractéristiques.
Il convient donc d'être d'une
grande prudence avant d'utiliser
le crack du moment. (best whith
the best).
S'il est seul de sa nichée à avoir
obtenu de grands résultats, ses chances de bien
produire seront faibles. Si par contre il
est le meilleur d'un lot de très
bons frères et soeurs on peut davantage
lui faire confiance.
Attendons alors
les résultats de sa descendance avant d'aller
plus loin, quitte à
congeler sa semence pour voir par la
suite.
On peut aussi
chercher ses propres collatéraux avec de
presque aussi bonnes
chances.
Mais la meilleure
solution parait être l'appel aux
géniteurs du crack plus encore qu'à
lui-même. Cela est pratiqué dans d'autres
espèces.
Les performances
recherchées sont elles transmissibles ?
Certes les bases du comportement comme
celles de l'effort ont une forte composante
héréditaire.
Mais la maladie, l'alimentation,
l'entraînement vont jouer un rôle considérable.
Nous savons bien
que ce sont souvent les mêmes
propriétaires qui ont les meilleurs
chiens. Certes parce qu'ils ont su les
choisir, mais aussi les former.
Donc l'interprétation des résultats
devra être corrigée des variations environnementales.
Comment, de
combien, ce n'est pas évident, et
relève encore de l'art divinatoire
du sélectionneur.
Ainsi chez le whippet, sur 350 m, la
vitesse est proportionnelle à la hauteur
au garrot à raison de 0,3 sec (soit 4 m)
par cm. Elle est probablement aussi
fonction du poids. Cette vitesse a un
coefficient d'héritabilité de 0,3.
Par conséquent nous pourrons à partir
de la taille et de la vitesse des parents
estimer avec beaucoup de précision la
rapidité moyenne de leurs descendants.
Supposons que un parent ayant la taille
moyenne de la race ait une supériorité
de 1 seconde par rapport à ceux de même
taille de la génération.
I1 transmettra 1/2
de 1 sec, soit 0,5 sec avec une
héritabilité de 0,3 soit un
avantage moyen de 0,15 secondes. Le même
calcul doit être fait pour 1'autre
parent.
Admettons le même résultat. Cela ne
veut pas dire qu'on peut prédire que son fils
aura 0,3 sec de mieux que la moyenne de
sa génération (car à ce compte on
ne ferait que perdre).
Cela veut dire que la moyenne d'un grand
nombre de leurs descendants sera supérieure
de 0,3 sec à celle de leurs congénères
pour des causes dues à leurs
parents. Dans le lot certains auront
beaucoup progressé, d'autres moins.
Mais les méthodes d'entraînement
changent, les règles aussi, les pistes enfin. Il
est alors très difficile de comparer des
valeurs génétiques éloignées
dans le temps au seul vu des performances
phénotypiques.
Cela est encore
plus vrai pour la plupart des disciplines
notées par un barême
de points.
La performance a-t-elle
des bases biologiques ?
Il faut penser aux erreurs de jugement,
aux circonstances et aléas de la
compétition, aux fraudes, etc...
L'appréciation de la part transmissible
dans les performance nous
parait donc relever d'une longue
expérience et d'une connaissance
très approfondie
de la discipline concernée.
Appréciation très malaisée des
résultats, faible transmissibilité, il
est difficile de constituer une lignée
de chiens de qualité.
Par contre si on
se limite à rechercher un seuil minimum,
bien que déjà élevé,
on voit se dégager des résultats
distincts selon les sélections suivies.
I1 faut donc s'adresser
à elles et l'on a une très forte
probabilité de réussite.
Mais trouver le futur crack relève
encore de la chance, améliorée par 1e
recours a ces lignées de travail.
|
Bases génétiques |
L'amélioration
génétique regroupe l'ensemble des
actions destinées à accroître les
performances grâce à l'intervention sur
le génotype des
individus.
L'expression P des
performances réalisées résulte de l'action
combiné de 1'environnement E et de la
génétique
G.
Celle-ci dépend du choix des
reproducteurs, c'est-à-dire la
sélection, et de leurs modalités d'utilisation,
en race pure dans le cas présent.
On appelle souvent sélection
traditionnelle celle qui repose
sur la
connaissance par l'éleveur des
particularités individuelles de ses
animaux, et sélection moderne
celle qui fait appel à l'interprétation
mathématique de performances recueillies
dans des structures d'élevages
organisés, régies par la loi sur l'élevage
du 28.12.1966 que les
pouvoirs publics voudraient
hélas étendre maintenant a l'espèce
canine.
En fait la
connaissance des particularités est
toujours nécessaire. Si les techniciens
se sont souvent implantés à la place
des éleveurs c'est que
les connaissances de ceux-ci et surtout
de leurs dirigeants étaient insuffisantes,
voire complètement fausses. La notion de
race s'est alors souvent
identifiée dans notre pays à celle d'obscurantisme.
Mais cette connaissance, pourtant
indispensable, n'est pas suffisante. Il
faut ensuite savoir mettre en oeuvre les
conséquences de l'observation et en
contrôler les résultats.
Enfin on doit accepter la relativité des
progrès, car améliorer un
caractère c'est en voir disparaître un
autre, le stock génétique n'étant pas
extensible. Mais rassurons nous, à notre
niveau la marge de progression est
encore considérable sans avoir à faire
des choix cornéliens.
Comme nous l'avons
vu, l'optimum correspond à un
environnement précis,
pour nous, la pratique ou la compétition
avec des règles précises.
La sélection commence par la collecte de
l'information au sein de
la race.
Elle est donc liée à l'activité
technique et administrative du Club
de race. I1 faut ensuite que cette
information diffuse.
On me demande
souvent comment détecter un bon Club de
race, au-delà des sentiments
de chacun.
Je réponds que
quelques critères sont suffisants :
|
-
Progression du cheptel et des
effectifs du Club
- Nombre
de séances techniques de
formation pour les cadres du Club
(juges, confirmateurs,
délégués, etc...)
- Volume
de l'information technique (résultats,commentaires) recueillis
et publiés. |
Il
faudra bientôt y ajouter la publication
des détections de tares inva1idantes.
C'est
là un énorme travail qui demande bien
plus que les résultats des concours et
expositions, car il faudrait les
rassembler par familles de géniteurs, ce
qui est parfois fait, mais pas souvent.
Puis nous devrons évaluer la valeur des
informations recueillies, c'est-à-dire
mesurer la part génétique de
supériorité d'un reproducteur par
rapport à une moyenne de référence,
valeur que l'on appellera différentiel
de sélection. Il se
calcule sur un grand nombre de
références qui déterminent
son coefficient de fiabilité, et à
partir de la supériorité moyenne
des enfants de celui-ci par rapport à
ceux là.
A partir de la position du géniteur sur
une gamme de possibilités normalement
réparties, on va situer son mérite.
On
peut ainsi calculer l'écart
réduit :
c'est-à-dire le rapport entre la
position de l'individu X vis-à-vis de la moyenne ramenée à l'écart type s.
Or il y a 5 écarts types dans la
population, donc si on ajoute 5 à cet
écart réduit, on a 1e probit
Probit
= +5
Toutes
les notes deviennent alors positives.
Il existe d'autres
méthodes de calcul, mais toutes visent
à chiffrer l'écart de valeur.
L'INRA a établi un
très bon index chez le cheval de course
à partir de la quantité
de gains obtenus.
Chez le chien on pourrait attribuer des
points à tel ou tel concours (par exemple
10 à une sélection régionale, et 100
au championnat), et préparer ainsi des
index. Mais les esprits n'y semblent pas
préparés.
La supériorité génétique dépend elle
même
|
- de
gènes mendéliens : peur du coup
de feu, du coup de bâton
- de gènes majeurs : effet
important (comme 1a taille au
garrot)
- de
polygènes à action additive : (pourcentage
de fibres....) |
On
appelle index la
valeur génétique additive d'un
reproducteur pour un
même caractère (endurance). On va donc
devoir mesurer les résultats
phénotypiques (concours) des parents et
des enfants, corriger les variations dues
à des effets non additifs, et calculer
la part qui revient aux
polygènes.
Chez le chien, on
devra procéder autrement.
L'index I, sera
fonction de l'écart de valeur et du
coefficient d'héritabilité :
|
I = h2 ()
P
= niveau du géniteur
= niveau
moyen des contemporains
h2
= variance de la part
présumée additive, dans la
population de
référence.
|
En
dessous de 0,3 i1 est très aléatoire de
croire à 1a sélection individuelle.
Il faut
passer par la descendance. C'est ce qui
explique le succès des êleveurs qui
travaillent en continu sur les lignées
de travail, et l'échec du
recours sporadique à tel ou tel
géniteur.
C'est certainement
dans la sélection continue du chien de
travail que l'éleveur verra le mieux
distinguer ses propres aptitudes.
On peut réussir
très vite en modèle, pas en travail, à
moins de poursuivre évidemment
l'oeuvre des autres en utilisant leurs
sujets.
Mais h2
varie d'une population à l'autre. Elle
sera élevée dans les populations
hétérogènes, faibles dans les autres.
Le progrès sera donc plus rapide dans
une race mal typée que dans une race
bien établie, et la réussite deviendra
de plus en plus dure.
C'est à ce
phénomène que les partisans de la
théorie polygénique de la dysplasie
coxofémorale attribuent la stagnation de
certains programmes d'éradication.
Pour notre part nous pensons plutôt à
des facteurs prédisposants, communs à toute
l'espèce, plus ou moins corrélés à
des facteurs favorisants (précocité) et qui à
la suite de circonstances malencontreuses
(erreur d'élevage avec adjuvants
divers) vont déclencher l'anomalie.
Nous aurons alors
effectivement des sujets détériorateurs,
ce qui justifie des
programmes de sélection collective, mais
dans la plupart des cas i1 y aura
plateau de sélection si l'on n'intervient
pas sur les facteurs déclenchants,
Il y a plateau
de sélection quand la part
génétique de la variation devient trop
faible dans une population pour compenser
les causes fortuites de variation.
|
L'Identification
est bien assurée par le tatouage.
Il faudrait
ensuite effectuer le contrôle
des filiations, car comment progresser
si les déclarations sont fausses ?
Nous pensons que
le taux d'erreur est plus élevé qu'on
ne pense, soit par
fraude, soit par inadvertance.
Les
incompatibilités de robe sont le
meilleur moyen de les détecter, la cytogénétique
et les groupes sanguins ayant échoué.
Nous effectuons actuellement des
recherches sur les marqueurs sanguins par
électrophorèse protéique, mais nous ne
trouvons guère de différences entre les
races, alors les filiations
!
Le contrôle des performances,
très lourd chez la vache laitière,
gagnerait à être
mis en place chez le chien si on veut
progresser, mais certainement pas par
des méthodes analogues à celles qui ont
conduit au dirigisme régressif imposé
par la loi sur l'élevage.
A notre sens le technicien doit fournir
des conseils, mais c'est à l'éleveur
que revient la décision.
On
peut sélectionner sur des bases
distinctes :
|
En fonction du
nombre de caractères voulus |
Nous
trouvons le débat modèle-aptitudes,
mais bien amplifié
Un chien d'arrêt doit avoir au moins
|
- du flair
- de la
robustesse
- de la
souplesse mentale
- une
discrimination des odeurs
- la
capacité d'arrêt
- de la
perspicacité
- de la
concentration. |
Déjà 7
caractères auxquels on ajoutera un port
de tête, un type de quête,
une vitesse de parcours, etc...
On va donc
sélectionner sur n
caractères simultanément.
Mais sont-ils
compatibles ou non entre eux ?
Sont-ils
indépendants ou non les uns des autres ?
Peut-on trouver
des corrélations positives ou négatives
qui permettront de simplifier le choix ?
Ainsi nous avons trouvé des
corrélations positives entre la vitesse
du whippet et la longueur de la queue ou
du tibia, ainsi qu'avec un jarret clos
qui dégage le passage des antérieurs
entre
les postérieurs (ou
n'est-ce qu'une généralisation abusive
d'observations triées ?).
La sélection
corrélative est efficace et
simple mais dangereuse.
En effet nous
trouverons beaucoup de fausses
corrélations (exemple : les défauts
de pigmentation du chien sont des signes
de dégénérescence). Il suffit
alors d'étudier et d'écouter, de
réfléchir pour en éviter le piège.
Mais il y a aussi les corrélations
temporaires, qui ont donné naissance aux
raceurs. Il y a bien présence de 2
caractères liés chez un crack, mais qui vont
peu à peu se disperser dans la
descendance et perdre alors toute signification.
Il y a les corrélations dues a un
patrimoine commun, qui se maintiennent
dans un élevage donné grâce à une
bonne consanguinité, mais ne sont plus
transposables ailleurs.
Donc la sélection
corrélative devra toujours être
contrôlée, vérifiée, et ne
devra pas être trop vite généralisée
pour les caractères à faible héritabilité.
Or plus on va
sélectionner de caractères
indépendants plus le progrès ralentira,
car il répond a la formule
pour n caractères.
On
peut tenter chez le chien la sélection
sur seuils indépendants.
On définit chaque caractère recherché
et on fixe le seuil éliminatoire.
C'est un peu le
principe de la confirmation.
On ne retient que les sujets qui n'ont
subi aucune élimination partielle.
Elle élimine donc
les sujets exceptionnels, les
améliorateurs d'une race dont les
qualités seront négligées.
S'il subsiste
néanmoins des sujets de qualité sur
tout, il y en aura si peu que
leur rôle améliorateur sera nul.
En effet l'amélioration
pour la race est 1e fruit de l'écart de
valeur par le nombre
de descendants produits.
L'examen de confirmation, même bien
effectué, nous paraît donc une
hérésie dans sa conception : sélection
par seuils éliminatoires de caractères
indépendants.
Il gagnerait à être remplacé par un
examen de salubrité pour éliminer
les tares invalidantes à déterminisme
génétique certain, et prolongé par un
système de recomnandation sur
péréquation de facteurs.
On peut ainsi
citer comme une excellente référence la
grille
d'admission des
sujets recommandés par le Club des
Amateurs de Teckels.
Cette race comprend 3 variétés de poil
et 3 variétés de format, soit 9
possibilités.
La destination de la race est la chasse
avec menée à voix sur terre,
aptitude au terrier et à la recherche du
gibier blessé. Mais la plupart des
teckels sont en fait utilisés pour la
compagnie. Les proportions sont distinctes d'une
variété à l'autre, avec un gros écart
entre le Poil dur standard (chasse) et le
Poil long kaninchen (compagnie) .
Un premier tri
alliant le modèle et l'ascendance est
effectué lors de
la confirmation, qui est normale au 1er
choix.
1er choix signifie
que l'animal lors de la confirmation a
été noté sur un bon
niveau de modèle, et qu'il a sur les 14
ascendants du pedigree au moins 10 sujets
à haute récompense, dont 5 en lignée
paternelle et 5 en lignée maternelle.
Ces 10 résultats peuvent être soit en
modèle (beauté), soit en travail,
mais sans panachage.
Il y a donc
constitution de lignées de beauté, de
travail, cohérentes entre elles.
Pour éviter la
scission de la race en groupes dévoyés vers la
perte du modèle ou de l'aptitude, le
Club propose alors une grille de
recommandation comme ci-joint.
Grille :
Admission des Sujets Recommandés
par le C.A.T.
|
Poil
ras
|
Poil
long
|
Poil
dur
|
S
T
A
N
D
A
R
D
|
Excellent
ou
TB+ et 1er
Choix
TB + et 1
sigle Sp et BhFK
TB
et 2 sigles Sp et BhFK
|
Excellent+
Excellent
et 1er choix
Excellent
et Sp ou BhFK
TB+
et (Sp plus BhFK)
|
Excellent
et (Sp plus BhFK)
TB+
et (1er choix plus Sp
plus BhFK)
TB
et 1er choix et LST
|
NAIN
et
KANINCHEN
|
Excellent
TB+
et 1er Choix
TB
et
|
Sp
ou BhFK
ou KschlH pour Kaninchen |
|
Excellent+
Excellent
et 1er choix
Excellent
et
|
Sp
ou RhFK
ou KschlH pour Kaninchen |
TB et (Sp
plus BhFK)
*
|
Excellent+
Excellent
et 1er choix
Excellent
et
|
Sp
ou BhFK
ou KschlH |
.
TB+
et
|
Sp plus
ou
|
BhFK
KschlH |
|
.
BhFK
: aptitude au renard au
terrier
Sp : aptitude à crier
sur la voie du lièvre
KschLH : aptitude à
faire sortir le lapin du
terrier (pour Kaninchen)
LST : livre de sélection
sur le travail
|
Excellent
+ : Très haut
niveau de modèle
TB+
: véritable TB à
distinguer du TB, parfois
généreux.
|
|
Aucun géniteur n'est
recommandé s'il n'a pas au moins le
niveau de TB en modèle (soit
C dans la gamme 0-5).
La plupart du temps il faut TB+
(soit B-C) soit Excellent (B), parfois Excellent
+ (A).
Aucun sujet à modèle exceptionnel n'est
écarté, sauf dans la variété
standard poil dur, utilisée avant tout
à la chasse dont la prise en compte
devient déterminante.
I1 y a donc
respect de la diversité commerciale, de
la variabilité génétique, de la
continuité généalogique, de la
primauté aux caractères héritables (morphologie)
et de la nécessité de maintenir les
aptitudes.
Aucun sujet de grande qualité au travail
n'est écarté, sauf s'il ne
répond pas au standard, avec un niveau
Bon.
Enfin les
niveaux d'exigence sont périodiquement
révisés selon l'évolution de la
demande et de la structure génétique de
chaque groupe.
La seule
réserve que l'on peut faire à ce
système, c'est que l'évaluation du
modèle soit obligatoirement faite par
une commission, à l'occasion de la
Nationale d'Elevage. Des questions de
lieu et de personnes peuvent donc
interférer avec la génétique, sans
parler des aléas de l'état d'un animal
à un moment donné.
Inversement il y a aussi de ce fait une
grande cohérence, qui rappelle les
opérations de pointage chez les bovins.
|
En fonction de la
relation de parenté |
La
sélection individuelle, sur les
performances du géniteur n'est
efficace que pour les caractères à
forte hêritabilité (modèle). Elle ne
devrait donc pas être suffisante pour le
travail.
Il en est de même
pour la sélection sur l'ascendance c'est-à-dire selon le
pedigree, si l'on admet une faible h2.
Mais la pratique
démontre le contraire.
Nous devons donc admettre que pour la
plupart des disciplines les facteurs déterminant
l'aptitude ont une bonne héritabilité
soit qu'ils soient liés à la
morphologie (aptitude à l'effort
physique), soit que les bases psychiques
relèvent elles-mêmes surtout de gènes
majeurs, thèse qui correspond à notre
sentiment et à diverses études
comparatives chez les jumeaux humains
où certains auteurs ont avancé des
coefficients d'h2 supérieurs
à 0,6 pour 1e concept intelligence.
Piacentino la tient pour probable chez le
cheval.
Mais la sélection
sur les collatéraux, productive pour le
modèle, peut nous fournir une
approximation intéressante sur le degré
d'homogénéité des patrimoines, donc
leur probabilité de transmission
La sélection la
plus efficace est cependant celle fondée
sur la descendance.
Remarquons qu'une
sélection dite généalogique sera en
partie une sélection sur descendance si
l'on a des données concernant la
génération des arrière grands
parents. C'est une affaire de rédaction
de pedigrees. Une continuité
généalogique de résultats supérieurs
à la moyenne est en fait un testage
relatif, qui laisse une incertitude sur
la valeur réelle du géniteur, mais
accroît les chances de réussite d'autant
plus qu'il y a davantage de sujets
notés.
Attention
néanmoins a l'irruption possible d'un
détériorateur dans le génotype.
Nous devrons donc trouver un moyen terme
entre la sécurité (tous les
ascendants connus doivent avoir prouvé
leur valeur au travail) et la possibilité
(au moins les 6 ascendants les plus
proches).
|
Le
progrés génétique vise a mesurer la
part qui revient à la génétique
dans l'amélioration des performances, en
calculant la différence de valeur
entre deux générations successives d'animaux
soumis à la sélection.
Le progrès génétique attendu
estime l'écart entre la valeur phénotypique
moyenne des produits des géniteurs
sélectionnés et celle des animaux
de référence, qui sont ici les
géniteurs de la génération
précédente.
Il est fonction :
|
- de l'intensité
de la sélection (taux de sujets
conservés) qui est liée aux
écarts de valeurs.
- de la
variabilité génétique de la
population.
Les
progrès sont plus intenses dans
une population hétérogène,
- de la
variabilité phénotypique qui va
interférer sur les estimations.
- des
intervalles de générations (plus
ils sont courts, plus le progrès sera
rapide).
- de la
corrélation entre valeurs
phénotypiques et génotypiques. |
L'intensité
de la sélection demande à prendre en
compte le nombre de sujets que l'on peut
améliorer, donc la prolificitê des
géniteurs.
Il
y a de multiples convergences a retenir
la prolificité comme un
témoin majeur de salubrité génétique
et comme un facteur décisif du progrès
génétique chez le chien.
Se pose en effet
le rôle du sexe.
Génétiquement
mâle et femelle comptent autant.
Mais la mère a un
rôle prépondérant dans la mise en
place du comportement, donc dans
une partie du phénotype de travail.
En outre les facteurs affectifs de l'éleveur
ne peuvent pas être
écartés. S'il peut choisir son étalon,
en dehors de son élevage, il est tenu
par le niveau des lices qu'il possède.
Enfin l'insémination
artificielle reste marginale et sans
programmes de contrôle de descendance.
Donc la multiplication des produits d'étalons
reste faible.
Contrairement a l'opinion de beaucoup,
nous soutenons donc que la pression de
sélection doit rester modérée chez les
mâles, ce qui assurera le maintien d'une
bonne variabilité génétique dans la
race, mais qu'elle doit être plus
stricte chez les femelles qui assurent la
perpétuation des lignées et la mise
en place du comportement ethnique.
Cela est encore
plus vrai pour le chien de travail.
|
Le
choix du jeune sera important pour l'utilisateur.
D'une part il
devra tenir compte de son ascendance, et
rappelons le, sur plusieurs
générations.
D'autre part il faudra tenir compte des
collatéraux.
|
Les groupes
comportementaux |
Le
rôle du caractère est important.
CAMPBELL, puis la
plupart des éthologistes, estiment que
les bases du comportement sont
déterminées à 7 semaines, sans être
encore faussées par le monitorat
maternel ou l'action humaine.
Nous avons ainsi proposé 20
groupes de chiens, selon
leurs modes de relation ou d'expression. comp5
Niveau
de réactivité
Bagarreur
ou rebelle
|
Indépendant
|
Obéissant
|
Tendre
|
Peureux
|
|
Mode
d'expression
Voix
(aboiement)
|
Dent
(morsure)
|
|
Tendance
interne
Extériorisée
|
Bruits
Attaques
|
Inhibé
|
Gémit
Grignote
|
|
On
peut naturellement subdiviser ces
catégories mais elles recoupent
à peu près tous les cas connus.
Les groupes A, E de dominance seront
rarement aptes au travail, Rebelles et
peureux sont d'ailleurs assez rares.
Les tendres (D) peuvent être assez
fréquents chez les chiens d'arrêt
de type épagneul.
La distinction entre muets et aboyeurs,
dotés de mordant ou timides,
est assez classique pour ne pas avoir à
s'y appesantir.
La tendance à extérioriser ou
intérioriser les émotions se rapproche
certes du cas précèdent, mais elle le
dépasse et peut servir de guide
éducatif, pour mieux comprendre l'animal
et donc éviter des erreurs.
D'autres batteries de tests
ont été proposées.
Les déplacements
en endroit ouvert et inconnus permettent
de mesurer la réactivité
émotionnelle du sujet à partir du
comportement exploratoire (miction,
défécation, toilettage, ingestion,
exploration, fuite, etc...).
Beaucoup d'auteurs
ont pris la défécation comme indice d'affectivité, ce que
conteste RASQUAIN.
La latence est le temps que met
le chiot à s'engager dans 1'espace ou à
s'y mettre en mouvement.
On a souvent examiné le comportement
individuel de chiots au sein d'une portée
à laquelle on jette un os. WRIGHT
distingue alors une dominance de compétition
ou comportement d'affirmation de soi, par
rapport à une dominance sociale,
affirmation sur l'autre.
MURPHEE, FOX et d'autres
se sont appuyés sur des tests
physiologiques, et notamment
le rythme cardiaque.
Un rythme faible (autour de 80)
correspondrait à des sujets timides, 120
à des stables. Les rythmes élevés
correspondraient a un contrôle orthosympathique.
Mais le whippet à la fois le plus stable
et le plus performant
que nous ayions connu avait un rythme
très lent (en dessous de 50) au
repos.
A cela MURPHEE répond
que la bradycardie de l'adulte chez le pointer,
est une réponse à la soumission passive
et amicale à l'homme.
Le taux de dérivés des
corticosurrénales dans l'urine a été avancé
par ZARROUK et l'équipe
de MONTAGNIER, mais la
signification en est
aujourd'hui controversée.
TOMAN, cité
par VASTRADE, propose
4 types fondamentaux :
|
L : chef
de meute
F :
obéissant docile
G :
indifférent
A :
peureux ou farouche. |
Il
examine la portée dans un endroit
inconnu, puis à l'approche de l'éleveur,
à l'arrivée de la nourriture, devant
des bruits divers, au retour de la mère,
etc.. .
Tous ces tests ont fait l'objet d'une
étude critique de RASQUAIN, lors du
Séminaire de Namur.
Nous en
retiendrons qu'ils permettent d'écarter
assez vite des sujets
impropres au travail, qu'ils peuvent
aider au choix du futur travailleur, mais
que ni leur précision ni leur fiabilité
ne sont suffisants pour
faire le choix.
|
Les tests d'aptitude
naturelle (TAN) |
Confronté
d'une part aux nombreuses doléances d'acheteurs
trompés ou déçus, mais aussi à la
réputation comportementale désastreuse
du chien de
race qui à travers divers médias ou
professionnels devenait dangereuse pour
notre élevage, le Ministère de l'Agriculture
a insisté pour que la
sélection prenne en compte le caractère.
Après beaucoup d'hésitations
apparentes, les Clubs de race ont
proposé les TAN.
Ceux-ci soulèvent
diverses questions.
|
Age de
réalisation |
Dès
8-10 semaines les aptitudes ont été
orientées par l'éducation et ont donc
perdu leur valeur génétique.
|
Niveau
exigé |
Toute
exigence précise correspond à un
certain dressage et pis encore à
une adaptation aux sacrosaints
règlements de compétition. Il y aura
dans ce cas une amorce de dérive,
souvent très réductrice.
Nous retrouverions
pour le travail les erreurs que nous
déplorons pour le standard dans la
confirmation.
|
Nature
des épreuves |
II
conviendrait de définir au préalable
les traits comportementaux transmissibles
isolément ou par groupes cohérents,
afin de les
analyser.
Nous avons vu
combien grandes sont les incertitudes des
tests
d'analyse du
caractère, les hypothèses sur l'héritabilité,
les traits comportementaux à support
héréditaire identifiable.
La Société
Française de Cynotechnie peut nous
permettre de faire un
grand pas en avant si nous parvenions à
constituer un groupe d'utilisateurs
chevronnés et de psychologues canins
pour définir d'abord une liste
de tendances comportementales distinctes,
puis proposer des hypothèses
de transmission.
Les généticiens
du comportement ne peuvent rien sans les
éleveurs de
travail. Ceux-ci peuvent perdre des
années d'effort faute de méthodologie
correcte.
Le Séminaire
Canina de 1986 a regroupé diverses
approches des TAN.
Chez le chien de
défense ORTEGA propose
de chercher la sociabilité (mais est-ce
naturel ou acquis ?), la résistance aux
stress, le courage avec une bonne
réaction de Défense-active.
Il souligne la différence entre la
réponse spontanée, franche et nette,
et la réponse ritualisée, hésitante et
contournée. Le compotement agressif a
une composante nettement héréditaire (HUMPHREY,
VARNER, KRUSCHINSKII, CLARK).
La qualité des épreuves est
indissociable de celle du notateur, qui
doit être expérimenté.
DUTEIL expose
le TAN du Beauceron pour rechercher
sociabilité, émotivité
au coup de feu, hardiesse face à la
menace du bâton, avec une échelle
à 5 points.
Il en propose
naturellement l'exploitation en
consanguinité pour faire des lignées
de travail.
La fiche d'examen
proposée parait tout à fait convenable.
Par contre MERY défend
pour le briard ce qui est pour nous l'erreur
classique, en confondant test et
sélection et en proposant une méthode d'analyse
fondée sur des résultats globaux, c'est-à-dire
cumulant tous les facteurs peu
utilisables.
Le berger picard,
avec un peu plus de précision, ne parait
pas non plus s'être
intéressé à une approche efficace.
Pour le berger
allemand SAORIN rappelle
les arguments favorables à l'hérédité
du caractère, et insiste enfin sur le
rôle des femelles.
Dans l'état des tests pratiqués le plus
souvent, on ne tient pas assez compte de
celles-ci.
Rappelons que le comportement de race est
pour l'essentiel établi par la mère et
les contemporains de portée.
Parler de lignées
maternelles améliorerait probablement
beaucoup nos analyses.
SAORIN cite le
règlement de Vichy pour les BA, avec
Sociabilité, Equilibre, Attitude au coup
de feu, Courage. Le programme parait
orienté vers l'aptitude à la
compétition plus qu'aux simples
qualités naturelles.
Peut être moins formalisé que chez le
Beauceron le règlement du Berger allemand
permet aussi d'éliminer les sujets
arrivés impropres, sans pour autant
avoir de valeur génétique négative.
Un bon
propriétaire ne peut pas fabriquer un
bon chien si
son patrimoine génétique est médiocre.
Par contre
on peut facilement détruire un animal
qui aurait fait merveille en
d'autres mains.
Le Berger belge
bénéficie de ce que son Président, le Dr SURGET est un excellent
spécialiste en génétique du
comportement. Mme DEMILLER décrit les
principes retenus, qui s'appuient sur les
bases de notre analyse du caractère,
et vise à rechercher un caractère
équilibré plus qu'à chercher l'aptitude
à la compétition.
Ils distinguent justement crainte et
timidité.
Dans l'ensemble on retrouve des épreuves
analogues aux précédentes, avec un souci
de prudence dans leur interprétation.
GELINEAU propose
une orientation analogue pour le Bouvier
des Flandres, en
soulignant justement le danger du
dirigisme, et l'effet incitatif des bons
résultats.
Nous
ne répéterons jamais assez que
la sélection consiste
avant
tout
à
promouvoir les meilleurs et non
à éliminer des défauts
partiels,
ce qui risque de généraliser la
médiocrité.
|
Le Boxer a lui-même
le même type d'épreuves, ainsi que le
Schnauzer et le Rottweiler.
L'examen des tests pour chiens de
défense montre donc à chaque fois
recherche de sociabilité, de stabilité
émotionnelle, d'ardeur, de courage,
de mordant. Les pondérations, les
contrôles et l'utilisation des
résultats varient plus que les principes
de base.
|
II
n'y a pas de progrès génétique sans
contrôle mesurable des résultats.
A défaut nous avons déjà écrit qu'il
n'y avait pas de sélection, mais
seulement exercice du pouvoir génétique
à des fins d'autosatisfaction pour les
uns, de dénigrement systématique pour
les autres.
Lors de l'étude de la sélection à
seuils nous avons voulu marquer sur le
plan théorique le danger de ce que nous
appelons la "méthode
VITTEL" : il
faut éliminer........
Accumuler
les qualités, si difficiles à obtenir,
plutôt que de se
braquer sur les défauts, assez faciles
à éliminer
par consanguinité raisonnée
nous parait plus utile..
En relisant pour
cette conférence les propos des uns et
des autrss, j'ai
été frappé par le constant rappel de
la nécessité d'une consanguinité
raisonnée.
Ainsi face aux réalités de la
confrontation organisée, beaucoup d'éleveurs ont,
contre l'avis des augures, contre la
force des mythes, opté pour une sélection
rationnelle dans un domaine ou tant de
généticiens à calculette en
prédisent 1'échec.
Si cela pouvait au
moins faire réfléchir les anxieux !
Et pourtant, nous l'avons dit, chaque
résultat de concours peut prêter le flanc
à la critique (presque autant qu'en
exposition). Comme en exposition, une
série d'épreuves réussies sera par
contre représentative.
Si des échecs constants peuvent être
dus à l'éducation et non au
patrimoine (aléas de la sélection par
élimination), des réussites constantes
impliquent un bon patrimoine initial (aspect
positif de la promotion) bien exploité
par des maîtres compétents. Mais si
utile que ce soit, cela ne permet pas de
mesurer le progrès.
Dans un élevage
on peut l'évaluer par le taux de
réussite au plus haut niveau.
Dans une race il
faudrait procéder à une analyse
numérique en 7 temps :
|
1)
Hiérarchiser les diverses
épreuves intéressant la race,
tant par nature (ou
il devrait surtout y avoir
égalité entre elles) que par
endroit.
2) Noter les résultats de chaque
candidat sur ses n meilleures
épreuves (promotion
du bon).
Exemple : 5 meilleurs résultats
sur 10 concours.
3) Accentuer les écarts par un
barème progressif
Exemple : Formule 1 automobile 9.
6. 4. 3. 2. 1 ou
tout autre.
4) Pondérer par une note de
modèle à barème progressif.
CACIB 9
CAC 6 etc...
5) Publier le classement annuel
|
-
Barème de travail seul
- Barême de modèle seul
- Synthèse des deux. |
6)
Analyser le niveau de la race.
Pour cela prendre au hasard au
moins 100 sujets à naissance
déclarée.
7) Puis à
3ans (ou tout autre âge), les
soumettre à la confrontation.
- Pour
ceux ayant affronté concours ou
exposition cela se fera sur
documents.
- Pour les
autres envoyer chez le
propriétaire actuel un expert
chargé de
fournir une estimation du niveau
de modèle, de la sociabilité,
de 1a
hardiesse, etc...
|
On
note le tout, y compris les sujets
disparus, ou malades ou tarés et on peut
donner un indice global pour la race.
Le travail technique est simple bien qu'il
demande beaucoup de discussions
préalables.
Le travail
administratif est important.
La régularité des épreuves doit enfin
être exemplaire.
Si cela semble le
cas pour beaucoup d'entre elles, ce n'est
pas assez vérifié
pour toutes.
Des Commissions de
contrôle ou d'appel, en partie externes
au milieu concerné
peuvent jouer un rôle utile de gendarme
ou de garde fou.
|
CONCLUSION
Un sujet aussi
général ne pouvait pas permettre de
proposer des
solutions concrètes, qui ne valent que
pour une seule race et une seule
discipline.
Nous avons donc
cherché à poser les questions les plus
fréquentes et proposé des réflexions
à leur sujet, tout en rappelant quelques
règles de la génétique et du
comportement.
Nous espérons avoir suggéré des pistes
de recherche ou de travail, et contribué
à mieux cerner les difficultés qui
accablent tout sélectionneur.
Discipline par
discipline, nous verrons comment chacun
les ressent
ou les résoud.
|
Guy QUEINNEC, 1988
|
haut
|