LE
SPORT LEVRIER
Guy QUEINNEC
Societé
Française de Cynotechnie
Extrait
du dossier sur LE CHIEN AU
TRAVAIL
27, 28 Février et 1er Mars 1987
pour l'Union Internationale des Clubs de
Lévriers,
UICL, 1988
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Le lévrier est un
chien de chasse, auxiliaire du chasseur,
qui fut, avec
le faucon, son arme à distance. L'arc,
puis le fusil, ont réduit cette
fonction qui trouvait toute son
efficacité dans les zones à
végétation rase, clairsemée ou absente.
Cependant, même en région boisée, le lévrier
restait efficace dès que le gibier
passait en plaine.
Associé à une image
aristocratique, jouissant d'une
réputation excessive d'efficacité, il
fut en butte à l'hostilité de la
bourgeoisie sous Louis Philippe et
interdit de chasse par la loi du
4 mai 1844. Un décret
de 1986 renouvelle l'interdiction
de chasser avec un chien lévrier de race
pure ou croisé,
ce qui pourrait amener d'intéressantes
controverses au tribunal.
Classiquement le lévrier chasse à vue,
et effectivement il a une
forte capacité à détecter et réagir
au mouvement rapide. Mais il n'en
est pas pour autant dépourvu de flair. N'est-ce
pas un whippet qui a remporté le
championnat de cavage en 1985 ? Nous
avons souvent vu nos propres whippets
supplanter des épagneuls et setters sous la pluie
normande. Il semble bien que l'oreille
leur serve beaucoup, à voir
la vivacité de leur réaction dans les
promenades au long des laies
landaises.
Par contre ils
répugnent à franchir l'eau, les
buissons, les ronciers,
du moins pour les races a poil ras. Il
semble que les lévriers celtes
aient conservé plus de hardiesse en sous
bois.
Dès 1855 Eugène CHAPUS propose
le coursing, derrière lièvre vivant
pour remplacer la chasse interdite. Des
essais sont effectués à Bagatelle
en 1879. Le coursing fait en France une
apparition éphémère de 1890
à 1894.
Selon SAUVETERE : "to
course" est un vieux mot anglosaxon
qui "veut
uniquement désigner la poursuite et la
prise du lièvre par deux lévriers".Le même
auteur souligne en 1899 l'échec des
essais de poursuite d'un gibier
mécanique, ce qui tendrait à dire qu'au
début du siècle la sélection avait
maintenu des ardeurs au gibier plus qu'au
jeu de
poursuite.
Peu à peu, le "lure coursing",
ou "poursuite à vue sur leurre
artificiel" allait remplacer 1e vrai
coursing. Cette activité se conservait sur un
mode mineur dans le cadre des actitivés
de l'Union Internationale des
Clubs de Lévriers. C'est en
1984 que Max BRANDILY,
Président du Club des Sloughis et
Lévriers d'Afrique, obtenait de la SCC
la création des Epreuves
de Poursuite à vue sur leurre, dont il
allait ensuite parfaire le
lancement.
Le racing, ou
course sur cynodrome derrière un lièvre
mu par
une machinerie,
est bien plus tardif. Le lièvre mu
électriquement est inventé
aux U.S.A., puis passe en Angleterre avec
la Greyhound Racing Association
et le cynodrome de White City.
Il apparaît en
France, venant de Grande Bretagne, en
1927 avec publication d'un premier code
des courses par le Greyhound Club de
France selon J. MIQUEL. Le
journal "France Greyhound"
parait le 27.11.1927. Mais le Sénat refuse l'autorisation.
Sur action du marquis de l'Aigle, M. QUEILLE donne son
accord en 1933, où est publié le "Code
des courses de lévriers de la Société
d'encouragement aux courses de chiens en
France et aux colonies".
Le décret créant
le pari mutuel pour lévriers est publié
le 25
février 1933 (J.O. du 26).
Diverses réunions privées ont lieu,
mais 1e racing va se développer en 1937
avec le cynodrome de Courbevoie.
La
guerre allait porter un coup fatal au
cynodrome de Courbevoie.
Le racing ne
devait susbister que près de Paris
grâce a la passion de M. VERCHERE,
Président de la Société Française de
Courses de Lévriers qui à
Bry sur Marne maintenait quelques
épreuves libres derrière un leurre
tracté par fil et poulies. L'équipement,
simplifié, permettait à M. VERCHERE d'effectuer
de multiples démonstrations sur divers
stades, et de
maintenir ainsi le sport lévrier.
Bien que les diverses instances prévues
par la loi ne se soient plus
réunies, la Direction des Haras accorde
en 1960 à la SFCL le droit d'organiser
des paris selon .ta réglementation
ancienne.
En 1968, M. SUDRES devait
à Colomiers, banlieue de Toulouse,
tenter de lancer une nouvelle
organisation. Mais faute d'autorisation,
il laissait le flambeau à divers
passionnés, dont Mme QUEINNEC. Nous
cherchions à l'époque
les moyens de faire des études
chiffrées de génétique canine, et tout
naturellement nous avons pensé aux
courses de lévriers, et crée en 1969 la
Société Méridionale des Courses de
Lévriers qui était la seconde a
bénéficier du pari mutuel, très vite
suivie de l'Association Normande de
Courses de lévriers de M. BISPE.
Mais les Haras
souhaitaient alors contenir les courses dans une
nette médiocrité, en favorisant le
laxisme de gestion et en limitant les
autorisations à quelques épreuves par
an.
Peu
a peu nous avons obtenu une amorce de
changement d'attitude en partie
parce que l'administration s'opposait à
de gigantesques projets d'origine
américaine, d'abord au Bois de Boulogne,
puis dans une Ile de la Seine.
Malgré les réticences des deux autres
Sociétés, nous avons proposé, rédigé,
et fait adopter un projet de Fédération,
la Fédération Française des Courses de
Lévriers, avec amorce d'harmonisation et
de Code des Courses. Le Président en fut
naturellement M. VERCHERE, qui
estima malheureusement opportun de
déposer à la Préfecture des statuts
très différents de ceux
adoptés en commun. Dès lors la césure
était créée, qui au travers de multiples
conflits d'orientations et de personnes
devait créer une dualité de
structures. Disons que les courses de
lévriers des années 1970-75 tenaient trop
souvent de la kermesse et des
arrangements permettant à quelques uns d'orienter
activement les résultats. L'un des axes
majeurs était d'empêcher la mise
en évidence des meilleurs lévriers, d'une
part pour conserver un monopole
des ventes à certains dirigeants, d'autre
part de récompenser les fidèles
en faisant gagner des lévriers
médiocres mais confrontés avec des sujets
âgés ou blessés.
Le climat
psychologique était déplaisant pour
ceux que passionnaient la recheche d'améliorations.
Il existait
ailleurs une organisation internationale,
l'UICL (Union Internationale des Clubs de
Lévriers), fondée
par la France et la Belgique, et dont la
réputation nous était venue aux
oreilles. Mais la France s'en était
retirée, en raison d'antagonismes entre
dirigeants français, tantôt de la S.C.C.,
tantôt des lévriers, et ceux soit
de la F.C.I., soit de l'UICL. Or l'accord
de la S.C.C. était nécessaire
a notre adhésion, tandis que 1'UICL n'admettait
pas le pari mutuel. C'est
grâce a la compréhension de M. POUCHAIN, alors
Président de la SCC,
que nous avons pu obtenir l'autorisation
de solliciter notre adhésion
à 1'UICL. Les conditions étaient que
nous devions prendre à notre
charge tous les frais financiers, et ne
pas demander de reconnaissance formelle
à la S.C.C.. Ainsi les lévriers
français pourraient disputer les courses
internationales sans que pour autant la
SCC ne doive reconnaître
l'UICL. Avec des hauts et des bas l'ambiguïté
allait persister jusqu'en 1987 ou l'action
conjuguée du Pt MICHEL et de Didier ROSHARDT reposait
correctement les relations FCI-UICL, et
partant la position de la France.
En 1973 nous étions donc, grâce à l'appui
résolu de la Suisse, et
notamment des époux CHARLES invités
à l'UICL comme concurrents. Cette année
là, invités au championnat européen de
l'UlCL, un de nos whippets Snob des
Allëles, était, le premier depuis la
guerre à remporter sa demi finale et
faire bonne figure en finale malgré une
chute.
Il apparaissait a
priori inepte de séparer les courses
UICL et celles à pari
mutuel, qui faisaient appel aux mêmes
lévriers et a des équipements analogues.
Mais la Société
Lémanique des Courses de Lévriers, puis
1'UICL nous avait montré
ce que pouvait être le sport lévrier,
et la différence de conception comme de
qualité entre nos kermesses villageoises
et de vraies courses sur cynodrome. M. MEDINA,
habitué des cynodromes d'Espagne, Mme de SAINT-SEINE
enthousiaste des courses britanniques
avec plusieurs autres dirigeants
dont M. de ROMANS, Mme de BEARN,
oeuvraient pour une amélioration
technique du pari mutuel. A cette époque
on préconisait des rayons de virage
de 20 m, les courses avaient lieu tantôt
corde à gauche, tantôt corde a
droite, avec ou sans muselière, avec des
dossards variant d'une Société
a l'autre, etc..
Nous parvenons alors à créer la
Fédération Nationale des Courses de
Lévriers, rivale de la Fédération
Française, et à obtenir plusieurs autorisations
nouvelles de pari mutuel pour nos
adhérents. Mais les tensions d'un
Championnat de France, nouvellement
créé par nous et accueilli avec ironie
mordante (médailles en chocolat) par la
FFCL. allaient rendre difficile la
coexistence de dirigeants motivés par le
gain et de ceux motivés par le sport. Le
respect d'une réglementation conforme
aux règles de confirmation
d'une part, au respect de l'UICL d'autre
part, ne tardait pas à
devenir trop lourd pour certains. Un
nouveau Président était élu, et la
Fédération Nationale éclatait, puis
disparaissait, ses membres rejoignant
la Fédération Française qui enfin,
cohérente, proposait bientôt un Code
des courses et, sous l'impulsion de M. VERCHERE, Mme de SAINT-SEINE et Mme
de BEARN,
bâtissait le socle de son développement actuel,
avec la Fédération des Sociétés de
Courses de Lévriers.
En 1975 les rescapés de l'UICL, soutenus
par la SCC, trouvaient
un nouvel appui auprès de Yves LELONG, ancien
responsable de la
Société des Courses d'Alger et
Président du Club des Amateurs de Greyhound.
M.LELONG pour
avoir dirigé une Société active ne
pouvait pas accepter
de voir engager des paris dans les
conditions de précarité installées en
France. Dans le même temps la
dégradation des aptitudes du cheptel
lévrier le préoccupait. La Fédération
Française demandait de son coté au
Ministère de l'Agriculture de lui
confier le livre généalogique pour
Greyhounds, si ce n'est d'autres
lévriers.
Sensibilisée à
cette demande, la SCC acceptait alors la
proposition de M. LELONG de voir
créer des épreuves de travail. Elle
créait le 12.1.77
une sous-commission d'utilisation, et MM.
LELONG et QUEINNEC rédigeaient
un projet de réglementation. Par la
suite une commission Lévriers
allait amplifier ces débuts jusqu'aux
textes de mars 1987. La première
épreuve officielle avait lieu a Toulouse
en 1977, le premier carnet de
travail lévriers étant fourni a
Lobélie des Allèles. Les
conflits d'orientation (victoire par tous
les moyens licites ou non,
irrégularités de confirmation, toisages
frauduleux, etc...) allaient provoquer
de nouveaux ravages dans les diverses
Commissions Lévriers successives et
inciter la SCC à tempérer les à coup
en nommant des personnes extérieures au
monde lévrier. Quels que soient les
désaccords qui ont pu nous
opposer à certains choix ponctuels, il
nous faut aussi rendre hommage à Didier ROSHARDT pour son
approche large et dépassionnée des
problèmes pendants.
Il nous reste à
espérer que les concessions faites ne
seront
pas pour le sport
lévrier des concessions à perpétuité...
Une première
réunion à la SCC, le vendredi 13
février, allait sceller dans un
excellent climat, la réconciliation
entre une Fédération revigorée sous la
houlette du Pt LEFOL et la
Commission Lévriers toujours présidée
par Y. LELONG.
Entre temps de
nombreux lévriers français allaient
remporter les titres européens
:
|
Le Saluki
Nourham Yaneb Khor, à 2 reprises
Les
Greyhounds Ilmen del Matagato et Uranie
de New Stella
Les
Whippets Trackman de Grillemont, Van
Houten de la Meute de l'Eperon à
2 reprises, Silky But Fast du
Merle Blanc. |
|
Si
ces résultats attestent de la réussite
du système initié par MM.QUEINNEC et LELONG, ils
traduisent aussi l'amélioration des
installations rendue obligatoire
par le règlement SCC et qui paraît s'amplifier
chez certaines Sociétés
à Pari Mutuel. Ils ont parallèlement
accru les divergences modèle-aptitude
qui sont à la source de tous les
conflits lévriers depuis 1970, d'abord a
propos du Greyhound, puis du Whippet,
probablement demain pour 1'Afghan.
|
STRUCTURE
ET IMPORTANCE
- Les
Associations
|
Les
associations sont de 3 types : -
Non reconnues
Ce sont
des associations type loi 1901,
groupées en général autour d'un
éleveur, qui font des
démonstrations itinérantes ou
des amicales sur
un stade. Quelques unes sont
même équipées d'un cynodrome.
En fait
leur rôle est avant tout de
dressage et d'entrainement.
Selon les
cas, elles sont parfaitement
admises, ou au contraire
accusées de
paris clandestins. Une sanction
judiciaire aurait même été
prononcée à
Perpignan.
- Les
Sociétés à Pari Mutuel
Elles sont
obligatoirement regroupées dans
la Fédération des Sociétés
de Courses de lévriers et
communément appelées Sociétés,
par opposition aux Clubs (affiliés
à la SCC).
Ces
Sociétés sont contrôlées par
le Ministère de l'Intérieur et
le Trésor pour
les jeux, et sur le plan
technique sont contrôlées par
le Ministère de
l'Agriculture, Direction
Générale des Haras, bureau des
courses. C'est lui
qui accorde les autorisations sur
proposition de la Fédération.
Le
Président national est le Dr
LEFOL
(Caen), le Secrétaire Mme
MARET
(Lyon).
Il existe
21 Sociétés, en activité ou en
création (dont une à l'Ile de
la Réunion),
dont 14 actives en 1984 à Paris,
Marseille, le Havre, Maulévrier, Toulouse,
Mont de Marsan, Lille, Libourne,
Evreux, Lyon, Villeurbanne, Périgueux,
Cabourg, Montauban, Ardèche.
Le montant
annuel des jeux est d'environ 1
milliard de centimes, dont 10 % reviennent
aux organisateurs. En outre ils
perçoivent une partie des 1,50 % destinés
a encourager l'élevage du
lévrier.
- Les Clubs agréés
Ce sont
des Associations 1901, affiliées
à la Société Canine Régionale,
obligatoirement équipées d'un
cynodrome permanent doté des installations
réglementaires. Après 2 années
de stage, elles sont agréées par
la Commission Lévriers et
peuvent alors organiser des
épreuves de travail
officielles, dites ENC (Epreuves
nationales sur cynodrome).
Trois
cynodromes (Lyon, Cabourg,
Brantôme) sont agréés par l'UlCL
pour les
épreuves internationales.
A partir
de 1987 il n'y aura en effet plus
en France de courses nationales
selon le règlement de 1'UICL.
Toutes les courses nationales
répondront au règlement de la
SCC.
Chaque Club bénéficie d'un
monopole d'agrément dans un
rayon de 50 km pour
ceux qui partagent leur activité
avec le Pari mutuel, 75 pour les autres
ou les internationaux.
Il doit
organiser des séances de
dressage, d'entrainement et faire
passer les
épreuves donnant accès aux
courses. Sont agréés ou en
cours en 1987, 17
Clubs à Toulouse, Monteux, Lyon,
Meulan, Libourne, Nandy,
Guérande, Cabourg,
Mont de Marsan, Bavay, Sélestat,
Vichy, Néris les Bains, Neuilly sur
Marne, Moineville, Angoulême,
Parigné d'Evêque.
Quelques
autres, sont en instance.
Par
conséquent les Sociétés et les
Clubs sont en nombre a peu près
égal, et
disposent ensemble de plus de 23
cynodromes dont 6 sont mixtes (Société et
Clubs), 5 réservés aux
Sociétés, et 12 réservés aux
Clubs.
|
-
Les
épreuves de poursuite et le coursing
Le coursing
répond au règlement de l'UlCL. Il est
pratiqué à Bavay
dans le Nord.
Les lévriers
courent à 2 derrière un leurre qui
zigzague entre des portes. Ils marquent
des points en passant entre ces portes,
donc en suivant le leurre au près.
Les EPVL (épreuves
de poursuite à vue sur leurre) sont des
sortes de chasse
simulée conduisant les paires de
lévriers à suivre un leurre en zigzagant,
mais sans portillon. Ils peuvent donc
anticiper, crocheter, doubler,
etc... Demandant peu de matériel et peu
de dressage, ces épreuves s'adressent en
priorité aux races qui ne souhaitent pas
faire de courses.
Elles sont organisées soit par les Clubs
agréés, soit par les Clubs de
race, soit par des Clubs de PVL.
Elles connaissent
aujourd'hui un vif succès,bien que les
amateurs de racing les voient avec
condescendance et leur reprochent une
insuffisance de
rigueur et de sérieux.
-
Les
épreuves internationales
Ce sont des
courses répondant au règlement de 1'UICL,
avec qualifications parfois au temps (Genève),
le plus souvent à la place. Ce dernier
point rend décisive la composition des
séries, donc le rô1e des organisateurs
.
On peut citer :
|
- Les
épreuves internationales
ordinaires
- L'Eurocup,
sélection de plusieurs épreuves
à raison de 1 par pays
- Le
Championnat de l'UlCL : ouvert à
peu de lévriers retenus, à
raison de
1 à 5 par sexe, race, pays.
- Le
Championnat d'Europe : ouvert à
4 lévriers par race et sexe et
par pays.
Le titre
le plus prestigieux est Lauréat
Beauté Performances qui associe une
finale européenne et des CACIB
avec un Excellent dans l'Exposition annuelle
de 1'UICL. |
.
|
LES
COURSES ET LEUR INTERET
L'intérêt
du sport lévrier est de servir à l'amélioration
de la race.
Ensuite, mais ensuite seulement (d'où de
multiples tensions d'intérêts
contradictoires) il permet de s'amuser
entre passionnés de compétition, ou de
leurs chiens. C'est un loisir remarquable
pour unir la famille (ou y
susciter des querelles) car les besoins
de l'entraînement font appel aux
enfants dont la passion n'est pas la
moins vive.
Ce sport est enfin un plaisir d'une
rare intensité pour chaque lévrier.
Il suffit de les voir bavant de
convoitise, vibrant d'excitation
frémissante, hurlant à bout de laisse,
pour comprendre leur joie.
On doit d'ailleurs les munir de
muselières rigides pour éviter les
combats meurtriers. Entre les courses, si
on les laisse seuls, ils vont trop
souvent détruire le capitonnage des
automobiles ou s'en prendre aux
grilles des boxes.
Les courses à pari mutuel
autorisent jusqu'à 8 partants. Les écarts
sont longs pour permettre l'enregistrement
des paris, gagnants ou jumelés.
Enfin les courses ont souvent des
handicaps, par retour d'ouverture, ou par
décalage des départs.
Elles sont ouvertes aux non confirmés,
mais ayant un certificat de
naissance. Seuls les Grand Prix de chaque
Société et le Championnat de la
Fédération sont réservés aux
confirmés.
Enfin aucune exigence de vitesse n'est
demandée aux lévriers, comme a 1'UICL.
L'accès aux
courses passe par une AFC (Autorisation
annuelle de faire
courir) délivrée a chaque propriétaire,
et un Livret d'aptitude décerné
a chaque lévrier apte a courir
correctement en groupe.
Les courses de la SCC : (ENC)
(épreuves nationales sur cynodrome)
sont toutes réservées aux
lévriers confirmés,
ou pour les étrangers, détenteurs d'une
licence UICL. Il n'y a aucune
exigence pour le propriétaire, libre ou
non d'adhérer à un Club.
Par contre ne
peuvent être classés, et maintenant
avoir leur Certificat d'Aptitude
que les lévriers à vitesse suffisante.
Les départs sont rapides, jusqu'à
100 courses par jour dans les très
grandes épreuves. Elles ont obligatoirrement
lieu sur cynodrome fixe, agréé, avec
distance mesurée et établissement
d'un temps de référence, dit temps
de base pour chaque catégorie.
Le jeune lévrier est d'abord dressé à
suivre le leurre, soit placé à
l'arrêt devant lui, soit mieux encore
arrêté derrière lui et lancé à
pleine vitesse dans son champ visuel ce
qui déclenche le réflexe de poursuite.
Peu à peu il prend l'habitude de suivre,
de virer, puis se prend au
jeu et va se jeter sur le leurre à l'arrêt.
Ce leurre est un flot de
rubans de plastique, parfois frotté de
peau de lapin. Il est mu par un fil de
nylon tressé enroulé sur une poulie
solidarisée à un démarreur de voiture.
Un simple contact coupe à volonté le
courant de la batterie et module la
vitesse pour que le leurre soit à 20 m
devant le lévrier; 5 poulies
par virage permettent de boucler l'anneau.
Dans le jargon cela s'appelle
leurre ficelle, ou lapin ficelle.
Le rail dit
électrique n'a rien d'électrique. Le
leurre fixé au bout d'un
bras de 1 m est solidarisé avec un rail
métallique qui fait le tour de l'anneau.
Il peut être mu par un bruyant et
volumineux moteur à volant d'inertie,
apte à tirer a 70 km heure un câble d'acier
de 400 m.
Plus simple est le
système d'autopropulsion. Le moteur,
issue d'une tronçonneuse, est automobile
sur le rail de guidage et réglé par
radio.
Une fois dressé a suivre le leurre, ce
qui est parfois immédiat, le plus
souvent après quelques essais, le
lévrier doit tolérer ses congénères,
ne pas les gêner, ni les attaquer. Cela
résulte d'un bon conditionnement au
leurre, et non au groupe. Ardent à la
poursuite, le lévrier ne s'occupera
pas des autres si ce n'est pour se placer
à la corde, feinter en ouvrant la corde
ou en coupant, pousser d'un coup d'épaule,
en fait imiter le
coureur cycliste de vélodrome. Beaucoup
d'échecs sont dus à ce que 1e néophyte
impatient, le dresseur ignorant ou pis
désireux d'écarter
un concurrent de son propre élevage,
mettent le débutant en groupe
avant qu'il ne soit prêt. Le cas le plus
fréquent est celui du jeune qui
tarde a partir. Dès lors ce lévrier
courra en meute, derrière les
autres, quitte a rétrograder s'il arrive
en tête, à jouer dans le paquet,
parfois à chercher à mordre. Sa
carrière sera arrêtée très tôt.
Le Club Occitan du
Lévrier de Sport s'est un peu fait une
spécialité de
rééducation des chiens gâchés par une
autre structure. Nous avons d'ailleurs
mis au point un sifflet ultrasonique
radiocommandé qui est placé
sur la casaque, la muselière faisant
antenne et qui nous permet de
corriger les fautes de comportement ou d'affiner
l'écolage (technique de course) en
faisant rétrograder le chien qui devra
donc trouver l'ouverture
pour repasser en tête.
Une fois prêt le lévrier passe son CAT
(Certificat d'Aptitude au Travail)
avec 3 courses dans la journée, toisage,
pesage, etc...
Seul le Greyhound parait fragile et peu
résistant, ne pouvant supporter
plus de 4-5 courses dans une journée, et
cédant souvent à la 3ème.
Dans nos essais de 1973 nous avons mené
des whippets jusqu'à 17
courses consécutives de 350 m sans repos,
avec un coeur dépassant les 240
pulsations au départ. Le plus résistant,
Issanka des Allèles né le 17.10.73
est encore vivant et valide. Les deux
autres Snob et Sanédrine des
Allèles sont morts à 14 et 15 ans.
Pendant cette période Snob a remporté
41 victoires consécutives en 18 mois,
dont la première victoire internationale
d'un lévrier français, n'étant battu
à l'issue de cette série
que par son fils Vardar né le 16.06.72
et mort le 7 février 1987.
Nous signalons
cela pour lever les mythes de la
fragilité, de 1'épuisement
précoce, des fatigues cardiaques par 1'effort
répété (3 km de leurre
par jour pendant l'été 1973), de la
nocivité des croquettes (nourris
uniquement d'aliments secs).
Afghans et Sloughi apparaissent eux-mêmes
inépuisables.
Mais les courbes
de vitesse varient d'une race à l'autre.
La course se dispute sur des distances de
450 m pour les races de grand
format, 250 m pour whippet et PLI, et 350
m pour whippets en internationale.
Mis dans une boite de départ, avec
casaque et muselière, les
lévriers s'élancent à pleine vitesse
derrière le leurre. Ils peuvent
atteindre 15-16 m par seconde pour le
whippet, jusqu'à 16-18 pour le
Greyhound, 12-13 pour l'Afghan, 13,6 pour
le Barzoï, 14,5 pour le Sloughi,
14,45 pour le Saluki, 12 pour le Pointer,
contre 12 pour le Colley, 9,5
pour le Bleu de Gascogne. Les records de
vitesse sont de 16,21 m
pour le Whippet lancé, de 18,15 pour le
Greyhound lancé.
Le record
continental a été obtenu a Amsterdam en
1986 par la femelle greyhound
toulousaine Up the suir (475 m en 27,88
soit 17,03 m sec ou 61,300 km/heure).
En Whippet le
record toulousain est à Veraben de l'Ermitage
d'Allauch avec 348
m en 22,35 soit 15,43 m/sec.
La piste de recherches de l'E.N.V.T. est
en effet équipée d'une série de
cellules photoélectriques couplées à
un chronomètre à imprimante qui nous
permet de mesurer les vitesse atteintes
par fractions de 80 m donc de
suivre les résultats de l'entraînement
ou du régime alimentaire.
Pour ce dernier nous mesurons la chute de
vitesse en fin de course après 3 à 5
courses consécutives et 15 jours de la
même ration sur des
lévriers à courbe étale.
En effet un whippet en
bonne condition maintient sa vitesse invariable
à 0,1 sec près pendant des mois. Aussi
étonnant que cela paraisse nous n'avons
sur ce plan pas noté d'écarts entre une
piste boueuse, très
dure, ou souple. Simplement une piste
très souple dont la croûte a séché
au soleil avantage le whippet de 0,2 sec
sur 350 m.
Les lévriers s'égaillent sur la piste,
les uns à l'intérieur, les
autres a l'extérieur. Le problème pour
eux va se poser pour prendre la corde
à l'entrée du virage, et la tenir sans
s'écarter. La force centrifuge fait des
dégâts et nous avons vu des tonneaux et
même une fracture du fémur dont le
claquement nous est encore en mémoire.
Pratiquement celui
qui passe le tournant en tête a course
gagnée, sauf mauvais entraînement à la
résistance de vitesse. Vers 250 m il se
passe un changement biologique qui
conduit certains à ralentir une brève
fraction. Comme cela se passe en virage,
les propriétaires accusent le dessin
de la piste, un concurrent, ou la
malchance alors que cela traduit
uniquement une erreur de régime ou d'entraînement.
Le lévrier ardent fera
voler le paquet qui lui bouche la place,
le rusé guettera l'écart pour
plonger à la corde, le dominant grognera
pour intimider les autres, etc... La
course est une remarquable école d'intelligence
et de comportement. Le lévrier a
conscience de la compétition et sait s'il
a gagné ou non.
Le crack vainqueur habituel va droit au
podium accueillir les applaudissements,
le perdant revient la queue basse ou se
jette à l'arrivée sur celui qui a pris
le leurre.
L'entraînement, bien décrit par DELACROIX, associe
des phases de marche
saccadée (en laisse), de trot allongé (vélo,
automobile), de démarrages
(balle lancée, départ de boites), de
leurre par fractions de 50 a 600
m. Chaque lévrier a ses besoins propres,
qui varient en cours de saison
et en fonction du programme choisi. Les
recettes de l'un ne valent
donc pas pour l'autre si on n'a pas
analysé les principes de base, et si on
ne dispose pas de moyens de contrôle (pouls,
temps de récupération, vitesse globale,
répartition en phases initiale,
intermédiaire, finale).
Nous effectuons depuis plus de 10 ans des
recherches sur ce thème,
mais elles ont débouché sur des
méthodes qui pour être banales en athlétisme
ne corroborent pas les mythes du milieu.
Nous avons donc renoncé à en débattre,
sauf avec ceux qui ont consenti un effort
initial d'information et savent analyser
sans passion.
Il nous faut
actuellement une semaine pour mettre un
whippet en condition,
à 75-30 % de ses possibilités,
21 jours pour arriver au sommet.
Mais nous ne
savons pas comment lui faire dépasser
son optimum naturel, c'est-à-dire
reproduire les conditions de record ou
les améliorer.
Les recherches
conduites par LAUTIER, puis d'autres
nous permettront peut être de progresser.
|
ORGANISATION
Le sport lévrier de la S.C.C. est régi
par 5 règlements en
voie d'adoption
imminente.
Les Clubs
et cynodromes définissent les
droits et devoirs des Clubs,
qui jouissent d'un monopole géographique
mais ont des devoirs d'activité,
sous contrôle de la Commission
Lévriers.
Celle-ci est
composée de 10 membres, dont 5 venant du
monde
lévriers, 5 du
Comité de la S.C.C.. Le Président en
est depuis l'origine M. Yves LELONG. Elle a
connu en alternance 2 Secrétaires, MM. BERENGER et QUEINNEC. Un
essai d'élections directes a conduit à
une folle démagogie couvrant
toutes les fraudes, les incitant parfois,
sans parler des incohérences. La
Commission en fut bloquée et la S.C.C. a
préféré nommer les membres
qui représentatifs des divers courants
ont pu aboutir aux textes actuels.
Les cynodromes, fixes, sont en herbe ou
sable, et couvrent environ 3 hectares
avec les abords.
Le terrain
lui-même fait a peu près 100 m
de large sur 150 à 200 de
long, dessinant un anneau a 2 demi
cercles joints par une ligne droite d'environ
70 m, les rayons faisant 40 à 45 m, la
piste 6 à 8 de large.
Des controverses opposent partisans des
pistes en herbe qui protègent
les rayons osseux et les tendons, mais
seraient vulnérantes pour les
doigts, et les partisans du sable,
accusé en Australie et USA de créer
des désinsertions du jarret, mais
apprécié en France pour son innocuité
sur les articulations digitées. La mode
actuelle est au bac de
freinage à l'arrivée.
Il est exact que
beaucoup de lévriers souffrent de
lésions des
articulations interphalangiennes. Pour la
plupart des vétérinaires ce sont
des entorses, avec parfois arrachement.
Nous pensons qu'il y a aussi des
élongations des muscles digitês et de
nombreuses tendinites chroniques
par erreur d'entraînement. Dès lors se
développe une pathologie complexe des
extrémités qui n'est pas sans rappeler
la fourbure chronique du cheval, avec des
désinsertions unguéales par périonyxis
(infection de la matrice de l'ongle),
ruptures périarticulaires avec fibrose réactionnelle
dite gros doigt dans le jargon.
Les traitements
homéopathiques ont été inefficaces.
Les corticoïdes, actifs, font tomber la
forme du lévrier et sont a proscrire. D'autres
antiinflammatoires, comme l'Indocid sont
assez efficaces. Mais le repos est
nécessaire. Parfois il faut l'arthrodèse
(soudure de l'articulation), mais toute
la traumatologie sera traitée par le Dr LEFOL. Ici aussi les
mythes sont nombreux, soit pour répondre
a l'angoisse du propriétaire, soit pour
implanter une réputation lucrative.
Des progrès
réels semblent néanmoins possibles,
entre autres pour la prévention.
A notre sens deux mesures sont
essentielles. L'une consiste à limiter
les bousculades initiales. Le nouveau
règlement qui impose un départ
en ligne droite et permet la distinction
entre lévriers de corde ou d'extérieur
devrait avoir des effets bénéfiques. L'autre
a trait au freinage
à l'arrivée, source de multiples ennuis.
Le bac à sable ou tourbe devrait
réduire les dangers pour les doigts,
mais peut ruiner la carrière par
désinsertion du jarret ou des anconés.
En fait c'est l'escamotage du leurre
qui est la solution, pour que le lévrier
ralentisse en le cherchant au lieu de se
précipiter sur lui. Beaucoup de Barzoïs,
mais aussi d'autres
lévriers, ont conservé l'instinct de
plonger de l'épaule sur la proie (comme
un plaquage). Cela s'appelle faire brassok
. Le propriétaire d'un
lévrier qui a conservé cet instinct de
chasseur croit a une chute involontaire,
à de mauvaises conditions techniques.
Cette méconnaissance du
lévrier contribue a entretenir des
différends sur la valeur des pistes, toujours
excellentes quand elles sont neuves,
contestées ensuite.
Le fait d'avoir
des virages fortement relevés est
souhaité par certains pour des
motifs biomécaniques. Mais les lévriers
ne sont pas sur rails et les
heurts sont dangereux. En outre cela
sélectionne sur la puissance et la
vitesse, mais non sur l'intelligence de
course. Nous pensons donc que le profit
en pathologie est faible, les
inconvénients forts. La piste plate
demande des rayons élevés, une piste
large et bien entretenue. Elle sélectionne
l'intelligence en course mais est
redoutable pour les sujets hors de
condition. Le courant actuel semble s'orienter
vers des pistes peu
relevées, de 3 à 5 %. Nous
préconisons une piste à peine relevée
(3 %)
sur 4 à 5 m à
partir de la corde, puis très relevée
jusqu'à 45 % sur les 2-3 m
externes.
50 années de
controverses internationales sur ce
thème montre bien le danger
des engouements et le pérennité des
accidents.
Le
règlement des juges est
celui de la S.C.C.. Les experts qualificateurs
ont la lourde responsabilité de
délivrer le C.A.T. et de toiser
les whippets.
Il existe en effet
une relation établie par MONIOT dans la
thèse
faite à notre
laboratoire qui associe 1 cm de hauteur
supplémentaire à un avantage
de 0,3 sec soit environ 5 m. Dès lors la
fraude, réelle mais parfois calomnieuse,
sur la taille va au plus haut niveau
entrainer des résultats, mais aussi la
dérive génétique et de multiples
conflits. Les règlements sont excellents,
mais les autorités de tutelle ont
toujours refusé de sanctionner les
écarts, même les plus choquants. Ainsi
tel whippet toisé a 53 cm est écarté
du Championnat limité à 51 mais
vainqueur d'un autre limité à 50 cm...
L'observateur
de virage assiste le juge pour
dire si un mouvement suspect était ou
non légitime. En cas de faute le
lévrier est retiré de la course,
parfois plusieurs semaines.
Les conditions de délivrance des
divers documents sont définies par un
autre règlement.
Les whippets sont séparés en 3
catégories définies par la
taille (à cause du standard) et le poids
(pour limiter les fraudes).
Chaque race court
à sexe séparé, bien que les vitesses
soient équivalentes, pour
éviter de sélectionner des femelles à
comportement viril, donc d'amorcer une
dérive d'infertilité et d'agressivité.
Les titres et récompenses sont le
Championnat de travail, classique, 1e Grand
Prix de la S.C.C. (épreuve réservée
aux lévriers ayant obtenu au moins 1 RCACS
et 1 Excellent en Exposition), la Coupe
de France (sorte de Championnat aux
points sur 5 épreuves), la Coupe de
France en PVL.
Un titre original
est Lauréat Beauté Performances qui
demande d'avoir des résultats
de haut niveau à la fois en course et en
beauté.
Le dernier règlement est celui
des épreuves.
Dans une optique
de travail et de sélection, le
règlement 77-1986 prévoyait un
classement associant la vitesse et le
comportement. Mais les juges n'ont jamais eu
le courage d'inverser le résultat a l'arrivée
par le comportement.
Celui-ci, qui
compliquait beaucoup les épreuves, est
donc devenu caduc.
Par contre nous
pensons que les progrès réels de nos
lévriers sont dus
en bonne partie à la définition des
catégories de vitesse.
Pour chaque piste, chaque distance
homologuée, on a défini un temps de
base, un peu moins bon que les records
obtenus, puis répondant à
certaines normes communes, d'environ 15-16
m sec. pour les Greyhounds, 14-15 m
pour les whippets.
Les qualificatifs sont accordés à
partir du temps effectué. Temps de
base + 1 sec : cat A = Excellent 2 sec
: cat C = T.B 3 sec :
cat C = B
Temps de
base +
|
1sec. :
cat A = Excellent
2 sec.: cat B = TB
3 sec. : cat C = B |
|
D'autres
modulations sont prévues au Règlement.
Au-delà ils ne
sont pas classés.
Enfin un règlement pour les EPVL est en
cours de réaménagement.
L'ancien ! (1984) prévoyait des points
alloués pour le courage, l'ardeur face à l'obstacle,
les crochets, l'acuité visuelle, 1'intelligence
de chasse, le brassok, la capacité de
doubler un concurrent.
La course de
dispute en paires.
Tous les
problèmes concernant le sport lévrier
sont du ressort de la Commission
nationale d'utilisation.
|
PRINCIPAUX
PROBLEMES
De tous temps les
courses de lévriers ont eu mauvaise
réputation.
En 1936, dans sa
thèse, la première femme vétérinaire
en France consacre un chapitre a savoir :
"les courses de lévriers sont elles
honnêtes ?".
En Espagne on
baptise de galguero (amateur de lévriers)
un voyou comme notre
romanichel.
Aux USA l'emprise
de gangs est de notoriété publique.
En France, la pression des pouvoirs
publics a empêché cela, et il ne reste
que des filouteries, peu importantes mais
multiples.
Elles relèvent du
marché captif (les bonnes séries à
ceux qui ont su à qui
acheter), du monopole (tous les lévriers
sont au même propriétaire), d'erreurs
dans la conduite du leurre, dans l'ordre
d'arrivée, etc...
La fraude la plus
classique pour les paris consiste a faire manger
son lévrier avant le départ. Il perd.
On recommence jusqu'à ce que les
parieurs ne le jouent plus. Alors le
propriétaire le remet en forme et
le joue.
Dans le sport lévrier les principales
fraudes portent sur les catégories
: fausses toises, fausses pesées, faux
chronométrages.
On peut aussi
donner un départ anticipé en gardant un
lévrier en laisse,
puis repartir avant qu'il n'y ait eu
récupération.
Le règlement a prévu la quasi totalité
des fraudes, encore faut-il qu'une
autorité les sanctionne.
Le dopage est de
règle malgré son absence totale d'efficacité.
Chacun a ses trucs (vitamine C ou autre,
cardiotonique, vin blanc mélangé d'oeuf
!, chocolat, homéopathie, etc...). Nous
avons profité de nos installations
pour tester les on dit, sans trouver
trace (si on peut dire !)
de résultats négatifs ou positifs. Nous
confirmons tout à fait l'opinion
de COURTOT.
Par contre il existe un très fort effet
placebo, que nous appelons
l'effet GUYOT. Il a
été mis en évidence par notre
collègue, dans ses
travaux de comportement sur le berger
allemand et nous l'avons contrôlé chez
le whippet.
Si le
propriétaire croit dans la victoire de
son chien (entre autres
parce qu'on lui a donné une prétendue
pilule miracle), sa voix, ses
gestes sont modifiés. Le lévrier les
perçoit comme le coup de fouet au cheval
de course et va plus vite. Inversement le
défaitisme du propriétaire est très
nuisible au résultat car il perturbe son
chien. Il y a des propriétaires de
vainqueurs et d'autres qui perdent les
finales de haut niveau par manque de
confiance. Seuls les anabolisants sont
efficaces. La prise en compte du poi-ds
dans les
catégories va leur faire jouer un rôle
négatif. Apparemment les lévriers ainsi
traités n'en ont pas eu que des effets
positifs. Nous n'en connaissons pas qui
aient dépassé l'âge de 8 ans. Mais
peut être s'agit-il d'une fausse
corrélation, le distributeur d'anabolisant
étant un propriétaire tout a
fait prêt a euthanasier le chien hors d'âge.
On a beaucoup utilisé le
Matenon, qui maintient la femelle en
état de préchaleurs pendant fort longtemps,
avec en outre un effet anabolisant.
Environ 75 % des
femelles connaissent en effet une forme
éblouissante dans la semaine qui
précède les chaleurs, puis une baisse
importante dès le
15ème jour, pendant 1 mois à 6 semaines
(phase progestative). Mais ce
phénomène est très marqué en France
par effet placebo, alors qu'il est plus
discuté aux USA et en Australie. Nos
propres femelles ont certes un peu
marqué le pas (mais avec aussi une chute
d'entrainement) sans toutefois tomber de
plus de quelques dixièmes. Par contre la
chute a été considérable chez des
femelles appartenant à des
propriétaires crédules, inquiets, soucieux
de recettes magiques, notamment habitués
des courses de chevaux. La mise
en place d'un bon entrainement demande au
moins 1 heure par jour toute l'année,
bien davantage en période de pointe.
DELACROIX en a montré les
incertitudes et dit combien il est peu
vraisemblable de pouvoir dépasser la
simple très bonne condition. C'est
également notre avis, mais les recherches
continuent.
L'alimentation par
granulés à forte teneur protéique et
lipidique est tout à fait suffisante,
sans aucun additif. Chacun a sa recette
propre, des poudres de perlimpimpin à
quelques trucs réels, sans parler du miel,
du glucose, etc...
A la suite des
travaux de CREFF nous avons, proposé une
boisson de
repolarisation, pour les lévriers qui
perdent leurs moyens avant le départ par
une excitation prématurée.
|
Jus
de raisin ou d'orange : un demi
litre
Miel : 20 grammes. |
Cela vaut aussi
pour les trialers.
On donne selon la
taille de 10 cc à 50 cc toutes les 15
minutes ce qui recharge
l'animal en ions K et maintient un apport
en glucides courts.
Mais cela est plus
comportemental qu'alimentaire...
L'équipement des
cynodromes continue à faire l'objet de
controverses.. Dès qu'un lévrier y fait
un mauvais résultat, son propriétaire accuse le
terrain. Pour peu qu'un pseudo crack à
réputation usurpée faute de
chronos réels s'y révèle à sa juste
médiocrité, c'est toute un groupe qui
jette l'anathème. Encore plus si un vrai
crack y fait une contre-performance pour
des causes multiples.
Enfin les
problèmes pathologiques sont fréquents.
Nous citerons :
|
- Coup de
chaleur (nous avons vu 2 morts
chez des sujets qui paraissaient
cliniquement en proie à des
excitants avant le départ).
- Angiostrongylose
cardiovasculaire dans les Landes.
- Torsion d'estomac par ingestion
gloutonne d'aliments froids et
fermentescibles.
- Myoglobinurie paroxystique.
- Ebriété transitoire en fin de
course.
- Crampes.
- Fractures
- Entorses ou tendinites. |
FROEHLICH en a
fait une bonne revue dans sa thèse de
1985.
Nous dirons
simplement que l'Arnica homéopathique
parait faire chuter la forme,
que nous n'avons obtenu aucun résultat
avec Rhus tox, ni Ruta, que la
cortisone est nuisible, que la chirurgie
des doigts ne nous a pas encore convaincu.
Mais de nouvelles
techniques prometteuses ont été
proposées en Suisse.
Nous verrons ce qu'on
peut en penser, si le Dr LEFOL nous
fait part de son expérience.
Ce sera là, n'en
doutons pas, sujet de débats ultérieur.
Le soft laser, les
microondes, la mésothérapie, ont leur
part de vogue.
En
fait devant un gros doigt, 2 attitudes
sont logiques.
L'une consiste à arrêter l'inflammation
(réfrigérants, antiinflammatoires), éventuellement
a intervenir chirurgicalement, rétablir
une guérison complète après une saison
de repos. C'est ce que conseille FROEHLICH.
L'autre consiste au contraire à placer
des révulsifs (pointe de feu, iode) pour
provoquer une contention fibreuse de l'articulation
endommagée qui deviendra alors très
solide.
Encore faut-il ne pas confondre avec des
tendinites hautes et antérieures , ou
des microfractures de fatigue, invisibles,
dont nous a parlé le Dr BICHON.
Le rôle
de la règlementation est essentiel pour
que le goût de la fraude ne crée pas
trop d'injustices en favorisant le
tricheur avéré (le malin) par rapport
à l'homme honnète (le niais), mais
aussi que nos lévriers ne subissent pas
dans leur chair le contre coup de cette
passion qu'ils partagent tant avec leur
maître, of course....
Guy
Quéinnec
SFC, Séminaire
des 27 et 28 février et 1 mars 1987
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