Au vu de
cet ensemble, nous classons tous les
chiens, de race ou non, en 40
tempéraments définis par la
combinaison de 3 facteurs 1) L'intensité
de la réaction
On mesure ici le
degré de réactivité aux tests, c'est
à dire l'intensité de la réponse à un
stimulus. cela correspond en partie au
niveau d'excitabilité de l'animal.
Nous y trouvons 5
groupes
que nous
avons appelé
|
A ou rebelles -
B ou
indépendants -
C ou
soumis -
D ou
tendres -
E
ou peureux |
Les
A (rebelles) réagissent
avec violence, allant jusqu'à la
morsure. Les signaux de menace
avant l'agression y sont parfois
absents, l'intensité
disproportionnée avec le
stimulus déclenchant. Une fois
amorcée, la réaction pourra
être prolongée.
On y rencontre soit des animaux
farouches, comme les Azawakhs
dont la socialisation en milieu
naturel est restée faible,
diverses races de chasse
provenant de pays à faible
peuplement urbain et ayant
conservé un mode de vie proche
de la chasse traditionnelle, mais
aussi des chiens souvent
métissés et peu contrôlables
par l'homme comme le Pit Bull, le
métis berger allemand/berger
belge ou divers, que nous
appelons berger de banlieue.
Ces chiens mordent facilement, y
compris leur maître, et sont
rebelles à tout dressage.
Leur éducation est délicate et
rappelle la pêche à la ligne.
Le fil d'autorité doit toujours
être ferme et tendu, mais sans
excès, car une forte pression
entraîne une rebuffade. des
erreurs, volontaires ou non
pourront aisément faire passer
des B dans cette catégorie.
Les
B ou indépendants ont une
nette réaction de rejet aux
tests, mais qui ne va jamais
jusqu'à la morsure. Ils pourront
réagir par la menace, parfois la
méfiance, mais accepteront bien
l'autorité de l'hommeà
condition qu'elle soit présente,
réelle, cohérente.
On y trouvera de nombreux
Terriers ou Teckels, adaptés à
la lutte sous terre contre un
prédateur, mais aussi de
nombreux auxiliaires de l'élevage,
autrefois bouviers ou bergers,
chargés de défendre les
troupeaux contre les prédateurs.
Ils auront donné des races de
garde ou de défense. La morsure
y reste contrôlée car l'élimination
des mordeurs spontanés a été
constante pour l'utilisation au
troupeau.
Nous y rangerons le Berger Belge,
le Boxer, le Rottweiler, le
Berger des Pyrénées et bien d'autres.
L'arrêt de la sélection sur le
contrôle de la morsure peut
facilement rameneer ces chiens
vers le A, de même qu'une
éducation orientée vers trop de
mordant.
Leur agressivité sera souvent
déclenchée si leur maître est
en proie à la peur, pour queque
motif que ce soit. Le chien
réagira à cette peur en
attaquant ce qui lui paraît
être la cause de cette peur et
qui peut parfaitement n'avoir
aucun rapport avec le sentiment
émis par le maître.
Il en va ainsi des rencontres de
chiens sur un trottoir. |
Le maître du chien B a
peur d'un combat avec le
survenant et cette peur
déclenche le combat lui-même.
Les cris aigus, les provocations,
les attitudes insolites peuvent
déclencher des réactions
intempestives si le maître n'est
pas présent. Il est donc
imprudent de laisser les chiens B
en liberté ou semi liberté hors
du contrôle de leur maître.
Le dressage d'obéissance, l'agility,
les compétitions aident ces
chiens à évacuer leurs tensions
et à contrôler leurs réactions.
Ces chiens ont gardé une grande
marge d'interprétation et
souvent une grande intelligence
naturelle. Ils seront
remarquables pour les épreuves
de travail grâce à leurs
capacités d'initiative, mais
seront déroutants par certains
refus. Il est souhaitable que
leurs maîtres aient de solides
connaissances en éducation, et
un caractère stable et dépourvu
de laxisme, car sinon, on pourra
observer une inversion de
dominance génératrice de
difficultés.
Les
chiens classés C n'ont que des
velléités de rejet, souvent de
courte durée et de faible
intensité. Nous les appellerons
soumis, car ils sont tendus vers
l'obéissance à un chef de meute,
avec un très fort besoin de
grégarité. Ils chercheront
souvent la satisfaction de leur
maître à travers un travail
donné. On y rencontre le Berger
allemand, la plupart des chiens d'arrêt,
beaucoup de corniauds. L'éducation
de ces chiens est facile. Leur
intelligence leur permet de
comprendre les ordres, et leur
caractère les pousse à obéir.
Si le dressage ou l'éducation
sont médiocres le résultat sera
néanmoins limité. Par contre,
on va trouver de remarquables
complicités entre homme et chien
qui ont produit d'innombrables
anecdotes.
Le dressage de certains de ces
chiens au mordant est peu
indiqué, car c'est forcer leur
nature avec des risques de
débordement.
Toutes les autres disciplines de
l'utilisation et l'agility leur
sont par contre vivement
conseillées.
Les
chiens classés D ou tendres, sont souvent
inhibés, assez passifs en l'absence
d'une réelle motivation, par
contre, celle-ci peut
soudainement les transformer en
chiens exubérants.
Ils ne réagissent pas aux tests,
paraissent indifférents ou
réservés, sont discrets dans
leurs manifestations.
Nous y trouverons beaucoup de
lévriers et de chiens de
compagnie notamment de races
naines. |
Le diagnostic de ces 5
tempéraments sera précieux pour guider
le propriétaire, l'éducateur ou le
comportementaliste. Les divergences
expliquent l'échec des dogmes et les
convictions contraires ancrées dans l'esprit
de beaucoup de praticiens, qu'ils soient
de l'élevage, de l'utilisation, de l'éducation
ou de la thérapeutique.
Lorsque l'éthologiste considère le
comportement actuel des gens avec leurs
chiens, il est à la fois effrayé pour
la formation du caractère de nos enfants,
et émerveillé par la capacité de l'homme
à s'adapter aux pires environnements.
Nous avons donc déjà différencié 5
groupes.
2) Les
modalités réactionnelles
Les
M mordent, rongent,
réagissent par la dent. On les
trouve souvent dans les mêmes
races, mais aussi chez les
lévriers, les dogues, les chiens
de montagne.
Les
V réagissent
par des vocalises, des aboiements,
des menaces. On les trouve chez
les chiens de berger, de défense,
les terriers, teckels, chiens
courants et beaucoup d'autres.
Les
N sont
nombreux. Ils aboient ou mordent
selon les cas. C'est le cas le
plus fréquent.
Les
O se replient sur eux,
sans réaction. C'est le cas du
Whippet, de nombreux E.
Nous
avons donc 4
catégories.
|
Modalités
réactionnelles
|
M
par la dent-
|
mordeurs
|
chiens de
lacération
bergers - lévriers
chiens
de prise
molosses
terriers et teckels (accul) |
V par la voix
|
aboyeurs
(bref)
hurleurs
(prolongé)
vocaliseurs (modulation)
|
ch courants ("cogneurs")
chiens
courants (bien
gorgés)
|
N Mixtes cas le
plus fréquent
|
Font les
deux, selon le cas ou en alternance
|
|
O Sidérés
|
blocage
sans
réaction
|
|
|
3)
Orientation de la réaction
2
catégories
Les R sont des animaux
réactifs, qui extériorisent
leurs sentiments, en manifestant
ostensiblement pour écarter la
menace.
Ces chiens sont actifs,
exubérants, démonstratifs. ils
aboient ou attaquent.
Les
I enfin sont des inhibés,
passifs. Le chien subit la menace
mais ne peut y faire face ou
chercher à l'écarter. Il va
gémir, ronger, grignoter.
|
Direction
réactionnelle
|
1 vers l'extérieur
R
|
actifs,
exubérants
extériorisés,
démonstratifs
|
réactifs
|
2 vers soi
I
|
inhibés,
intériorisés
|
passifs
|
|
Guy
Quéinnec
TEMPERAMENT
DU CHIEN
Niveau de
réactivité
|
Mode d'expression
|
Tendance
interne
|
BAGARREUR
ou
REBELLE
A
INDEPENDANT
B
OBEISSANT
C
TENDRE
D
PEUREUX
E
|
VOIX
(aboiement)
V
MIXTE
N
DENT
(morsure)
AUCUN
O
|
EXTERIORISE
R
Bruits
Attaque
--
INHIBE
I
Gémit
Grignote
|
La
combinaison de tous ces facteurs fournit
donc une grille à 40 cases (5 x 4 x 2).
intensité
modalités
|
A
|
B
|
C
|
D
|
E
|
V
|
AVR
|
AVI
|
BVR
|
BVI
|
CVR
|
CVI
|
DVR
|
DVI
|
EVR
|
EVI
|
M
|
AMR
|
AMI
|
BMR
|
BMI
|
CMR
|
CMI
|
DMR
|
DMI
|
EMR
|
EMI
|
N
|
ANR
|
ANI
|
BNR
|
BNI
|
CNR
|
CNI
|
DNR
|
DNI
|
ENR
|
ENI
|
O
|
AOR
|
AOI
|
BOR
|
BOI
|
COR
|
COI
|
DOR
|
DOI
|
EOR
|
EOI
|
orientation
|
R
|
I
|
R
|
I
|
R
|
I
|
R
|
I
|
R
|
I
|
40
CATEGORIES
INDIVIDUELLES
réparties
inégalement selon les races.
_________
N.B. : rebelles et
peureux
surtout erreurs d'éducation ou de
formation
Conclusion
Du fait de l'expérience
précoce, les tests d'analyse ne
représentent pas un bon moyen d'analyser
le caractère génétique .
Ils représentent par contre un
excellent adjuvant au choix d'un
chiot en fonction du tempérament
souhaité.
Mais l'essentiel restera alors à
obtenir, en fonction de la
capacité de l'éleveur à
éduquer un chien, dans un
environnement psychologique qui
ne se réfère pas à l'application
des règles de l'éthologie
canine.
Le chien lui-même réagit à
notre manière de vivre beaucoup
plus feutrée et libérale qu'il
y a 30 ans.
Non seulement l'inversion de
dominance est aujourd'hui monnaie
courante, mais encore le chien
est bien plus rétif qu'il y a 30
ans.
Moins les gens savent dialoguer
avec un chien, plus ceux qui le
savent encore un peu ont du mal
à obtenir satisfaction.
Raison de plus pour choisir une
race qui convient, un
tempérament que l'on saura
manier, si l'on ne veut pas se
trouver un jour face au
comportementaliste ou à l'euthanasie.
Il est illusoire de vouloir
codifier un caractère par des
chiffres.
Par contre on peut très
précocement établir les axes
généraux de son tempérament et
donc répondre à l'attente de l'acheteur.
Pour cela, trois
tests sont fiables, surtout si on
les combine
|
- les
tests de manipulation de
Campbell
- le test du jouet animé
de Quéinnec
- le test en open field,
par simple observation |
|
L'analyse du
caractère permet également de
guider l'éducation ou le
dressage de l'animal.
Elle pourrait utilement inspirer
le législateur dans la
définition des chiens
potentiellement dangereux.
A notre sens elle est la base de
toute thérapie éducative en
permettant de fournir à chaque
propriétaire les règles d'éducation
qui peuvent diffférer
sensiblement.
Il est ainsi dangereux de faire
coucher un A
dans sa chambre, peu recommandé
avec un B sauf
si le maître est ferme et
compétent, inutile avec un C,
recommandé avec un D,
souvent nécessaire avec un E.
Cette grille mériterait d'ailleurs
d'être croisée avec une grille
analogue où se rangeraient les
propriétaires.
Nous avons diligenté plusieurs
thèses de doctorat vétérinaire
qui ont montré des convergences
parmi les propriétaires d'une
même race de chiens, mais c'est
ici affaire de psychologues et
plus de vétérinaires.
.
La
classification des
tempéraments que nous
proposons permet: a) de
mieux conseiller le futur
propriétaire sur le
choix d'un chien, selon
qu'il le souhaite discret
ou expansif, gardien ou
paisible, remuant ou
calme.
b) de réduire les
insatisfactions entre le
maître et le chien
c) de trier rapidement un
animal qui sera apte à
la compétition et donc d'éviter
de perdre du temps et de
l'argent
c) d'analyser les
comportements gênants et
de proposer une
rééducation adaptée.
|
Guy
QUEINNEC, 1998
|
haut
|