comp5

COMPORTEMENT

accueil

page précédente

Analyse du caractère (suite )

Guy QUEINNEC

sommaire

.

LES TEMPERAMENTS

Au vu de cet ensemble, nous classons tous les chiens, de race ou non, en 40 tempéraments définis par la combinaison de 3 facteurs

1) L'intensité de la réaction

On mesure ici le degré de réactivité aux tests, c'est à dire l'intensité de la réponse à un stimulus. cela correspond en partie au niveau d'excitabilité de l'animal.

Nous y trouvons 5 groupes
que nous avons appelé

A ou rebelles -
B
ou indépendants -
C
ou soumis -
D
ou tendres -
E
ou peureux
Les A (rebelles) réagissent avec violence, allant jusqu'à la morsure. Les signaux de menace avant l'agression y sont parfois absents, l'intensité disproportionnée avec le stimulus déclenchant. Une fois amorcée, la réaction pourra être prolongée.
On y rencontre soit des animaux farouches, comme les Azawakhs dont la socialisation en milieu naturel est restée faible, diverses races de chasse provenant de pays à faible peuplement urbain et ayant conservé un mode de vie proche de la chasse traditionnelle, mais aussi des chiens souvent métissés et peu contrôlables par l'homme comme le Pit Bull, le métis berger allemand/berger belge ou divers, que nous appelons berger de banlieue.
Ces chiens mordent facilement, y compris leur maître, et sont rebelles à tout dressage.
Leur éducation est délicate et rappelle la pêche à la ligne. Le fil d'autorité doit toujours être ferme et tendu, mais sans excès, car une forte pression entraîne une rebuffade. des erreurs, volontaires ou non pourront aisément faire passer des B dans cette catégorie
.
Les B ou indépendants ont une nette réaction de rejet aux tests, mais qui ne va jamais jusqu'à la morsure. Ils pourront réagir par la menace, parfois la méfiance, mais accepteront bien l'autorité de l'hommeà condition qu'elle soit présente, réelle, cohérente.
On y trouvera de nombreux Terriers ou Teckels, adaptés à la lutte sous terre contre un prédateur, mais aussi de nombreux auxiliaires de l'élevage, autrefois bouviers ou bergers, chargés de défendre les troupeaux contre les prédateurs. Ils auront donné des races de garde ou de défense. La morsure y reste contrôlée car l'élimination des mordeurs spontanés a été constante pour l'utilisation au troupeau.
Nous y rangerons le Berger Belge, le Boxer, le Rottweiler, le Berger des Pyrénées et bien d'autres.
L'arrêt de la sélection sur le contrôle de la morsure peut facilement rameneer ces chiens vers le A, de même qu'une éducation orientée vers trop de mordant.
Leur agressivité sera souvent déclenchée si leur maître est en proie à la peur, pour queque motif que ce soit. Le chien réagira à cette peur en attaquant ce qui lui paraît être la cause de cette peur et qui peut parfaitement n'avoir aucun rapport avec le sentiment émis par le maître.
Il en va ainsi des rencontres de chiens sur un trottoir
.
Le maître du chien B a peur d'un combat avec le survenant et cette peur déclenche le combat lui-même.
Les cris aigus, les provocations, les attitudes insolites peuvent déclencher des réactions intempestives si le maître n'est pas présent. Il est donc imprudent de laisser les chiens B en liberté ou semi liberté hors du contrôle de leur maître.
Le dressage d'obéissance, l'agility, les compétitions aident ces chiens à évacuer leurs tensions et à contrôler leurs réactions.
Ces chiens ont gardé une grande marge d'interprétation et souvent une grande intelligence naturelle. Ils seront remarquables pour les épreuves de travail grâce à leurs capacités d'initiative, mais seront déroutants par certains refus. Il est souhaitable que leurs maîtres aient de solides connaissances en éducation, et un caractère stable et dépourvu de laxisme, car sinon, on pourra observer une inversion de dominance génératrice de difficultés.

Les chiens classés C n'ont que des velléités de rejet, souvent de courte durée et de faible intensité. Nous les appellerons soumis, car ils sont tendus vers l'obéissance à un chef de meute, avec un très fort besoin de grégarité. Ils chercheront souvent la satisfaction de leur maître à travers un travail donné. On y rencontre le Berger allemand, la plupart des chiens d'arrêt, beaucoup de corniauds. L'éducation de ces chiens est facile. Leur intelligence leur permet de comprendre les ordres, et leur caractère les pousse à obéir.
Si le dressage ou l'éducation sont médiocres le résultat sera néanmoins limité. Par contre, on va trouver de remarquables complicités entre homme et chien qui ont produit d'innombrables anecdotes.
Le dressage de certains de ces chiens au mordant est peu indiqué, car c'est forcer leur nature avec des risques de débordement.
Toutes les autres disciplines de l'utilisation et l'agility leur sont par contre vivement conseillées.

Les chiens classés D ou tendres, sont souvent inhibés, assez passifs en l'absence d'une réelle motivation, par contre, celle-ci peut soudainement les transformer en chiens exubérants.
Ils ne réagissent pas aux tests, paraissent indifférents ou réservés, sont discrets dans leurs manifestations.
Nous y trouverons beaucoup de lévriers et de chiens de compagnie notamment de races naines.

Le diagnostic de ces 5 tempéraments sera précieux pour guider le propriétaire, l'éducateur ou le comportementaliste. Les divergences expliquent l'échec des dogmes et les convictions contraires ancrées dans l'esprit de beaucoup de praticiens, qu'ils soient de l'élevage, de l'utilisation, de l'éducation ou de la thérapeutique.
Lorsque l'éthologiste considère le comportement actuel des gens avec leurs chiens, il est à la fois effrayé pour la formation du caractère de nos enfants, et émerveillé par la capacité de l'homme à s'adapter aux pires environnements.
Nous avons donc déjà différencié 5 groupes.

2) Les modalités réactionnelles

Les M mordent, rongent, réagissent par la dent. On les trouve souvent dans les mêmes races, mais aussi chez les lévriers, les dogues, les chiens de montagne.

Les V réagissent par des vocalises, des aboiements, des menaces. On les trouve chez les chiens de berger, de défense, les terriers, teckels, chiens courants et beaucoup d'autres.

Les N sont nombreux. Ils aboient ou mordent selon les cas. C'est le cas le plus fréquent.

Les O se replient sur eux, sans réaction. C'est le cas du Whippet, de nombreux E.

Nous avons donc 4 catégories.

Modalités réactionnelles

M par la dent-



mordeurs

chiens de lacération
bergers - lévriers
chiens de prise
molosses
terriers et teckels (accul)

V par la voix

aboyeurs
(bref)

hurleurs
(prolongé)

vocaliseurs
(modulation)

ch courants ("cogneurs")



chiens courants (bien gorgés)

N Mixtes cas le plus fréquent

Font les deux, selon le cas ou en alternance

 

O Sidérés

blocage
sans réaction

 

3) Orientation de la réaction

2 catégories

Les R sont des animaux réactifs, qui extériorisent leurs sentiments, en manifestant ostensiblement pour écarter la menace.
Ces chiens sont actifs, exubérants, démonstratifs. ils aboient ou attaquent.

Les I enfin sont des inhibés, passifs. Le chien subit la menace mais ne peut y faire face ou chercher à l'écarter. Il va gémir, ronger, grignoter.

Direction réactionnelle

1 vers l'extérieur R

actifs, exubérants
extériorisés, démonstratifs

réactifs

2 vers soi
I

inhibés, intériorisés

passifs

Guy Quéinnec

TEMPERAMENT DU CHIEN

Niveau de réactivité

Mode d'expression

Tendance
interne

BAGARREUR
ou
REBELLE

A

INDEPENDANT
B

OBEISSANT
C

TENDRE
D

PEUREUX
E


VOIX
(aboiement)

V

MIXTE
N

DENT
(morsure)

AUCUN
O


EXTERIORISE
R

Bruits

Attaque

--

INHIBE
I

Gémit

Grignote

La combinaison de tous ces facteurs fournit donc une grille à 40 cases (5 x 4 x 2).

intensité
modalités

A

B

C

D

E

V

AVR

AVI

BVR

BVI

CVR

CVI

DVR

DVI

EVR

EVI

M

AMR

AMI

BMR

BMI

CMR

CMI

DMR

DMI

EMR

EMI

N

ANR

ANI

BNR

BNI

CNR

CNI

DNR

DNI

ENR

ENI

O

AOR

AOI

BOR

BOI

COR

COI

DOR

DOI

EOR

EOI

orientation

R

I

R

I

R

I

R

I

R

I

40 CATEGORIES INDIVIDUELLES
réparties inégalement selon les races.
_________

N.B. : rebelles et peureux

surtout erreurs d'éducation ou de formation

Conclusion

Du fait de l'expérience précoce, les tests d'analyse ne représentent pas un bon moyen d'analyser le caractère génétique .

Ils représentent par contre un excellent adjuvant au choix d'un chiot en fonction du tempérament souhaité.

Mais l'essentiel restera alors à obtenir, en fonction de la capacité de l'éleveur à éduquer un chien, dans un environnement psychologique qui ne se réfère pas à l'application des règles de l'éthologie canine.
Le chien lui-même réagit à notre manière de vivre beaucoup plus feutrée et libérale qu'il y a 30 ans.
Non seulement l'inversion de dominance est aujourd'hui monnaie courante, mais encore le chien est bien plus rétif qu'il y a 30 ans.
Moins les gens savent dialoguer avec un chien, plus ceux qui le savent encore un peu ont du mal à obtenir satisfaction.
Raison de plus pour choisir une race qui convient, un tempérament que l'on saura manier, si l'on ne veut pas se trouver un jour face au comportementaliste ou à l'euthanasie.

Il est illusoire de vouloir codifier un caractère par des chiffres.
Par contre on peut très précocement établir les axes généraux de son tempérament et donc répondre à l'attente de l'acheteur.

Pour cela, trois tests sont fiables, surtout si on les combine

  - les tests de manipulation de Campbell
- le test du jouet animé de Quéinnec
- le test en open field, par simple observation
 

L'analyse du caractère permet également de guider l'éducation ou le dressage de l'animal.
Elle pourrait utilement inspirer le législateur dans la définition des chiens potentiellement dangereux.
A notre sens elle est la base de toute thérapie éducative en permettant de fournir à chaque propriétaire les règles d'éducation qui peuvent diffférer sensiblement.
Il est ainsi dangereux de faire coucher un A dans sa chambre, peu recommandé avec un B sauf si le maître est ferme et compétent, inutile avec un C, recommandé avec un D, souvent nécessaire avec un E.
Cette grille mériterait d'ailleurs d'être croisée avec une grille analogue où se rangeraient les propriétaires.
Nous avons diligenté plusieurs thèses de doctorat vétérinaire qui ont montré des convergences parmi les propriétaires d'une même race de chiens, mais c'est ici affaire de psychologues et plus de vétérinaires.

.

La classification des tempéraments que nous proposons permet:

a) de mieux conseiller le futur propriétaire sur le choix d'un chien, selon qu'il le souhaite discret ou expansif, gardien ou paisible, remuant ou calme.
b) de réduire les insatisfactions entre le maître et le chien
c) de trier rapidement un animal qui sera apte à la compétition et donc d'éviter de perdre du temps et de l'argent
c) d'analyser les comportements gênants et de proposer une rééducation adaptée.

Guy QUEINNEC, 1998

haut

.

*

.

.

*