| .Intérêt et
                inconvénients des expositions canines
 Guy
                QUEINNEC
 
                    
                        | I -
                        INTRODUCTION  pour remonter en haut de page cliquer sur le images/flèches
 | L'exposition
                canine est un lieu où des personnes, appelées
                exposants, viennent présenter un ou pliusieurs
                chiens à l'appréciation d'un juge, nommé par
                la Société Centrale Canine sur proposition du
                club de race, seul reconnu par la SCC pour la
                gestion de la race. Les expositions
                font l'objet de règlements précis et
                prétendent remplir une fonction de sélection et
                de publicité pour les races, tout en ofrant un
                spectacle au public. Ces trois aspects
                sont inégalement répartis.
 Dans la gamme nous trouverons :
 
                    
                        |  | Présentations
                        canines 
                            
                                |  | Elles n'ont
                                pas de valeur sélective,
                                seulement de publicité, et ne
                                délivrent pas de titres. Elles
                                sont souvent assorties de
                                séances de confirmation qui
                                permettent l'inscription de
                                géniteurs potentiels. |  Expositions
                        multiraces nationales 
                            
                                |  | Elles
                                attribuent un Certificat
                                d'Aptitude au Championnat de
                                Conformité au Standard (CACS)
                                et présentant donc une fonction
                                sélective. Regroupant environ 500 à 1500
                                chiens, elles accordent plus de
                                place aux fonctions de sélection
                                et de publicité qu'au show.
 Mais au fil des années, la part
                                dévolue à la sélection a
                                diminué, pour des motifs parfois
                                économiques, le plus souvent en
                                raison de la dévalorisation du
                                CACS aux yeux des clubs de race,
                                des exposants, et hélas parfois
                                de certains juges.
 La
                                compétition y est souvent faible
                                et l'indulgence sera d'autant
                                plus acquise que le juge connaît
                                les exposants, quand il n'a pas
                                lui même sollicité leur venue
                                pour des motifs de rentabilité,
                                de prestige, de nécessité (
                                satisfaire aux règlement du
                                cursus de juge). Les
                                juges qualifiés mais aussi les
                                staiaires y sont autorisés, ces
                                derniers ayant besoin de juger 3
                                ou 4 fois pour être qualifiés.
                                Les juges sont choisis par l'organisateur.
                                La règlementation elle-même
                                tend donc à considérer les
                                expositons à CACS comme de
                                épruves pour débgutants, ce qui
                                pèse parfois lourd sur leur
                                réussite.  |  Les
                        Régionales ou Nationale d'Elevage 
                            
                                |  | Réservées
                                à une seule race, ou à un
                                groupe géré par le même Club,
                                et sont une réponse à la
                                dévaluation du CACS.* * Note: On y attribue en effet le
                                CACS dans le cadre spécial de la
                                race et celui-ci s'en trouve
                                valorisé)
 
 Le Club choisit les juges et
                                accorde donc plus de foi à leur
                                appréciation.
 Cela peut reposer sur des
                                critères de compétence accrue,
                                mais aussi sur des répartitions
                                de récompenses entre les
                                exposants membres du Comité du
                                Club et donc décideurs de l'invitation.
 Nous avons ainsi participé à
                                des réunions où la future
                                distribution dse faisait un an à
                                l'avance.
 Dans un autre cas le délégué
                                régional, organisateur, a fait
                                un éclat et démissionné pour n'avoir
                                pas obteenu le CACs malgrè les
                                services rendus.
 
 Ces expositions sont donc d'une
                                extrême ambiguité, les plus
                                sérieuses dans les Clubs
                                sérieux, les plus frelatées
                                dans d'autres.
 Leur règlement est particulier
                                et autorise à connaître les
                                origines, à faire un jugement
                                collectif. Mais cela est
                                inégalement appliqué.
 On peut dire que lorsqu'il y a un
                                jugement collectif au stade
                                ultime, quelles qu'en soient les
                                modalités, il y a une volonté
                                de sérieux sélectif.
 Lorsque le jugement est analogue
                                à toute exposition il y a
                                volonté d'en faire une
                                consolante de Longchamp, une
                                récompense pour services rendus
                                dans le meilleur cas, un
                                remboursement d'échanges mutuels
                                dans le pire.
 Une bonne mesure de moralisation
                                consisterait à y interdire les
                                engagements de tout éleveur
                                membre du Comité du Club de race.
 |  Les
                        Expositions internationales 
                            
                                |  | Gérées
                                par la FCI, elles accordent le Certificat
                                d'Aptitude au Championnat
                                International de Beauté
                                (CACIB) Les juges
                                y sont obligatoirement qualifiés,
                                et la plupart sont très
                                expérimentés.Mais la FCI déniant toute valeur
                                au travail, préconise le show de
                                type anglo-saxon, avec tous les
                                maquillages de présentation ou
                                de toilettage.
 La SCC elle-même, à l'Exposition
                                de Longchamp, suit cette voie, d'une
                                part en organissant des concours
                                de présentateurs, d'autre part
                                en plaçant les juges dans les
                                conditions techniques qui
                                interdisent toute analyse
                                sérieuse des concurrents.
 
                                    
                                        |  | Nous
                                        avons ainsi vu en 1997
                                        triompher une femelle
                                        Whippet qui dépasse
                                        nettement la limite de
                                        taille exigée pour la
                                        confirmation, qui est
                                        déjà elle-même de 2cm
                                        supérieure à la limite
                                        du standard. L'Exposition de Longchamp,
                                        qui offre accès au
                                        Championnat, est en
                                        réalité une vitrine
                                        publicitaire usurpant une
                                        prétendue fonction de
                                        sélection.
 |  |  |  Une
                partie des incohérences est due à ce que, soit
                pour des raisons politiques, soit pour permettre
                d'assurer un cartel de juges, les organisateurs
                font appel à des juges étrangers multiraces,
                qui n'ont ni la même formation, ni les mêmes
                critères que les juges français. 
 On assiste alors à un paradoxe bien français :
                les Clubs be nomment pas certains candidats juges
                multiraces au nom de leur compétence présumée,
                mais se satisfont des résultats décernés sur d'autres
                normes de standard et de jugement par des juges
                qu'ils ne contrôlent pas. Cela contribue à
                dévaloriser les juges français par rapport à
                leurs collègues étrangers.
 
 A la demande de la SCC nous avons proposé de
                corriger diverses anomalies et d'instaurer des
                juges de groupes, mais le projet, pourtant voté
                par le Comité, a été renvoyé et enterré par
                le Président Michel.Il n'est même pas encore
                publié pour analyse.
 Nous voyons donc déjà, sur cette simple
                nomenclature apparaître incohérences,
                contradictions, entraînant de grandes
                divergences sur les aventages et les
                inconvénients des expositions canines. Cela
                provient artie des critères adotés pour y juger,
                au delà de l'objectif fourni à la galerie ou au
                profane et qui sera toujours de sélectionner le
                meilleur.
 
 
                    
                        | II
                        - CRITERES
                        DU JUGEMENT EN EXPOSITION | Apprécier un phénomène
                quelconque, c'est se situer par rapport à un
                certain nombre de références, ce qui permettra
                de le classer dans l'étendue de la variation que
                l'on peut rencontrer. Chaque référence retenue
                conduit à une gamme d'appréciations
                différentes : beauté, aptitudes, caractères,
                robustesse, etc...  Ainsi le jugement d'un
                chien revient à examiner et apprécier les
                régions du corps, de même que l'ensemble de sa
                morphologie (ce que l'on appellera souvent type).
                Cet examen permet de situer l'animal par rapport
                à des normes précises, ordonnées et codifiées
                que l'on appelle le standard.
 Celui-ci est aussi limitatif qu'un code pénal :
 
                    
                        |  | Tout ce qui est
                        dans le standard doit être pris en
                        compte, tout ce qui n'y figure pas n'a
                        pas de valeur normative. |  Mais si précise que soit
                la rédaction d'un standard, elle fait appel à
                des notions apptoximatives, comme forte ossature,
                côtes assez plates, etc...
 Ces termes sont en réalité bien parlants pour
                une personne expérimentée, qui connaît l'anatomie
                et la construction du chien en général, sans se
                limiter au cas d'une seule race ou d'un seul
                modèle. Cest justement une connaissance étendue
                qui permet de situer l'individu dans la variation
                de l'espèce.
 
 En principe cela devrait suffire pour l'appréciation.
                En fait le juge est limité par les conditions
                techniques de l'appréciation : nécessité d'aller
                vite, tâches accessoires, éclairage et nature
                du sol, oubli du libellé exact du standard. Il
                aura par contre enregistré les éléments
                généraux qui caractérisent les meilleurs
                sujets et qu'il baptisera type. On le verra alors,
                non plus juger par référence aux régions du
                corps, mais par comparaison aux divers
                contemporains qui lui sont présentés.
 
 Il y sera poussé par l'avis du Club, celui de
                ses collègues, la pression des éleveurs
                influents, et on observera peu à peu des
                glissements par rapport au standard.
 Parfois ceux-ci porteront sur l'exagération d'une
                qualité, aboutissant à l'hypertype.
 Très souvent ils conduiront à de telles
                déviations que le standard paraîtra différent
                de ce qui est souhaité! Dans ce cas on
                préconisera souvent de corriger le standard pour
                l'ajuster à la demande, au nom de motifs
                spécieux, alors qu'en fait cela traduira une
                déviation de la race. Mais le principe
                scientifique de la comparaison aux contemporains
                n'est pas erroné, il est largement appliqué
                pour l'évaluation des vaches laitières.
 Nous avons simplement ici
                deux grilles distinctes de lecture qui ne se
                recouvrent que partiellement. Le zootechnicien
                préconisera la première, l'amateur d'une race
                préférera la seconde. Or la race elle-même, et
                donc sa description, sont relatives à tout un
                ensemble de populations voisines. Toute race tend
                à glisser de son modèle initial vers un autre
                si on ne maintient pas fermement les rênes. Or,
                cette race ne s'est isolée que parce qu'elle
                correspondait à une demande, qui a justifié sa
                fixation. Si la demande évolue, soit par mode,
                soit par changement des aptitudes recherchées,
                la race devra évoluer sous peine de disparaître. Le jugement sur le type
                retrouve ici une supériorité par rapport au
                standard, car il permet toutes les adaptations, y
                compris d'ailleurs celles du clientélisme.
 Deux grands courants semblent s'affronter
                dans le monde sur les motivations de l'identité
                ethnique.
 
 Pour les uns, seule l'apparence compte, qu'il s'agisse
                de la construction ou du pelage, du brio, de l'élégance.
                La compétition se fera alors sur des critères
                de pur esthétisme, que nous tendons à baptiser show.
                Cela n'est pas choquant, il y a bien une valeur
                accordée aux sculptures, aux tableaux, pourquoi
                n'y en aurait-il pas pour les formes vivantes?
 L'appréciation va dès
                lors tenir compte de la présentation,
                c'est à dire du dressage à des positions ou
                allures conventionnelles, du toilettage, c'est à
                dire du maquillage de l'apparence. 
                    
                        |  | Nous ne
                        sommes plus dans une logique de
                        sélection, mais dans une logique de
                        spectacle, qu nul ne peut condamner si le
                        spectacle plaît. |  Pour les autres, notamment
                en France, la race n'a de justification que dans
                les aptitudes sélectionnées sous ce terme :
                chasse, défense, course, tendresse,etc... Dès lors les concours d'utilistaion trouvent une
                primauté qui pourraît faire disparaître la
                notion de modèle au seul profit du résultat. Le
                danger est alors de ne plus pouvoir effectuer de
                prévision au seul vu de l'apparence. Il devient
                nécessaire de maintenir la conformité
                au satndard, qui devient non plus un
                objectif en soi, mais la garantie que le
                contenant recouvrira bien un contenu de qualité.
                Le jugement vise alors à chercher des indices de
                valeur au traavers de la morphologie, c'est ce
                que l'on appelle le lien morphologie-aptitudes.
 Cette conception est très
                ancrée chez nos juges et éleveurs, mais elle ne
                paraît pas toujours reposer sur des bases
                rigoureuses. D'ailleurs la SFC n'a jamais réussi
                à bâtir un séminaire sur le thème morphologie-aptitudes
                malgrè nos souhaits. Cela mérite des études,
                car il y a néanmoins des liens ou des
                corrélations qui ne sont pas toujours ce que l'on
                pensait.Nous voyons donc déjà apparaître 4 grilles qui
                conduisent à des hiérarchies différentes. La
                formation des juges, les règlements des
                expositions, les tendances de la demande, vont
                orienter les jugements plutôt vers telle ou
                telle, parfois, mais plus rarement vers une seule.
 La logique show,
                type, nous paraît la plus répandue,
                avec un bon noyau accroché au lien
                morphologie aptitudes.
 La logique conformité au standard
                est si faible que nous pensons qu'il faut la
                réserver aux régionales et nationales d'élevage,
                avec des fiches d'évaluation du respect du
                standard, au moins en commission de sélection.
                Ces fiches devront naturellement être rendues
                publiques pour servir l'élevage.
 
 
                    
                        | III
                        - INCONVENIENTS
                        DES EXPOSITIONS | 1)
                VALEUR SELECTIVE Rappelons que la formation
                des juges est de type compagnonnage, obtenue au
                cours d'assessorats où l'impétrant est censé
                recevoir une formation.
 Mais les formateurs n'ont jamais reçu d'initiation
                pédagogique pour faire passer leur message. Bien
                que la réglementation leur fasse obligation d'assister
                à des séances teechniques, celles-ci n'ont pas
                été mises sur pied par la SCC.
 On peut donc dire que les
                formateurs sont ceux qui à titre technique ou
                autre ont la confiance du Président du Club. Beaucoup sont
                expérimentés et jugent plutôt sur le type ou
                le show, ce qui conduit à une lente dégradation
                de l'information fournie aux élèves juges.
                Certains d'entre eux compenseront par un travail
                personnel, mais ils n'y sont pas tenus. Le fait
                que l'examen dit parallèle soit souvent un
                rituel de compagnonnage plutôt qu'une épreuve,
                renforce la sujétion psychique du candidat. D'ailleurs
                cet examen parallèle n'est exigé que pour une
                première candidature.
 Incohérence des buts, incohérence des pratiques,
                incohérence des textes, insuffisance de soutien
                aux juges, toute puissance des Clubs, toutes les
                conditions sont réunies pour faire peser un
                doute sur la valeur sélective des expositions,
                alors que nul ne contestera leur valeur
                publicitaire pour l'exposant, l'éleveur et la
                race.
 
 2) CONSEQUENCES
                SUR LA MORPHOLOGIE 
                    
                        |  | Hypertype
                        et manque de type |  Le système tendra à
                privilégier le chien qui se dégage du lot par
                une prestance particulière. On
                rique alors fréquemment l'hypertype
                qui est une exagération d'un détail recherché,
                au point de nuire à la fonction, voire à la
                santé.Ce sont de telles déviations qui ont conduit le
                Conseil de l'Europe à demander en 1996 des
                modifications de standard, voire des
                interdictions d'élever, et cela pour une
                quarantaine de races.
 
 La SFC a fourni le texte à chaque club, mais
                sans susciter d'intérêt quelconque, l'opinion s'étant
                focalisée sur la coupe de queue et la coupe d'oreilles.
 La Commission Zootechnique
                de la SCC a pourtant rappelé que l'hypertype
                est un motif de non confirmation au même
                degré que le manque de type. Et pourtant le pelage des lévriers afghans ou
                des Cockers américains est bien loin de la
                fonction.
 Que dire des plis du Sharpei, du museau du Boxer,
                du dessus des Bergers allemands, des pattes des
                Teckels britanniques, de la poitine de certains
                Azawakh, des poils faciaux des Briards, de la
                mythologie des ergots, etc....
 L'expressiion manque de type va
                elle-même susciter des ambiguités.
 
 La Commission Zootechnique de la SCC l'a
                malheureusement définie sur des critères
                zootechniques, c'est à dire sur l'absence des
                caractères ethniques, ceux qui parmettent de
                distinguer un Teckel d'un lévrier.
 Nous dirons : manque de
                type= corniaud....
 Mais les cynophiles entendent au contraire une
                absence de qualités recherchées dans la race.
 Un lévrier lourd, massif et à membres un peu
                courts, ne sera plus dans le type, bien qu'il
                soit lévrier.
 La présentation
                en main type FCI recherche un chien
                levant la tête avec fierté (ou arrogance) avec
                un poitrail bien avancé, un dessus oblique et
                descendant vers l'arrière, des membres
                postérieurs allongés sans angulation dans le
                prolongement du dessus.La généralisation de cette pratique aboutit à
                des défauts graves.
 
 D'une part le sternum va basculer vers l'avant,
                se relever sur le larynx, l'appendice xiphoîde
                se plaçant entre les coudes.
 Le chien a fort belle allurre, l'absence de
                côtes asternales accentue la silhouette
                trapézoïdale recherchée.
 
 On aboutit soit à des poitrine retranchées avec
                disparition ou déformation des côtes asternales,
                voire éversion costale avec flottement de l'hypochondre.
 Cela gagne beaucoup de races.
 Nous avons ainsi été
                mandaté pour examiner un chien titulaire de plus
                de 20 CACIB, de 5 Best in Show, vainqueur de
                Championnat de France, etc...et... refusé à la
                confirmation. Cet animal avait un manubrium sternal contigue au
                larynx, le xiphoïde en avant des coudes, les
                jonctions costales remplacées par un amas osseux
                sphéroïde, le "ventre de batracien"
                et en outre...un articulé dentaire avec les deux
                arcades incisives croisées orthogonalement.
 Il faudrait donc veiller,
                dans toutes les races, à ce que le manubrium ne
                dépasse pas la hauteur de l'articulation scapulo-humérale,
                car ces monstres anatomiques ont énormément d'allure
                dans un ring. La descente du dessus (le dos) conduit à des
                déplacements de l'articulation coxo-fémorale
                aujourd'hui bien connus.
 
 Mais pour tenir en statique prolongée, le chien
                va transférer son centre de gravité vers l'avant
                avec apparition de dysplasies du coude, ou tout
                au moins d'arthroses du coude.
 L'angulation des jarrets
                va s'inverser et devenir plus ou moins mobile,
                préfigurant de graves difficultés de locomotion.le phénomène est présent dans deiverses races
                où le standard précise faibles angulations,
                comme chez ceratains molosses ou chiens nordiques,
                si la mise au travail n'accomplit pas la
                régulation nécessaire. peu à peu, l'oeil du
                juge s'accoutume à ces silhouettes et ne voit
                plus le dos voussé ni le jarret inversé.
 Dans d'autres races la
                présence de doubles ergots, parfois ossifiés,
                apparaît si souhaitable qu'elle va entraîner
                une forte panardise nécessaire pour laisser
                place aux ergots. Toute la structure des membres
                postérieurs en sera affectée. Dans telle race on va
                souhaiter un garrot plus bas ou plus haut que la
                croupe, avec panardise intense du membre
                concerné pour provoquer la hauteur souhaitée. 3) ALLURES ARTIFICIELLES
 La présentation
                à l'américaine recherche souvent un
                parallélisme du mouvement des membres,
                accompagné parfois de raideur du carpe. On verra ainsi, bien des vainqueurs marcher comme
                s'ils avaient fait dans leur culotte.
 Certaines démarches primées sur les rings ne
                sont pas plus normales que celles des femmes dans
                les défilés de mannequins.
 
 Rappelons que tous les chiens sont appelés à se
                déplacer au galop. Dans cette allure les
                antérieurs passent entre les postérieurs. Par
                conséquent, l'ergot va gêner l'allure, et il
                sera normal d'avoir des antérieurs légèrement
                cagneux et de postérieurs légèrement panards.
                C'est aussi ce que l'on observe chez les cracks
                de cynodrome.
 
 Au trot rapide, les membres tendent à se
                rapprocher du bas jusqu'à laisser parfois une
                trace en ligne sur le sol, alors que la démarche
                en tricycle recherchée sur le rings est une
                hérésie fonctionnelle. Un vélo tourne mieux qu'un
                triporteur.
 
 On pourrait multiplier les exemles. Ce qu'il
                faudrait c'est qu'un oeil averti mais neuf (un
                juge d'une autre race, un zootechnicien, etc..)
                vienne périodiquement regarder les nationales d'élevage
                pour donner son sentiment.
 Des séances d'harmonisation, de
                formation, d'explication, sont nécessaires pour
                les juges qui tiennent à sélectionner.
 Ceux qui se spécialisent
                dans le show auront plutôt besoin de coiffeur et
                de tailleur, mais aujourd'hui nous ne parlons que
                d'appréciation zootechnique.Au lieu de crier après les juges en leur
                prêtant telle ou telle turpitude, il vaudrait
                mieux les former et les encadrer, sans brimades,
                pour que leur immense dévouement à la cause
                canine ne soit pas motif à avanies.
 Il serait également salutaire que les exposants
                aillent vers les juges sérieux.
 
 Aujourd'hui, du fait de l'impact publicitaire,
                beaucoup ne cherchent qu'à gagner quelque soit
                le chien. Ils se tourneront alors vers le juge
                inconstant ou désinvolte, donc capable de primer
                un sujet médiocre.
 
 Réfléchissons au phénomène paradoxal :
 Si les jugements étaient rigoureux, on
                connaîtrait pratiquement le vainqueur dès la
                liste des engagements établis. Donc ceux qui
                viennent avec un moins bon chien espèrent que le
                juge se trompera en leur faveur.
 La réussite commerciale
                des expositions est largement fondée sur la
                présomption d'incompétence des juges! Heureusement il y a les naïfs d'une part, et les
                vrais sélectionneurs d'autre part, qui attendent
                du juge plus de sérieux. Leur permanence dans
                les expositions atteste que la présomption d'incompétence
                n'est pas fatale.
 Nous terminons ce chapitre
                en rappelant qu'on n'améliore pas une
                conformité au standard. Le chien est ou n'est
                pas conforme. Le progrès ne sera donc pas
                individuel mais collectif : la race aura
                progressé quand il y aura davantage de chiens
                conformes. D'où l'intérêt technique de fiches
                de pointage et d'évaluation. 4) REGLEMENTS
 Le règlement joue un
                grand rôle.
 Ainsi chacun admet aujourd'hui que la dysplasie
                coxo-fémorale apparaît chez des sujets
                génatiquement prédisposés lorsqu'il y a
                conjonction d'excès de calcium, alourdissement
                du corps, grande vitesse de croissance.
 
 Par conséquent toute recherche de précocité ou
                d'apparence massive aura des effets de sélection
                en faveur des gènes de dysplasie.
 
 Or, nous voyons la SCC, malgrè une mise en garde,
                voter la création d'une class pupilles qui va
                apporter de l'argent aux caisses des régionales
                au détriment des risques de dysplasie.
 La classe débutants était déjà une erreur
                technique, alors que nous aurions au contraire
                besoin de classes vétérans pour mesurer la
                bonne longévité des chiens et démontrer aux
                sceptiques la valeur du chien de race.
 Tout se passe comme si on
                considérait le chien d'exposition comme un
                simple objet vite jetable qui doit rapporter des
                récompenses rapides. Ici encore, l'exposition va à l'encontre des
                missions confiées à la SCC par les pouvoirs
                publics.
 
 En effet, l'exposant en pupilles ou débutants va
                rechercher le chiot le plus vite fini pour gagner.
                Il va donc privilégier la vitesse de croissance
                et la suralimentation, c'est à dire les facteurs
                générateurs de dysplasie.
 
 Le toilettage, autoriséa ou non, relève du
                maquillage à des fins esthétiques. Les
                teintures, elles, sont carrément de la fraude.
 
 Mais le pire est la présentation en
                mains.
 
 On autorise là des manipulations anatomiques qui
                permettent aux aux exposants profesionnels ou
                expérimentés de corriger de nombreux défauts,
                et donc de tromper l'oeil du juge.
 Combien de vainqueurs
                éblouissants dans le ring, ne font-ils pas
                triste figure dans la cage, quand on accepte de
                les y laisser !
 Cette présentation ne devrait être autorisée
                que dans la phase de classement des meilleurs,
                une fois que le juge aura pu examiner les chiens
                dans leur construction réelle.
 Il est vrai que nous
                voyons de plus en plus de chiens dressés à la
                présentation, sans qu'il soit nécessaire de les
                manipuler.
 Diverses fraudes (teintures, injection de liquide
                pour faire descendre la poitrne, prothèses,
                interventions chirurgicales, interversion d'animaux,
                etc...) ont été signalés, mais elles
                paraîssent encore marginales.
 
 De toute façon on ne peut éviter la fraude qu'au
                prix de contraintes qui pénaliseraient
                lourdement l'immense majorité des concurrents
                honnêtes et feraient disparaître la
                convivialité ambiante.
 5) SUR LE COMPORTEMENT
 Les américains
                ont démontré qu'il y avait une corrélation
                négative entre le caractère du chien et la
                victoire en exposition.
 Rappelons que les schémas français et
                américains sont si différents dans beaucoup de
                races qu'on ne peut pas transposer simplement ces
                observations.
 
 Toutefois la présentation arrogante
                souvent recherchée est celle d'un signal
                de dominance, et comme l'homme tient la
                laisse, de pseudo dominance à vocation d'intimidation.
 
 On peut alors sélectionner des agressifs ou des
                craintifs masqués.
 
 Nous verrons parfois des sujets conditionnés au
                tapis roulant, suspendus à un potence pour
                allonger l'encolure, voire des cas de
                tétanisation spontanée ou provoquée par divers
                curarisants, de façon à ce que le chien garde
                la pose.
 Mais l'examen aux allures ou en laisse flottante
                suffit à écarter ces riques.
 6) CONDITIONS
                TECHNIQUES
 Bien des reproches faits
                au juge sont immérités, car ils sont la
                conséquence des conditions d'examen que lui
                impose l'organisateur. Comment juger sous la pluie battante, dans un
                ring exigu, avec un sol chaotique, de l'herbe
                haute ?
 Comment apprécier les coloris sans tenir compte
                de la luminosité environnante?
 
 Quel temps a-t-on laissé aux juges pour officier
                avant les spectacles de l'après midi et selon l'heure
                d'arrivée des premiers concurrents?
 
 A-t-il été prévenu des races à juger pour lui
                permettre de réviser leurs standards ?
 
 Combien de sujets a-t-il à juger, à confirmer?
 
 Quelles formations ont reçu les commissaires de
                ring, les secrétaires qui vont rédiger les
                notes avec parfois de cocasses quiproquos qui
                seront imputés au juge?
 
 Les quelques lignes disponibles sur un "slip"
                de carnet de juge sont beaucoup pour un juge qui
                ne juge que le type mais bien peu pour celui qui
                passe chaque région en revue.
 
 Doit-on mentionner tout ce qui est normal ou
                complet ou seulement les imperfections au risque
                de ne voir figurer que des défauts pour le
                vainqueur et que des qualités pour les derniers.
 
 Les mensurations ne demandent qu'un mètre de
                coututière et une toise. Encore faudrait-il que
                cette dernière ait une double potence assurant
                un minimum d'orthogonalité.
 7) FAUSSES
                CROYANCES
 
 La cynophilie est une
                montagne de légendes techniques,
                dues pour la plupart à la généralisation de
                cas particuliers, ou de fausses interprétations.
                On verra alors certains juges exiger tel détail
                ou subordonner leur appréciation à un autre. La
                SFC a souvent vilipendé ces erreurs.
 
 Rappelons que le ladre, qui est une
                dépigmentation des zones glabres de la peau, n'est
                en aucun cas une anomalie.
 Il est normal si le chien a un gène de panachure.
 On peut par contre le refuser pour motif
                esthétique.
 
 L'oeil foncé est une qualité majeure pour
                beaucoup de juges allemands, comme la denture
                complète est un dada fréquent chez les
                français.
 Rappelons que les
                machoires des canidés préhistoriques avaient
                les mêmes absences dentaires qu'aujourd'hui, et
                que dans les races qui travaillent les dentures
                sont complètes que l'on soit sévère ou non.
 La Commission Zootechnique de la SCC souhaite de
                la bienveillance sur ces points, mais elle n'est
                guère suivie.
 Combien de liaisons
                imaginaires (oeil clair et caractère peureux,
                pigmentation liée à la couleur de la nourrice,
                cordon ombilical coupé par les PC1 etc...) n'avons-nous
                pas lu ou entendu ici ou là.? Cela démontre l'intérêt
                de débats techniques sur les critères de
                jugements.  
 
                    
                        | IV
                        - AVANTAGES
                        DES EXPOSITIONS | A suivre ce qui précède
                on pourrait se demander à quoi servent les
                expositions au plan zootechnique.
 En fait elles sont irremplaçables et il
                faudrait les inventer si elles n'existaient pas.
 Les critiques portent sur
                des imperfections pratiques et non sur le
                principe. Qui plus est, elles sont avant tout le
                reflet du succès des expositions, qui engendre
                les principales déviations.
 Enfin notons que les principaux reproches portent
                sur le vainqueurs, c'est à dire ceux qui ont
                été primés sur un élément parfois
                contestable au milieu d'excellents sujets.
 
 Ceux-ci par contre sont presque toujours proches
                du standard et sans exagération.
 
 On peut dire que l'exposition est une
                confrontation indispensable entre une majorité
                du cheptel de tête et un effectif moyen, souvent
                venu à l'occasion d'une confirmation.
 Notons également que
                lorsqu'on fait le tri des meilleurs de groupe on
                observe tout de même une nette majorité
                de beaux sujets.
 Comme nous l'avons répété, la soumission de
                nombreuses races à des vérifications d'aptitudes
                est un rectificatif qui
                compense les erreurs créées par la tendance FCI..
 
 L'exposition sert aussi à montrer les races, à
                permettre le débat entre éleveurs,
                propriétaires et futurs acquéreurs.
 Elle est donc le
                pilier de l'élevage sans lequel les
                races s'étioleraient. L'eposition permet aux
                éleveurs de se faire leur propre opinion sur les
                sujets exposés, qu'elle coïncide ou non avec
                celle du juge. Elle évite donc les glissements
                involontaire hors du type.
 Elle permet, par les lots d'élevage, de mesurer
                l'impact de tel ou tel géniteur, l'homogénéité
                d'un affixe.
 
 La confrontation des opinions permet la
                détermination d'un prix et un choix raisonné.
 Elle montre la nécessité
                d'une éducation minimale pour chaque chien et
                founit l'initiaion des néophytes grâce à
                laquelle la cynophilie pourra perdurer. 
 V - CONCLUSION Comme toujours, il y a plus à dire sur ce qui ne
                va pas que sur ce qui va.
 
 N'oublions pas qu'avec plus de 100
                Expositions par an regroupant 100 000 exposants,
                le système doit convenir à ses adeptes.
 
 Les griefs sont en fait plus du dépit amoureux
                que du rejet.
 
 Ceux qui oeuvrent pour le chien de race,
                éleveurs, juges, dirigeants voudraient
                améliorer le système et l'épurer.
 
 Mais ils se heurtent à l'inertie de la masse et
                à la désespérante nonchalance de la direction
                de la SCC, qui argue de la réussite commerciale
                pour ne pas entreprendre de modernisation, grâce
                à la protection que lui offre le monopole de la
                sélection.
 
 Il existe bien une concurrence avec les foires
                aux chiens, mais celles-ci ont une vocation
                marchande plus affirmée qui n'améliore en rien
                les perspectives techniques.
 
 Seule la prise en compte d'un réel système
                sélectif pourrait apporter du progrès, à
                condition de ne pas tomber dans une déviation
                technocratique qui n'apporterait rien de bon.
 En fait le remplacement de l'amateurisme par un
                bon professionnalisme serait probablement la
                solution du progrès.
 
 C'est toute la filière canine qui devra un jour
                se réorganiser si nous ne voulons pas que d'autres
                nous imposent la leur.
 Guy Quéinnec
 SFC, Séminaire des 28 et
                29 novembre 1997, ENVT
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