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Intérêt et
inconvénients des expositions canines
Guy
QUEINNEC
I -
INTRODUCTION
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|
L'exposition
canine est un lieu où des personnes, appelées
exposants, viennent présenter un ou pliusieurs
chiens à l'appréciation d'un juge, nommé par
la Société Centrale Canine sur proposition du
club de race, seul reconnu par la SCC pour la
gestion de la race.
Les expositions
font l'objet de règlements précis et
prétendent remplir une fonction de sélection et
de publicité pour les races, tout en ofrant un
spectacle au public.
Ces trois aspects
sont inégalement répartis.
Dans la gamme nous trouverons :
|
Présentations
canines
|
Elles n'ont
pas de valeur sélective,
seulement de publicité, et ne
délivrent pas de titres. Elles
sont souvent assorties de
séances de confirmation qui
permettent l'inscription de
géniteurs potentiels. |
Expositions
multiraces nationales
|
Elles
attribuent un Certificat
d'Aptitude au Championnat de
Conformité au Standard (CACS)
et présentant donc une fonction
sélective.
Regroupant environ 500 à 1500
chiens, elles accordent plus de
place aux fonctions de sélection
et de publicité qu'au show.
Mais au fil des années, la part
dévolue à la sélection a
diminué, pour des motifs parfois
économiques, le plus souvent en
raison de la dévalorisation du
CACS aux yeux des clubs de race,
des exposants, et hélas parfois
de certains juges.La
compétition y est souvent faible
et l'indulgence sera d'autant
plus acquise que le juge connaît
les exposants, quand il n'a pas
lui même sollicité leur venue
pour des motifs de rentabilité,
de prestige, de nécessité (
satisfaire aux règlement du
cursus de juge).
Les
juges qualifiés mais aussi les
staiaires y sont autorisés, ces
derniers ayant besoin de juger 3
ou 4 fois pour être qualifiés.
Les juges sont choisis par l'organisateur.
La règlementation elle-même
tend donc à considérer les
expositons à CACS comme de
épruves pour débgutants, ce qui
pèse parfois lourd sur leur
réussite.
|
Les
Régionales ou Nationale d'Elevage
|
Réservées
à une seule race, ou à un
groupe géré par le même Club,
et sont une réponse à la
dévaluation du CACS.*
* Note: On y attribue en effet le
CACS dans le cadre spécial de la
race et celui-ci s'en trouve
valorisé)
Le Club choisit les juges et
accorde donc plus de foi à leur
appréciation.
Cela peut reposer sur des
critères de compétence accrue,
mais aussi sur des répartitions
de récompenses entre les
exposants membres du Comité du
Club et donc décideurs de l'invitation.
Nous avons ainsi participé à
des réunions où la future
distribution dse faisait un an à
l'avance.
Dans un autre cas le délégué
régional, organisateur, a fait
un éclat et démissionné pour n'avoir
pas obteenu le CACs malgrè les
services rendus.
Ces expositions sont donc d'une
extrême ambiguité, les plus
sérieuses dans les Clubs
sérieux, les plus frelatées
dans d'autres.
Leur règlement est particulier
et autorise à connaître les
origines, à faire un jugement
collectif. Mais cela est
inégalement appliqué.
On peut dire que lorsqu'il y a un
jugement collectif au stade
ultime, quelles qu'en soient les
modalités, il y a une volonté
de sérieux sélectif.
Lorsque le jugement est analogue
à toute exposition il y a
volonté d'en faire une
consolante de Longchamp, une
récompense pour services rendus
dans le meilleur cas, un
remboursement d'échanges mutuels
dans le pire.
Une bonne mesure de moralisation
consisterait à y interdire les
engagements de tout éleveur
membre du Comité du Club de race. |
Les
Expositions internationales
|
Gérées
par la FCI, elles accordent le Certificat
d'Aptitude au Championnat
International de Beauté
(CACIB) Les juges
y sont obligatoirement qualifiés,
et la plupart sont très
expérimentés.
Mais la FCI déniant toute valeur
au travail, préconise le show de
type anglo-saxon, avec tous les
maquillages de présentation ou
de toilettage.
La SCC elle-même, à l'Exposition
de Longchamp, suit cette voie, d'une
part en organissant des concours
de présentateurs, d'autre part
en plaçant les juges dans les
conditions techniques qui
interdisent toute analyse
sérieuse des concurrents.
|
Nous
avons ainsi vu en 1997
triompher une femelle
Whippet qui dépasse
nettement la limite de
taille exigée pour la
confirmation, qui est
déjà elle-même de 2cm
supérieure à la limite
du standard.
L'Exposition de Longchamp,
qui offre accès au
Championnat, est en
réalité une vitrine
publicitaire usurpant une
prétendue fonction de
sélection. |
|
|
Une
partie des incohérences est due à ce que, soit
pour des raisons politiques, soit pour permettre
d'assurer un cartel de juges, les organisateurs
font appel à des juges étrangers multiraces,
qui n'ont ni la même formation, ni les mêmes
critères que les juges français.
On assiste alors à un paradoxe bien français :
les Clubs be nomment pas certains candidats juges
multiraces au nom de leur compétence présumée,
mais se satisfont des résultats décernés sur d'autres
normes de standard et de jugement par des juges
qu'ils ne contrôlent pas. Cela contribue à
dévaloriser les juges français par rapport à
leurs collègues étrangers.
A la demande de la SCC nous avons proposé de
corriger diverses anomalies et d'instaurer des
juges de groupes, mais le projet, pourtant voté
par le Comité, a été renvoyé et enterré par
le Président Michel.Il n'est même pas encore
publié pour analyse.
Nous voyons donc déjà, sur cette simple
nomenclature apparaître incohérences,
contradictions, entraînant de grandes
divergences sur les aventages et les
inconvénients des expositions canines. Cela
provient artie des critères adotés pour y juger,
au delà de l'objectif fourni à la galerie ou au
profane et qui sera toujours de sélectionner le
meilleur.
II
- CRITERES
DU JUGEMENT EN EXPOSITION
|
Apprécier un phénomène
quelconque, c'est se situer par rapport à un
certain nombre de références, ce qui permettra
de le classer dans l'étendue de la variation que
l'on peut rencontrer.
Chaque référence retenue
conduit à une gamme d'appréciations
différentes : beauté, aptitudes, caractères,
robustesse, etc...
Ainsi le jugement d'un
chien revient à examiner et apprécier les
régions du corps, de même que l'ensemble de sa
morphologie (ce que l'on appellera souvent type).
Cet examen permet de situer l'animal par rapport
à des normes précises, ordonnées et codifiées
que l'on appelle le standard.
Celui-ci est aussi limitatif qu'un code pénal :
|
Tout ce qui est
dans le standard doit être pris en
compte, tout ce qui n'y figure pas n'a
pas de valeur normative. |
Mais si précise que soit
la rédaction d'un standard, elle fait appel à
des notions apptoximatives, comme forte ossature,
côtes assez plates, etc...
Ces termes sont en réalité bien parlants pour
une personne expérimentée, qui connaît l'anatomie
et la construction du chien en général, sans se
limiter au cas d'une seule race ou d'un seul
modèle. Cest justement une connaissance étendue
qui permet de situer l'individu dans la variation
de l'espèce.
En principe cela devrait suffire pour l'appréciation.
En fait le juge est limité par les conditions
techniques de l'appréciation : nécessité d'aller
vite, tâches accessoires, éclairage et nature
du sol, oubli du libellé exact du standard. Il
aura par contre enregistré les éléments
généraux qui caractérisent les meilleurs
sujets et qu'il baptisera type. On le verra alors,
non plus juger par référence aux régions du
corps, mais par comparaison aux divers
contemporains qui lui sont présentés.
Il y sera poussé par l'avis du Club, celui de
ses collègues, la pression des éleveurs
influents, et on observera peu à peu des
glissements par rapport au standard.
Parfois ceux-ci porteront sur l'exagération d'une
qualité, aboutissant à l'hypertype.
Très souvent ils conduiront à de telles
déviations que le standard paraîtra différent
de ce qui est souhaité! Dans ce cas on
préconisera souvent de corriger le standard pour
l'ajuster à la demande, au nom de motifs
spécieux, alors qu'en fait cela traduira une
déviation de la race. Mais le principe
scientifique de la comparaison aux contemporains
n'est pas erroné, il est largement appliqué
pour l'évaluation des vaches laitières.
Nous avons simplement ici
deux grilles distinctes de lecture qui ne se
recouvrent que partiellement. Le zootechnicien
préconisera la première, l'amateur d'une race
préférera la seconde.
Or la race elle-même, et
donc sa description, sont relatives à tout un
ensemble de populations voisines. Toute race tend
à glisser de son modèle initial vers un autre
si on ne maintient pas fermement les rênes. Or,
cette race ne s'est isolée que parce qu'elle
correspondait à une demande, qui a justifié sa
fixation. Si la demande évolue, soit par mode,
soit par changement des aptitudes recherchées,
la race devra évoluer sous peine de disparaître.
Le jugement sur le type
retrouve ici une supériorité par rapport au
standard, car il permet toutes les adaptations, y
compris d'ailleurs celles du clientélisme.
Deux grands courants semblent s'affronter
dans le monde sur les motivations de l'identité
ethnique.
Pour les uns, seule l'apparence compte, qu'il s'agisse
de la construction ou du pelage, du brio, de l'élégance.
La compétition se fera alors sur des critères
de pur esthétisme, que nous tendons à baptiser show.
Cela n'est pas choquant, il y a bien une valeur
accordée aux sculptures, aux tableaux, pourquoi
n'y en aurait-il pas pour les formes vivantes?
L'appréciation va dès
lors tenir compte de la présentation,
c'est à dire du dressage à des positions ou
allures conventionnelles, du toilettage, c'est à
dire du maquillage de l'apparence.
|
Nous ne
sommes plus dans une logique de
sélection, mais dans une logique de
spectacle, qu nul ne peut condamner si le
spectacle plaît. |
Pour les autres, notamment
en France, la race n'a de justification que dans
les aptitudes sélectionnées sous ce terme :
chasse, défense, course, tendresse,etc...
Dès lors les concours d'utilistaion trouvent une
primauté qui pourraît faire disparaître la
notion de modèle au seul profit du résultat. Le
danger est alors de ne plus pouvoir effectuer de
prévision au seul vu de l'apparence. Il devient
nécessaire de maintenir la conformité
au satndard, qui devient non plus un
objectif en soi, mais la garantie que le
contenant recouvrira bien un contenu de qualité.
Le jugement vise alors à chercher des indices de
valeur au traavers de la morphologie, c'est ce
que l'on appelle le lien morphologie-aptitudes.
Cette conception est très
ancrée chez nos juges et éleveurs, mais elle ne
paraît pas toujours reposer sur des bases
rigoureuses. D'ailleurs la SFC n'a jamais réussi
à bâtir un séminaire sur le thème morphologie-aptitudes
malgrè nos souhaits.
Cela mérite des études,
car il y a néanmoins des liens ou des
corrélations qui ne sont pas toujours ce que l'on
pensait.
Nous voyons donc déjà apparaître 4 grilles qui
conduisent à des hiérarchies différentes. La
formation des juges, les règlements des
expositions, les tendances de la demande, vont
orienter les jugements plutôt vers telle ou
telle, parfois, mais plus rarement vers une seule.
La logique show,
type, nous paraît la plus répandue,
avec un bon noyau accroché au lien
morphologie aptitudes.
La logique conformité au standard
est si faible que nous pensons qu'il faut la
réserver aux régionales et nationales d'élevage,
avec des fiches d'évaluation du respect du
standard, au moins en commission de sélection.
Ces fiches devront naturellement être rendues
publiques pour servir l'élevage.
III
- INCONVENIENTS
DES EXPOSITIONS
|
1)
VALEUR SELECTIVE
Rappelons que la formation
des juges est de type compagnonnage, obtenue au
cours d'assessorats où l'impétrant est censé
recevoir une formation.
Mais les formateurs n'ont jamais reçu d'initiation
pédagogique pour faire passer leur message. Bien
que la réglementation leur fasse obligation d'assister
à des séances teechniques, celles-ci n'ont pas
été mises sur pied par la SCC.
On peut donc dire que les
formateurs sont ceux qui à titre technique ou
autre ont la confiance du Président du Club.
Beaucoup sont
expérimentés et jugent plutôt sur le type ou
le show, ce qui conduit à une lente dégradation
de l'information fournie aux élèves juges.
Certains d'entre eux compenseront par un travail
personnel, mais ils n'y sont pas tenus. Le fait
que l'examen dit parallèle soit souvent un
rituel de compagnonnage plutôt qu'une épreuve,
renforce la sujétion psychique du candidat. D'ailleurs
cet examen parallèle n'est exigé que pour une
première candidature.
Incohérence des buts, incohérence des pratiques,
incohérence des textes, insuffisance de soutien
aux juges, toute puissance des Clubs, toutes les
conditions sont réunies pour faire peser un
doute sur la valeur sélective des expositions,
alors que nul ne contestera leur valeur
publicitaire pour l'exposant, l'éleveur et la
race.
2) CONSEQUENCES
SUR LA MORPHOLOGIE
|
Hypertype
et manque de type |
Le système tendra à
privilégier le chien qui se dégage du lot par
une prestance particulière. On
rique alors fréquemment l'hypertype
qui est une exagération d'un détail recherché,
au point de nuire à la fonction, voire à la
santé.
Ce sont de telles déviations qui ont conduit le
Conseil de l'Europe à demander en 1996 des
modifications de standard, voire des
interdictions d'élever, et cela pour une
quarantaine de races.
La SFC a fourni le texte à chaque club, mais
sans susciter d'intérêt quelconque, l'opinion s'étant
focalisée sur la coupe de queue et la coupe d'oreilles.
La Commission Zootechnique
de la SCC a pourtant rappelé que l'hypertype
est un motif de non confirmation au même
degré que le manque de type.
Et pourtant le pelage des lévriers afghans ou
des Cockers américains est bien loin de la
fonction.
Que dire des plis du Sharpei, du museau du Boxer,
du dessus des Bergers allemands, des pattes des
Teckels britanniques, de la poitine de certains
Azawakh, des poils faciaux des Briards, de la
mythologie des ergots, etc....
L'expressiion manque de type va
elle-même susciter des ambiguités.
La Commission Zootechnique de la SCC l'a
malheureusement définie sur des critères
zootechniques, c'est à dire sur l'absence des
caractères ethniques, ceux qui parmettent de
distinguer un Teckel d'un lévrier.
Nous dirons : manque de
type= corniaud....
Mais les cynophiles entendent au contraire une
absence de qualités recherchées dans la race.
Un lévrier lourd, massif et à membres un peu
courts, ne sera plus dans le type, bien qu'il
soit lévrier.
La présentation
en main type FCI recherche un chien
levant la tête avec fierté (ou arrogance) avec
un poitrail bien avancé, un dessus oblique et
descendant vers l'arrière, des membres
postérieurs allongés sans angulation dans le
prolongement du dessus.
La généralisation de cette pratique aboutit à
des défauts graves.
D'une part le sternum va basculer vers l'avant,
se relever sur le larynx, l'appendice xiphoîde
se plaçant entre les coudes.
Le chien a fort belle allurre, l'absence de
côtes asternales accentue la silhouette
trapézoïdale recherchée.
On aboutit soit à des poitrine retranchées avec
disparition ou déformation des côtes asternales,
voire éversion costale avec flottement de l'hypochondre.
Cela gagne beaucoup de races.
Nous avons ainsi été
mandaté pour examiner un chien titulaire de plus
de 20 CACIB, de 5 Best in Show, vainqueur de
Championnat de France, etc...et... refusé à la
confirmation.
Cet animal avait un manubrium sternal contigue au
larynx, le xiphoïde en avant des coudes, les
jonctions costales remplacées par un amas osseux
sphéroïde, le "ventre de batracien"
et en outre...un articulé dentaire avec les deux
arcades incisives croisées orthogonalement.
Il faudrait donc veiller,
dans toutes les races, à ce que le manubrium ne
dépasse pas la hauteur de l'articulation scapulo-humérale,
car ces monstres anatomiques ont énormément d'allure
dans un ring.
La descente du dessus (le dos) conduit à des
déplacements de l'articulation coxo-fémorale
aujourd'hui bien connus.
Mais pour tenir en statique prolongée, le chien
va transférer son centre de gravité vers l'avant
avec apparition de dysplasies du coude, ou tout
au moins d'arthroses du coude.
L'angulation des jarrets
va s'inverser et devenir plus ou moins mobile,
préfigurant de graves difficultés de locomotion.
le phénomène est présent dans deiverses races
où le standard précise faibles angulations,
comme chez ceratains molosses ou chiens nordiques,
si la mise au travail n'accomplit pas la
régulation nécessaire. peu à peu, l'oeil du
juge s'accoutume à ces silhouettes et ne voit
plus le dos voussé ni le jarret inversé.
Dans d'autres races la
présence de doubles ergots, parfois ossifiés,
apparaît si souhaitable qu'elle va entraîner
une forte panardise nécessaire pour laisser
place aux ergots. Toute la structure des membres
postérieurs en sera affectée.
Dans telle race on va
souhaiter un garrot plus bas ou plus haut que la
croupe, avec panardise intense du membre
concerné pour provoquer la hauteur souhaitée.
3) ALLURES ARTIFICIELLES
La présentation
à l'américaine recherche souvent un
parallélisme du mouvement des membres,
accompagné parfois de raideur du carpe.
On verra ainsi, bien des vainqueurs marcher comme
s'ils avaient fait dans leur culotte.
Certaines démarches primées sur les rings ne
sont pas plus normales que celles des femmes dans
les défilés de mannequins.
Rappelons que tous les chiens sont appelés à se
déplacer au galop. Dans cette allure les
antérieurs passent entre les postérieurs. Par
conséquent, l'ergot va gêner l'allure, et il
sera normal d'avoir des antérieurs légèrement
cagneux et de postérieurs légèrement panards.
C'est aussi ce que l'on observe chez les cracks
de cynodrome.
Au trot rapide, les membres tendent à se
rapprocher du bas jusqu'à laisser parfois une
trace en ligne sur le sol, alors que la démarche
en tricycle recherchée sur le rings est une
hérésie fonctionnelle. Un vélo tourne mieux qu'un
triporteur.
On pourrait multiplier les exemles. Ce qu'il
faudrait c'est qu'un oeil averti mais neuf (un
juge d'une autre race, un zootechnicien, etc..)
vienne périodiquement regarder les nationales d'élevage
pour donner son sentiment.
Des séances d'harmonisation, de
formation, d'explication, sont nécessaires pour
les juges qui tiennent à sélectionner.
Ceux qui se spécialisent
dans le show auront plutôt besoin de coiffeur et
de tailleur, mais aujourd'hui nous ne parlons que
d'appréciation zootechnique.
Au lieu de crier après les juges en leur
prêtant telle ou telle turpitude, il vaudrait
mieux les former et les encadrer, sans brimades,
pour que leur immense dévouement à la cause
canine ne soit pas motif à avanies.
Il serait également salutaire que les exposants
aillent vers les juges sérieux.
Aujourd'hui, du fait de l'impact publicitaire,
beaucoup ne cherchent qu'à gagner quelque soit
le chien. Ils se tourneront alors vers le juge
inconstant ou désinvolte, donc capable de primer
un sujet médiocre.
Réfléchissons au phénomène paradoxal :
Si les jugements étaient rigoureux, on
connaîtrait pratiquement le vainqueur dès la
liste des engagements établis. Donc ceux qui
viennent avec un moins bon chien espèrent que le
juge se trompera en leur faveur.
La réussite commerciale
des expositions est largement fondée sur la
présomption d'incompétence des juges!
Heureusement il y a les naïfs d'une part, et les
vrais sélectionneurs d'autre part, qui attendent
du juge plus de sérieux. Leur permanence dans
les expositions atteste que la présomption d'incompétence
n'est pas fatale.
Nous terminons ce chapitre
en rappelant qu'on n'améliore pas une
conformité au standard. Le chien est ou n'est
pas conforme. Le progrès ne sera donc pas
individuel mais collectif : la race aura
progressé quand il y aura davantage de chiens
conformes. D'où l'intérêt technique de fiches
de pointage et d'évaluation.
4) REGLEMENTS
Le règlement joue un
grand rôle.
Ainsi chacun admet aujourd'hui que la dysplasie
coxo-fémorale apparaît chez des sujets
génatiquement prédisposés lorsqu'il y a
conjonction d'excès de calcium, alourdissement
du corps, grande vitesse de croissance.
Par conséquent toute recherche de précocité ou
d'apparence massive aura des effets de sélection
en faveur des gènes de dysplasie.
Or, nous voyons la SCC, malgrè une mise en garde,
voter la création d'une class pupilles qui va
apporter de l'argent aux caisses des régionales
au détriment des risques de dysplasie.
La classe débutants était déjà une erreur
technique, alors que nous aurions au contraire
besoin de classes vétérans pour mesurer la
bonne longévité des chiens et démontrer aux
sceptiques la valeur du chien de race.
Tout se passe comme si on
considérait le chien d'exposition comme un
simple objet vite jetable qui doit rapporter des
récompenses rapides.
Ici encore, l'exposition va à l'encontre des
missions confiées à la SCC par les pouvoirs
publics.
En effet, l'exposant en pupilles ou débutants va
rechercher le chiot le plus vite fini pour gagner.
Il va donc privilégier la vitesse de croissance
et la suralimentation, c'est à dire les facteurs
générateurs de dysplasie.
Le toilettage, autoriséa ou non, relève du
maquillage à des fins esthétiques. Les
teintures, elles, sont carrément de la fraude.
Mais le pire est la présentation en
mains.
On autorise là des manipulations anatomiques qui
permettent aux aux exposants profesionnels ou
expérimentés de corriger de nombreux défauts,
et donc de tromper l'oeil du juge.
Combien de vainqueurs
éblouissants dans le ring, ne font-ils pas
triste figure dans la cage, quand on accepte de
les y laisser !
Cette présentation ne devrait être autorisée
que dans la phase de classement des meilleurs,
une fois que le juge aura pu examiner les chiens
dans leur construction réelle.
Il est vrai que nous
voyons de plus en plus de chiens dressés à la
présentation, sans qu'il soit nécessaire de les
manipuler.
Diverses fraudes (teintures, injection de liquide
pour faire descendre la poitrne, prothèses,
interventions chirurgicales, interversion d'animaux,
etc...) ont été signalés, mais elles
paraîssent encore marginales.
De toute façon on ne peut éviter la fraude qu'au
prix de contraintes qui pénaliseraient
lourdement l'immense majorité des concurrents
honnêtes et feraient disparaître la
convivialité ambiante.
5) SUR LE COMPORTEMENT
Les américains
ont démontré qu'il y avait une corrélation
négative entre le caractère du chien et la
victoire en exposition.
Rappelons que les schémas français et
américains sont si différents dans beaucoup de
races qu'on ne peut pas transposer simplement ces
observations.
Toutefois la présentation arrogante
souvent recherchée est celle d'un signal
de dominance, et comme l'homme tient la
laisse, de pseudo dominance à vocation d'intimidation.
On peut alors sélectionner des agressifs ou des
craintifs masqués.
Nous verrons parfois des sujets conditionnés au
tapis roulant, suspendus à un potence pour
allonger l'encolure, voire des cas de
tétanisation spontanée ou provoquée par divers
curarisants, de façon à ce que le chien garde
la pose.
Mais l'examen aux allures ou en laisse flottante
suffit à écarter ces riques.
6) CONDITIONS
TECHNIQUES
Bien des reproches faits
au juge sont immérités, car ils sont la
conséquence des conditions d'examen que lui
impose l'organisateur.
Comment juger sous la pluie battante, dans un
ring exigu, avec un sol chaotique, de l'herbe
haute ?
Comment apprécier les coloris sans tenir compte
de la luminosité environnante?
Quel temps a-t-on laissé aux juges pour officier
avant les spectacles de l'après midi et selon l'heure
d'arrivée des premiers concurrents?
A-t-il été prévenu des races à juger pour lui
permettre de réviser leurs standards ?
Combien de sujets a-t-il à juger, à confirmer?
Quelles formations ont reçu les commissaires de
ring, les secrétaires qui vont rédiger les
notes avec parfois de cocasses quiproquos qui
seront imputés au juge?
Les quelques lignes disponibles sur un "slip"
de carnet de juge sont beaucoup pour un juge qui
ne juge que le type mais bien peu pour celui qui
passe chaque région en revue.
Doit-on mentionner tout ce qui est normal ou
complet ou seulement les imperfections au risque
de ne voir figurer que des défauts pour le
vainqueur et que des qualités pour les derniers.
Les mensurations ne demandent qu'un mètre de
coututière et une toise. Encore faudrait-il que
cette dernière ait une double potence assurant
un minimum d'orthogonalité.
7) FAUSSES
CROYANCES
La cynophilie est une
montagne de légendes techniques,
dues pour la plupart à la généralisation de
cas particuliers, ou de fausses interprétations.
On verra alors certains juges exiger tel détail
ou subordonner leur appréciation à un autre. La
SFC a souvent vilipendé ces erreurs.
Rappelons que le ladre, qui est une
dépigmentation des zones glabres de la peau, n'est
en aucun cas une anomalie.
Il est normal si le chien a un gène de panachure.
On peut par contre le refuser pour motif
esthétique.
L'oeil foncé est une qualité majeure pour
beaucoup de juges allemands, comme la denture
complète est un dada fréquent chez les
français.
Rappelons que les
machoires des canidés préhistoriques avaient
les mêmes absences dentaires qu'aujourd'hui, et
que dans les races qui travaillent les dentures
sont complètes que l'on soit sévère ou non.
La Commission Zootechnique de la SCC souhaite de
la bienveillance sur ces points, mais elle n'est
guère suivie.
Combien de liaisons
imaginaires (oeil clair et caractère peureux,
pigmentation liée à la couleur de la nourrice,
cordon ombilical coupé par les PC1 etc...) n'avons-nous
pas lu ou entendu ici ou là.?
Cela démontre l'intérêt
de débats techniques sur les critères de
jugements.
IV
- AVANTAGES
DES EXPOSITIONS
|
A suivre ce qui précède
on pourrait se demander à quoi servent les
expositions au plan zootechnique.
En fait elles sont irremplaçables et il
faudrait les inventer si elles n'existaient pas.
Les critiques portent sur
des imperfections pratiques et non sur le
principe. Qui plus est, elles sont avant tout le
reflet du succès des expositions, qui engendre
les principales déviations.
Enfin notons que les principaux reproches portent
sur le vainqueurs, c'est à dire ceux qui ont
été primés sur un élément parfois
contestable au milieu d'excellents sujets.
Ceux-ci par contre sont presque toujours proches
du standard et sans exagération.
On peut dire que l'exposition est une
confrontation indispensable entre une majorité
du cheptel de tête et un effectif moyen, souvent
venu à l'occasion d'une confirmation.
Notons également que
lorsqu'on fait le tri des meilleurs de groupe on
observe tout de même une nette majorité
de beaux sujets.
Comme nous l'avons répété, la soumission de
nombreuses races à des vérifications d'aptitudes
est un rectificatif qui
compense les erreurs créées par la tendance FCI..
L'exposition sert aussi à montrer les races, à
permettre le débat entre éleveurs,
propriétaires et futurs acquéreurs.
Elle est donc le
pilier de l'élevage sans lequel les
races s'étioleraient.
L'eposition permet aux
éleveurs de se faire leur propre opinion sur les
sujets exposés, qu'elle coïncide ou non avec
celle du juge. Elle évite donc les glissements
involontaire hors du type.
Elle permet, par les lots d'élevage, de mesurer
l'impact de tel ou tel géniteur, l'homogénéité
d'un affixe.
La confrontation des opinions permet la
détermination d'un prix et un choix raisonné.
Elle montre la nécessité
d'une éducation minimale pour chaque chien et
founit l'initiaion des néophytes grâce à
laquelle la cynophilie pourra perdurer.
V - CONCLUSION
Comme toujours, il y a plus à dire sur ce qui ne
va pas que sur ce qui va.
N'oublions pas qu'avec plus de 100
Expositions par an regroupant 100 000 exposants,
le système doit convenir à ses adeptes.
Les griefs sont en fait plus du dépit amoureux
que du rejet.
Ceux qui oeuvrent pour le chien de race,
éleveurs, juges, dirigeants voudraient
améliorer le système et l'épurer.
Mais ils se heurtent à l'inertie de la masse et
à la désespérante nonchalance de la direction
de la SCC, qui argue de la réussite commerciale
pour ne pas entreprendre de modernisation, grâce
à la protection que lui offre le monopole de la
sélection.
Il existe bien une concurrence avec les foires
aux chiens, mais celles-ci ont une vocation
marchande plus affirmée qui n'améliore en rien
les perspectives techniques.
Seule la prise en compte d'un réel système
sélectif pourrait apporter du progrès, à
condition de ne pas tomber dans une déviation
technocratique qui n'apporterait rien de bon.
En fait le remplacement de l'amateurisme par un
bon professionnalisme serait probablement la
solution du progrès.
C'est toute la filière canine qui devra un jour
se réorganiser si nous ne voulons pas que d'autres
nous imposent la leur.
Guy Quéinnec
SFC, Séminaire des 28 et
29 novembre 1997, ENVT
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