hlitt

eporedo

ourkalbousounaki

HISTOIRE

Le chien dans l'Ecrit

 
sommaire4

Sumer et Akkad

Pays de Sumer et d'Akkad

Sumer
.
L'Ecriture
.

La première littérature

(
our )

Akkad

( kalbou)

vers la scission

1 - babylonien
(Mésopotamie du Sud)

2 - assyrien
(Mésopotamie du Nord)

Transcription des mots et noms propres

.

Rappel de ce qu'écrivait Piétrement en 1882 eporedo /haute antiquité/hab1

Ses références bibliographiques étaient alors :

  l.- G. Maspéro, Histoire ancienne des peuples de l'orient, 1875
2
.- J. Oppert, Le peuple des Mèdes.

  " A l'ouest du Tigre dominaient deux nations souveraines, les Soumirs et les Accads, dont la fusion produisit la race chaldéenne.

M.
Oppert tient les Soumirs pour Touraniens;

l'école anglaise et M.F. Lenormant considèrent les Soumirs comme Koushites et voient des Touraniens dans les Accads."[...].....

[...] La fusion de deux éléments aussi contraires que le sont l'élément koushite et l'élément touranien ne put s'accomplir qu'au milieu de luttes sanglantes et de déchirements perpétuels.

Nul écho de ces guerres lointaines n'est encore arrivé jusqu'à nous.
Si haut que les monuments nous fassent remonter dans l'histoire, nous trouvons les Soumirs et les Accads mêlés en un seul peuple.

La terre de Soumir n'est plus, comme la terre salique des écrivains du moyen âge, qu'un souvenir à demi effacé, une tradition du passé dont on recherche curieusement l'origine. La langue touranienne s'éteint peu à peu et ne survit plus que dans les temples ou dans les écoles comme langue sacrée."
(Maspéro, Hist. anc. p154-156.)

Nos références bibliographiques principales seront, pour cette page :

  1.-Charles-F. Jean, La Littérature des Babyloniens et des Assyriens, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1924, introduction
2.-
Georges Roux, La Mésopotamie, Ed. du Seuil, 1985
3.-J.
Bottéro, Mésopotamie, L'écriture, la raison et les dieux, Gallimard, 1987
4.- N.S. Kramer
, L' histoire commence à Sumer, Flammarion 1994, Préface de Bottéro
5.- Encyclopédie Larousse :
www.larousse.fr/encyclopédie

Maspéro soulignait la fusion des deux éléments ethniques qui peuplèrent le sud de la Mésopotamie jusqu'à devenir les communs habitants du

"pays de Sumer et d'Accad"

 

Ne mentionnant pas de "race chaldéenne", mais la coexistence fusionnelle de deux éléments ethniquement différents,
voici ce qu'en dit
J. Bottéro :

" Il n'existe, dûment contrôlables, en Mésopotamie ancienne, qu'une culture, composite, il est vrai : une pensée, une religion, parmi lesquelles il est possible, par analyse, par comparaison, par conjecture, de déceler des traits d'origine probablement sumérienne, d'autres, probablement sémitique." Bottéro, op.cit. p.13

.

La seule conviction nouvelle de l'Assyriologie moderne (contrairement à celle de l'école anglaise et de
Lenormant au XIX
e s., selon Maspéro)
étant que
les Akkadiens étaient sémites tandis qu'on ne sait toujours pas d'où venaient les Sumériens,
à supposer qu'ils n'étaient pas tout simplement d'anciens mésopotamiens de souche....

.

"D'abord, tout semble indiquer que les Sumériens sont un peuple autochtone qui, dès le début des temps historiques, jouit d'une civilisation qu'il n'avait ni reçue, ni apportée du dehors, mais qu'il avait lentement formée sur place ("•'). A la différence de la civilisation akkadienne, la civilisation des Sumériens (légendes, religion, langue, etc.) est homogène ; on n'y voit aucune trace d'amalgame entre deux peuples de race et de civilisation différentes" Charles-F. Jean, op. cit., introduction



Sumer,
Sumériens, langue sumérienne : Définitions

Sumer :

"[....] Son existence — garantie par l'usage de la langue sumérienne — ne fait pas le moindre doute, mais avant l'Histoire — en tout cas hors de notre documentation. "... .Bottéro, (op.cit.) p.13

Langue sumérienne: sumérien

[...] " idiome, linguistiquement isolé, qu'ils parlaient et écrivaient" Bottéro (lexique sommaire)

Sumériens

"[....] ces gens exceptionnellement doués et pratiques qui, jusqu 'à plus ample informé,

furent
les premiers à constituer un système d'écriture commode et efficace.... " Kramer, (op.cit.) , avant propos.

.

L'Ecriture

système

C'est probablement vers la fin du IVe ou le début du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, il y a donc environ cinq mille ans, que les Sumériens, [...], en vinrent à imaginer de mémorialiser par des signes imprimés sur l'argile un certain nombre de faits ou d'activités...." Kramer

Matériellement, cette invention nous sera révélée en premier par les inscriptions trilingues découvertes à Persépolis par Pietro della Valle au 16eme siècle et restées longtemps incomprises .

voir www.eporedo.fr/ant/a1b (des Aryas aux Perses)

" On a réédité, il y a peu, en Allemagne, le texte vénérable des communications envoyées, du 3 octobre 1802 au 20 mai 1803, par le jeune professeur de latin G. F. Grotefend (1775-1853) pour annoncer à la Société Royale des Sciences de l'université de Götlingen qu'il pensait avoir réussi à « lire et expliquer les inscriptions persépolitaines dites cunéiformes » 1

[...] enchevêtrement bizarre et rébarbatif d'éléments comparables chacun à un «coin» ou à un clou d'où la qualification de cuneatus:

«cunéiforme»,

..., qu'on leur avait donnée.

1. On a compris depuis qu'ils devaient cette apparence particulière au fait qu'on les imprimait avec un calame sur de l'argile crue, au lieu de les tracer à la pointe sur de la pierre, comme c'avait été originairement l'usage ..." Bottéro, Mésopotamie p.111

évolution - perfectionnement

" Leurs premières tentatives n'allèrent pas au-delà du dessin schématique des objets à copier, stade encore primaire que nous désignons du terme de "pictographie":..... Mais au cours des siècles suivants, .....elle finit par évoluer de la pictographie, c'est-à-dire un simple "rébus", en un système capable de traduire non plus les seules images mais les sons qui en constituent les "signes sonores" dans la langue parlée. Kramer

haut

Littérature

la première (au moins, de notre civilisation.. )
.

Comme Charles-F. Jean ( op.cit.) et autres auteurs

Nous prendrons le mot Littérature dans son acception la plus large, l'étendant à

tous les documents écrits quels qu'ils soient.

.

[..] "Ces documents sont de nature et d'importance très diverses.
Les uns furent gravés sur la roche, par exemple a Behistun, à Bavian, au Nahr-el-Kelb; sur le métal (tablettes en or, en argent, en bronze, en antimoine, relatives à Sargon le jeune) ; sur le marbe, l'albâtre, la diorite, sur diverses matières du règne minéral ; les autres, qui sont les plus nombreuses, furent imprimées sur des tablettes ou des " briques" d'argile, cuites au four ou au soleil.s[..] Jean, Introduction'argile, cuites au four ou au soleil (').s ou des " briques „ d'argile, cuites au four ou au soleil (').

ce que nous nommons également:

"l'Ecrit"

.


"Les plus anciens témoignages écrits en Mésopotamie que nous sommes en mesure de comprendre sont rédigés en langue sumérienne."
encyclopédie Larousse

Inscriptions

Ce "genre" (littéraire si l'on peut dire), a joué un grand rôle dans la découverte du sumérien et, partant, des Sumériens

....."De l'existence et de l'autonomie de leur langue -et par là de leur vraie place dans l'histoire ancienne du pays - la preuve irréfragable fut apportée par le grand Fr. Thureau-Dangin (1872-1944), lorsqu'en 1905 dans son fameux ouvrage "Les inscriptions de Sumer et d'Akkad", il présenta des inscriptions royales "idéographiques", c'est à dire en sumérien, une traduction cohérente et exacte, qui impliquait la restitution, en substance, de la grammaire sumérienne." Bottéro, (op.cit.) p.124


L'exemple le plus "parlant" pour nous se trouve sur la superbe statuette votive de dogue conservée au musée du Louvre,
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Statuette votive de Tello, ancienne Girsu
photo et légende: Musée du Louvre

texte
publié et traduit par
François Thureau-Dangin, Les inscriptions de Sumer et d'Akkad, Transcription et Traduction, Ernest Leroux, Ed.Paris, 1905, p 295

3) Sumu-ilu

CHIEN 7 (Tello)
(Col. I, 1)A Nin-isin, (2) la dame qui ....... les mystères
(3) sa dame, (4) pour la vie (5) de Sumu-ilu (6) roi d'Ur, (7)
Ab-ba-du(g)-ga, le prophète, (8) (fils d'Uru-ka-gi-na (9) le
kalmahhu de Gir-su, (10) ...... (11) et pour la vie (Col. II,
1 )........ (2) ......... (3) voua (ceci).

Textes

Dans la seconde moitié du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, le maniement de l'écriture à Sumer était devenu assez souple pour que l'on rédigeât sans difficulté des oeuvres historiques et littéraires déjà complexes.[...]......
C'est seulement à partir de la première moitié du IIe millénaire avant notre ère que s'est rencontré un ensemble de plusieurs milliers de tablettes et de fragments portant des oeuvres littéraires."..
... S.N.Kramer (op. cit.. avant propos)

Et, comme le dit G.Roux :

"La majeure partie des œuvres sumériennes, notamment les grands récits épiques et mythologiques, datent du début du deuxième millénaire, mais il est très probable qu'elles reproduisent des traditions transmises oralement et dont les origines se perdent dans la préhistoire." G. Roux, (op. cit.. p 111)

.

où il est question de chien

Page illustrée


recto


verso


Tablette administrative avec empreinte de sceau cylindre d'Homme, de chiens de chasse et de sangliers, 3100–2900 avt J.C. provenant probablement d'Uruk,
(Metroplitan Museum of Art (Metmuseum)

extrait

Même si le document est un peu difficile à déchiffrer, la silhouette qu'on peut en extraire (ci-dessus) nous permet
d'y reconnaître l'ancien dogue de Basse Mésopotamie


prmob3c

au verso de la tablette : chiens d'autre type

.


Textes généraux

- Sur le site GatewaysToBabylon.com, de source Black, J.A., Cunningham, G., Robson, E., and Zólyomi, G.,Oxford 1998- , on trouve ce paragraphe des Instructions de Shouroupak * impliquant le chien :
266-271 : To get lost is bad for a dog; but terrible for a man (1 ms. has instead: An unknown place is terrible; to get lost is shameful (?) for a dog). On the unfamiliar way at the edge of the mountains, the gods of the mountains are man-eaters. They do not build houses there as men do; they do not build cities there as men do.

* retrouvés dans la bibliothèque d'Abu-Salabikh, ..., aux environs de Nippour, ..., œuvre d'une inspiration analogue aux Travaux et les Jours du poète grec Hésiode.

Ce n'est clair pour personne : en gros "être perdu est mauvais pour un chien mais terrible pour un homme" et cela, semble-t-il, parce que si on arrive par mégarde au pied des montagnes on risque d'y rencontrer les dieux des montagnes qui mangent les hommes.....!

C'est peut-être un thème récurrent puisqu'on le retrouve par exemple dans "Lugalbanda in the mountain cave", texte trouvé sur le site de TheElectronicTextCorpusOfSumerianLiterature (etcsl) d'Oxford dont voici l'extrait:

"A man should not perish." A lost dog is bad; a lost man is terrible. On the unknown way at the edge of the mountains, Utu, is a lost man, a man in an even more terrible situation."

__

- La malédiction d'Agadé, citée sur de nombreux sites et lisible en français, (traduction Pascal Attinger, (voir: Google), fait au moins deux fois référence au chien:

1:

21-23 "pour qu'au milieu des places se bousculent les animaux exotiques: singes, immenses aurochs cornus et buffles aquatiques, et les molosses*, les urnim, les chèvres sauvages des montagnes et les moutons ALUM à la longue laine..." P. Attinger trad.

Discussion:
où nous sommes confrontés aux divers problèmes de déchiffrement et de traduction que nous retrouverons concernant les textes de la littérature classique, antique ou moderne

* les molosses,
Le terme molosse choisi pour cette traduction par P. Attinger nous convient très bien - voir:
voc

Mais il reste la question de savoir pour quel terme sumérien et ce que ce terme impliquait vraiment.

sur le site etcsl, déjà cité, nous trouvons la traduction en anglais et à la place de molosse : "thoroughbred dogs"

"that monkeys, mighty elephants, water buffalo, exotic animals, as well as thoroughbred dogs, lions, mountain ibexes (... (?)), and alum sheep with long wool would jostle each other in the public squares."

Pour nous thoroughbred dog signifierait chien de race, ce qui serait curieux pour un animal exotique.

2:

155 "les Gutis, peuple qui ne connaît pas d'attaches, d'origine humaine, mais à l'intelligence canine* et à la stature simiesque..." P. Attinger trad.

* intelligence canine
comparaison de toute façon très péjorative pour les Gutis, voici deux autres traductions du texte sumérien:

par
Georges Roux, La Mésopotamie, Seuil, 1995 :

"Gutium, le peuple qui ne tolère aucun contrôle,
Dont l'entendement est celui de l'homme, mais dont l'aspect et le langage balbutiant sont ceux d'un
chien", Roux, (op.cit.)p 184

site etcsl cité plus haut:

"the Gutians, an unbridled people, with human intelligence but canine instincts (some mss. have instead: feelings) and monkeys' features...."
.- tablette en-e-ba-am (Jean p28), ou "poème du Paradis, du Déluge et de la Chute"
.
" [..] Le but du poème serait de raconter la chute de l'homme selon la tradition de Nippur - car c'est de Nippur que vient notre document.
Dans toute l'étendue du pays de Sumer, hommes et animaux vivaient ensemble dans la paix; le péché et la maladie n'atteignaient pas encore l'humanité. Particulièrement favorisée était la région paradisiaque de Dilmun [..] "
Jean p30
p31-32
[..] ......
13 Dans Dilmun, le corbeau n'a pas croassé.
14 Le milan n'a pas crié à la manière du milan.
15 Le lion n'a pas tué.
16 Le loup n'a pas ravi les agneaux.
17 Le
chien n'a pas cohabité avec les chevrettes au repos
...[..]

- Enmerkar et le seigneur d'Aratta
Kramer (op cit) p 151:

"Autrefois, il fut un temps où il n'y avait pas de serpent, il n'y avait pas de scorpion,
II n'y avait pas d'hyène, il n'y avait pas de lion ;
II n'y avait pas de chien sauvage, ni de loup ;
[...]

___

- Enki et Ninhursag
Kramer p 193 - sur le thème du "Paradis": Dilmun

"A Dilmun, le corbeau ne pousse pas son cri,
L'oiseau-ittidu ne pousse pas le cri d'oiseau-ittidu,
Le lion ne tue pas,
Le loup ne s'empare pas de l'agneau.
Inconnu est le chien sauvage, dévoreur de chevreaux,
Inconnu est le..., dévoreur de grain.

pour le questionnement à propos de l'expression "chien sauvage" retenue ici, voir plus loin note de E. I. Gordon
et commentaire

___

- Hymne à Enlil :
Jean p 43 - morceau de littérature sacrée destiné à être psalmodié au temple accompagné par la timbale

[..]
Enlil, père de Sumer, retourne-toi ! Pasteur des "têtes noires", retourne toi

ta ville regarde-la

ta ville regarde-la
.[..] De celle qui est perdue quand auras-tu pitié ?
Dans la ville où tu distribuais le blé
Le petit périt le grand périt
leur proie ... les chiens réalisent ;
leur butin l'ennemi réalise ;
dans leur salle de banquets le vent révèle

- Tuni-lu-sag (le chien de Nintinuga) :

"chien "messager" dit la traduction en anglais sur "etcsl"., (par M. Civil, 1969)

"Lugal-murub, the son of Zuzu, the master-scribe of Nibru, has fashioned for Nintinuga his messenger (?) dog Tuni-lu-sag. That is why the dog will wag his tail or bare (?) his teeth for his mistress, the queen of heaven and earth, the provider of food, the stewardess of Enlil, the sweet breast satisfying all lands, the bringer of abundance, who* can diagnose the intentions of the virulent asag demon and who checks people's bones; who examines the sinews of life and the sinews of death, comforting those joints; who knows every sick spot where there is affliction, torment or distress -- the kindly physician, the exorcist to the sick, who looks after the hearts of humans......

My lady, what I have fashioned I have named with the name Tuni-lu-sag,
I call by the name .....He will ...... the throat, and the asag demon will be pacified (?). My ...... will be uttered alongside your name. Your importance ....... I have named him with the name Tuni-lu-sag. May Nintinuga look after me during my life, and when I die may she provide me with clear water in the nether world

Comment l'interprêter : sous toute réserve.....:

"Lugal-murub a façonné pour Nintinuga son chien messager Tuni-lu-sag.
(de façon que ?) le chien remue la queue ou montre les dents à sa maîtresse...qui
* peut comprendre les intentions du démon virulent asag
note: * who = qui : mais: le chien ou la déesse
"Madame...ce que j'ai façonné je l'ai nommé Tuni-lu-sag.....Il peut.(....... ) la gorge
**, et le démon asag sera adouci (?)"
**note:
imaginons qu'il grogne ....

(ce texte serait une inscription sur un objet votif représentant le chien)

Proverbes, dictons et fables

Sous le titre Sagesse, dans le chapitre 17 de l'Histoire commence à Sumer, Kramer commente ainsi ce genre littéraire :
"L'un des caractères spécifiques des proverbes est qu'ils ont une portée universelle.
....
Les proverbes sumériens qui nous sont parvenus ont été rassemblés et transcrits voilà plus de trois mille cinq cents ans, et beaucoup d'entre eux sont assurément l'héritage d'une tradition orale plusieurs fois séculaire." Kramer

Cette dernière réflexion pourra être étendue à tous les "morceaux" du même type de ces littératures anciennes qui sont en fait la mise par écrit de siècles, voire de millénaires, d'histoire et de connaissance transmises oralement.auparavant.et perdues pour nous.

Concernant le chien voici ce que comprend ce chapitre de Kramer:

Le boeuf laboure,
Le
chien abîme les profonds sillons.

C'est un chien : il ne connaît pas sa maison.

Le chien du forgeron ne pouvait jeter à bas l'enclume;
Il renversa donc, à la place, le pot à eau.
* Kramer

Le dernier proverbe a une résonnance très forte à qui connaît bien le chien:
c'est tout lui....

Dans ce chapitre l'auteur indique qu'il a emprunté ces proverbes à la publication d'

Edmund I. Gordon
, "Sumerian proverbs",
THE UNIVERSITY MUSEUM University of Pennsylvania Philadelphia ? 1959- 4:

Voici quelques extraits supplémentaires de ce dernier ouvrage :

nous les citons en anglais comme dans l'ouvrage pour ne pas trop risquer de les trahir ....

p 72-1.65
ce proverbe sera répété à peu près textuellement p.262 n°2.116

"It is not a city, the wild(?)-dog and the fox (are) overseers (there)" E.I Gordon

Note de l'auteur (Gordon):
p 73

For the translation of ur - zír as "wild(?)-dog," cf. Kramer......
for a rendering "watch-dog," see Landsberger, Fauna....

et p 287:

"wild-dog" (perhaps merely a special breed, large and vicious, of the domestic dog ) (ur- - zig)

commentaire :

1° "watch-dog" se traduisant communément par "chien de garde", et bien que "vicious" nous chagrine, ça ne serait pas pour nous déplaire que ce ur - zír soit un "molosse" et pourquoi pas un "dogue"
2° de toute évidence l'animal est livré à lui-même: c'est donc un "chien errant" et à la limite un "chien-marron" (pariah)

car l'existence de véritables chiens sauvages dans ce contexte est plutôt inimaginable. voir
zool3

risquons nous donc à une "traduction" qui nous parle :

"on ne peut plus appeler ça une ville vu que les molosses errants et les renards y règnent en maîtres" B.Q.

p 185- 2.11 - et p 187-2.14

(The demon) "Fate is a dog: he has bitten (him(?); ...."
(The demon) "Fate is a vicious(?) dog (who) makes one walk behind him."
E.I Gordon

commentaire :

Fate : à la place de "nam-tar", le mauvais sort ? peut-être..... c'est : comparé ici à un chien qui mord....(première proposition), la deuxième étant assez "obscure".

Kramer et Gordon interprètent la teneur de ces dictons sur le chien comme traduisant des sentiments péjoratifs des gens par rapport à l'animal:

"...ils étaient loin de considérer le chien comme "le meilleur ami de l'homme". Ils pensaient plutôt le contraire....."

Ce type de réflexion pourra être relevé provenant d'autres traducteurs de textes anciens tels par exemple que la Bible.

Or les "sentiments" et l'appréciation qu'on peut avoir d'un animal dépendent certes de sa nature, mais aussi largement du contexte.
Et plutôt que préjoratifs, ces textes sont réalistes.

Carnivore "prédateur", le chien n'est pas inoffensif par définition

Comment considérer une "bande" de dogues errants sinon avec circonspection ......surtout en un temps ou un lieu où la rage n'est pas éradiquée....

Et, même isolé, le chien "vicieux"( mordeur), n'est pas mieux considéré actuellement qu'à Sumer.. (cf loi 1999)
Quant au chien qui oblige à marcher derrière lui: : "dominant", (alpha dans la meute ou
A comp5/A

p 255 - 2.107 -

"Dogs at(?) their(?) ..(?) wait for instructions(?); "Where (has it gone)?" "Bring (it) back" (and) "Stay (where you are)!"E.I Gordon

commentaire

L'ouvrage de Gordon comprend d'importantes explications et réserves qui ne sont guère accessibles qu'aux spécialistes...
Mais ce proverbe là est peut-être plus "parlant" pour un dresseur de chiens que pour un philologue:
En langage "cynopratique" cela doit donner :
" Les chiens (à leurs ?...attendent les ordres.. "Cherche!"... "Apporte"... "Halte, Pas bouger",, ...(voire "Down")...." B.Q.

.

p 256 - 2.108 -

"He who esteems(?) highly(?) dogs which are clever(?) is a man who has no shame!"E.I Gordon

Celui qui apprécie grandement les chiens talentueux est un homme qui n'a honte de rien !..

p 257 - 2.109

"A begging(?) dog goes from house to house." E.I Gordon

L'auteur est très interrogatif quant à la traduction et la signification de ce dicton.

Si on peut comprendre: "un chien qui mendie va de maison en maison", c'est relativement clair pour nous...

A ce niveau de notre recherche dans l'ouvrage de Gordon, il vient à point de faire une distinction entre deux types des citations :

1) d'une part celles qui ne concernent que le sujet cité : chien en l'occurence

2) d'autre part celles qu'on peut dire "métaphoriques" en ce sens qu'elles ne valent que pour fustiger des travers humains par comparaison avec le comportement du chien... (dont on n'hésite pas à forcer ou "biaiser" le trait pour l'occasion....)

On peut faire un volumineux répertoire d'exemples modernes du même type.

p 258 - 2.110

"It is the dog which "eats" things (sexually) defiling!
It is the dog which does not leave (any) food for the (next(?)) morning(?)! "
E.I Gordon

"C'est le chien qui mange des choses souillées! (des ordures, si l'on veut.).
Pourquoi "sexually"
?
"C'est le chien qui ne laisse aucune nourriture pour le lendemain .."

deux propositions pas forcément reliées.... faisant référence à la réputation de "goinfrerie" du chien.... , caractéristique qui lui "colle à la peau".... (justement ou injustement..., ce serait à discuter...) : les expressions de la même nature en langue française (proverbes au sens large) qui l'évoquent sont légions.
Pourtant, ne rien laisser pour le lendemain n'est pas forcément typiquement canin: il est d'observation relativement courante que des chiens enfouissent leurs restes (il est beaucoup plus difficile d'affirmer qu'ils les déterrent sciemment ultérieurement pour les consommer).
Peut-être ce comportement s'est-il perdu avec la domestication....
Ce pourrait être surtout une métaphore s'appliquant à un homme incapable d'épargner (en quelque sorte : un "panier percé")

________

Certains proverbes sont si incomplets qu'on ne peut pas les interprêter, ou les commenter

ex : p 259-2.111 -

"A ... (?) - eating dog has devoured a pig in the market-place, (but(?)) the fat-jar [is(?)] .[.]E.I Gordon

"chien affamé" ?

________

- Puis : voici le chien du forgeron, déjà cité par Kramer.) ainsi que le chien qui ne connaît pas sa maison
p.259- 2.112

"The smith's dog could not overturn(?) the anvil(?!); it overturned(?) the water-pot (?)E.I Gordon

Le caractère peut-être métaphorique de ce dicton est souligné par le traducteur :

on peut penser à un comportement "dérivatif" aussi bien humain que canin : frustré par un obstacle insurmontable on s'en prend à un autre "à portée"......
par exemple: on bat sa femme en rentrant du travail faute d'avoir pu s'en prendre à son patron......

p.261- 2.114

"(It is ) a dog which does not know its home!"E.I Gordon

commentaire

Là où Kramer pense au chien errant....

Nous voyons une métaphore fustigeant le comble de l'égarement.....
vu qu'il est notoire précisémment, que ce que le chien connaît par dessus tout:
c'est sa maison ...B.Q.

Fables

Le fables citées ci-dessous viennent de L'Histoire commence à Sumer, (p 165 à 168)

L'auteur précise Egalement déchiffrées par E.Gordon, voici la sélection proposée par Kramer :

"L'âne nageait dans la rivière et le chien s'agrippait fermement à lui, se disant: " Quand il va escalader la rive, il sera mangé." Kramer

Kramer y voit, de même que dans la fable suivante l'expression du caractère "glouton" du chien.
La chose est décidément banale... et le restera,
Toutefois, nous ne réduisons pas cette fable à l'expression de cette caractéristique.
D'ailleurs sa signification profonde nous échappe passablement, la seule chose limpide étant l'étonnante astuce que les sumériens attribuaient au chien.

"Le chien se rendit à un banquet, mais quand il eut regardé les os qui s'y trouvaient, il s'éloigna en disant : "Là où je m'en vais maintenant, j'aurai plus à manger que cela."Kramer

Même remarque : on ne sait pas où le chien compte récupérer mieux que des os...
Mais au moins on sait que, s'il consomme principalement des os, comme le perpétuera la tradition, ce n'est pas par goût, mais faute de mieux.... qui l'aurait cru
?

_______

Enfin citons textuellement Kramer pour cette phrase qui nous touche :

"C'est à une chienne, cependant, qu'il revient de formuler l'une des plus délicates expressions de l'amour maternel :
"Ainsi parla la chienne avec orgueil : "Que j'aie des (chiots) au pelage fauve ou bien tacheté, j'aime mes petits."Kramer

Le chiens sont évoqués indirectement par rapport à l'objet principal de certaines autres fables

"Quand le lion survint dans la bergerie, le chien portait une laisse en laine filée"Kramer

C'est intéressant du point de vue documentaire, mais la morale nous échappe....
Le lion est le prédateur par excellence. Il n'est pas dangereux pour l'homme qui le connaît et le laisse tranquille dans sa "brousse", mais il aime particulièrement les moutons.....

"Le renard dit à sa femme : "viens! broyons la cité d'Uruk avec nos dents...." Mais ils n'étaient pas à 600 gar de la cité ( 3 km environ) que les chiens de la cité se mirent à hurler. .... Allons nous en ! "Ils (les chiens) hurlaient de façon menaçante à l'intérieur de la cité."Kramer

Le renard est fréquemment évoqué dans les proverbes et fables sumériennes, et il se prête particulièrement à la métaphore.
aux mêmes époques il joue souvent de la flûte dans l'art graphique (l'âne aussi...)


C'est tout de même le
chien qui tient la première place dans les statistiques.

.


I
l est notoire que, malgré la supériorité écrasante de ses orientations administrative et religieuse
dont l'animal n'est évidemment pas le sujet privilégié,


la première "littérature" qu'il nous est donné de pouvoir déchiffrer, fasse une place si importante au chien, .....

...

*

Le réalisme de certaines citations a de quoi nous interpeller et même à la limite, nous émouvoir :

l'astuce du chien qui traverse la rivière accroché à l'âne..
le chien aux ordres du dresseur (la nature même de ces ordres)....
l'amour maternel de la chienne et sa "morale" d'éclectisme ......(très "tendance")....

L'utilisation métaphorique des dictons et fables - surtout si l'on réfléchit à la même utilisation qui en sera faite ultérieurement - est également riche d'enseignements.:

le comportement dérivatif du chien du forgeron,
l' inconcevable égarement du chien qui ne connaîtrait plus sa maison, en sont sans doute des exemples...

Enfin, bien plus en rapport avec le sujet qui nous préoccupe :

on est peut-être autorisé à noter déjà une différenciation dans les types canins,

du fait de l'emploi du terme ur-zir opposé au terme ur

(
our )

qui désigne le chien quel qu'il soit .

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Akkad,

akkadiens, langue akkadienne

Extraits de l' Encyclopédie Larousse :

"[...]. L'akkadien apparaît pour la première fois aux alentours de 2500 av. J.-C., essentiellement sous la forme de noms propres.

Listes

C'est là que notre recherche du passé ( du chien...) nous oblige à faire référence à la forme de litttérature, essentielle pour cet objet,
que sont
les listes, qui constituent en l'occurence une forme première de l'historiographiNous extrayons du livre de G. Roux ce qui'il écrit à ce sujet p 42 et suivantes :

"A la recherche d'une chronologie

[..]"L'histoire proprement dite exige... des dates exprimées en chiffres.[..]

[..] ils* se référaient aux années de règne de leurs souverains [..]

[..] Ces systèmes de datation ne pouvaient avoir d'utilité pratique pour les Mésopotamiens eux-mêmes qu'à condition de disposer, pour chaque roi, d'une liste d'années de règne ...; pour chaque dynastie, d'une liste des souverains avec la durée de leur règne ; enfin d'une liste des différentes dynasties ayant régné successivement. Ces listes existaient et par bonheur, plusieurs d'entre elles nous sont parvenues.[..] Roux, p 42
[..] Telle la fameuse « Liste royale sumérienne » qui s'étend des souverains mythiques d'avant le Déluge jusqu'au roi Damiq-ilishu (1816-1794), dernier roi de la 1" Dynastie d'Isin".... Roux p 45

*(les anciens Mésopotamiens)

Et, toujours selon Roux :

"[..] Ce qu'il y a de remarquable dans cette longue série de monarques, c'est que douze d'entre eux au moins portent des noms sémitiques dont certains, comme Kalbum « chien », ..... se réfèrent sans doute à des constellations. Les autres rois, par contre, ont des noms sumériens. Nous avons donc ici la première attestation, non seulement d'une forte proportion de Sémites dans cette région qui, quelque trois cents ans plus tard, sera au cœur de l'empire sémitique d'Akkad, mais aussi de la présence de Sumériens, .... Roux

Outre une occasion de plus de tourner en rond sur le sujet de ces anciens "Soumirs et Accads"(Maspéro),
"fusionnés" quoique contraires
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cette citation nous offre l'antique nom sémitique de notre sujet

(kalbou)


Emergence de l'Akkad indépendant

Historiquement, premier akkadien* à se singulariser de l'ensemble suméro-akkadien par son ambition résolument "expansionniste", Sargon (dit l'ancien) inaugure une ère nouvelle...
* dans ce type d'action, il vient d'être précédé par le sumérien Lugalzagesi, roi d'Uruk, dont il fait son ennemi et qu'il élimine..

Imposteur
aux origines nébuleuses, dont certains éléments peuvent laisser penser qu'elles étaient métissées, ce Sargon, devient ainsi roi de Sumer et roi de Kish et fonde à partir de -2334 à la fois sa dynastie (réputée sémite) et l'Empire d'Akkad

"[..] nous savons .... que l'homme qui devait plus tard s'attribuer le nom de Sharru-kîn, « Roi légitime » - sans doute parce qu'il ne l'était pas - avait, effectivement, d'humbles origines." Roux, p 177

Après avoir annexé en entier le "pays, (kalam)" qui n'a guère connu jusque là que des conflits entre principautés (cités-états), il étend sa suprématie successivement vers le Nord-ouest au moins jusqu'en Syrie du Nord et vers l'Est sur une part occidentale de l'Iran actuel.

"on adapta alors l'écriture cunéiforme sumérienne à la notation de la langue akkadienne.
[...]
De cette époque datent les premiers textes littéraires akkadiens,....[...]"
Encyclopédie Larousse

.

Objectivement les limites de l'empire de Sargon sont encore un peu floues, mais lorsqu'elles auront été vraiment étendues et consolidées par ses successeurs, Narâm-Sîn le troisième et le plus glorieux

"put bientôt, sans mentir, se proclamer « roi des Quatre Régions »". G. Roux, op. cit. p 181

.

Objectivement les limites de l'empire de Sargon sont encore un peu floues, mais lorsqu'elles auront été vraiment étendues et consolidées par ses successeurs, Narâm-Sîn le troisième et le plus glorieux

Après la chute brutale de cet "empire akkadien" vers -2193,
l'Histoire note un retour en force des Sumériens,
sous la forme de la

troisième dynastie d'Our
, ("Ur III")
- fondée par
Ur-Namu en -2112

Puis
leur existence en tant que peuple individualisé s'efface devant celle des Akkadiens que le destin mêne avec leurs "cousins" Amorrites vers la gloire de Babylone.

Toutefois, selon Roux,

"C'est sans doute parce qu'elle résultait d'une longue maturation in situ, parce qu'elle était mésopotamienne d'origine et d'essence que la civilisation sumérienne a survécu à la disparition de Sumer en tant que nation.....
Quel que soit l'angle sous lequel on aborde la civilisation assyro-babylonienne qui lui a succédé, on est presque toujours ramené à un prototype sumérien."
Roux, chap.6

Mais tout de même, selon cet auteur :

"La chute d'Ur, peu avant l'an 2000, est un tournant crucial dans l'histoire mésopotamienne. Elle sonne le glas non seulement d'une dynastie et d'un royaume, mais d'une nation et d'un type de société....
les véritables vainqueurs, dans l'affaire, furent les
Sémites : d'abord les Akkadiens avec le roi d'Isin, puis les Amorrites que l'on voit, moins d'un siècle après le désastre se tailler des royaumes un peu partout dans Sumer et Akkad déchirés. ." Roux, chap.11

Et du point de vue linguistique, selon l' Encyclopédie Larousse

"[...]. À cette époque, on constate en outre la scission définitive de l'akkadien en deux dialectes,
 

le babylonien (Sud)."

et l'assyrien (Nord)


Copié sur Georges Roux op.cit. p18

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