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                |  | extrait de LE
                CHIEN, son mystèreFernand
                MERY
 Robert Laffont, Paris 1968
 INTRODUCTION |  Il en est des
        chiens que nous chérissons comme de tout autre objet de
        nos passions. Il arrive un moment où sans raison valable
        on s'interroge: "Pourquoi un tel attachement,?
        Pourquoi cette étrange tendresse?" [...] [...] ce
        problème irritant me hante: QUI EST LE CHIEN ? [...] il reste
        pour tous une énigme.Que savons nous de ses confuses origines? du secret de
        ses mutations? de ses variables aspects? Que savons-nous
        de son intelligence au sens qu'attribue à ce terme notre
        esprit de causalité? Est-il capable d'affection ou bien
        n'est-il que dépendance? Quelle part de responsabilité
        enfin avons-nous prise envers cette bête transfuge, la
        seule au monde qui ne puisse réellement vivre sans nous?
 [...]Les raisons de notre malaise sont très simples : le
        chien est depuis trop longtemps mêlé à l'aventure
        humaine pour ne pas en être imprégné.
 [..]. Il n'est
        que de se souvenir, pour en sourire, de tant d'exemples
        quotidiens. Où s'arrête l'instinct? Où nait l'intelligence?...
 
 Mon vieux "Tip" que l'on attachait chaque soir
        pour qu'il restât, la nuit, gardien fidèle de la porte,
        n'en déambulait pas moins à pas de loup dans la maison
        dès qu'il nous croyait endormis.
 
 Une patiente surveillance nous permit un matin de
        déjouer sa ruse. L'ayant surpris en liberté dans l'escalier,
        alerté qu'il avait été par la seule odeur d'une
        présence, nous le vîmes, en nous penchant par dessus la
        rampe, filer sans bruit rapidement dans sa corbeille,
        glisser rapidement sa tête de renard dans le collier et,
        aussitôt, couché en rond, feindre d'être plongé dans
        le sommeil du juste !
 [...]
 Mais voici que cette mécanique encore mal connue de la
        "psychoïde" du chien - comme l'activité
        psychique de l'humain - peut se dérégler elle aussi,
        tomber en panne, présenter des troubles divers qui nous
        la rende fraternelle.
 Les chiens font névroses, psychoses, souffrent d'égarements
        et de déséquilibres .......[...]
 
 N'y a-t-il pas là "quelque chose" par quoi
        nous puissions aborder un domaine où la science, à
        juste titre, hésite encore à s'engager?
 "Quelque chose" qui, paradoxalement,
        démontrerait que le destin du chien n'a pas en vain
        suivi parallèlement celui de l'homme?
 "Quelque chose" qui nous permettrait de mettre
        les chiens un peu à part des autres bêtes et qui -
        enfin! - au regard de la vérité scientifique,
        excuserrait tant d'entre nous sur cette terre de se
        laisser aller à les aimer ?
 Fernand Méry, 1968 |