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                        | extrait de SEMINAIRE SUR LE COMPORTEMENT DU CHIEN
 Société Française de Cynotechnie
 27 et 28
                        février 1981, Ecole Nationale
                        Vétérinaire de Toulouse
 Socialisation
                        et développement du chiotBernadette QUEINNEC
 |  Le développement
                comportemental et psychique du chien se produit
                pendant la croissance en suivant un cours à peu
                près immuable dans sa chronologie.
 Dans cet ensemble qui se poursuit jusqu'à la
                maturité, tous les évènements s'enchaînent et
                chaque progrès ou chaque acquisition s'avère
                indispensable pour la réalisation des suivants.
 En rapport avec la nature grégaire de l'espèce
                canine, c'est toutefois le phénomène de socialisation qui domine en
                importance le schéma de développement
                comportemental de celle-ci et ses modalités sont
                déterminantes sur la nature ultérieure des
                relations entre le chien et l'homme.
 
 On a démontré que le comportement du chien est
                calqué sur celui du loup lorsque ces deux
                animaux sont placés dans les mêmes conditions.
 Le chien vit donc normalement en bandes
                socialement organisées.
 Dans la bande, les individus ont mutuellement des
                relations complexes qui s'inscrivent dans le
                cadre principal d'une hiérarchisation.
 On entend par
                socialisation, l'apprentissage des
                modalités de relations entre les membres d'une
                même bande ou d'une même société (société s'entend
                ici au sens large d'un ensemble d'individus
                vivant ensemble et entretenant des relations
                mutuelles).
 Cette "formation sociale" peut présenter
                deux aspects fondamentaux:
 ..* la socialisation
                intraspécifique qui ne concerne que l'apprentissage
                des relations sociales entre sujets de même
                espèce, en l'occurence entre chiens
 ..* la socialisation
                interspécifique qui implique des
                relations du même modèle avec individus d'espèces
                différentes.
 
 Dans le cadre de cette étude, ce sont surtout
                les relations homme-chien qui nous retiendrons.
 On distingue en plus
 * une socialisation
                primaire qui correspond à la
                première acquisition de relations sociales avec
                quiconque, au moment de l'éveil des facultés.
 * une socialisation
                secondaire qui peut avoir lieu n'importe
                quand après la formation de l'individu et qui
                correspond à l'établissement de liens sociaux
                entre individus "formés".
 * cette affirmation appelle
                des réserves : voir l'analyse du
                caractère  comp3 
                    
                        | "Ramener le
                        comportement du chien à celui du loup, c'est
                        se limiter à une fraction du
                        comportement, revenir à l'animal machine
                        de Descartes. La réalité est plus nuancée et des
                        traits associatifs nouveaux sont apparus
                        au cours de la domestication." Guy Quéinnec
 |  Les étapes du
                développement comportemental
 Au moment de la naissance, le développement
                comportemental du chiot a déjà commencé.
 On a mis en évidence en effet, qu'outre les
                facteurs héréditaires, divers facteurs peuvent
                intervenir avant la naissance pour modifier le
                comportement ultérieur chez le chien comme dans
                les autres espèces.
 Des stress subis par la mère au cours de la
                gestation peuvent, par exemple, modifier
                ultérieurement l'émotivité des petits.
 Après la naissance, le développement est
                constant et progressif mais comporte toutefois
                des étapes qui permettent de diviser la vie du
                chiot en autant de périodes caractéristiques.
 
 C'est ainsi que SCOTT et FULLER ont défini en 1965 les
                principales périodes suivantes:
 - période néonatale: 1ere t 2eme semaine
 - période de transition: 3eme semaine
 - période de socialisation: 4eme semaine à 10
                ou 12eme semaine
 - période juvénile: de la 12eme semaine à la
                puberté
 
 Notons qu'il n'y a rien d'absolu dans les dates
                de passage d'une période à l'autre et que
                divers auteurs ont proposé des schémas plus
                subdivisés. Des études ultérieures devraient
                encore apporter divers aménagements à ce
                tableau.
 La
                période néonatale 
 Dite encore phase végétative, la période néonatale
                est caractérisée par le fait que le
                comportement et les réactions des chiots sont
                uniquement conditionnées par le besoin de téter
                et le maintien de la température corporelle.
 Si les chiots se blottissent contre la mère ou
                les uns contre les autres c'est uniquement pour
                se défendre contre le froid.
 On observe d'ailleurs que dans un local très
                chauffé ou sous une lampe à infra rouges les
                chiots se tiennent dispersés dans le nid lorsqu'ils
                ne tètent pas.
 Ces comportements très élémentaires ne doivent
                pas faire oublier que certaines expériences
                précoces peuvent avoir des conséquences sur le
                comportement ultérieur.
 Les effets du milieu sont déjà ressentis
                profondément à cette époque.
 
 Des stress subis peu après la naissance peuvent
                avoir des conséquences néfastes sur le futur
                comportement de l'animal et sur ses réactions
                émotives et peuvent être la cause de troubles
                psycho-somatiques.
 Par contre, des stimulations diverses, même peu
                agréables, telles qu'exposition au froid, flash,
                bruits divers, peuvent profiter aux chiots au
                point que ceux qui les ont subis se révêlent
                supérieurs à des chiots témoins: ils ont
                ultérieurement une émotivité plus faible, une
                plus grande capacité à résoudre divers
                problèmes et sont hiérarchiquement dominants.
 Vers la fin de la 2eme semaine, soit entre le 12eme
                et le 15eme jour, les paupières des chiots s'ouvrent
                sur des globes oculaires ternes et non
                fonctionnels. Cette étape signe la fin de la
                période néonatale et amorce la période
                suivante.
 
 La période de
                transition
 
 La période de transition correspond en effet à
                la phase
                d'éveil.
 Pendant cette période, on voit graduellement
                apparaître des modèles de comportement plus
                évolués.
 Le chiot se lève sur ses membres pour commencer
                à se mouvoir debout.
 Il est capable d'acquérir des réflexes
                conditionnés. Il commence à manifester sous
                forme de jeu un certain nombre des comportements
                de l'adulte: lutte avec prise par la bouche,
                geste de tuer une proie en secouant la tête de
                droite à gauche, etc...
 On note aussi que le chiot commence à manifester
                un intérêt particulier pour la bouche
 de sa mère: on le voit souvent lui lècher et
                lui mordiller les commissures des lèvres.
 
 C'est parce qu'à cette date les parents
                commencent dans la nature à régurgiter la
                nourriture prédigérée à leurs petits.
 Le geste du chiot qui attend la nourriture de la
                bouche de ses parents ou sollicite la
                régurgitation a été ritualisé dans l'espèce
                comme une manifestation de comportement amical.
 A cette époque, il n'existe pas de réaction de
                peur.
 La main humaine, même inconnue, est alors tout
                autant recherchée que le corps d'un autre chiot.
 La période de transition se fond insensiblement
                dans la période qui vient ensuite.
 
 La période de
                socialisation
 
 Cette période a parfois été subdivisée en 2
                phases successives qui sont:
 
                    
                        |  | - la phase de
                        formation (semaine 4 à semaine 7) et - la phase de socialisation proprement
                        dite (semaine 8 à semaine 10 ou 12).
 |  La
                phase de formation
 coïncide avec la quasi
                maturité neurologique.
 
 Elle est caractérisée par un perfectionnement
                rapide des capacités motrices et sensorielles.
 Le chiot acquiert très vite une grande mobilité
                dans la marche, la course, le franchissement d'obstacles,
                etc...
 Il voit et entend très bien et s'avère capable
                de suivre du regard les objets en mouvement.
 Par contre, il ne réussit pas à résoudre des
                problèmes qui ne présentent aucune difficulté
                pour des adultes, tels, par exemple, que le
                contournement d'un obstacle pour aller chercher
                une nourriture qui lui est visible.
 L'activité excrétrice présente un modèle
                stable qui peut être mis à profit dans l'éducation.
 Dès leur réveil les chiots quittent le nid pour
                uriner. Ensuite, ils se nourrissent et se mettent
                à jouer. Au bout d'un moment ils s'arrêtent de
                jouer et s'éloignent en flairant par terre et en
                cherchant une place où ils vont uriner et
                déféquer.
 Le champ d'investigation s'agrandit. La portée
                explore l'espace environnant et il faut qu'elle
                dispose d'assez de place pour cela.
 Le comportement de lutte se précise, avec des
                assauts, des tentatives de mordre et des
                émissions de sons agressifs tels que grognements
                et aboiements.
 Vers la 5eme semaine le comportement de défense
                d'un objet ou de la nourriture apparaît ainsi
                que des comportements de poursuite qui sont les
                premiers signes d'une activité de groupe
                coordonnée.
 A 6 semaines, on peut observer la plupart des
                modèles du comportement de l'adulte.
 
 C'est dans cette période de formation que le
                chiot commence à développer des relations
                sociales et des réactions émotionnelles
                primaires.
 Pendant ses investigations, il se replie vers les
                lieux connus à la moindre alerte et parfois
                intègre celle-ci comme une agression qui le fait
                hurler de détresse.
 La mère lui inflige ses premières corrections:
                par exemple, s'il continue à tirer sur ses
                mamelles lorsqu'elles sont vides, elle le
                bouscule un peu brutalement de la mâchoire mais
                le console en le lèchant avec contrition dès qu'il
                se met à crier.
 La méfiance à l'égard des inconnus apparaît:
                si on met la main dans le nid pour la première
                fois le 25eme jour de vie, les chiots manifestent
                de la crainte, reculent ou cherchent à happer
                cette main
 Toutefois, à cette date la peur est dominée
                très facilement.
 C'est donc dans la phase de formation que se fait
                la socialisation primaire ou tout au moins son
                début.
 
 
                    
                        | Tous les travaux d'éthologie
                        ont démontré que cette socialisation
                        primaire est une période critique.
 |  Le concept de
                période critique implique que ce qui se passe
                alors est déterminant par rapport à l'ensemble
                du processus et l'influence de façon
                irréversible.La socialisation primaire est, en effet, assimilée
                au phénomène d'empreinte
                (ou imprégnation) chez les oiseaux qui se
                produit dans un laps de temps très court après
                l'éclosion.
 
 Si l'on prend de jeunes canetons à ce moment (où
                ils ont déjà une maturité avancée), et qu'on
                les élève sans leur mère, ils s'attachent
                préférentiellement à l'homme voire à l'objet
                avec lequel ils sont élevés. Ils s'identifient
                à ceux-ci au point de ne plus pouvoir parfois
                reconnaître leur propre espèce. C'est ainsi que
                plus tard certains dirigeront leur activité
                sexuelle vers l'homme ou l'objet plutôt que vers
                leurs congénères.
 L'attachement qu'ils ont conçu pendant l'empreinte
                est transposable à un autre homme ou un autre
                objet de même nature mais ne l'est plus ou l'est
                très mal à leur propre espèce ou à d'autres.
 Chez le chien cette période est beaucoup plus
                étalée dans le temps et peut durer, pense-t-on
                jusqu'à 10 ou 12 semaines, mais elle présente
                les mêmes caractéristiques.
 Un Chihuahua de 3 semaines a été placé dans
                une portée de chatons. A 12 semaines, il s'est
                avéré qu'il était complètement désorienté
                parmi ses frères de portée et recherchait la
                compagnie des chats. Par contre les chatons
                élevés avec lui étaient aussi à l'aise et
                aussi sociables avec les chiens qu'entre eux.
 
 Le maintien dans la fratrie
                assure naturellement l'établissement de la
                socialisation primaire intraspécifique.
 
 Mais nous n'avons que faire de chiens qui ne
                sauraient avoir de relations qu'avec des chiens.
 Par conséquent la socialisation interspécifique
                avec l'homme est absolument nécessaire et ne
                peut être établie que par le contact chiot-homme
                pendant cette période.
 Après la phase de formation où se fait, en
                somme, l' identification des espèces amies avec
                lesquelles on peut entretenir des relations
                sociales, vient la phase suivante.
 
 La phase de
                socialisation proprement dite
 
 Ce qui se passe à cette phase va permettre l'établissement
                de ces relations sociales elles mêmes.
 Il existe pendant cette période une disposition
                particulièrement favorable à l'apprentissage du
                comportement social qui rend celui-ci possible et
                facile.
 . 
                    
                        | Passé cete
                        période la possibilité d'apprentissage
                        social n'existera plus. |  Par le jeu, mais aussi par l'exemple de la mère
                et par son éducation ainsi que par les
                expériences acquises avec des chiens plus âgés,
                le chiot apprend le comportement de groupe et ses
                modalités d'expression: suprématie psychique du
                meneur de meute, subordination aux animaux
                hiérarchiquement supérieurs, confiance en eux,
                etc..
 
 Le chiot est aussi bien disposé à apprendre les
                relations sociales avec l'homme et c'est le
                moment d'en profiter pour lui faire comprendre
                clairement sa position subordonnée par rapport
                à lui.
 L'homme est alors perçu comme un chef et cette
                position ne lui sera plus jamais contestée. On
                attendra de lui, en contrepartie une fonction de
                protection, et sa fonction de direction,
                corrélée avec l'obéissance qu'on lui doit
                apparaîtra comme une chose tout à fait
                naturelle.
 
 La disposition à l'apprentissage social est
                fondamentalement contrariée par la crainte.
 La crainte constitue le principal facteur
                limitant de la capacité de développer de
                nouveaux attachements sociaux.
 En se développant particulièrement après la 8eme
                semaine, la période de crainte amène l'achèvement
                de la période propice à la socialisation.
 
 La période
                juvénile
 
 La fin de la période de socialisation se
                chevauche avec le début de la période juvénile,
                qu'en matière d'établissement de relations
                sociales on a également appelée phase
                de hiérarchisation.
 
 Dès 3 à 4 mois environ les relations de
                dominance et de subordination se précisent dans
                le groupe canin.
 La subordination aux parents ou aux animaux plus
                âgés n'est pas remise en cause, mais chaque
                chiot de même âge établit sa position dans la
                hiérarchie et devient plus indépendant.
 Les disputes peuvent alors dégénérer en
                batailles avec blessures.
 Un mâle ou une femelle prend la direction de la
                bande. Les dominés peuvent présenter des
                retards de maturité qui persistent tant qu'ils
                restent au sein du groupe.
 Ainsi les chiots qui resteront avec des adultes
                au contact desquels ils ont grandi peuvent-ils
                aussi présenter des retards de comportement et
                conserver, passé 2 ans, des signes de
                juvénilité comportementale.
 A 4 mois, la hiérarchie du groupe est établie.
                Cette phase de hiérarchisation est également
                une phase de renforcement de la socialisation
                primaire.
 En effet, il faut savoir que la socialisation
                primaire établie à 12 semaines n'est pas une
                acquisition stable. En rapport avec l'instabilité
                générale des acquisitions chez le jeune, celle-ci
                peut en effet régresser.
 Des chiots bien socialisés à 4 mois que l'on
                isolera alors dans un chenil pourront, à l'âge
                de 6 ou 8 mois, se montrer méfiants envers les
                inconnus et même envers leur premier maître.
                Ils seront éventuellement totalement effrayés
                lorsqu'on les sortira du chenil.
 Il y a eu désocialisation.
 
 Il y a donc lieu de renforcer la socialisation
                primaire dans la suite du développement et c'est
                ce qui se passe normalement dans la phase de
                hiérarchisation.
 
 Les contacts humains doivent donc aussi être
                impérativement maintenus et les relations
                renforcées.
 A la phase de hiérarchisation, suit la phase d'organisation
                en bande.
 Pendant cette phase les positions hiérarchiques
                se renforcent, la bande s'organise. Le
                développement comportemental typique de l'espèce
                est pratiquement acquis.
 Celui-ci reste toutefois de modèle juvénile
                jusqu'à la puberté.
 
 Importance de la
                socialisation et conséquences pratiques
 
 Au fur et à mesure de la croissance, les chiots
                suivent donc une formation comportementale
                graduelle et progressive.
 A toutes les étapes du développement, les
                conditions de milieu peuvent influencer le
                comportement ultérieur.
 Toutefois il convient de mettre l'accent sur l'importance
                toute particulière de ces conditions de milieu
                lors de la période de socialisation.
 Le chiot qui n'aura pas eu de contact avec l'homme
                dans cette période restera toujours très
                craintif par rapport à lui, l'évitera et sera,
                de ce fait, inapte au dressage.
 
 D'après certains auteurs, le contact devrait
                même impérativement être établi pendant la
                phase de formation, c'est à dire avant la 7eme
                semaine. D'autres pensent que celui-ci est
                possible jusqu'à la 15eme semaine.
 
 En l'absence de socialisation primaire une
                certaine socialisation secondaire reste
                toujours possible, mais elle est de type
                apprivoisement et ne permet donc pas l'utilisation
                du chien telle que nous la concevons.
 A l'opposé, le chiot qui aura été retiré de
                sa portée avant le début de la socialisation et
                élevé sans contact avec des chiens, présentera
                vis à vis de ces congénères un comportement
                très perturbé. Il en aura peur, ne s'identifierra
                pas à eux, et, à défaut de connaître le code
                d'expression sociale, pourra même courir parmi
                eux les plus grands risques d'agression.
 S'il a été élevé uniquement par l'homme, le
                chien s'assimile à l'espèce humaine et peut
                même présenter des déviations du comportement
                sexuel qu'il oriente vers ses maîtres alors qu'il
                n'entrevoit aucunement la possibilité de s'accoupler
                avec un partenaire canin.
 
 
                    
                        | Dans le domaine
                        des conséquences pratiques, il est donc
                        absolument essentiel que le chiot ait des
                        contacts aussi bien avec les chiens qu'avec
                        l'homme dès le début de la phase de
                        formation. |  Bien que ce contact puisse encore être établi
                théoriquement jusqu'à 10 ou 12 semaines, nous
                devons craindre qu'un retard quelconque nuise à
                la qualité des rapports psychologiques que nous
                pouvons espérer avoir avec le chien.
 De plus, dans ce sens, la quantité et la
                qualité des rapports homme-chien à cette
                époque ne sont pas indifférents.
 La simple distribution de nourriture ne créée
                aucun lien.
 
 Il peut suffire de visiter les chiots un certain
                temps par jour en leur parlant pour que ceux-ci
                ne craignent pas l'homme plus tard.
 Mais plus les situations dans lesquelles seront
                impliqués l'homme et le chien seront durables et
                complexes, plus grands seront l'attachement et la
                compréhension du sujet à l'égard de son
                maître. Il faut, en effet, que le chiot ait par
                ses expériences la possibilité de développer
                des relations complexes.
 L'éleveur devra donc rester un certain temps
                avec les chiots, se laisser flairer, lécher par
                eux, les manipuler et leur parler.
 Les chiots très manipulés petits seraient plus
                forts tant psychiquement que physiquement que
                leurs congénères non manipulés.
 
 C'est du moins ce qui ressort des expériences
                complétant celles que nous avons vues en
                étudiant la période néonatale et poursuivies
                dans les périodes suivantes.
 
 Des chiots soumis depuis leur naissance à des
                stimulations répétées ont été plus tard
                mieux armés que des chiots n'ayant pas subi ces
                stimulations.
 Il en était de même dans diverses expériences
                pour des chiots habitués à prendre part tout
                petits à la vie de l'homme et dont celui-ci s'était
                beaucoup occupé.
 Ces chiots se sont montrés beaucoup plus actifs,
                plus sociables et plus doués pour résoudre
                divers tests que des chiots plus délaissés.
                Toutefois, l'optimum d'incitations n'est pas
                établi et dans cette matière comme en toutes
                choses, il doit bien y avoir un seuil à ne pas
                dépasser et un équilibre à rechercher.
 L'existence de ce que PAVLOV a appelé les "névroses
                expérimentales" vient en effet limiter la
                portée des expériences dont nous venons de
                parler.
 Des stress trop violents et trop continus peuvent
                ébranler le système nerveux du chiot et avoir
                des conséquences néfastes sur son comportement
                ultérieur.
 Une seule stimulation mal perçue peut
                déclencher ces névroses et perturber
                définitivement les réactions émotives du sujet.
 Par ailleurs, le moment de l'application des
                incitations et la chronologie de celles-ci ont
                aussi leur importance.
 Aussi CAMPBELL craint-il qu'un chiot
                trop manipulé avant 6 semaines donne un adulte
                trop soumis.
 Il serait bon, par conséquent, si l'on veut
                obtenir un adulte d'un certain caractère, pas
                trop dépendant, d'établir un contact réservé
                avant 6 semaines et de parfaire les relations
                plus tard.
 .
 
                    
                        | Le problème le
                        plus général qui se pose dans la
                        pratique est celui du moment de la vente
                        des chiots.  |  Par la force des choses, la vente intervient
                pendant le développement: elle revient en
                général à retirer le chiot de sa portée -milieu
                canin- pour le placer en milieu humain chez son
                acheteur.
 
 Le moment le plus propice à ce transfert est la
                7eme semaine.
 A cette date la socialisation primaire au chien
                est acquise par le contact avec la mère et la
                fratrie.
 L'identification de l'homme comme espèce
                amie est assurée par les visites de l'éleveur.
 La vie en milieu humain permet
                ensuite de parfaire la socialisation
                interspécifique.
 De plus, cela permet d'éviter au chiot le stress
                de la séparation pendant la période de crainte
                qui apparaît à partir de la 8eme semaine.
 
 Ce schéma est le meilleur pour les chiens de
                compagnie et pour tous les chiens dont l'utilisation
                requiert la meilleur connaissance des modalités
                de relations avec l'homme: chiens d'utilité type
                défense, guide d'aveugle, etc...
 
 Il n'est pas l'idéal pour un chien qui devra
                posséder plus à fond les notions de
                comportement social des chiens tels que chiens
                chassant en collectivité (meute), lévriers,
                chiens de traineau. Pour ces chiens, la
                socialisation intraspécifique risque d'avoir
                été trop courte et il est meilleur de les
                maintenir plus longtemps en milieu canin ou à
                défaut de conseiller de leur faire prendre
                rapidement le contact avec d'autres chiens.
 Les conséquences pratiques au niveau de l'éducation
                sont également multiples, mais ne sont pas de
                notre propos.
 
 En conclusion on peut dire que
                le comportement du chien adulte est un ensemble
                complexe qui résulte des effets additifs et
                imbriqués de composantes multiples.
 
 A la base se situe le tempérament
  comp5
                déterminé héréditairement et sur lequel on
                peut agir par sélection. Cette composante héréditairre et les
                possibilités qu'elle offre d'action sélective
                débouche déjà, à ce stade, sur la diversité
                des tempéraments raciaux et individuels.
 
 Au fur et à mesure du développement qui suit un
                cours également prédéterminé, les conditions
                de milieu s'exerçant n'importe quand ont un
                rôle formateur ou modificateur à long terme
 .
 L'existence d'une période
                critique de socialisation et l'étude de ses
                modalités dans les espèces à empreinte rapide
                permet pourtant de codifier relativement les
                modalités d'action souhaitables à ce moment
                déterminant.
 
 Toutefois la variabilité des tempéraments et
                aptitudes innées, la multiplicité des types de
                relations souhaitées entre l'homme et le chien
                dans les utilisations, la diversité des formes d'action
                possibles et des moments oppportuns pour les
                mettre en oeuvre, sont autant de facteurs qui
                ouvrent un champ d'investigation immense et
                seulement partiellement exploré.
 
 B.
                Quéinnec,
                Maître
                de Conférences E.N.V.T.
 |