| INTRODUCTION
                ET PRINCIPES GENERAUX Si
                les principes généraux de l'éducation et de la
                conduite du chien répondent aux mêmes règles,
                leur mise en pratique varie beaucoup selon le
                caractère du chien, c'est à dire l'ensemble de
                ses modalités réactionnelles devant un stimulus. Caractère et
                tempérament ethnique 
                    
                        | Chaque chien a son propre
                        caractère, mais on peut regrouper ceux-ci
                        en tempéraments, d'autant mieux que
                        beaucoup de races de chiens ont été
                        sélectionnées pour une fonction
                        précise et que le comportement s'en est
                        trouvé modifié. Par ailleurs, une cohabitation très
                        longue et de plus en plus étroite entre
                        l'homme et le chien a peu à peu modifié
                        l'éthogramme initial par sélection de
                        gènes comportementaux.
 Le mécanisme en est très bien décrit
                        par la sociobiologie.
 On peut estimer que le chien et le loup
                        ne sont qu'une seule et même espèce,
                        qui s'est clivée en deux groupes, deux
                        clades, sur le seul couple peur ou
                        attrait pour le feu. A partir de là se
                        sont différenciées des formes multiples
                        dans les deux clades pour aboutir aux
                        races canines actuelles.
 Il serait étonnant que l'étroitesse de
                        la relation homme-chien n'ait pas
                        profondément modifié les
                        caractéristiques comportementales des
                        races pour cet aspect, dont les bases
                        génétiques commencent à être mieux
                        connues.
 Enfin, on admet aujourd'hui le rôle des
                        phéromones chez
 | l'homme, donc de messages
                        chimiques relationnels, ce qui affine
                        mieux la compréhension des relations
                        croisées entre un humain et un chien
                        donnés. Ramener le comportement du chien à
                        celui du loup, c'est se limiter à une
                        fraction du comportement, revenir à l'animal
                        machine de Descartes. La réalité est
                        plus nuancée et des traits associatifs
                        nouveaux sont apparus au cours de la
                        domestication. Il n'empêche que bien des éléments
                        restent communs surtout chez les chiens
                        qui appartiennent à des races primitives,
                        peu marquées par l'humanisation. L'instinct
                        grégaire de meute y est très puissant,
                        d'où les hurlements et la tendance à
                        fuguer du Siberian Husky, le côté
                        plutôt apprivoisé de l'Azawakh, la
                        chasse spontanée en meute des Podencos
                        et Basenjis, etc...
 Le métis issus de 2 races bergères ou
                        de défense retrouveront souvent un
                        comportement farouche, si les mécanismes
                        d'inhibition de l'agression qui ont été
                        sélectionnés pour permettre l'élevage
                        des races parentales reposent sur des
                        voies distinctes abolies par le
                        croisement.
 |  Langage et
                malentendus 
                    
                        | Bien des comportements gênants
                        vont provenir de malentendus dans la
                        communication homme-chien, notamment si
                        le registre propre à certains groupes de
                        chiens n'est pas tout à fait le même
                        que celui des plus connus. Nous verrons
                        ainsi bien des particularités nettes
                        chez les lévriers, les chiens de type
                        montagne, les asiatiques. | Si l'on baptise langage l'ensemble
                        des signaux de communication du chien, il
                        n'est pas étonnant que cette espèce ait
                        aussi ses dialectes, ce qui pourrait
                        expliquer l'observation fréquente de
                        voir les chiens à morphotype commun s'agréger
                        pour repousser les autres. |  Socialisation et
                expérience précoce 
                    
                        | L'ensemble des bases
                        génétiques paraît établi vers l'âge
                        de 7 semaines, avec des variations de 1
                        semaine en plus ou en moins. Elles vont s'ajouter aux effets de l'éducation
                        et au rôle maternel pour forger le
                        tempéranent définitif du chien.
 On a beaucoup insisté sur les
                        mécanismes de socialisation dans le
                        développement comportemental du chiot,
                        et à juste titre. Mais dans les
                        conditions habituelles de l'élevage,
                        même défectueuses, il y a une amorce de
                        socialisation primaire qui permettra dans
                        les pires cas de rétablir une forme de
                        socialisation secondaire, parfois avec
                        attachement exclusif à une personne, le
                        maître accepté.
 Plus important nous paraît être l'
                        acquisition de mécanismes adaptatifs à
                        l'environnement, surtout inanimé, mais
                        aussi humain, que l'on range sous le nom
                        d'expérience précoce.
 Nicole Ver a démontré que chez le
                        chaton, elle commençait dès la 1ere
                        semaine de vie. Nous pensons que chez les
                        chiens, les prémisses existent à 15
                        jours.
 Rappelons que la stabilité émotionnelle
                        commence même à se forger in utero dès
                        la fin du 1er mois de gestation. Par
                        conséquent, il est logique que les
                        expériences vécues dans la première
                        semaine de vie jouent aussi un rôle.
 L'essentiel se fait néanmoins entre les
                        semaines 4 et 7, que nous appelons la
                        période de formation.
 En fait, elle commence au moins lors de
                        la phase d'éveil, et même en période
                        néonatale.
 | Elle se termine vers 2 mois.
                        Elle est liée au comportement
                        exploratoire. Le chiot apprend à dialoguer avec l'objet,
                        alors que la socialisation qui couvre la
                        même période apprend à dialoguer avec
                        les êtres.
 Les connexions neuronales s'installent
                        dans le cerveau grâce à ces stimuli
                        répétés.
 Elles vont permettre l'apprentissage,
                        mais aussi la sérénité, car le
                        registre comportemental comprendra les
                        réactions usuelles aux nouveautés.
 Le jeu a donc un rôle majeur dans la
                        formation du caractère.
 Le chien doit découvrir un environnement
                        riche, s'habituer à l'herbe, aux bruits
                        de la maison, éventuellement de la ville.
                        Mais s'il a une bonne expérience
                        précoce, il s'habituera à tous les
                        bruits, même nouveaux.
 Il est souhaitable qu'il puisse partager
                        entre 150m2 et 3 hectares avec ses
                        congénères.
 En deçà de 150m2 il risque d'avoir un
                        comportement exploratoire limité. Au
                        delà de 3 hectares, c'est le réseau
                        indicateur de zone de circulation, des
                        marques de la meute, qui sera trop flou
                        pour le rassurer (sentiment d'abandon).
 Peu à peu il va devenir hardi, confiant,
                        et pourra par la suite affronter les
                        problèmes qu'il rencontrera.
 Faute d'expérience précoce, il restera
                        inquiet, timide, sujet à des paniques
                        incontrôlées.
 Il faudra toujours le rassurer.
 Ainsi un tel chiot urinera dans la maison,
                        sur le lit.
 Il reviendra du jardin se rassurer près
                        de son maître et uriner d'émotion.
 Le pire est de le punir, voire de le
                        gronder, ce qui renforcera l'erreur.
 Au contraire, il faut le calmer, le
                        rassurer, voire même le féliciter en
                        prenant garde à ne pas le conditionner.
 La miction est réflexe, involontaire ou
                        vise à marquer sa présence.
 | A notre avis, le manque d'expérience
                        précoce est pour l'éleveur une cause
                        plus grave et beaucoup plus fréquente
                        que le manque de socialisation avec
                        lequel il est souvent confondu.
 Il atteint bien sûr les chiots élevés
                        en chenil, en batterie, alors que les
                        soins quotidiens donneront une amorce de
                        socialisation.
 Paradoxalement, il frappe aussi les
                        chiots d'éleveurs amateurs lorsque ceux-ci
                        naissent en automne-hiver.
 L'éleveur fait du surprotectionnisme,
                        redoute les frimas, la pluie, etc...et ne
                        sort plus ses chiots. Ceux-ci seront
                        hypersocialisés mais sans expérience
                        précoce avec un caractère timide.
 Ils resteront sujets aux paniques
                        soudaines qui vont les précipiter à
                        travers les rues.
 Ils auront toujours un temps de latence
                        avant de répondre à un ordre ou de
                        trouver une solution face à une
                        situation nouvelle. Dès que cette étape
                        sera franchie ils seront aussi vifs que d'autres.
 Ces chiens sont donc inaptes au travail,
                        car éliminés avant d'avoir fait leurs
                        preuves.
 N'oublions pas que l'expérience précoce
                        est avec le jeu un facteur essentiel à l'établissement
                        d'un bon tempérament, mais qu'elle doit
                        s'accompagner, et se poursuivre d'une
                        bonne socialisation envers d'autres
                        êtres vivants, humains ou congénères.
 |  Tests de
                caractère  
                    
                        | A partir de ces remarques on
                        peut envisager d'analyser le caractère
                        du chien en observant ses réactions à
                        des épreuves type, connues sous le nom
                        de tests de caractère. Ces tests doivent être simples et
                        rapides à pratiquer, lisibles par tout
                        un chacun.
 Ils ne peuvent déceler que des tendances
                        générales et l'une des erreurs
                        initiales a consisté à vouloir leur
                        faire dire trop de choses en oubliant la
                        plage de liberté de chaque être
                        évolué et en méconnaissant les
                        conséquences des acquis de la vie.
 D'aucuns ont donc cru pouvoir les rejeter.
 Rasquain a bien montré que pour être
                        fiable, un test devrait être fidèle, c'est
                        à dire donner toujours les mêmes
                        réponses, standardisable, c'est à dire
                        exécutable dans les mêmes conditions,
                        sensible aux écarts de réponse entre
                        les chiots, valide et prédictif, c'est
                        à dire permettre de prévoir les grandes
                        lignes réactionnelles de l'adulte.
 Lorsque les tests sont faits à des fins
                        de sélection, ils doivent être faits au
                        cours de la 7eme semaine de vie, pour
                        avoir une
 | signification génétique
                        suffisante pour l'éleveur. S'ils sont pratiqués à des fins d'éducation
                        ou de compréhension du chien, ils
                        peuvent se produire à n'importe quel
                        âge. Plusieurs écoles de dressage et d'éducation
                        ont bien voulu nous dire qu'ils les
                        avaient pratiqués pour repérer les
                        potentialités d'un jeune chien.
 
 
                            
                                | Nous
                                pensons qu'après adaptation
                                éventuelle, ils pourraient
                                avantageusement remplacer les
                                test d'aptitudes naturelles (TAN)
                                qui sont en fait, au mieux, des
                                tests d'aptitudes élémentaires,
                                relevant davantage de l'éducation
                                que de la nature. |  De très nombreux tests
                        ont été proposés çà et là, et on
                        pourra en retrouver certains dans les
                        premières publications de la SFC.Nous les pratiquons depuis 1980, mais
                        nous avons demandé à Sandrine Renaud d'y
                        consacrer sa thèse de doctorat que nous
                        avons résumée dans la partie
                        vérification expérimentale.
 |  .
 
                    
                        | A la suite de ce travail
                        n'ont survécu que 3 tests de
                        manipulation, initiés par Campbell, et
                        celui du jouet animé, que nous avons
                        nous-même mis au point. |  Guy Quéinnec |