Comprendre
son chien cest connaître son
langage, et comment il perçoit le nôtre.
Cest aussi connaître son
développement, sa formation, et les
besoins réels du propriétaire.
Linformation, la connaissance du
chien éviteront alors bien des déboires.
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Le propriétaire
Plusieurs
conceptions saffrontent.
Lécole psychanalytique estime que lamour
du chien traduit souvent une souffrance psychique
avec communication à autrui, difficultés à
exprimer ses émotions. Le chien agit alors comme
une dérivatif, un tranquillisant.
Lorigine en est une erreur éducative dans
le tout jeune âge, par excès ou insuffisance dattentions.
Aimer son chien cest saimer soi-même.
Lécole éthologique considère quil
y a des gens à animaux et dautres non,
pour des raisons innées, quasi génétiques. Lhomme,
être social, a besoin du contact avec dautres
hommes, mais aussi dautres espèces amies.
Aimer son chien cest aimer les autres.
Lécole utilitaire considère que le chien
remplit une fonction agréable ou utile, soit de
compensation sociale, soit de protection, soit d'auxiliaire
(chasse, loisir, etc...). Le chien ny est
guère quun objet privilégié, comme lautomobile
des années 50, à la fois symbole et secours.
Chacune de ces conceptions cite des exemples
solides, et il y a donc au moins ces 3
catégories possibles.
Le chien
Cinq
tendances de
base
font des chiens par nature, rebelles,
autonomes, obéissants, soumis, craintifs, qui peuvent se
manifester par la voix et par les dents.
Lexemple
maternel, le contact humain, léducation
vont infléchir ces tendances en les aggravant,
les stabilisant, les neutralisant.
Mais ces orientations ne sont pas également
réparties entre les races de chiens.
L'image
Chaque
race a donc une image, une réputation, comme les
marques commerciales, qui attirent plutôt telle
ou telle catégorie de propriétaires. Ceux-ci
vont souvent accentuer, voire déformer, la
tendance quils espèrent trouver, faisant
un chien dangereux ou apeuré.
La
formation du caractère
Celle-ci se fait entre 1 et 3 mois,
et toute erreur à ce moment sera presque
définitive.
Il suffit que le chiot ait un contact régulier
avec dautres chiens pour sy adapter,
avec homme, femme, enfant pour les admettre.
Quelques minutes de jeux suffisent chaque jour.
A défaut nous aurons un marginal,
potentiellement dangereux.
Les règles
éducatives
Elles
sont simples
1) Le chiot
nest pas un enfant,
il ne comprend pas le langage verbal,
seulement le ton, les gestes, les postures, les
mimiques.
2)
Il ny a pas
de concept mémorisé.
Donc il ne peut pas
rattacher son action à linterprétation du
maître sil y a un décalage même léger
dans le temps.
3) Par
contre il mémorise
très bien limmédiat,
mais il faut répéter souvent
certaines choses, dautres étant acquises
très vite.
4)
Un chien a besoin
dautorité et de routine pour se
sentir à laise.
La liberté et le changement sont des notions
humaines qui le déstabilisent.
5) Sa joie, son
besoin profond, cest lattention du
maître. Le reste a
relativement peu dimportance.
6) Il a
besoin pour se reposer, dun coin
tranquille, semi-clos,
obscur.
Comment faire ?
Le nouveau chiot
Les premières
impressions vont durer.
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Son arrivée au foyer nest
pas une fête, mais une tâche. Ni amis, ni
voisins, seulement la famille daccueil,
hommes et bêtes.
Dès quil sest habitué, le promener
partout où il a accès, pas ailleurs.
Sil cherche à se poser, lemmener à
la zone de déjections, attendre, le féliciter
dès que cest fait.
Sil se pose dans la maison, surtout ne rien
dire, lemmener ailleurs, nettoyer hors de
sa vue.
Pour lui, gronder cest soccuper de
lui, ce quil souhaite. Donc sévir, punir,
cest le dresser à recommencer.
Punir un
chien cest
le bouder, léloigner,
lenfermer.
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S'il n'est pas le premier
chien de foyer: Pour le faire accepter, caressez
les autres, pas lui.
L'obéissance
Très
vite lhabituer à la laisse,
à 3 ordres : Viens,
Assis, Pas bouger.
Viens
: attendre quil
vienne tout seul, dire viens, caresser et
féliciter.
Assis : même chose.
Sinon placer la main un peu en arrière au-dessus
de la tête, cogner légèrement en bas des
cuisses et dire : Assis.Ne pas appuyer sur
la croupe.
Caresser et féliciter si cest réussi ;
Pas
bouger : faire "halte
!" avec la main, ou attendre quil
se fige tout seul, dire : "Pas
bouger" et aller vers lui assez
vite pour féliciter. Sil bouge, tourner le
dos sans rien dire et faire autre chose.
Recommencer régulièrement, tous les jours.
Cela suffira à le faire accepter en société,
mais aussi à lui éviter dêtre écrasé,
à lempêcher de voler, de fuguer, etc.. cest
léquivalent du repas de famille, du baiser
des parents à leur jeune enfant, etc...
Le chien ne perçoit pas ces ordres comme une
contrainte, mais comme un plaisir de communier
avec et pour son maître, de savoir quil y
a bien une place pour lui dans le foyer, dy
être soumis.
La récompense
Immédiate
car sinon il lattribuera
à autre chose.
1: Soccuper
de lui. Cest le principal (même
le gronder, le frapper, sont une récompense).
2 :
Parler: les mots nont pas de
sens, la voix si. Une voix aiguë, syncopée, linquiète,
le trouble, et lirrite. Une voix calme,
ferme, neutre, lapaise. Cest comme
bercer un bébé.
3: Caresse: sur la tête et
le cou témoigne votre autorité. Cest le :
« cest bien mon fils ». Trop ou
trop peu appuyé, sans joie manifeste, peut
troubler.
Sous le cou : supercaresse, à réserver aux
cas qui le méritent.
Tapoter les flancs, le dos : cest la
caresse normale de satisfaction.
4 : Récompense: un carré de
fromage, cest le mieux. Accentue les autres
mais risque de dévier les relations. A ne faire
que pour corriger une erreur.
5 : La fête : cest
le summum. La joie du chien, cest
la joie du maître, exprimée par des bruits (rires
bruyants), par des gestes (lever les bras), par
des postures et mimiques (sauter de joie). Vous
devez aller jusquau ridicule pour vous :
cest le normal pour lui.
Cela est très motivant.
La punition
Immédiate
également.
1 Voix: parler sec, net,
avec autorité, sans long discours. Sinon cela
devient une récompense.
2 Frapper :
avec
un objet : la menace suffit, lobjet
ne doit servir quà cela, avec la main :
immédiatement, sec et suivi dordre dobéissance.
Sert
peu,
car
le chien aime les bourrades (les contacts de ce
type ne font-ils pas partie du plaisir du rugby).
3:
Secouer : le secouer par la
peau du cou est une punition grave, sévère, qui
peut marquer longtemps.
A ne faire quen cas dagression (sur
vous ou un autre animal, un meuble...).
4
Bouder :
la vraie
punition, cest lignorer ..ostensiblement.
Mais ne pas céder et dire « cest
fini » avec des caresses.
5 Gronder menacer de la
tête en vous penchant vers lui, en le fusillant
du regard, en levant la main. Sil insiste,
baissez vous et crachez comme un chat en
retroussant les lèvres.
6 Arrêter:
dès quil a compris, arrêtez
aussitôt, car sinon vous le dressez à
désobéir.
Il
abdique en tendant le cou, en se mettant sur le
dos, en tendant timidement une patte.
Il proteste en grondant,
en se penchant en avant, en appuyant les pattes
sur vous, en urinant de défi.
Ne tolérez pas cela, punissez
aussitôt
en
secouant et boudant.
Vos
erreurs
-
Le punir quand il revient après
avoir refusé dobéir. Vous le dressez à
recommencer.
-Le frapper sil
sest oublié pendant que vous
nétiez pas là. Cest le dresser à
recommencer.
- Gronder, punir pour nimporte
quelle bêtise faite en votre absence. Il ne peut pas
faire le rapprochement, et cest le dresser
à continuer.
- Ne pas
réprimer aussitôt une bêtise faite
devant vous, ou pire, le gronder gentiment. Cest lui
dire quil en a le droit.
- Le
laisser libre de faire ce quil veut,
ne pas le commander, le choyer sans
motif : il vous prendra pour un
incapable, puis pour son chiot, et vous traitera
comme tel en grondant, en vous mordillant, et, si
vous ne comprenez pas, en mordant:
bientôt
il attaquera votre entourage quand il croira que
vous avez peur ou que vous menacez (par exemple :
si vous vous baissez pour prendre un objet, si
vous criez...).
- Croire quil
vous comprend en interprétant
ses gestes à tort.
Vous pouvez penser chien, lui ne peut pas
penser homme
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Vos langages
La
position de votre corps, de vos mains, de vos
yeux, votre voix, vos gestes, cest cela quil
voit, y compris ce que vous croyez cacher.
On ne ment pas
à son chien.
Lui, réagit avec la queue,
les oreilles, le poil, le rictus, les positions
du corps, les gestes. Cest cela que vous
devez connaître, surtout devant un inconnu.
Si vous avez peur : il le sait, alors ninsistez
pas.
Si vous navez vraiment pas peur :
allez-y, il cédera.
Si vous le regardez en face, si vous vous penchez,
si vous faites un geste brusque, une amorce de
caresse, si vous criez, si vous trébuchez :
cest une menace qui peut entraîner sa
fuite ou son attaque.
Les
crises
Vous
avez vos problèmes, il a les siens : pensez-y.
Trop
jeune, il ne sait pas ce quil a le droit de
faire et ce qui est interdit.
Apprenez lui avant de protester : il ne
souhaite quobéir (cest une de ses
grandes joies, car pour lui, cest vraiment
aimer).
Au printemps, à lautomne, il peut être
énervé par la saison sexuelle, et vous
prendre pour un rival ou un partenaire, si votre
comportement par rapport à lui a manqué dautorité.
Cest un signe de votre incapacité, pas de
la sienne.
Tout
changement linquiète.
Tant pis pour vous si vous ne lavez pas
assez rassuré chaque jour lorsque vous recevrez
quelquun chez vous.
Si vous êtes inquiet, tracassé, même sans le
dire, il le sait et va vous protéger des autres,
parfois méchamment.
Faites-y attention.
Sil fugue, sil sen va, cest
quil nest pas en sécurité chez vous.
Si votre chien aboie tout le temps, fugue ou
démolit tout, cest quil est
malheureux.
Apprenez à penser chien, ou prenez une autre
espèce pour vous tenir compagnie.
Formation
du chiot
Deux
facteurs sont essentiels :
La
socialisation,
qui est
lapprentissage du langage et du code de
relation envers les autres chiens et envers lhomme.
Elle se fait entre 4 et 16 semaines et le 3eme mois
est essentiel. Les semaines 8-9 et peut-être 10
sont celles où la crainte peut définitivement sétablir.
Il faut et il suffit quau cours de cette
période, le chiot ait des contacts réguliers
avec dautres chiens, dont il prendra les
traits comportementaux, et avec lhomme. Il
doit apprendre à connaître homme, femme,
enfants, grâce à des contacts (caresses), des
jeux, et pas seulement le repas.
Lexpérience
précoce,
qui couvre la même
période, mais avec une importance spéciale pour
les mois 2 et 3.
Chaque chiot doit bénéficier dès la 4eme
semaine, denviron 150 m2 de terrain
librement accessible.
Au delà il peut rester trop réservé.
En dessous, et notamment sil est élevé en
cage, petit local, chenil, etc... il ne pourra
plus jamais faire son apprentissage dune
vie normale.
Il sera doux, affectueux, ou non, selon sa
socialisation, mais il sera sujet à des paniques
soudaines, à des crises de refus déconcertantes,
et il aura des difficultés dapprentissage.
Nous aurons un adulte intelligent et pourtant peu
capable de comprendre les ordres.
Dans les cas limites on a une maladie mentale
franche : le « syndrôme disolement
de chenil », qui rend le sujet
impropre à la compagnie et est un motif dannulation
de la vente.
Nous ne devons pas
confondre le caractère fier et réservé,
voire farouche de certaines races, avec
des troubles dinadaptation mentale
consécutifs à de mauvaises conditions délevage. Le
développement dune race passe par
celui de lélevage qui dépend lui-même
des goûts du public, maître des achats.
Il
faut donc produire des sujets robustes,
sains, mentalement équilibrés, et les
épreuves de travail ou éducatives et lutilisation
spécifique sont essentielles au maintien
des qualités, et ces mêmes sujets
doivent être conformes au standard.
Réunissons le
tout, et nous aurons des éleveurs et des
propriétaires heureux.
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Guy
Quéinnec
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