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CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES

PUR SANG ANGLAIS

plan

administrativement Pur-sang (PS)

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arrivée à Newmarket en 1798,
peinture de Francis Sartorius, extraite de "Les plus beaux chevaux" cité ci-dessous

Son appellation prête à polémique. Il s'appelle "Thoroughbred" en Angleterre: "élevé pur".
Sur le modèle de "trotteur français" il aurait tout aussi bien pu être nommé "galopeur anglais": c'est le cheval de course de galop.
"Le pur", comme l'appellent aussi ses familiers y aurait-il perdu, et la logique aussi ?

La réalité administrative qui fait actuellement un nom de race du vocable "Pur sang" n'empêche pas que d'autres chevaux soient également dits "de pur-sang" et en particulier le cheval arabe.

La création proprement dite de la race dans le sens d'ouverture de son livre généalogique remontent au XVII eme siècle.
Le démarrage du processus génétique de sa formation remonte forcément beaucoup plus loin.

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De nombreux textes en attribuent la quasi paternité exclusive au cheval arabe.
C'est une façon de parler qui découle de la confusion classique entre chevaux orientaux et cheval arabe.

Voici de larges extraits du chapitre que Richard Glyn consacre à cette question:

"On sait que l'Angleterre est une île depuis dix millénaires.
Aucun fort contingent de chevaux étrangers n'y pénêtre avant les incursions romaines."

.....Du moins, pendant quatre siècles, une évolution nouvelle va-t-elle être imprimée aux poneys indigènes dont les archéologues ont montré qu'ils avaient une taille de 12 mains environ et dont César appréciait la rapidité et la vigueur "

"Avec les Normands, encore un sang nouveau.
Robert de Bellesme importe des étalons espagnols dans son comté de Shrewsbury (pays de Galles). [...] Edouard III fait venir cinquante étalons d'Espagne.[...] Il est vraisemblable que les croisés ramènent des étalons d'Orient et, en particulier, Richard Coeur de Lion les précieux étalons reçus de Saladin.

"Aux environs de 1550, la taille des montures anglaises ne dépasse encore guère 13 mains (1,32m) et, pesant plus de 190 kilos armé de pied en cape, Henri VIII craindra que "la race des bons et solides chevaux puissent s'éteindre". Il ordonne donc l'élevage de poulinières d'au moins 13 mains et interdit en principe l'emploi des étalons de moins de 15 mains (1,52m)."[...]
Les courses sont déjà populaires, qu'elles mettent en compétition "Galloways", "Running Horses" ou "Hobbies". Les premiers venant d'Ecosse et les derniers d'Irlande, sans que les documents historiques puissent nous en apporter la preuve, il est à penser que les Running Horses sont l'équivalent anglais des deux autres.
C'est aux environ de 1550 qu'intervient le sang oriental. Dénombrant les races de chevaux connues à cette époque, dans son "arte of Riding",Blundevill commence par le Turc, "parce qu'il vient de plus loin". L'ayant décrit comme "très rapide et très courageux", il ajoute: "Tous les chevaux provenant de n'importe quelle possession turque ou environnante sont appelés chevaux turcs.
Précision d'importance puisque l'Arabe n'est pas mentionné. Une grande partie de l'Arabie et la Syrie appartiennent alors à l'Empire ottoman et n'ont aucun contact avec l'Occident[...] On s'explique qu'ait été tenu pour turc tout cheval arabe importé en Angleterre.
Il est douteux que cela ait pu se produire souvent avant 1580, c'est à dire tant que les Turcs se sont opposés à tout commerce pacifique avec les chrétiens. [...]
Second sur la liste de Blundeville: le "cheval de Barbarie". C'est le Barbe actuel, "cheval petit mais très rapide et endurant". le "Maure pommelé" d'Oppien aurait donc acquis de la rapidité au cours des siècles.[...]
En achetant à partir de 1520 des coursiers d'Espagne et d'Italie, HenriVIII a fondé le haras royal d'Hampton Court et d'autres à Malmesbury et Tutbury.
Jacques Ier importe plusieurs étalons d'orient, tel Markham Arabian qui, acheté à Constantinople, arrivait dit-on toujours dernier aux courses. Il figure sur la liste des "Arabes, Barbes et Turcs" qui composent la quatrième partie de la cinquième édition du Stud-Book *, sous le préambule suivant: "La date d'importation des chevaux énumérés... est inconnue pour la plupart et ne peut être devinée que par la date de naissance de leur descendance (sic) [...]

D'anciens documents attestent qu'il a existé une catégorie de chevaux baptisés "Running Horses" et qui étaient décrits comme des chevaux de Barbarie, des Barbes d'Espagne etc...Ceux que l'on tenait pour Arabes venaient probablement de Perse ou de Syrie."

Il est précisé que les chevaux ont été classés par ordre chronologique. Markham Arabian est le premier; on dit, mais c'est peu probable qu'il aurait été le premier de sa race à apparaître en Angleterre. Suivent deux Barbes et Place's White Turc(...) C'est ensuite "Dodsworth, né en Angletere mais Barbe authentique, dont la mère de même race a été importée au temps de Charles II.
Cela revient à dire qu'avant 1660, quatre chevaux seulement sont mentionnés comme originaires d'Orient ou d'Afrique, l'un Arabe, les deux autres Barbes et le dernier Turc.[....]
Dans ses écuries il ne reste à sa mort qu'une poulinière parmi plusieurs étalons. C'est le temps des fameuses "tap-root" (reproductrices) dont trente d'entre elles sont à l'origine de tous les Pur-Sang. On les a longtemps tenues pour la plupart de race orientale. Des études récentes ont montré qu'il n'en est rien: "Quelques unes seulement ont été importées, la majorité étant indigènes, une minorité ayant une ascendance orientale. Presque tous les étalons, en revanche, étaient de sang oriental pur ou quasi pur. Races et lieux d'origines sont le plus souvent discutables.... Ce qui est certain, c'est qu'il y avait peu de vrais Arabes mais beaucoup de Barbes, conséquence de la facilité des importations d'étalons et de juments de cette race"**
Le fait peut étonner puisqu'aujourd'hui l'Arabe éclipse le Barbe. Il en était autrement au XVIIeme siècle. Depuis Blundeville on faisait courir des Barbes; ils étaient donc élevés dans ce but. D'autre part, la reine avait apporté Tanger à Charles II dans sa corbeille de noce. Durant 20 années, le port marocain est propriété anglaise et il demeure ensuite ouvert au commerce européen.
A l'inverse, en ce temps-là , il y a en Angleterre peu de chevaux d'Orient. Un extrait du Diary of John Evelyn***(17 décembre 1684) est à cet égard révélateur:
"Tôt le matin, je me rends à St-Jame's Park pour voir trois chevaux turcs ou asiatiques qui, récemment arrivés, vont être pour la première fois présentés à Sa Majesté." Enlevés à un pacha turc pendant le siège de Vienne, quatre étaient attendus mais l'un n'avait pas supporté un voyage de neuf semaines.
John Evelyn les dépeint avec admiration et indique le prix de vente du plus beau: 500 guinées, une somme énorme. Outre le roi, un prince du Danemark, le duc d'York et "plusieurs seigneurs de la cour, "connaisseurs en chevaux" figurent parmi l'assistance. La foule est fascinée au spectacle tout nouveau de ces animaux que conduit un Allemand habillé à la turque.
Quels sont donc les trois étalons qui assurent la descendance du Pur-sang?
Byerley Turk, d'abord, capturé, comme les chevaux que décrit Evelyn, pendant le siège de Vienne: il sert dans l'armée en 1690 et son propriétaire, le capitaine Byerley, le remettra ensuite au haras du Yorkshire qui abrite la plupart des "tap-root"; sa race prête à discussion mais, selon Rathbone****, il aurait pu avoir du sang turkmène.
C'est ensuite Darley Arabian, acheté à Alep en 1704, incontestablement un Pur-sang arabe (Maneghi).
C'est enfin Godolphin Barb (ou Arabian), acheté à Paris en 1730, dont l'ascendance est aussi incertaine que controversée.

A partir de 1666, l'expression "Running Horse" cède peu à peu la place à "Breed Horses" qui se transforme en "Thro'Bred"; "Thoroughbred est apparue en 1700.*****
Dès cette époque, l'exportation du Pur-sang anglais a commencé. Ainsi Bulle Rocke, fils de Darley Arabian et d'une jument à la généalogie plus modeste, prend-il le chemin de l'Amérique en 1730 ."

* Londres 1891, p.388.
** Encyclopaedia Britannica, éd. 1968, vol.13 p.715
*** Londres 1959, p. 783
**** "The Native British Foundation of the Troroughbred Horse" dans The British Race Horse, oct, 1966, p.449,
***** Ibid., p.452.

Richard Glyn "Les plus beaux chevaux et poneys" Horizons de France 1972

yerle

ci- dessous: * reproductions de peintures de John Wootton **portrait par Georges Stubbs adaptation d'un portrait original de John Wootton.

* "Byerley Turk"

*"Darley Arabian"

**"Godolphin Arabian"

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