Son
appellation prête à polémique. Il s'appelle "Thoroughbred"
en Angleterre: "élevé pur".
Sur le modèle de "trotteur français" il
aurait tout aussi bien pu être nommé "galopeur
anglais": c'est le cheval de course de galop.
"Le pur", comme l'appellent aussi ses familiers
y aurait-il perdu, et la logique aussi ?
La
réalité administrative qui fait actuellement un nom de
race du vocable "Pur sang" n'empêche pas que d'autres
chevaux soient également dits "de pur-sang" et
en particulier le cheval arabe.
La
création proprement dite de la race dans le sens d'ouverture
de son livre généalogique remontent au XVII eme siècle.
Le démarrage du processus génétique de sa formation
remonte forcément beaucoup plus loin.
~
De
nombreux textes en attribuent la quasi paternité
exclusive au cheval arabe.
C'est une façon de parler qui découle de la confusion
classique entre chevaux orientaux et cheval arabe.
Voici
de larges extraits du chapitre que Richard Glyn consacre à cette
question:
"On sait que l'Angleterre
est une île depuis dix millénaires.
Aucun fort contingent de chevaux
étrangers n'y pénêtre avant les
incursions romaines."
.....Du moins, pendant quatre siècles,
une évolution nouvelle va-t-elle être
imprimée aux poneys indigènes dont les
archéologues ont montré qu'ils avaient
une taille de 12 mains environ et dont
César appréciait la rapidité et la
vigueur "
"Avec les Normands, encore
un sang nouveau.
Robert de Bellesme importe des étalons
espagnols dans son comté de Shrewsbury (pays
de Galles). [...] Edouard III fait venir
cinquante étalons d'Espagne.[...] Il est
vraisemblable que les croisés ramènent
des étalons d'Orient et, en particulier,
Richard Coeur de Lion les précieux
étalons reçus de Saladin.
"Aux environs de 1550, la
taille des montures anglaises ne dépasse
encore guère 13 mains (1,32m) et, pesant
plus de 190 kilos armé de pied en cape,
Henri VIII craindra que "la race des
bons et solides chevaux puissent s'éteindre".
Il ordonne donc l'élevage de
poulinières d'au moins 13 mains et
interdit en principe l'emploi des
étalons de moins de 15 mains (1,52m)."[...]
Les courses sont déjà populaires, qu'elles
mettent en compétition "Galloways",
"Running Horses" ou "Hobbies".
Les premiers venant d'Ecosse et les
derniers d'Irlande, sans que les
documents historiques puissent nous en
apporter la preuve, il est à penser que
les Running Horses sont l'équivalent
anglais des deux autres.
C'est aux environ de 1550 qu'intervient
le sang oriental. Dénombrant les races
de chevaux connues à cette époque, dans
son "arte of Riding",Blundevill
commence par le Turc, "parce qu'il
vient de plus loin". L'ayant décrit
comme "très rapide et très
courageux", il ajoute: "Tous
les chevaux provenant de n'importe quelle
possession turque ou environnante sont
appelés chevaux turcs.
Précision d'importance puisque l'Arabe n'est
pas mentionné. Une grande partie de l'Arabie
et la Syrie appartiennent alors à l'Empire
ottoman et n'ont aucun contact avec l'Occident[...]
On s'explique qu'ait été tenu pour turc
tout cheval arabe importé en Angleterre.
Il est douteux que cela ait pu se
produire souvent avant 1580, c'est à
dire tant que les Turcs se sont opposés
à tout commerce pacifique avec les
chrétiens. [...]
Second sur la liste de Blundeville: le
"cheval de Barbarie". C'est le
Barbe actuel, "cheval petit mais
très rapide et endurant". le "Maure
pommelé" d'Oppien aurait donc
acquis de la rapidité au cours des
siècles.[...]
En achetant à partir de 1520
des coursiers d'Espagne et d'Italie,
HenriVIII a fondé le haras royal d'Hampton
Court et d'autres à Malmesbury et
Tutbury.
Jacques Ier importe plusieurs étalons d'orient,
tel Markham Arabian qui, acheté à
Constantinople, arrivait dit-on toujours
dernier aux courses. Il figure sur la
liste des "Arabes, Barbes et Turcs"
qui composent la quatrième partie de la
cinquième édition du Stud-Book *, sous
le préambule suivant: "La date d'importation
des chevaux énumérés... est inconnue
pour la plupart et ne peut être devinée
que par la date de naissance de leur
descendance (sic) [...]
|
D'anciens
documents attestent qu'il a existé une
catégorie de chevaux baptisés "Running
Horses" et qui étaient décrits
comme des chevaux de Barbarie, des Barbes
d'Espagne etc...Ceux que l'on tenait pour
Arabes venaient probablement de Perse ou
de Syrie."
Il est précisé que les chevaux ont
été classés par ordre chronologique.
Markham Arabian est le premier; on dit,
mais c'est peu probable qu'il aurait
été le premier de sa race à
apparaître en Angleterre. Suivent deux
Barbes et Place's White Turc(...) C'est
ensuite "Dodsworth, né en Angletere
mais Barbe authentique, dont la mère de
même race a été importée au temps de
Charles II.
Cela revient à dire qu'avant 1660,
quatre chevaux seulement sont mentionnés
comme originaires d'Orient ou d'Afrique,
l'un Arabe, les deux autres Barbes et le
dernier Turc.[....]
Dans ses écuries il ne reste à sa mort
qu'une poulinière parmi plusieurs
étalons. C'est le temps des fameuses
"tap-root" (reproductrices)
dont trente d'entre elles sont à l'origine
de tous les Pur-Sang. On les a longtemps
tenues pour la plupart de race orientale.
Des études récentes ont montré qu'il n'en
est rien: "Quelques unes seulement
ont été importées, la majorité étant
indigènes, une minorité ayant une
ascendance orientale. Presque tous les
étalons, en revanche, étaient de sang
oriental pur ou quasi pur. Races et lieux
d'origines sont le plus souvent
discutables.... Ce qui est certain, c'est
qu'il y avait peu de vrais Arabes mais
beaucoup de Barbes, conséquence de la
facilité des importations d'étalons et
de juments de cette race"**
Le fait peut étonner puisqu'aujourd'hui
l'Arabe éclipse le Barbe. Il en était
autrement au XVIIeme siècle. Depuis
Blundeville on faisait courir des Barbes;
ils étaient donc élevés dans ce but. D'autre
part, la reine avait apporté Tanger à
Charles II dans sa corbeille de noce.
Durant 20 années, le port marocain est
propriété anglaise et il demeure
ensuite ouvert au commerce européen.
A l'inverse, en ce temps-là , il y a en
Angleterre peu de chevaux d'Orient. Un
extrait du Diary of John Evelyn***(17
décembre 1684) est à cet égard
révélateur:
"Tôt le matin, je me rends à St-Jame's
Park pour voir trois chevaux turcs ou
asiatiques qui, récemment arrivés, vont
être pour la première fois présentés
à Sa Majesté." Enlevés à un
pacha turc pendant le siège de Vienne,
quatre étaient attendus mais l'un n'avait
pas supporté un voyage de neuf semaines.
John Evelyn les dépeint avec admiration
et indique le prix de vente du plus beau:
500 guinées, une somme énorme. Outre le
roi, un prince du Danemark, le duc d'York
et "plusieurs seigneurs de la cour,
"connaisseurs en chevaux"
figurent parmi l'assistance. La foule est
fascinée au spectacle tout nouveau de
ces animaux que conduit un Allemand
habillé à la turque.
Quels sont donc les trois étalons qui
assurent la descendance du Pur-sang?
Byerley Turk, d'abord, capturé, comme
les chevaux que décrit Evelyn, pendant
le siège de Vienne: il sert dans l'armée
en 1690 et son propriétaire, le
capitaine Byerley, le remettra ensuite au
haras du Yorkshire qui abrite la plupart
des "tap-root"; sa race prête
à discussion mais, selon Rathbone****,
il aurait pu avoir du sang turkmène.
C'est ensuite Darley Arabian, acheté à
Alep en 1704, incontestablement un Pur-sang
arabe (Maneghi).
C'est enfin Godolphin Barb (ou Arabian),
acheté à Paris en 1730, dont l'ascendance
est aussi incertaine que controversée. |
A partir de 1666, l'expression
"Running Horse" cède peu à
peu la place à "Breed Horses"
qui se transforme en "Thro'Bred";
"Thoroughbred est apparue en 1700.*****
Dès cette époque, l'exportation du Pur-sang
anglais a commencé. Ainsi Bulle Rocke,
fils de Darley Arabian et d'une jument à
la généalogie plus modeste, prend-il le
chemin de l'Amérique en 1730 ."
*
Londres 1891, p.388.
** Encyclopaedia Britannica, éd. 1968,
vol.13 p.715
*** Londres 1959, p. 783
**** "The Native British Foundation
of the Troroughbred Horse" dans The
British Race Horse, oct, 1966, p.449,
***** Ibid., p.452.
Richard Glyn "Les
plus beaux chevaux et poneys"
Horizons de France 1972
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yerle
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ci- dessous: * reproductions de
peintures de John Wootton **portrait
par Georges Stubbs adaptation d'un portrait
original de John Wootton.
*
"Byerley Turk"
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*"Darley
Arabian"
|
**"Godolphin Arabian"
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