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Les Chevaux dans les Ages de la Pierre

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première preuve de l'existence de l'homme à l'époque tertiaire et de sa consommation des grands mammifères de cette époque. [.....]
selon J. Desnoyers:


N.B.

A propos de la consommation des grands animaux attestée par les "traces nombreuses et incontestables d'incisions, de stries, de coupures."

on a à l'heure actuelle tendance à penser qu'il pouvait s'agir fréquemment de carcasses exploitées par "charognage " plutôt que venant de prises de chasse

ce qui ne sera jamais évoqué dans ces pages.

Les chevaux sauvages chassés et mangés par les hommes quaternaires dans l'Europe occidentale. (chap.II,§2)

Le 18 mai 1863, M. Desnoyer, de l'Institut, disait dans une note lue à l'Académie des sciences :

« Vers le milieu du mois d'avril dernier, je visitais aux environs de Chartres, dans la vallée et sur la rive gauche de l'Eure, les sablonnières de Saint-Prest, très connues des géologues comme le gisement le plus remarquable, le seul même connu jusqu'ici dans l'ouest de la France, d'ossements d'Elephas meridionalis réunis à des débris de Rhinocéros leptorhinus, d'Hippopotamus major, de plusieurs grandes espèces de Cerf, de grand Bœuf, de Cheval semblable à celui du val d'Arno, et d'autres mammifères détruits qu'on s'accorde à reconnaître comme exclusivement propres à l'étage supérieur du terrain tertiaire pliocène. Le nombre des ossements découverts depuis quinze ans dans cette localité est tellement considérable, qu'on peut estimer à plus de vingt individus le nombre des éléphants seulement, tous de la même espèce (Elephas meridionalis), dont les dents ou d'autres parties du squelette ont été conservés. »

Après avoir rendu compte de ses fouilles à Saint-Prest et de l'examen comparatif qu'il avait fait des ossements trouvés par lui et par ses devanciers dans cette localité avec d'autres ossements de diverses provenances, M. Desnoyers terminait sa note par les conclusions suivantes

"1° Des ossements fossiles ......., considérées comme caractéristiques des terrains tertiaires supérieurs ou pliocénes, et découverts dans un dépôt non remanié de cette période géologique, portent des traces nombreuses et incontestables d'incisions, de stries, de coupures.
"2° Ces entailles et ces stries sont parfaitement analogues à celles qui ont été observées sur des os fossiles d'autres espèces plus nouvelles de mammifères, les unes détruites ..... les autres vivant encore aujourd'hui, ......, trouvés dans les cavernes ossifères et dans les terrains de transport ou diluviens.
On a reconnu des vestiges semblables sur de nombreux ossements d'espèces actuelles recueillies dans les fouilles d'établissements ou de tombeaux gaulois, gallo-romains, bretons et germaniques.
"3° Ces marques constatées sur les ossements les plus anciens paraissent avoir, en très grande partie, la même origine que celle des ossements plus modernes et ne pouvoir jusqu'ici être attribuées qu'à l'action de l'homme.
« 4° D'autres stries plus fines, rectilignes, entrecroisées, qui se voient aussi en grand nombre sur les ossements du terrain pliocène des environs de Chartres et d'autres localités, paraissent être analogues à celles qu'on a observées sur les galets et les blocs striés, burinés et polis des glaciers anciens et modernes. L'agitation due à des eaux torrentielles aurait difficilement produit un semblable résultat.
« 5° Le gisement de Saint-Prest, aux environs de Chartres, unanimement reconnu comme terrain tertiaire supérieur ou pliocène, et certainement comme antérieur à tous les dépôts quaternaires qui contiennent l'Elephas primigenius, présente de nombreux ossements d'Elephas meridionalis et de la plupart des grandes espèces caractéristiques des terrains tertiaires supérieurs, sur lesquels on remarque ces deux sortes d'entailles et de stries.
« 6° De ces faits, il semble possible de conclure, avec une très grande apparence de probabilité, jusqu'à ce que d'autres explications plus satisfaisantes viennent mieux éclaircir ce double phénomène, que l'homme a vécu sur le sol de la France avant la grande et première période glaciaire, en même temps que l'Elephas meridionalis et les autres espèces pliocènes, caractéristiques du val d'Arno, en Toscane ; ......
« 7° Enfin le gisement de Saint-Prest serait jusqu'ici en Europe l'exemple de l'âge le plus ancien, dans les temps géologiques, de la coexistence de l'homme et de mammifères d'espèces éteintes, »
J. Desnoyers, Note sur des indices matériels de la coexistence de l'homme avec l'Elephas meridionalis dans un terrain des environs de Chartres plus ancien que les terrains de transport quaternaires des vallées de la Somme et de la. Seine; dans les Comptes rend. de l'Ac. des sciences, t. LVI, 1863, p. 1073-1083.)

Bien que le cheval de Saint-Prest et du val d'Arno (Equus Arnensis) appartienne probablement à une espèce autre que celles de nos Equidés domestiques, les seules dont nous ayons à faire l'histoire dans ce volume, nous avons rappelé la note de M. Desnoyers, parce qu'elle contient la première preuve qui ait été donnée de l'existence de l'homme à l'époque tertiaire et de ses chasses des grands mammifères de cette époque. [.....]

Piétrement 1882

Pyrénées:

Aurignac: beaucoup de cheval dans l'alimentation

Massat: station moins ancienne : absence

Lourdes :chevaux ..très nombreux


cheval de Lourdes
Musée d'archéologie nationale, St Germain en Laye

Quant aux faits qui montrent les chevaux chassés et mangés par les hommes de l'époque quaternaire ou âge de la pierre taillée dans l'Europe occidentale, ils ont été surtout bien étudiés par Edouard Lartet et par ses émules, principalement dans les grottes ou cavernes des Pyrénées, du Périgord et de la Belgique.

[...] Parmi les mammifères dont les ossements ont été trouvés associés aux débris de l'industrie humaine et à des os humains dans la station et sépulture d'Aurignac, arrondissement de Saint-Gaudens, département de la Haute-Garonne, Ed. Lartet a reconnu neuf espèces de carnassiers et neuf ou dix espèces d'herbivores parmi lesquelles nous citons :[.....], le cheval (Equus caballus), [.....].
L'âne (Equus asinus) n'a pas été reconnu avec certitude; Ed. Lartet le cite avec un point d'interrogation.

Voici quelques passages extraits textuellement de l'article qu'Edouard Lartet a consacré à cette station et sépulture d'Aurignac, dans les Annales des sciences naturelles,. IV série, t. XV, 1861

« Outre le mode de fragmentation des os dénotant qu'ils ont été cassés en vue d'en extraire la moelle, on trouve quelquefois à leur surface des rayures et des entailles profondes qui paraissent avoir été produites par le tranchant d'un instrument employé pour en détacher les chairs. En effet, nous avons pu recueillir dans les cendres mêmes du foyer une centaine d'éclats de silex, quelques-uns de forme peu définie, mais le plus grand nombre façonnés dans ce type si universellement répandu et que les archéologues désignent par le nom de couteaux » (p. 187).
« Une chose m'a frappé : c'est qu'ayant recueilli un grand nombre de mâchoires inférieures à peu près entières de carnivores, et, à l'intérieur de la grotte, quelques-unes d'herbivores, je n'ai cependant retrouvé ni maxiliaires supérieurs entiers, ni des parties notables de crâne d'aucun de ces animaux.
Faut-il croire que leurs crânes en général avaient été fracturés pour en extraire la cervelle?.... Les indiens de l'Amérique septentrionale, dit Hearne, cité par M. Morlot, préparaient les peaux avec une lessive de cervelle et de moelle.
« Les Samoyèdes, d'après Pallas fendent les os de Renne pour en manger la moelle toute fraîche et toute crue; leur mets favori est de manger la cervelle crue et encore fumante : ils mangent aussi crues les jeunes cornes de Rennes qui viennent de changer de bois.»
(P193) (d'après Pallas, Voyage en Russie et dans l'Asie septentrionale, t. V,p 168 )

« Quant au cheval, il paraît, d'après l'état de ses os cassés et fragmentés, comme ceux des ruminants, qu'il entrait pour beaucoup dans l'alimentation des aborigènes d'Aurignac. Cependant, à Massat, dans une station un peu moins ancienne, il y a absence complète des restes du cheval, tandis que dans la caverne de Bise, qui a servi d'habitation à l'homme au temps où le Renne vivait encore dans le midi de la France, les os cassés de cheval étaient, dit M. Tournal, aussi abondants que ceux des ruminants. »
(P.196-197.)[.....],Edouard Lartet, Nouvelles recherches sur la coexistence de l'homme et grands mammifères fossiles réputés caractéristiques de la dernière période géologique, dans les Ann. des sciences nat., IV série, t. XV, 1861, p. 177-249 :

Edouard Lartet dit plus loin:

[.....] "Nous emprunterons aussi aux Annales des sciences naturelles, IVe série, t. XVII, 1862, quelques-uns des renseignements donnés par M. Alphonse Milne-Edwards sur ses fouilles de la caverne de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées (Alphonse Milne-Edwards, De l'existence de l'homme pendant la période quaternaire dans la grotte de Lourdes (Hautes-Pyrenées), dans les Ann. des sciences nat., IVe série, t. XVII, 1862, p. 227-243.)
Il trouva dans cette grotte, des instruments en silex taillé, en corne de cerf et de renne ou en os, associés à des pièces osseuses se rapportant à douze espèces de mammifères parmi lesquelles nous citerons : l'homme, le cheval {Equus caballus), [.....]
« Les chevaux étaient très nombreux. Tous les os longs en étaient uniformément cassés; quelques-uns portaient encore la trace des entailles qu'avaient produites les instruments de silex dont les chasseurs se servaient pour détacher la peau et les chairs. Evidemment ces animaux servaient d'aliment aux populations primitives pyrénéennes...... [.....]
«La plupart des os, et surtout ceux de Cheval, d'Aurochs et de Renne, portaient des traces bien évidentes faites par le tranchant des instruments, destinés à séparer les chairs et à dépouiller l'animal. [.....]. Tous les os longs sont cassés, quelques-uns portent les traces de l'instrument qui a servi à cette opération; il est probable qu'elle avait pour but d'enlever la moelle contenue dans la cavité centrale. »
(p. 233.)
« Enfin il est bon de remarquer que, parmi les ossements trouvés dans la grotte de Lourdes, aucun ne peut se rapporter a une espèce domestiquée; nous n'avons pu même découvrir aucun indice de la présence du Chien. Au contraire, en Suisse, dans les habitations de l'âge de pierre, on trouve les traces de l'existence de chiens [.....]

Piétrement 1882

haut de page
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Périgord

stations extérieures...cavernes:

Les Eyzies, le Moustier, la Madelaine (sic) et les deux Laugeries

"Une race humaine,
aborigène ou non"


animaux alimentaires: dont renne et surtout cheval
aiguilles à coudre (les peaux)
parures
ustensiles ornés, dessins et sculptures

Edouard Lartet et son digne collaborateur H. Christy ont publié dans la Revue archéologique, t. IX, 1864 (Voyez Ed Lartet et H. Christy, Sur des figures d'animaux gravés ou sculptés et autres produits d'art et d'industrie rapportables aux temps primordiaux de la période humaine, dans la Revue archéoloqique, t. IX, 1864, p. 233-267), les résultats de leurs fouilles dans neuf grottes du Périgord, toutes situées dans l'arrondissement de Sarlat (Dordogne).
Ces auteurs disent à la fin du paragraphe consacré à la grotte des Eyzies :
« Outre les brèches et les dépôts ossifères, qui ne sont pas rares dans le Périgord, on y rencontre aussi sur certains points, au pied des grands escarpements des calcaires crétacés, des accumulations de débris organiques analogues à ceux observés dans l'intérieur des grottes; ce sont encore des os d'animaux alimentaires toujours fendus ou cassés de la même manière, et constamment associés à des silex taillés, également très nombreux. Dans ces stations extérieures, comme dans les cavernes, les restes du renne sont les plus abondants ; après eux viennent ceux du cheval, accompagnés, comme d'habitude, de fragments moins nombreux de boeuf, de bouquetin, de chamois, etc., avec quelques traces de lièvres et de carnassiers.» (p.252-253)

Apès avoir fait remarquer, vers la fin de leur mémoire, qu'ils ont été obligés d'omettre bien des faits, de supprimer bien des détails, ils ajoutent avec raison:

« Toutefois, de ce que nous avons exposé ci-dessus ressortent clairement les conclusions suivantes :
« Une race humaine, aborigène ou non, a vécu dans cette région, qui fut plus tard le Périgord, en même temps que le renne, l'aurochs, le bouquetin, le chamois, etc., espèces animales dont certaines sont présentement refoulées dans des latitudes extrêmes, et d'autres à peine représentées par de rares descendants sur les cimes des Alpes et des Pyrénées.
« Ces peuplades aborigènes ne connaissaient point l'emploi des métaux; leurs armes et leurs outils étaient: tantôt en pierre simplement taillée et non polie, tantôt en os ou en cornes solides d'animaux façonnées pour divers usages. .
« Ils vivaient des produits de la chasse et de la pêche; ils mangeaient les mammifères que nous venons de citer comme leurs contemporains, et aussi le Cheval, qui paraît avoir été pour eux un animal alimentaire de prédilection.;[.....]
« Aucun animal ne paraît avoir été domestiqué par eux, pas même le Chien, [.....]
« Outre la chair des animaux, ils utilisaient aussi leurs peaux; nous avons remarqué au bas des cornes de Renne, là où la peau est très adhérente, les traces des incisions qu'ils y pratiquaient pour l'en détacher.
« Pour rejoindre ces peaux entre elles ou pour les façonner en vêtement, ils devaient les coudre; nous avons retrouvé leurs aiguilles, faites aussi en bois de Renne et percées pour recevoir le fil de couture; enfin, au bas des os de la jambe de ces mêmes Rennes, d'autres incisions très significatives nous révèlent qu'ils y coupaient les tendons pour les fendre et les diviser en fils, comme le font encore de nos jours les Esquimaux.
« Leurs objets de parure, leurs ustensiles ornés de façon si diverse et quelquefois avec une régularité symétrique, témoignent de leurs instincts de luxe et d'un certain degré de culture des arts. Leurs dessins et leurs sculptures nous en fournissent une manifestation plus élevée, par la manière dont ils ont réussi à reproduire la figure des animaux leurs contemporains.
Personne, nous le supposons, ne songera à contester la valeur de ces déductions; elles ressortent d'évidences matérielles. »
(P. 262-263.)

A ces judicieuses remarques, il faut ajouter les suivantes, que nos deux auteurs ont faites dans la première partie de leurs Reliquiae Aquitanicae, ouvrage publié a Londres en décembre 1865 : remarques qui ont été traduites par Ed. Lartet lui-même pour être insérées dans les Matériaux

" Dans les deux grottes des Eyzies et du Moustier, non plus que dans les trois stations extérieures de la Madelaine et des deux Laugeries, il ne s'est trouvé aucun os rongé, sauf toutefois à la Madelaine, où l'on a recueilli une tête de fémur de Cheval, portant l'empreinte peu énergique de dents aïgues d'un jeune carnassier. Ceci laisserait supposer que les indigènes qui se réunissaient dans ces grottes et sous les autres abris extérieurs avaient les moyens d'en fermer l'accès aux animaux carnassiers, dont l'existence, contemporaine alors dans le pays est d'ailleurs attestée par les restes assez nombreux de Loups et de Renards recueillis dans les divers gisements explorés.
" Il y a une autre particularité qui mérite d'être signalée : c'est l'absence presque totale des vertèbres de Bœuf et de Cheval, dans les divers gisements dont il vient d'être question; si ce n'est encore à la Madelaine, où l'on a pu recueillir plusieurs vertèbres dorsales et lombaires d'un jeune Aurochs.
On pourrait induire de là que les grands animaux (Bœuf et Cheval), après avoir été abattus par les chasseurs indigènes, étaient dépecés sur place, et qu'on en emportait seulement les extrémités avec leurs parties charnues et les os à moelle.
" Pour les animaux de moindre taille, les Rennes surtout, les vertèbres se trouvent en grand nombre dans toutes les stations, et, dans la grotte des Eyzies, on a plusieurs fois observé des vertèbres dorsales restées en séries, ce qui fait présumer que ces animaux y avaient été transportés entiers.
« Pour tous les animaux, les têtes paraissent toujours avoir été apportées dans les lieux de réunion, sans doute pour en avoir la cervelle, car toutes avaient été fracturées, et leurs débris seuls ont pu être recueillis.
" Enfin, dans aucune des cinq grottes ou stations mentionnées ci-dessus, il n'a été trouvé aucun os rapportable à un animal domestique;[.....]
( Ed. Lartet et H. Christy, dans les Matériaux pour l'hist. de l'homme, IIe année,1866, p.292-294.)

Piétrement 1882

enfin: Cro-Magnon p. suivante

âge immédiatement antérieur à l'époque artistique qui a vu naître dans ce pays les premiers essais de la gravure et de la sculpture.

Cheval: ressource principale de l'alimentation des indigènes

Sous le titre de Mémoire sur une sépulture des anciens troglodytes du Périgord , M. Louis Lartet a rendu compte de son exploration, faite en avril 1868, de la grotte de Cro-Magnon, située près de la station des Eyzies.
On sait qu'il y a trouvé le crâne de vieillard dit crâne de Cro-Magnon et d'autres ossements humains rapportables à quatre squelettes. Voici une partie de la conclusion de ce mémoire, tirée des Annales des sciences naturelles, Ve série, t. X, 1868, p. 144 :
« En résumé, la présence à tous les niveaux des mêmes grattoirs de silex, finement retouchés comme ceux de Gorge d'Enfer, et des mêmes animaux qui s'y trouvent associés également, dans cette station classique, nous fait admettre que ces vestiges d'habitations successives de l'abri de Cro-Magnon se rattachent au passage dans la contrée d'une même race de chasseurs qui ont pu ne faire, dans le principe, de cette grotte, qu'un simple rendez-vous de chasse, où ils venaient se partager les dépouilles des animaux tués dans le voisinage.
Plus tard, ils l'ont habitée d'une façon permanente; enfin, à une époque où l'accumulation de leurs débris de cuisine, en exhaussant le sol
(note: Le texte dit "en les exhumant du sol "; c'est une faute d'impression évidente.), l'aurait rendue très incommode en raison du peu de hauteur (1 m. 20) de cette cavité, ils l'auraient peu à peu abandonnée, y revenant une dernière fois pour y cacher leurs morts.
Depuis, cette cavité n'a plus été accessible, si ce n'est peut-être à quelques Renards d'espèces particulières; et la dégradation atmosphérique, faisant lentement son chemin, a couvert peu à peu cette étrange sépulture d'une couche puissante, qui en révélerait à elle seule la haute antiquité.
La présence dans ses couches de foyers, des débris d'un Ours de grande taille, du Mammouth, du grand Lion des cavernes, du Renne, du Spermophile, etc., corrobore de tout point cette évaluation, que l'on peut rendre plus rigoureuse encore en se basant sur la prédominance du Cheval relativement au Renne, sur la forme des silex, des flèches, des poinçons en os, des marques dites de chasse, ainsi que sur l'absence de tout dessin ou sculpture, ce qui permet de rapporter cette station à l'âge immédiatement antérieur à l'époque artistique qui a vu naître dans ce pays les premiers essais de la gravure et de la sculpture. »

Ayant examiné les ossements d'animaux recueillis par son fils, Edouard Lartet en a fait l'objet d'un article intitulé Remarques sur la faune de Cro-Magnon, d'après les débris osseux découverts soit dans la sépulture humaine, soit dans les restes des foyers placés à proximité, qu'il a également publié dans les Annales des sciences naturelles, V série, t. X, 1868, et dans lequel on lit aux pages 157 et 158 :

" Quant au Cheval, ses restes se sont rencontrés les plus abondants dans cette station de Cro-Magnon, où il a dû former la ressource principale de l'alimentation des indigènes de cette époque [.....]... . Rappelons que toutes les stations ci-dessus sont caractérisées archéologiquement par la présence des flèches du type de celles d'Aurignac, c'est-à-dire à pointes simples et non barbelées, comme le sont celles des Eyzies, de la Madelaine, de Bruniquel, de Massat, etc..,[...] »

[...] L'exploration des cavernes de la Belgique a conduit les paléontologistes belges aux mêmes conclusions que les paléontologistes français. [.....].

Piétrement 1882


cheval sauvage du Vogelherd
Institut de pré et protohistoire Tübingen

La non-domesticité du cheval, qui vient d'être constatée durant tout l'âge de la pierre taillée, aussi bien en Belgique que dans le Périgord et dans les Pyrénées, nous fait un devoir d'examiner attentivement, la question des célèbres chevaux de Solutré, qu'on a voulu, bien à tort, faire passer pour des chevaux domestiques.

La station de Solutré, près de Màcon (Saône-et-Loire), a été bien étudiée par MM. Arcelin et l'abbé Ducrost, auxquels nous empruntons les renseignements suivants :

« On sait que la station préhistorique de l'âge du renne, de Solutré, occupe la couche supérieure d'un éboulis détritique formé à la base d'une haute falaise bajocienne. .........
« De nombreux sondages, ....., nous ont permis de nous rendre compte d'une façon complète de la composition de cet éboulis, et nous avons eu la satisfaction de constater qu'il est formé d'une succession de couches très distinctes, qui constituent une stratification des plus remarquables et des plus certaines. .....
........
« Comme la plupart des éboulis, celui de Solutré a la forme d'un cône de déjections,........ ces accumulations si étonnantes d'ossements de chevaux où l'on compte, les individus par centaines de mille, que nous avions depuis longtemps désignées sous le nom de magma de cheval.

Le cheval y règne presque exclusivement;.....
..... nous pouvons tirer de cet ensemble de faits quelques conclusions importantes :
« 1° L'éboulis s'est entièrement formé pendant l'époque quaternaire.
« 2° La formation de l'éboulis a été vraisemblablement assez longue, puisque trois phases industrielles successives, très distinctes, correspondant à des variations sensibles de la faune locale, se sont succédé au même point.
« 3° Les grands carnassiers des couches inférieures ne se trouvent plus dans les foyers de l'âge du renne . »
Arcelin et l'abbé Ducrost, Sur la stratigraphie de l'éboulis de Solutré; dans les Bulletins de la Société antrhropol. de Paris, année 1876, p. 486-489.

On voit que le magma de cheval de Solutré est contemporain de l'âge du mammouth de M. Dupont et d'Edouard Lartet, et que les chevaux de l'âge du renne de cette station sont contemporains de l'âge du renne de ces deux auteurs.

La domesticité des chevaux de Solutré constituerait donc un fait tellement insolite qu'on ne saurait l'admettre sans preuves irrécusables.

[.....] tous les hommes de l'Europe occidentale, contemporains des habitants de Solutré, étaient au même degré de civilisation, [.....] et ils n'ont cependant pas domestiqué le cheval, ni aucune autre espèce herbivore

[.....]

En résumé, les hommes ont chassé et mangé les chevaux, sans les domestiquer, dans l'Europe occidentale, durant toute la période quaternaire ou âge de la pierre taillée. Il nous reste à dire quels étaient ces hommes prh3 et ces chevaux .prh4


Piétrement 1882

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découvert plus tard (env. 1940)
Lascaux

Grand cheval jaillissant peint au fond du diverticule axial de la grotte de Lascaux ( L'Art de la Préhistoire, Louis-René Nougier, Librairie Générale Française, 1981)

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