N.B. ère tertaire: distribution des
terres et des mers à peu prés comme
aujourd'hui- apparition des divers
mammifères placentaires
premières
phases de l'ère quaternaire : double
bascule du sol de l'Europe
Angleterre / Continent :
d'abord unis, puis séparés, puis unis,
puis séparés...
période
glaciaire :
deux
longues périodes de froid relatif,
séparées par une longue période de
température plus élevée
|
|
Les phénomènes
géologiques et le climat de l'époque
quaternaire.
[...] Depuis qu'un
refroidissement relatif a revêtu notre globe d'une
écorce solide, assez résistante pour n'être
plus fracturée en énormes fragments nageant sur
un océan de matières en fusion, comme des
glaçons flottant sur nos fleuves pendant les
hivers rigoureux, cette écorce terrestre a
toujours éprouvé des ondulations, des
plissements [...]
C'est par leur action que la mer a tant de fois
couvert chacun des points de la terre, [...]
[...] L'époque
tertiaire, déjà caractérisée par une
distribution des terres et des mers analogue
comme étendue à ce qui existe à présent, est
précisément celle où apparaissent les divers
mammifères placentaires, cétacés et
quadrupèdes pilifères dont la plupart sont
encore représentés, sinon comme espèces, au
moins comme genres zoologiques, dans notre faune
actuelle, dont ils occupent, le sommet.
Enfin, le commencement de la période quaternaire
ou post-pliocène a vu naître la majeure
partie des espèces mammifères qui existent
encore aujourd'hui et quelques autres qui ont
déjà disparu depuis cette époque.
..]
Quoique la paléontologie en soit encore
à ses débuts, puisqu'elle date à peine d'un
siècle, elle a cependant déjà permis
de constater le développement progressif
de la vie organique aux diverses époques
géologiques successives, [...] |
[...]
Pendant les premières phases de l'époque
quaternaire, le sol de l'Europe a été le
théâtre d'un double mouvement de bascule
semblable à tous ceux qui avaient
antérieurement porté la mer sur les anciens
continents et émergé les nouveaux terrains de
sédiment déposés au fond de l'Océan, pour en
former de nouveaux continents.
L'Angleterre, qui était auparavant unie au
Continent Européen et dont les côtes étaient
élevées en moyenne de 150 mètres au-dessus de
leur niveau actuel, a eu le temps, pendant ces
premières phases quaternaires, de s'abaisser de
450 mètres en moyenne, au-dessous de ce niveau
actuel, puis de se relever assez pour se réunir
de nouveau à l'Europe, enfin de redescendre au
point où nous la voyons aujourd'hui .[...]
Notre hémisphère a été témoin de deux
longues périodes de froid relatif, séparées
par une longue période de température plus
élevée,[...] Ce sont ces longues phases,
embrassant la majeure partie de l'époque
quaternaire, qu'on appelle généralement et que
nous continuerons d'appeler la période
glaciaire, [...] qui, en réalité, n'en
constituent pas moins deux périodes glaciaires,
dont Lyell estime la durée totale à environ
deux cent vingt-quatre mille ans. (Voy Lyell, Anc. de l'homme, p. 300.)
Piétrement
1882
|
.
centre
Hispano-Atlantique ou centre Hispanique.
Etats
Barbaresques
grande presqu'île unie à l'Espagne par
l'isthme de Gibraltar et complètement
séparée de tout le reste de l'Afrique
par une vaste mer saharienne
Océan
Glacial du Nord jusqu'à Oural et
Baltique
Aral,
Caspienne, Mer noire réunies
Barbarie
+ Europe méridionale et occidentale =
espèce de grand archipel
|
|
Les Etats
Barbaresques, depuis le Maroc jusqu'à
la Tunisie inclusivement, ne formaient pendant la
période glaciaire qu'une grande presqu'île
largement unie à l'Espagne par l'isthme de
Gibraltar et complètement séparée de tout le
reste de l'Afrique par une vaste mer saharienne,
de 1200 lieues de long sur 400 à 500 lieues de
large, qui communiquait largement, d'une part
avec l'océan Atlantique, au sud de Mogador, et d'autre
part avec la Méditerranée, à l'est de Tunis.
Les sommets de l'Atlas étaient couverts de
glaciers, et les nombreux lacs salés, ou plutôt
les nombreux déserts salés, qui couvrent
aujourd'hui une partie de ces contrées, étaient
de grandes Caspiennes salées.
Ce n'est qu'assez tard dans la période
quaternaire que des mouvements du sol et des
changements survenus dans le climat de ces
regions ont déterminé la formation du détroit
de Gibraltar et du grand désert saharien : ce
qui explique bien pourquoi les États
Barbaresques sont encore de nos jours en grande
partie européens sous le double rapport de leur
faune et de leur flore.
Du reste, la formation relativement récente du
détroit de Gibraltar était déjà connue des
anciens; le vulgaire attribuait ce fait à
Hercule; mais les hommes instruits en avaient
déjà découvert la vraie cause, c'est-à-dire
les anciennes déchirures et oscillations de la
surface de la terre. (Voyez Strabon, liv. Ier,
ch III, et liv. III, ch. I, § 7).. Quant à
l'ancienne existence de la mer saharienne, elle
avait déjà été signalée par Pomponius Mêla (I, 6), qui, à l'appui de son
opinion, cite dans les plaines du Sahara actuel,
au sud de l'ancienne Numidie, l'existence d'arêtes
de poissons, de débris d'huîtres et autres
coquilles, ainsi que
« des
rochers qui paraissent avoir été usés
par les flots, comme ceux qu'on voit au
sein des mers » ; |
et l'opinion de
Mêla a été confirmée depuis par plusieurs
géologues, notamment par Lyell, MM. Louis Lartet
et Bourguignat. (Voyez Louis Lartet, Géologie de la
Palestine, Bourguignat, Malacologie de l'Algérie, dernier chapitre.)
Non seulement les États Barbaresques, autrefois
entourés par la mer saharienne, étaient alors
unis à la péninsule Hispanique; mais cette
dernière était elle-même beaucoup plus vaste
qu'aujourd'hui, puisqu'elle s'étendait à l'est
jusqu'au delà des îles Baléares ; et c'est à
cette grande région territoriale qu'on donne le
nom de centre Hispano-Atlantique ou tout
simplement de centre Hispanique.
Or M. Bourguignat a prouvé dans sa Malacologie
de l'Algérie que, à l'époque quaternaire,
ce centre Hispanique a été un centre d'apparition
de nombreuses espèces d'animaux mollusques
terrestres et fluviatiles, à formes bien
distinctes, dont l'aire géographique actuelle s'étend
depuis les bords septentrionaux du Sahara jusqu'aux
rives de la Garonne : fait malacologique qui est
en parfaite concordance avec celui de l'apparition
à la même époque de l'âne européen
et d'autres races mammifères dans la même
région.
Nos contrées ont aussi été le théâtre de
phénomènes géologiques très importants durant
la période glaciaire.
L'océan Glacial du Nord avait envahi toute la
partie septentrionale et centrale de l'Europe
depuis l'Oural jusqu'à la Baltique;
[...] Le lac d'Aral était réuni à la mer
Caspienne, qui communiquait avec la mer Noire,
jointe elle-même à la mer glaciaire européenne.
Les montagnes de l'île Scandinave, des Iles-Britanniques,
de la France centrale, ainsi que les chaînes des
Balkans et des Carpathes, les Alpes, les
Pyrénées et les Sierras espagnoles, étaient
couvertes d'immenses glaciers,
[...] Enfin, tout ce qui restait de surfaces
émergées dans la Barbarie et dans l'Europe
méridionale et occidentale constituait alors une
espèce de grand archipel, dont les différentes
parties ou presqu'îles étaient réunies par des
isthmes comme celui de Gibraltar.[...]
Piétrement
1882
|
.
originalité
du climat de l'époque glaciaire en Europe 1ere glaciation
" plus
doux et moins excessif, dans ses extrêmes, que
celui dont sont aujourd'hui favorisées nos
régions, dites tempérées," (Ed.Lartet)
pliocène
:
littoral Méditerranéen : Rhinocéros,
Mastodonte et Singes conditions de température
plus élevée que celle de nos climats qualifiés
tempérés.
quaternaire:
Rhinocéros/Hippopotame/Eléphant
hivers moins froids
Renne/Boeuf musqué
étés moins chauds
écarts bien moins extrêmes que ceux du climat
actuel
type de climat
littoral ou insulaire observable actuellement au
Chili et en Nouvelle Zélande
|
[....] Mais quelques auteurs se
sont fait une idée très fausse de la
température de la période glaciaire, qui a
permis au Renne et au Buf musqué d'habiter
la Gaule à cette époque;
ils en ont inféré que le climat de notre pays
devait alors être semblable au climat actuel des
régions arctiques ; ils auraient tout aussi bien
pu avancer que la Gaule jouissait alors d'un
climat tropical, s'ils s'étaient souvenus qu'elle
nourrissait également à cette époque certaines
espèces de rhinocéros et d'hippopotame.
« " On a pu
vérifier, dit Edouard Lartet, que les
restes de deux de ces Rhinocéros ....
se sont trouvés, dans les sables
pliocènes de Montpellier, associés a
ceux d'un Mastodonte et de deux Singes ....,
dont ils avaient dû être
contemporains.
La présence de Singes, ce genre toujours
rebelle à l'acclimatement dans les
régions froides, implique
nécessairement pour l'époque où cette
faune, ainsi mêlée, vivait sur le
littoral pliocène de la Méditerranée,
des conditions de température plus
élevée que celle de nos climats
qualifiés tempérés.
« Néanmoins, il est arrivé que, à un
moment donné de la période suivante ou
quaternaire, ces mêmes Rhinocéros,
aussi bien que l'Hippopotame datant comme
eux de l'époque pliocène, ont dû se
rencontrer et vivre simultanément, sur
divers points de notre Europe centrale,
avec l'Eléphant (E. primigenius) et
le Rhinocéros velu (Rh. tichorhinus),
puisque leurs restes se trouvent
enfouis pêle-mêle clans les mêmes
gisements. Ajoutons qu'on y rencontre
aussi ceux de Renne ou du Buf
musqué (Ovibos moschatus).
" Or, pour expliquer que le
Renne et le Buf musqué aient pu
vivre ainsi dans l'Europe des temps
glaciaires ou quaternaires, côte à
côte avec l'Hippopotame et des
Rhinocéros précédemment contemporains
de Singes pliocènes, on est conduit à
rabattre beaucoup des prétendues
rigueurs de l'époque glaciaire, dont le
climat était probablement marqué par
des écarts bien moins extrêmes que ceux
du climat actuel de nos temps modernes.
En un mot, il fallait des étés moins
chauds pour le Renne et le Buf
musqué, et, d'autre part, des hivers
moins froids pour l'Hippopotame et d'autres
espèces dont, les analogues sont aujourd'hui
retirées vers les régions tropicales.
De telles conditions de température ne
sont nullement incompatibles avec la
grande extension attribuée aux glaciers
quaternaires. On en trouve aujourd'hui la
réalisation sur quelques points du globe,
particulièrement dans les latitudes
moyennes.
Ainsi au Chili, d'après M. Darwin, on
voit, par une latitude de 38 degrés sud,
les glaciers des Andes descendre jusqu'au
rivage de la mer, en face de l'île de
Chiloë.
"Dans l'île du sud de la Nouvelle
Zélande, où les neiges perpétuelles se
maintiennent à une altitude qui dépasse
à peine 2 000 mètres, les glaciers ne s'arrêtent
qu'à quelques centaines de mètres de la
côte, et les savants attachés à l'expédition
de la Novara ont pu y constater qu'à
proximité de ces glaciers il existe une
végétation forestière à physionomie
tropicale : les Palmiers, les Fougères
arborescentes y abondent. Il est dit dans
l'Almanach de Chapman pour 1867 (Chapman's
New-Zealand Almanach, 1867, p. 57) que dans
certaines parties de cette île la
température est si uniforme qu'on y
distingue à peine la saison de l'hiver
de celle de l'été.
« On dira que c'est là le propre de
certains climats littoraux ou insulaires.
Mais, dans l'opinion de la plupart de nos
géologues, au moment même du plus grand
développement du phénomène glaciaire
en Europe, de vastes étendues de ce qui
constitue aujourd'hui notre continent
étaient recouvertes par les mers de
cette époque, [...];
ce qui restait de surfaces émergées ne
formait probablement alors qu'un grand
archipel, avec peut-être quelques
projections péninsulaires où se
réalisaient ainsi tous les avantages que
présentent les climats marins sous des
latitudes moyennes.
« Cette hypothèse, qui attribuerait à
l'Europe des temps glaciaires un climat
plus doux et moins excessif, dans ses
extrêmes, que celui dont sont aujourd'hui
favorisées nos régions, dites
tempérées, sera difficilement acceptée
par ceux de nos géologues ou
paléontologistes qui ont prétendu que
plusieurs grands Mammifères quaternaires
avaient dû périr par suite de l'extrême
rigueur du froid.
« Remarquons d'abord que la plupart de
ces Mammifères, que l'on veut bien
aujourd'hui accepter comme caractérisant
l'époque quaternaire, [...] qui
paraissent avoir vécu avant le moment de
la plus grande extension du régime
glaciaire en Europe, ont dû traverser
sains et saufs cette prétendue crise
climatérique.
En effet, on retrouve très souvent leurs
restes dans les graviers et alluvions du
fond des vallées, aussi bien que dans
les dépots des cavernes, envisagés par
le plus grand nombre des géologues comme
étant d'une date plus récente que le
grand phénomène erratique du Nord......
« II serait, ce nous semble, beaucoup
plus rationnel de supposer que, après la
retraite des mers glaciaires, et dès le
moment où l'Europe, ainsi agrandie, s'est
trouvée ramenée, aux conditions d'un
climat continental, les étés, devenus
plus chauds, auront forcé le Renne et l'Ovibos
musqué à émigrer vers les latitudes
arctiques, plus en rapport avec les
besoins de leur tempérament:;
les Chamois, les Bouquetins. les
Marmottes auront, par la même cause,
cessé d'habiter nos plaines de la France
centrale et se seront réfugiés sur la
cime des Alpes et des Pyrénées.
D'autre part, la disparition ou l'extinction
de l'Hippopotame, de certaines espèces
de Rhinocéros et des grands Carnivores,
dont les congénères actuels sont
refoulés vers les régions tropicales,
peut avoir été le résultat du
refroidissement de nos hivers devenus
trop excessifs pour les exigences de leur
organisation. » (Ed. Lartet, Note
sur deux têtes de carnassiers, etc.,
dans les Ann. des sc. nat., Ve
série, t .VIII, 1867, p. 290-293.) |
Piétrement
1882
|
haut
2eme
glaciation:
surélévation continentale, retraite des mers:tempêpatures
plus extrêmes, extension des glaciers, cours d'eau
torrentiels
drift (diluviumn du fond des vallées).
|
Dans l'avant-dernier
alinéa, Lartet a fait allusion au grand
phénomène erratique du nord, contemporain de la
première période glaciaire, et au dépôt plus
récent des graviers du fond des vallées,
produit par la seconde, qui était alors
contestée par beaucoup de géologues; mais il y
avait déjà plusieurs années qu'il s'était
exprimé ainsi sur ces questions :
«
Cette retraite de la mer glaciaire aura
permis la diffusion dans toute l'Europe
et jusque dans les Iles Britanniques,
alors rattachées au sol de la France,
des Eléphants, des Rhinoceros, etc. .
« A cette phase de surélévation
continentale se rapporterait un retour
manifeste à des conditions de
tempêpature plus extrêmes, à une
nouvelle extension des glaciers dans les
grands centres orographiques, et à une
recrudescence concomitante du régime
exclusif et torrentiel des cours d'eau
qui ont produit le drift
ou diluvium du fond des vallées.
« Or c'est dans ce drift, dans ces bancs
diluviens du fond des vallées, que l'on
a trouvé les silex taillés de Saint-Acheul
et d'Abbeville, ainsi que les restes d'Eléphant,
de Cerf gigantesque, de Renne, et encore,
à Manchecourt, un membre entier
de ce même Rhinocéros que les
aborigènes d'Aurignac faisaient figurer
dans leurs repas funéraires.
« L'homme a donc lui aussi traversé,
comme la plupart de nos animaux
contemporains, cette longue série
climatérique qui n'a rien bouleversé,
rien détruit, et dont la
cessation graduelle a pu être l'effet d'un
nouvel affaissement, qui aura ramené les
diverses contrées de l'Europe ou, si l'on
veut, de l'hémisphère boréal, dans
leurs relations géographiques actuelles.
» (Ed.
Lartet, Nouv. rech. sur la coex. de l'
homme, etc., dans
les Annal,
de sc. nat., IVe
série, t. XVI, 1861, p. 248.) |
Quant à l'assertion
que l'époque quaternaire n'a rien détruit,
Lartet l'avait déjà expliquée ainsi l'année
précédente :
"Si,
dans la classe des Mammifères, il y a eu
disparition finale de quelques espèces (une
dizaine tout au plus), l'observation plus
rigoureuse des faits tend chaque jour à
établir que cette disparition a été le
résultat, non d'une destruction
simultanée, mais plutôt d'extinctions
successives qui paraissent avoir été
graduelles dans l'espace comme dans le
temps. » (Ed. Lartet, Sur l'anc.
géol. de l'esp. hum., dans
les Annales
des sc. nat., IVe série, t.
XIV, 1860, p. 121.) |
|
.
variations
climatiques de l'ère glaciaire et migrations des
mammifères |
Notre globe a donc vu se
succéder des phénomènes géologiques et
climatologiques de la plus haute importance
durant l'époque quaternaire.
Des glaciers ont deux fois envahi et deux fois
abandonné de vastes territoires dans l'Ancien
Continent et la première de ces périodes
glaciaires s'est compliquée d'une immense
extension des mers dans certaines régions de ce
continent;
deux longues périodes d'un froid relatif et d'humidité
ont succédé à deux périodes de température
relativement sèche et élevée, et elles ont en
dernier lieu été suivies du climat à saisons
si variables de l'époque actuelle.
Il en est forcément résulté, dans le cours des
siècles, de grandes migrations, parfaitement
prouvées, de certaines espèces mammifères
terrestres (Voyez notamment Ed.
Lartet, Sur
les migrations anciennes des mammifères de l'époque
actuelle, dans les Comptes rendus de l'Académie
des sciences, tome XLV1,1858, p.409-414), et l'extrême
lenteur avec laquelle se passaient les
phénomènes géologiques et climatologiques
permettait du reste, même aux espèces les plus
lentes, de se déplacer peu à peu pour chercher
ailleurs des conditions d'existence appropriées
à leur constitution, à mesure que le mouvement
des mers ou des changements de climat leur
rendaient la vie impossible dans leurs anciennes
patries. Aussi
n'y a-t-il eu alors ni grand cataclysme ni
destruction générale et subite des êtres
organisés, [...] ce qui ne veut pas dire que les
phénomènes glaciaires n'aient pas eu leur part
d'action sur l'extinction de quelques espèces
animales.
Du
reste, ce qui prouve bien que le climat
constant et tempéré de notre période
glaciaire était produit par la
distribution géographique des terres et
des mers, par l'absence des vents
brûlants qui nous viennent du Sahara
aujourd'hui desséché et par l'absence
des vents glacials qui nous arrivent en
hiver des contrées septentrionales de l'Europe
autrefois couvertes d'eau beaucoup plus
que par les influences cosmiques, c'est
qu'à l'époque où les hommes de la
période glaciaire chassaient et
mangeaient dans toute l'Europe
occidentale le Mammouth, le Rhinocéros,
le Cheval et autres grands mammifères,
les deux tiers de la Sibérie aujourd'hui
glacés étaient couverts d'immenses
forêts dont il ne reste plus nul vestige
vivant et qui nourrissaient également de
nombreux troupeaux des mêmes espèces
animales, comme Ed. Lartet l'a montré
dans sa Chronologie paléontologique (
Ann. des sc. nat.: zoologie; IVe série, t.
XV, 1861, p. 217-232.) , en citant les
documents fournis par les auteurs de la Géologie
de la Russie, Murchison, de Verneuil
et Keyserling. |
Piétrement
1882
|
.
[...] Quelle que soit d'ailleurs la façon dont
on veuille expliquer la distribution
particulière des mers pendant la période
glaciaire, il n'en est pas moins certain qu'elle
a donné à la Sibérie un climat beaucoup moins
rigoureux que celui dont elle souffre
actuellement; et aux régions du sud-ouest de l'Europe,
ainsi qu'aux États Barbaresques, un climat doux
et humide, exempt des grands écarts qui existent
aujourd'hui entre nos hivers et nos étés, enfin
extrêmement favorable à la végétation et à
certaines espèces animales.
L'humidité du climat de nos contrées
méridionales a même persisté assez longtemps
après la retraite de la mer glaciaire et la
fonte des grands glaciers; car l'étude de la
flore, de la faune et notamment de la
conchyologie de l'âge du renne, a prouvé
que beaucoup de nos provinces méridionales,
entre autres la Provence, avaient encore alors un
climat doux et humide avec de nombreuses eaux
jaillissantes (Voyez G. de Saporta, Température
de la Provence à l'époque du Renne, dans
les. Matériaux pour l'hist. de l'homme, IVe
année, 1868, p. 42.)[....] Du reste, ce qu'Edouard
Lartet vient de dire de la disparition lente et
successive de certaines espèces mammifères
quaternaires est également applicable à
certaines espèces des autres classes zoologiques
et phytologiques, non seulement de la période
quaternaire, mais encore de toutes les périodes
géologiques caractérisées par la présence des
êtres organisés sur la terre. Aussi la faune et
la flore de chaque période géologique se
composent-elles toujours d'une notable partie des
espèces animales et végétales de la période
précédente, auxquelles se sont ajoutées des
espèces nouvelles, comblant le vide laissé par
les espèces disparues.
Il
n'y a donc pas eu destruction subite de toutes
les espèces vivantes, ni création de toutes
pièces d'une autre faune et d'une autre flore,
lors d'aucun des passages d'une période
géologique à une autre. Aucun de ces passages n'a
été signalé par un cataclysme; les fleuves,
les courants marins et atmosphériques n'ont pas
alors été soumis instantanément à un autre
régime; ils ont continué, comme par le passé,
l'oeuvre lente des remaniements de l'écorce
terrestre. [....]
Piétrement
1882
|
haut
|