Les Équidés fossiles de l'époque
quaternaire .
Les
paléontologistes ont réuni au genre Equus
un genre d'animaux fossiles appelés Hipparions
ou Hypothérions ; et de ces deux
genres ils ont formé ce qu'ils appellent la famille
des Équidés.
[...] les
Hipparions avaient à chaque membre trois doigts
complets, dont le médian servait seul à l'appui
sur les terrains solides,[...]
On n'a
découvert aucun ossement fossile d'Equidé en
Australie; mais on a trouvé des débris fossiles
de plusieurs espèces d'Hipparions dans diverses
contrées de l'Amérique du Nord, de l'Asie, de l'Europe
et en Algérie.
Dans l'état
actuel des explorations géologiques, qui, on le
sait sont a peine commencées, le genre Hipparion
est réputé plus ancien que le genre Equus.[...]
les Hipparions paraissent s'être éteints avant
l'époque quaternaire,[...]
Piétrement
1882
|
N.B.
selon Cuvier et Sanson:
sans crâne:
impossibilté de diagnose différentielle des
espèces, à l'intérieur du genre, |
[....] Dans l'Ancien
Continent, le plus ancien représentant connu du
genre Equus paraît être l'Equus
sivalensis, trouvé dans le miocène
supérieur des monts Séwalik, au pied de l'Himalaya.
[....]
Mais c'est le cas de rappeler ce qu'a dit Cuvier
à propos des os fossiles de chevaux « qui
accompagnent les éléphants et les tigres » :
"
Les chevaux qui les ont fournis
ressemblaient-ils en tout à nos chevaux
d'aujourd'hui?
" J'avoue que l'anatomie comparée
est peu en état de répondre à cette
question.
" J'ai comparé avec soin les
squelettes de plusieurs variétés de chevaux,
ceux de mulet, d'âne, de zèbre
et de couagga, sans pouvoir
leur trouver de caractère assez fixe
pour que j'osasse hasarder de prononcer
sur aucune de ces espèces d'après un os
isolé; la taille même ne fournit que
des moyens incomplets de distinction, les
chevaux et les ânes variant beaucoup à
cet égard, à cause de leur état de
domesticité, leur différence pouvant
presque aller du simple au double; et,
quoique je n'aie pu encore me procurer le
squelette de l'hémione ou dgigguetaï,
je ne doute point qu'il ne ressemble
autant à toutes les autres espèces qu'elles
se ressemblent entre elles. ,
« La même ressemblance paraît avoir
lieu de l'espèce fossile aux espèces
vivantes. » (G. Cuvier, Recherches
sur les ossements fossiles, t. III,
p. 217.) |
Les voyageurs
et les chasseurs savent que la taille varie
également chez les sujets sauvages appartenant
à une même espèce animale, en raison des
diverses conditions de milieu, de la nature et de
la fertilité du sol, etc.
M. André Sanson est parvenu depuis Cuvier à
trouver, dans la conformation des crânes des
diverses races de chevaux et d'ânes, des
caractères typiques, propres à chacune d'elles
; mais il est resté au même point que Cuvier en
ce qui concerne les autres pièces de leurs
squelettes.
Aussi a-t-il dit à propos des dents molaires
isolées, des fragments de maxillaires pourvus d'incisives,
et des os des membres, entiers ou brisés,
provenant des gisements quaternaires :
« II
me paraît impossible de dépasser, en ne
disposant que de ces sortes de pièces,
la diagnose du genre : de distinguer par
exemple, l'Equus asinus qui
habitait l'Europe méridionale dans les
temps quaternaires, d'un Equus
caballus quelconque......
" Je conclus qu'il y a lieu de
rester dans le doute sur l'espèce des
équidés quaternaires dont on ne
possède que des dents, des fragments de
mâchoires ou des os des membres, et de
ne point les attribuer tous, comme on l'a
fait jusqu'à présent sans plus ample
information, résolument à l'Equus
caballus."(A. Sanson, Sur
les équidés de la faune quaternaire,
dans les Comptes rendus de l'Acad.
des sciences, t. LXXVI, 1873,
p. 55 à 57) |
[....]
En présence d'un tel état de choses, nous
devons nous borner aux seules considérations
paléontologiques réellement capables d'éclairer
notre sujet, l'histoire des chevaux dans ses
rapports avec celle des hommes.[....]
Piétrement
1882
|
équidés
quaternaires américains |
Les renseignements
fournis par les conquérants et les premiers
explorateurs européens de l'Amérique ayant
été oubliés, quelques personnes ont prétendu
que les chevaux libres des pampas de l'Amérique
du Sud et des prairies de l'Amérique du Nord
descendent des chevaux qui ont foulé le sol du
Nouveau Continent pendant l'époque quaternaire.
[...]
Leidy cite
ensuite les opinions de quelques autres auteurs
sur les os fossiles d'Equus trouvés dans
l'Amérique du Nord,
[...] les espèces éteintes de chevaux qui ont
été indiquées ont surtout été distinguées
en raison de différences dans les molaires
supérieures.
Vu les circonstances ci-dessus indiquées, je
répète que je ne puis m'empêcher de
conjecturer que les débris fossiles de chevaux,
indiqués comme ayant été découverts dans les
États-Unis, appartenaient réellement à deux
espèces distinctes : une ayant à peu près la
taille des variétés ordinaires du cheval
domestique, dont, à notre connaissance, il est
impossible de la distinguer par les ossements et
les dents ; une seconde d'une taille
comparativement plus grande (à peu près celle
du cheval anglais de haquet,) (C'est le grand cheval
dit Black-Borse (cheval noir) en
Angleterre et cheval Boulonais en France.), avec
les molaires, mais principalement les
supérieures, présentant sur la surface
triturante un plissement de l'émail
exceptionnellement compliqué.
A la première appartient le nom d'Equus
fraternus, à la seconde d'Equus
complicatus ou Equus major de Dekay.
» (Leidy, The extinct mammalian fauna of
Dakota and Nebraska, p. 263.)
Leidy avait d'ailleurs montré, quelques pages
auparavant que les débris fossiles attribuables
au genre Equus et découverts dans l'Amérique
du Sud ont été rapportés, comme ceux de l'Amérique
du Nord, à plusieurs espèces distinctes, dont l'une
a été identifiée avec l'Equus caballus.[...]
Mais, de toutes
les découvertes qui ont été faites dans l'Amérique
du Sud, la plus intéressante pour notre sujet
est celle d'un squelette fossile d'Equidé à peu
près complet, dont la tête est parfaitement
intacte. Il a été trouvé dans les pampas de la
République Argentine et déposé dans le musée
d'histoire naturelle de Buenos-Aires. M.
Burmeister, directeur de ce musée, a tout de
suite profité de l'occasion pour publier en 1875
son volume in-folio intitulé Los Caballos
fossiles de la Pampa Argentina, dans lequel
il a décrit et figuré la plupart des os de ce
squelette et des autres ossements fossiles d'Equidés
que posséde son musée.
Suivant M. Burmeister, les chevaux qui vivent
actuellement en Amérique n'y sont pas indigènes
; ils y ont été introduits par les Européens
depuis la découverte du Nouveau Monde.
Les os fossiles de chevaux du musée de Buénos-Aires
« ont
été trouvés dans le terrain gris-rougeâtre,
argilo-sablonneux de l'époque
quaternaire ou diluvienne, qui forme
principalement le fond de la pampa
argentine, associés avec des restes d'animaux
gigantesques, également éteints, [...]
» (P. 1.)
L'étude du squelette en question et des
autres débris fossiles d'Equidés de son
établissement a fait dire à M.
Burmeister:
« que ce ne sont pas seulement trois
espèces de chevaux qui ont peuplé nos
pampas durant l'époqne quaternaire, mais
que ce sont quatre espèces appartenant
aux deux genres Equus et d'Hippidium."
(P. 6.) |
[...] Cette
espèce américaine est donc très distincte de
toutes les espèces actuelles d'Equidés, bien qu'il
n'y ait pas lieu de la placer en dehors du genre
Equus; c'est du reste aussi l'opinion de MM. Albert
Gaudry et André Sanson, avec lesquels nous avons
étudié les pIanches de l'ouvrage de M.
Burmeister.
[...] Abstraction faite du squelette en
question, tous ceux des os fossiles de cette
faune qui sont attribuables au genre Equus
prouvent bien que le sol des deux Amériques a
été foulé pendant l'époque quaternaire par
des sujets appartenant à ce genre;
mais ils nous paraissent insuffisants, pour
montrer le plus ou moins de ressemblance qui
pouvait exister entre ces sujets et les
représentants actuels du genre Equus, chevaux,
ânes, hémiones, zèbres, etc....[...]
Piétrement
1882
|
haut
un
seul crâne, trouvé à Grenelle en 1868 ancêtre
du Percheron restes de squelettes de Solutré:
ancêtres sauvages des chevaux belges
|
Nous ne connaissons qu'un
seul crâne ou tête osseuse capable de donner
des renseignements précis sur les espèces du
genre Equus qui ont habité l'Ancien
Continent pendant l'époque quaternaire.
Il a été trouvé à Grenelle en 1868, dans
les sables quaternaires non remaniés de la
vallée de la Seine, et il est conservé dans la
galerie paléontologique du muséum d'histoire
naturelle de Paris. [....], il est identique
aux crânes de nos chevaux percherons actuels.
(A. Sanson, Trailé de zootechnie, t. III, p. 100-101.)
Il prouve par conséquent que la race chevaline
percheronne ou séquanaise est
originaire du bassin parisien, comme M. Sanson l'avait
déjà reconnu par l'étude de l'aire
géographique peu étendue de cette race.
Une autre pièce très importante, c'est le
squelette de cheval que M. Toussaint a déposé
au muséum d'histoire naturelle de Lyon, après l'avoir
monté avec des os provenant tous de la station
quaternaire précitée de Solutré.
Bien que ce squelette soit dépourvu de crâne, M.
Toussaint n'a pas hésité, (loc., cit., p.
392) à déclarer que la race à laquelle il
appartenait
"se
rapprochait beaucoup de la race existant
actuellement dans la Bresse et même dans
les plaines de la Bourgogne. " |
M. Sanson est
arrivé à la même conclusion dans son mémoire
précité sur Le cheval de Solutré, en
disant, à la page 650, que les détails
anatomiques donnés par M. Toussaint
"
conviennent parfaitement pour la
description de la variété dite ardennnaise
du cheval belge (Equus
caballus belgius). " |
La connaissance
de l'aire géographique actuelle de cette race
aidant, on ne peut s'empêcher d'admettre que la race
chevaline quaternaire de Solutré est la souche
de la race chevaline belge actuelle, et
qu'à l'époque quaternaire les représentants de
cette race occupaient déjà les vallées de la
Meuse et de la Saône, qui ne sont séparées par
aucun obstacle géographique sérieux. Ce sont
donc les ancêtres sauvages des chevaux belges
qui ont été chassés et mangés par les hommes
quaternaires de Solutré, et par ceux de leurs
contemporains qui habitaient les vallées de la
Meuse et de ses affluents.
Sachant que l'aire géographique des
quatre autres races chevalines européennes (la
germanique, la frisonne, la britannique et l'irlandaise)
indique qu'elles sont également originaires de l'Europe
occidentale, et considérant en outre
que la paléontologie est déjà venue confirmer
les inductions fournies par les aires
géographiques sur les origines de la race
percheronne et de la race belge, on peut en
inférer que ces six races chevalines vivaient
dès l'époque quaternaire dans leurs aires
géographiques respectives actuelles, et qu'elles
y ont toutes été chassées et mangées par les
hommes de cette époque.
Piétrement
1882
|
sud
de la Loire: aucune race chevaline indigène
quid des chevaux chassés, gravés et sculptés
par les "anciens troglodytes du midi de la
France" |
Mais on ignore quels chevaux étaient chassés à
la même époque dans la partie de l'Europe
occidentale qui est située au sud de la Loire,
parce que cette région ne possède actuellement
aucune race chevaline indigène, et que les os
fossiles d'Equidés qu'on y a trouvés ne
permettent nullement de décider s'ils appartenaient
à telle ou telle race chevaline, pas même s'ils
appartenaient a des chevaux ou à des ânes.
On est cependant certain que les troglodytes
quaternaires de la Touraine, du Périgord et des
Pyrénées ont chassé des chevaux; car, de même
que ceux de Thayngen, prés de Schaffhouse (Suisse),
ils ont gravé au trait et sculpté en bas-relief
sur pierre, sur ivoire et sur bois de renne, des
portraits de chevaux aussi reconnaissables que
ceux des autres animaux, rhinocéros, mammouth,
ours des cavernes, renne, cerf, chamois, etc....
De nombreuses effigies de chevaux ont en effet
été retrouvées dans des grottes, avec les
autres produits de l'industrie des troglodytes de
l'âge du renne, notamment à Chaffaut (Vienne),
à Laugerie Basse et à la Madelaine (Dordogne),
à Bruniquel (Tarn-et-Garonne), à Gourdan (Haute-Garonne)
; et les chevaux de ces artistes quaternaires ont
souvent les oreilles trop courtes comme ceux de
beaucoup d'artistes modernes.
On pourrait en inférer que l'artiste de l'âge
du renne qui a gravé une tête d'Equidé sur un
fragment d'os trouvé dans la grotte du pont du
Gard, entre Nimes et Beaucaire, a voulu
représenter un âne, si toutefois la gravure est
exactement reproduite dans la planche XI, figure
1 des Matériaux pour l'histoire de l'homme,
année 1872, qui la donnent à la page 284
comme la gravure d'une tête de cheval, bien que
les oreilles soient sensiblement trop longues.
Telle est peut-être aussi la
"
tête de cheval à oreilles couchées et
un peu longues pour l'espèce mais pas
assez pour que l'on puisse faire l'attribution
de cette figure à l'âne " |
, et qui est
sculptée en demi-relief sur un merrain en bois
de renne, trouvé par Edouard Lartet dans la
grotte de Laugerie-Basse (Ed Lartet et Christy, Note
sur de nouvelles observations relatives à l'existence
de l'homme, etc., dans les Ann. des
sciences nat., V, série, t. Ier, 1864, p. 237)
Ces deux
dessins sont au nombre de ceux dont nous n'avons
pas vu les originaux; mais il serait d'autant
moins étonnant qu'ils représentassent des ânes
que la race asine européenne est originaire du
centre Hispanique.
Nous ferons observer en passant que la première
gravure quaternaire qui ait été découverte en
Angleterre
"est
une tête de cheval très bien gravée
sur un fragment de côte de renne" |
MM. Mole et
Boyd Dawkins l'ont trouvée en 1876, associée
avec des outils en silex taillé du type de
Solutré. (Voyez Matériaux pour l'hist. de l'homme,
année
1877, p. 513.), dans l'une des couches de la grotte de
Robin Hood, située clans la gorge de Creswell en
Derbyshire.
Que sont devenus les descendants
des chevaux qui ont servi de modèles aux anciens
troglodytes du midi de la France?
On ne peut guère supposer qu'ils ont tous été
tués et mangés pendant l'âge de la pierre
taillée.
Serait-il permis de les reconnaître dans les
chevaux sauvages signalés en Espagne et dans les
Alpes par Strabon ? (III, IV,
15, et IV, VI, -11.)
Il est
plus vraisemblable que, déjà décimés
par les chasseurs quaternaires, la
plupart des survivants ont remonté vers
le nord en même temps que le renne ;
qu'ils se sont mêlés avec leurs
congénères des régions situées au
nord de la Loire ;
que leur type a fini par y disparaître
avant la domestication des chevaux dans
ces contrées; si toutefois ils n'appartenaient
pas à un ou à plusieurs des types de
chevaux domestiques propres à l'Europe
occidentale, dont l'aire géographique se
serait étendue jusqu'au sud de cette
région pendant l'époque quaternaire.
[...] |
Piétrement
1882
|
.
os
fossiles attribués à l'Equus caballus en
Algérie:
ex hypothèse de Thomas ( et Sanson) sur l'origine
du dongolawi..sur un métatarsien : pas de la race
mongolique....
conclusion: ?
sauf présence
du genre Equus en Algérie
|
Depuis une trentaine d'années,
on a découvert en Algérie
plusieurs os fossiles attribués à l'Equus
caballus: nous signalerons seulement ceux qui
ont été décrits par M. Thomas, vétérinaire
distingué de l'armée, dans une Note sur
quelques Equidés fossiles des environs de
Constantine . Note imprimée à Montpellier
en 1880, extraite de la Revue des sciences
naturelles.
M. Thomas admet, dans sa première page,
"qu'il
existe une espèce chevaline
essentiellement africaine, liée à l'histoire
la plus reculée de ce pays, inhérente
à son sol et soudant à travers les
âges sa noble généalogie aux êtres
des temps géologiques. " |
II fait
allusion à la race dite barbe ou dongalâwi,
qualifiée africaine par MM. Sanson et
Thomas, et à laquelle nous avons donné le nom
de mongolique . Voyons donc si les
ossements des temps géologiques permettent d'avancer
que cette race chevaline a vécu en Afrique dans
les temps reculés auxquels M. Thomas fait
allusion.
M. Thomas a
"recueilli
une molaire supérieure, un métatarsien,
un calcaneum, un astragale et une
première phalange, ayant
incontestablement appartenu à un Equus
caballus : ou cheval
proprement dit" (p. 10), dans « des
dépôts fluvio-lacustres appartenant
probablement au pliocène supérieur »
(p. 17), |
et qui
sont situés dans la vallée de l'oued Rhummel,
à environ 5 kilomètres au sud de Constantine.
Nous n'avons à nous occuper ni de la
molaire supérieure, ni du calcaneum, ni
de l'astragale, ni-de la première phalange,
puisque ces pièces osseuses isolées présentent
les mêmes caractères non seulement chez
toutes les races chevalines, mais encore chez
toutes les espèces connues du genre Equus.
Mais M. Thomas dit à propos du "métatarsien
principal du cheval ":
« Cet os est
entier, mais malheureusement roulé et un
peu fruste;..... sa forme générale est
élancée, sa diaphyse cylindrique.....Ce
métatarsien ne présente aucune trace de
soudure avec les péronés ou deuxième
et quatrième métatarsiens rudimentaires,
lesquels, à en juger par l'étendue
encore visible de leurs surfaces de
contact avec le métatarsien principal ne
devaient pas avoir des dimensions
sensiblement différentes de celles des
mêmes os de nos chevaux actuels. » (p10 ) |
Considérant
que les surfaces de contact de ce métatarsien
principal avec les métatarsiens rudimentaires n'ont
pas été effacées, nous-en avons conclu a
priori que la diaphyse de cet os a conservé
sa forme primitive; mais nous avons tenu à nous
en assurer par la connaissance de la forme de son
canal médulaire; et M Thomas a eu l'obligeance
de nous donner le renseignement suivant dans une
lettre datée du 4 février 1881 :
"
La diaphyse de ce métatarsien principal
est bien, comme je l'ai écrit, un peu
fruste; on voit qu'elle a été un peu
roulée mais pas assez cependant pour
empêcher d'affirmer que sa forme
primitive était réellement cylindrique,
forme exactement reproduite dans la
partie visible de son canal médullaire.
Une cassure en rave, très nette,
a été produite par mon marteau vers le
tiers inférieur de cette diaphyse et
permet de voir que son canal médullaire,
petit proportionnellement à l'épaisseur
de ses parois, a une section transversale
circulaire, et non triangulaire.
» |
On peut donc
assurer que cet os n'était pas l'un des
métatarsiens d'un cheval de la race mongolique,
dite africaine par M.Thomas ; car, chez
cette race,
« ils
sont prismatiques à base triangulaire,
au lieu d'être cylindriques .» (A.
Sanson, Traité de zootechnie, t. III,
p. 48.) |
Quand l'exploration paléontologique de l'Ancien
Continent sera plus avancée,
cette forme particulière des métatarsiens des
chevaux mongoliques permettra sans doute de
constater quelle était au juste leur aire
géographique pendant l'époque quaternaire; car,
s'il est douteux qu'on trouve jamais aucun de
leurs crânes ou aucune de leurs vertèbres
lombaires fossiles, on peut espérer la
découverte de bon nombre de leurs métatarsiens.
La seule autre pièce osseuse que M. Thomas
attribue à l'Equus caballus est un
fragment de maxillaire supérieur qui
«
consiste dans la moitié droite de la
voûte palatine, les deux arcades
molaires au complet, la moitié droite de
l'arcade incisive avec la barre du même
côté » (p. 12). Il l'a trouvé
dans la même localité que les autres os,
dans "un dépôt tourbeux
appartenant, selon toute probabilité, au
quaternaire récent. » (P. 18.) |
Après avoir
donné des mesures comparatives, prises sur cette
pièce et sur la région correspondante d'un
cheval barbe du Hodna, ayant une taille de 1 m.
50, M. Thomas ajoute :
« Les
dents incisives et molaires ne
présentent pas, au point de vue de leur
structure, de différences notables avec
celles du cheval africain actuel; elles
paraissent seulement un peu plus longues
et un peu plus épaisses, toutes
proportions gardées.
J'ai remarqué que l'échancrure
postérieure de la voûte palatine s'étend,
dans le fossile, presque jusqu'au niveau
du bord antérieur de la deuxième
arrière molaire, tandis que, sur le
spécimen actuel que j'ai examiné, cette
échancrure atteint à peine le bord
postérieur de la même molaire. De ces
comparaisons, il semblerait résulter que
la région faciale de l'espèce
quaternaire était beaucoup plus courte,
plus large, plus massive, en un mot, que
celle du cheval barbe actuel ; que la
dentition du premier était relativement
plus puissante que celle du second et l'ouverture
postérieure de ses cavités nasales plus
grande, "(P. 13.) |
Si les
différences de conformation, signalées par M.
Thomas entre sa pièce fossile et la pièce
correspondante chez la race barbe ou africaine
actuelle, ne prouvent pas que le cheval dont
provient ce fossile était sûrement étranger à
cette race, elles prouvent encore bien moins qu'il
lui ait appartenu.
Les
découvertes paléontologiques de M.
Thomas et autres explorateurs de l'Algérie
sont très intéressantes, puisqu'elles
ont déjà prouvé, entre autres choses,
que cette contrée faisait partie de l'aire
géographique occupée par le genre Equus
pendant l'époque quaternaire ; mais
elles ne peuvent pas nous renseigner sur
l'espèce ou les espèces d'Equidés qui
en foulaient alors le sol. |
Cette remarque
est malheureusement applicable à presque toutes
les contrées de l'Ancien Continent.
Le crâne fossile de cheval trouvé à Grenelle
est jusqu'ici, à notre connaissance, le seul qui
indique avec certitude la région occupée à l'époque
quaternaire par les ancêtres de l'une de nos
races chevalines domestiques.
Le squelette fossile de cheval provenant de
Solutré donne un renseignement semblable, parce,
que, malgré l'absence du crâne, ce squelette
ressemble à celui de la race chevaline
domestique à aire géographique restreinte au
milieu de laquelle ses ossements ont été
recueillis.
Piétrement
1882
|
fossiles
quaternaires d'Equus
caballus, partout en
Eurasie.....
mais
ni
en Danemark, ni en Grèce, ni dans la
vallée du Nil
|
|
Quant aux autres
ossements fossiles qu'on a attribués à l'Equus
caballus et qu'on a découverts, soit en Asie,
notamment en Perse (...), dans l'Himalaya, dans
les cavernes de l'Altaï, clans la Sibérie, dans
le sable aurifère de l'Oural et dans une tourbe
supérieure à ce sable, soit en Europe,
notamment dans la Russie méridionale (...), en
Pologne, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre,
en Espagne, en Italie, en Suisse et dans la
plupart des vallées de la France, ils montrent
que le genre Equus a
occupé toutes ces contrées pendant l'époque
quaternaire ;
mais ils ne peuvent indiquer quelle race
chevaline, ni même quelle espèce du genre
Equus habitait à cette époque telle ou
telle de ces contrées. De sorte que, abstraction
faite des deux cas qui viennent d'être signalés,
on arrive aux conclusions suivantes:Réduite
aux pièces osseuses qu'elle possède aujourd'hui
et au genre de secours que l'anatomie comparée
peut lui fournir, la paléontologie indique la
possibilité de l'existence à l'époque
quaternaire de diverses races chevalines ayant pu
se rapprocher plus ou moins de nos races
domestiques actuelles, et ayant pu occuper la
plupart des contrées des deux Amériques, de l'Asie,
de l'Europe et du nord de l'Afrique. Mais elle ne
peut pas certifier qu'il en ait été ainsi ;
elle ne peut pas dire si telle race chevaline a
vécu pendant l'époque quaternaire dans tel
endroit, et c'est là qu'elle doit avoir été
domestiquée.
Se
déclarant incompétente dans la
recherche des lieux de domestication des
races chevalines autres que la race
percheronne et la race belge, la
paléontologie donne carte blanche à la
géographie zoologique et à l'histoire
pour la solution du problème. |
Mais
avant de nous adresser à la géographie
zoologique et à l'histoire, nous ferons observer
qu'on n'a encore trouvé ni en Danemark, ni en
Grèce,
ni dans la vallée du Nil, aucun os quaternaire
qui ait été attribué à l'Equus
caballus par les
paléontologistes.
C'est d'ailleurs un fait dont on ne peut tirer
aucun déduction certaine, car de tels os peuvent
être découverts d'un jour à l'autre dans ces
contrées. [...].
Piétrement
1882
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haut
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