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Analyse du caractère (suite)

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Guy QUEINNEC

LES TESTS D' ANALYSE

Tests de CAMPBELL

Intérêt

Dès 1979, nous avons fait connaître aux éleveurs de chiens les tests proposés en 1975 par l'éthologiste californien William Campbell.
On peut en retrouver le détail dans les séminaires S.F.C.
Campbell propose une batterie de 5 tests, dont 2 d'observation et 3 de manipulation, qui visent à mesurer:

      - Attraction vers l'homme
- Aptitude à suivre
- Acceptation de la contrainte
- Dominance
- Soulever et confiance
     

Le test doit se faire à la 7ème semaine pour être prédictif, mais nous le préconisons à n'importe quel âge pour établir le caractère du chien, fruit de l'inné et de l'appris. Selon Vastrade, ces tests sont standardisables, répétables, sensibles.
Pour notre part, nous sommes satisfaits des 3 tests de manipulation, beaucoup moins des 2 d'observations dont le principe nous paraît peu héréditaire et les modalités peu fiables. Les tests de Campbell mesurent la socialisation envers l'homme, ce qui est déterminant pour un animal de compagnie, et ils mesurent aussi les relations dominance - soumission envers l'homme.
La durée de chacun est de 30 secondes, temps normal pour établir un lien de hiérarchie entre 2 chiens inconnus qui se rencontrent dans la rue.
Le testeur, seul, amène le chiot isolé dans une zone calme, inconnue du chiot, sans sujets de jeu. il sera manipulé doucement, sans parole vive ni cajolante.
S'il urine ou défèque, on n'en tiendra pas compte.

Description

Tests d'observation (peu fiables)

1) Test d'attraction sociale
Dès l'entrée on couche doucement le chiot au centre de la zone, puis on s'écarte de quelques mètres en sens opposé à la porte, on s'agenouille et on attire le chiot en tapotant les mains.
On observe si le chiot vient hardiment la queue haute, ou timidement la queue basse, ou s'il ne bouge pas.
Cela donne une idée de son sens social, de sa confiance, de son indépendance.
2) Test d'aptitude à suivre le maître
On part près du chiot et on marche normalement.
S'il ne suit pas, il est présumé indépendant, s'il suit, il est soumis.
C'est ce test qui nous paraît le moins fiable de tous.
Le premier test peut servir à nuancer ou préciser les tests de manipulation, qui seront les seuls que nous noterons.

Tests de manipulation (fiables)

3) Test de contrainte physique
On renverse le chiot, on le plaque au sol sur le dos, et on le roule gentiment d'un côté à l'autre. On le tient ainsi 30 secondes par le sternum.
Ses réactions de défense ou d'acceptation traduisent une tendance à accepter ou non la domination physique de l'homme.

4) Test de dominance sociale
On aplatit le chiot au sol et on appuie sur le haut du crâne en détournant la tête vers le flanc, offrant ainsi la gorge à un éventuel agresseur.
Ce test traduit son degré de dépendance sociale.

5) Test du soulever ou de dominance
On soulève le chiot par le ventre, en mettant les deux paumes entrelacées sous le corps.
On tient ainsi 30 secondes.
Le chiot n'a plus aucun contrôle, il est à la merci de l'examinateur.
Ce test traduit sa confiance envers l'homme.

La notation des tests comprend 4 ou 5 notes.
On note A une réaction violente de rejet avec morsure ou tentative de morsure. L'animal se débat violemment.
On note B une réaction franche de rejet, qui peut être assez violente, mais sans essai de morsure.
On note C une réaction brève ou timide de rejet, suivie d'une certaine acceptation.
On note D toute absence de réaction, avec une simple raideur fugitive. L'animal reste mou.
On note E des réactions incohérentes rejet violent avec parfois morsure, suivie immédiatement d'acceptation totale, généralement raide

.
Le chien qui a au moins un A a une tendance à être rebelle. Avec trois A, il est inapte à la compagnie.
Le chien qui, sans A, a au moins un B est un indépendant.
Le chien qui, sans A ni B, a un C, est un soumis. Ses réactions auront souvent été de léchage.
Les chiens qui ont au moins un D sont des tendres.
Les chiens qui n'ont que des E sont des craintifs.

Campbell a proposé une grille plus complexe et plus riche mais qui en pratique nous paraît trop sujette à controverses, trop rigide.

G Quéinnec

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Test de Nichée de TOMAN

Ces tests, relatés par Vastrade, ont été faits sur Teckels.
Ils visent à observer les capacités de dominance dans une même nichée (fratrie).
On peut trouver des sujets:
L comme leader, qui sont les chefs de meute
F comme féal, docile, obéissant, qui sont les subordonnés
G comme glacé, indifférent
A comme asocial, farouche, rebelle.

1) Le chiot est amené dans un local inconnu.
Le L n'aboie pas, explore tranquillement l'entourage.
Les F aboient contre L et essaient de l'entraîner à jouer.
Le G ne bouge pas, regarde en gémissant, est perdu, déconcerté, suit les autres.
Le A tourne en rond, pleure, rampe.

2) L'éleveur arrive alors dans la pièce.
L regarde de loin ou s'occupe d'autre chose.
F s'approche lentement
A et G se précipitent vers lui.

3) On apporte de la nourriture, ce qui provoque une inversion par rapport aux 2.
L et F mangent, même s'ils sont rassasiés. Ils attaquent A et G.

4) On jette un objet, tel une bouteille en plastique, vide, dans la nichée.
L fonce dessus, regarde, mordille.
F tourne prudemment autour puis va avec L jouer et explorer .
G est effrayé, reste à sa place, s'éloigne en gémissant.
A s'éloigne en pleurnichant.

5) On fait un bruit complètement inconnu des chiots.
L ne bouge pas, est étonné.
Les autres paniquent.

6) L'éleveur reste avec les chiots sans bouger ni les appeler.
L s'occupe d'autre chose.
F reste auprès de l'éleveur.
A et G viennent sauter sur lui.

7) On remet la mère auprès de ses chiots, l'éleveur restant sur place.
L va vers la mère, puis F suit, puis A et G.
L fonce sur les mamelles postérieures.

8) On donne de la nourriture.
L ne combat pas, il vient et mange tranquillement.
F continue à manger, mais change souvent de place.
A et G se disputent.

Cette batterie de tests d'observation sera excellente pour celui qui veut faire du travail, et cherchera donc des L (Voisins du tempérament B).

Les F auront tendance à suivre, à obéir. ils seront proches du tempérament C. Les G peuvent convenir à la compagnie et sont proches du tempérament D.

Nous n'avons cependant pas retenu ces tests car effectués sur diverses portées et diverses races ils ne nous ont pas paru fiables, avec, notamment trop peu d'écarts de réaction. Peut-être peut-on les reprendre dans les races à caractère indépendant.

Tests du miroir de BRETEAU

Vers 6 - 8 semaines, le chiot commence à réagir à un miroir.
A 9 - 10 semaines, le comportement normal est réalisé.
On place le chiot devant un grand miroir, en pied. Selon leur réaction, on distingue 3 sortes.
Les uns sont sociables, équilibrés, confiants, dominants. Il va y avoir tension, avec souci du rang hiérarchique.
Le chiot va se regarder en marquant des périodes d'immobilité nette, alternant avec périodes d'approche et de recul bien marquées.
Ils correspondent aux tempéraments A et B.
D'autres seront sociables mais dominés, juvéniles.
Il y aura recherche de l'autre, du contact, avec soumission et sollicitation de jeu.
Le chiot marque une brève immobilité, avec un regard fixe, les oreilles dressées, des périodes d'approche et de recul.
Cela correspond aux tempéraments C et D.
Enfin, on trouve des chiots instables, peu sociables, craintifs.
Ils marquent une longue immobilité, avec la tête tournée, une attitude furtive, avec rejets par fuite ou grognement.
Ce sont des A ou des E.

G Quéinnec

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Tests du jouet animé de QUÉINNEC

Principe

Face à un nouveau stimulus, tout chien peut répondre de trois manières:

Par la curiosité
Par l'indifférence
Par le rejet.
Ce dernier peut lui-même s'exprimer de 3 façons : fuite, raideur, attaque.

Nous avons donc cherché à évaluer d'une part le caractère du chiot, d'autre part l'organisation des relations homme chien, en plaçant l'animal face à un jouet animé.
Nous avons d'abord commencé avec un camion téléguidé qui nous a apporté des réponses intéressantes, sans plus.
Un gros progrès a été obtenu avec un teckel en peluche, mobile, qui avance en jappant et en remuant la queue. Ce jouet, nous l'appelons le joyeux teckel.
Ce jouet n'étant plus disponible sur le marché, nous l'avons remplacé par un autre qui effectue périodiquement des sauts périlleux, très déconcertants pour l'animal.
Comme pour les autres tests, nous utilisons une pièce neutre et vide, dans laquelle on laisse d'abord le chien vaquer et renifler quelques minutes.
Pour l'analyse du caractère, le chiot est seul avec l'observateur, les propriétaires ne venant que pour l'étude des relations homme chien.

Pour l'analyse du caractère, il y a 3 chaises disposées en arc par rapport au chiot.
On met le jouet à quelques mètres, et on observe.
Si le chiot est seul, on dirige le jouet vers lui.
Sinon, le jouet est dirigé vers le propriétaire.

Notons que la signification du test n'existe que lors du 1er contact avec le jouet.
Si on recommence l'animal va modifier son comportement car il aura assimilé l'objet à ce qu'il est, un simple jouet.
Mais au premier contact, le chien reste perplexe.

Réactions

Le chien identifie immédiatement le jouet à un chien, donc par la vue. Il recule, aboie ou non, puis va flairer sous la queue en se tendant au maximum, et il reste inquiet.
Cet objet a clairement pour lui la forme d'un chien, des mouvements de chien, des bruits proches du chien, mais il n'a pas d'odeur de chien, ce qui le déconcerte. Cette réaction sera donc la norme .

D'autres réactions sont possibles
a) On note des aboiements véhéments de menace.
Ce chien est un anxieux, peu apte à la vie en appartement, souvent pauvre en expérience précoce.
b) Il attaque le jouet, le bouscule, le mord.
Ce chien est un rebelle, un dangereux, à réserver à un maître très averti.
Notons que ce comportement devient normal, non significatif, dès la 2~ ou 3~ présentation du jouet.
Le chien a alors assimilé le jouet à un jouet agaçant, comme une balle ou tout autre élément de jeu.

c) Il marque une indifférence attentive, comme dans les tempéraments D ou B.
On a un sujet équilibré, facile à éduquer, à tendance indépendante (B s'il est actif, D s'il est inhibé).
Il tourne lentement à distance, ou observe le jouet sans autre réaction que l'attention.

d) Il se réfugie sous ou derrière la chaise.
On a un sujet un peu peureux, dont la confiance reste inquiète.
C'est souvent le cas des chiots manquant d'expérience précoce.
Ces chiens devront être éduqués patiemment, gentiment, avec toujours des risques de panique.

e) Le chiot peut carrément s'enfuir.
Dans ce cas, c'est un anxieux, souvent livré à un propriétaire laxiste sans inversion de dominance. Le chiot est un marginal prêt à toutes les fugues.
f) Le chiot se réfugie près du conjoint
.
Cela indique la vraie hiérarchie, celui qui est le leader dans le couple.
Cette attitude sera fréquemment révélatrice de tensions conjugales.

g) Il se réfugie auprès d'un tiers, observateur ou spectateur.
Cela traduit une mauvaise relation entre le propriétaire et le chien, avec souvent un laxisme éducatif, mais surtout marqué par l'incohérence. Celle-ci peut venir de conduites éducatives changeant au gré des circonstances (laxisme total chez soi, sévérité dès que survient un ami), ou tout simplement de contradictions entre le verbal et le non verbal.
Cette attitude implique le passage dans un club spécialisé pour redresser la relation.

h) Il réagit si le jouet va toucher son maître.
C'est là la marque d'une bonne aptitude à la défense, mais aussi souvent d'une inversion de dominance.
Dans le premier cas, le chiot bouscule le jouet et peut chercher à le détruire. Dans le second cas, il menace en reculant, parfois en aboyant.

On peut procéder avec toute une portée. Comme dans le test de Toman, seul le dominant stable approche du jouet.

Si on fait le test en présence de la mère, tous les soumis se réfugient auprès de la mère.

G Quéinnec

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Vérification expérimentale
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Les données initiales

Depuis nos premières publications relatives aux tests de Campbell, puis du Séminaire SFC de Namur, nous nous sommes préoccupés de savoir quelle valeur on pouvait accorder à ces prédictions.
Nos observations personnelles, conduites dans notre élevage de whippets et sur les cynodromes, nous avaient conduit à adapter les schémas proposés, et même à moduler le développement nerveux décrit par Scott et Fuller.
Nos consultations des troubles du comportement reposaient avant tout sur l'analyse des relations homme chien, à l'aide d'instruments divers dont le jouet animé finit par devenir le pivot.
Mais un sentiment, ou même une réussite thérapeutique, ne remplacent pas une vérification expérimentale.
Nous avons donc entrepris celle-ci avec l'aide de Sandrine Renaud qui lui a consacré sa thèse de Doctorat Vétérinaire sur la prédiction du caractère. Pour cela nous avons pris 3 portées de whippets, nés à 24 heures d'intervalle et élevés dans les mêmes conditions. Ces whippets étaient issus de géniteurs soit à caractère équilibré, soit à caractère anxieux. Sandrine Renaud a ajouté 8 setters irlandais à cet échantillon, pour corriger l'effet race.
Les tests indiqués en A ont été effectués sur des chiots âgés de 45 jours, dans les conditions prescrites (local inconnu et isolé, avec toit et en plein air, observateur inconnu des chiots).
Les tests ont été effectués dans les conditions qui auraient pu être celles d'un éventuel acheteur, donc sans appareillage lourd.
Une fiche a été constituée pour chaque chiot, et les résultats consignés. Cette fiche a été conservé au laboratoire de Zootechnie pendant 3,5 ans, hors disposition de Mlle Renaud. Au bout de ce laps de temps, cette dernière est allée rechercher tous les chiens, analyser leur caractère et consigner ses observations. Nous avons ensuite comparé les résultats à7 semaines et à 4 ans et observé le caractère adulte par rapport à celui prévu. Le détail de l'analyse figure dans la thèse de S. Renaud qui n'a pu retrouver que 15 adultes pour 21 chiots.
Les résultats ont été identiques pour les 2 races, ce qui laisse présumer leur validité générale.
Certains tests n'ont pas eu de valeur discriminatoire tous les chiots réagissant à l'identique.

Il en fut ainsi de la réaction devant un miroir, ou devant une figurine de lévriers. A cet âge les chiots n'ont manifesté aucun intérêt.
Mis devant un leurre animé, tous les chiots ont été effrayés.
Le test de Toman (élaboré initialement pour des teckels) a donné des résultats aberrants. Le typage d'un même chiot s'avère différent en fonction de la situation et varie même au cours du temps pour une même situation.
A d'autres étapes, tous les chiots ont le même comportement.
Les relations sociales ne sont pas fixées dans un même groupe : un chien peut être dominant dans un groupe et soumis dans un autre.
Enfin, les deux premiers tests de Campbell (attraction pour l'homme et suivre) ont donné des résultats aberrants avec les whippets qui sont tous apparus timides, craintifs, c'est-à-dire peu socialisés à l'homme alors même que toute leur éducation avait tendu à asseoir cette socialisation, et que cela s'est confirmé chez les adultes.
Appelons les géniteurs ainsi:
Tar : chienne équilibrée
Ayl : chienne un peu craintive, anxieuse
Ant: chienne très craintive et anxieuse
Cp : mâle équilibré
Acro : mâle équilibré
Dy : mâle perturbé
L'accouplement CP x Tar nous donne des chiots tous équilibrés.
L'accouplement Acro x Ayl nous donne moitié d'équilibrés et moitié de peureux.
Enfin Dy x Ant nous donne 1 équilibré pour 4 peureux.
Les chiffres sont insuffisants pour asseoir un déterminisme génétique, mais ils concordent très bien avec cette hypothèse.

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Les tests prédictifs

1) Dominance d'après Campbell
Sur 15 sujets, 10 ont le même résultat adulte que chiot.
Pour les 5 non conformes, nous notons:
- 2 initialement qualifiés de soumis sont devenus mordeurs par peur. La note change, mais en fait le côté soumis n'a fait que s'hypertrophier jusqu' au pathologique.
-2 autres ont joué, donc avec une note de dominant alors que leur comportement général restait soumis.
- le dernier a des accès d'incohérence.
Par conséquent, le test est valable 14 fois sur 15 au moins. Si on remplace la notation chiffrée proposée par Campbell par une estimation plus simple : dominant, soumis, intermédiaire.
Pour les setters, les résultats ont été du même ordre.

2) Modalités réactionnelles
La corrélation est excellente: totale pour prédire un caractère calme ou actif, forte pour morsure ou voix.

3) Jouet animé
Les 5 chiots qui ont joué se sont comporté de la même façon adultes.
Les 4 qui ont fui sont restés peureux adultes. Ceux qui restaient indifférents, le sont restés adultes.
Donc la réaction du chiot au jouet est la même que celle qu'il aura une fois devenu adulte.
Chez les setters le score est aussi de 3 sur 4.

4) Test en open Field
Il vise à mesurer l'émotivité. C'est un test classique en éthologie, au cours duquel on laisse 1' animal vaquer librement en l'observant. On examine ainsi son activité exploratoire, son activité générale, son émotivité, sa confiance, ses vocalises.
La prédictivité a été excellente pour 75 % des whippets et tous les setters. Chez les whippets le caractère émotif peut provoquer une trop forte inhibition, soit chez le chiot, soit chez l'adulte.

Guy Quéinnec

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