|
Le
type arya et les blonds aryanisés. (chapIII,
§7p177)
Nous aurons à suivre
partout les premières migrations des peuples
aryens, tant dans l'Ancien Continent que dans le
Nouveau ; mais nous n'aurons pas, bien entendu,
à montrer quels étaient exactement les pays
occupés, régis par ces peuples aux diverses
périodes de leur histoire.
Le domaine aryen a naturellement varié d'étendue
et de position suivant les vicissitudes de la
guerre.
D'autre part, les Aryas
ayant plus ou moins mêlé leur sang avec celui
des peuples conquis et de ceux qui les ont
quelquefois assujettis dans la suite des temps, l'aire
géographique sur laquelle la civilisation
aryenne s'est répandue est actuellement occupée
par une population peu homogène, composée en
grande partie de métis et de quelques groupes d'hommes
ayant conservé assez purs les caractères
typiques des races primitives qui ont combattu
pour acquérir ou recouvrer la puissance dans
cette aire géographique.
Un tel état de choses s'est jusqu'à ces
derniers temps opposé à ce que l'on puisse
reconnaître avec certitude à quel type
appartenaient les Aryas primitifs, et il a permis
d'avancer les opinions les plus contradictoires
sur ce sujet.
Ainsi, dans son Histoire des
Perses, t. I, p. 35, M. de Gobineau
peint les Aryas conquérants de la Perse ou
Iran comme des
« " hommes
grands, blancs, blonds, aux yeux bleus,
à l'aspect belliqueux." |
Cette opinion pourra
flatter l'amour propre des Germains et des
individus qui, chez les autres* nations, sont
issus ou se croient issus des anciens Germains
conquérants des provinces de l'empire romain;
mais M. de Gobineau ne donne aucune preuve à l'appui
de son assertion, et tout semble
au contraire démontrer que les Aryas
primitifs étaient des hommes aux cheveux bruns.
En effet, dans l'antique Râmâyana,
Sitâ, femme de Râmatchandra, fait d'elle-même
un portrait [...]
«" Mes cheveux
sont fins, lisses, noirs, dit Sitâ;........
Valmiki, Ramayana,
liv. VI, chap.23; t. VIII, p. 166. |
Les Aryas conquérants de
l'Inde étaient donc des hommes aux cheveux noirs,
d'après le Râmâyana.
Piétrement 1882
|
.
N.B.
voyage de M. de Ujfalvy
résultats
publiés en 1878 sur les Galtchas
considérés comme descendants directs de
anciens Aryas
bruns et
brachycéphales
|
|
La littérature zende ne
nous fait pas connaître la couleur des anciens
Iraniens; [....].
Mais depuis le voyage de M. de Ujfalvy dans l'Asie
centrale, nous savons au juste ce qu'étaient ces
anciens Iraniens, car il en a retrouvé des
débris dans le Kohistan, c'est à dire dans les
hautes vallées du Zerafchane et de ses affluents
supérieurs, fleuve qui, sorti du massif
montagneux formé par le Pamir et l'extrémité
occidentale des Monts-Célestes, se perd aujourd'hui
dans les sables du Turkestan, au lieu de gagner l'Oxus,
dont il était autrefois l'un des affluents
septentrionaux.
En 1878, M. de Ujfalvy
a consigné les résultats de ses observations
dans le volume intitulé Le Kohistan,
le Ferganah et le Kouldja :
C'est le premier volume de l'ouvrage
intitulé Expédition
scientifique française en Russîe, en Sibérie
et dans le Turkestan.
et M. Girard de Rialle
a résumé en ces termes, dans le journal "la
République française"
du 16 janvier 1879, les faits relatifs à la
question qui nous occupe :
" Les hautes
vallées du Zerafchane et de ses
affluents supérieurs sont habitées par
des tribus sur lesquelles on n'avait,
avant le voyage de M. de Ujfalvy, que des
renseignement extrêmement incomplets.
Ces montagnards, appelés Galtchas, qui
portent aussi le nom de Tadjiks des
montagnes, au lieu d'être un mélange de
Tatars et d'Éraniens, comme la
population du reste du Turkestan, sont
des Éraniens, c'est-à-dire des Indo-Européens
de race pure; la langue qu'ils parlent,
est un dialecte éranien; leur complexion
physique est celle d'Indo-Européens;
leurs coutumes enfin ont conservé, en
dépit de l'islamisme qu'ils professent,
des traces nombreuses et profondes des
antiques institutions de l'Éran et du
mazdéisme;
c'est ainsi qu'ils ont gardé pour la
pureté de la flamme un respect tout
particulier, et que, contrairement aux
autres Tadjiks, Persans, etc., qui n'ont
point une horreur marquée pour le
mensonge, ils sont restés francs et
loyaux.
Enfin les mensurations anthropologiques
opérées par M. de Ujfalvy, ... ont
démontré qu'il existe entre les
Galtchas du Kohistan, débris demeurés
intacts de l'ancienne race éranienne, et
les populations de l'Europe qui
appartiennent le plus certainement à la
famille indo-eurpéenne, d'incontestables
et frappants rapports. » |
Les populations de l'Europe
auxquelles M. Girard de Rialle vient de faire
allusion sont les descendants des vrais Celtes de
la Gaule Celtique de César, c'est-à-dire en les
énumérant dans l'ordre de la pureté de la race
: les Savoyards de la montagne, descendants des
anciens Allobroges ; les Auvergnats, descendants
des anciens Arvernes; et les Bas-Bretons,
descendants des anciens Armoricains.
Au reste, un crâne galtcha, rapporté par M. de
Ujfalvy, a été présenté, dans la séance du 6
juin 1878 de la Société d'anthropologie, à
côté d'un crâne du type savoyard de la
montagne; tous les membres présents, même ceux
qui sont le moins habitués aux études d'anatomie
comparée, ont pu s'assurer de l'identité des
formes de ces deux crânes, et
M. le docteur Topinard
a pu dire avec raison:
"L'Iranien
des montagnes orientales du Turkestan a
donc le type du Savoyard de la montagne....
Les brachycéphales celtiques étaient
jusqu'ici des Aryens seulement pour la
linguistique; ce sont à présent des
Aryens également pour l'anthropologie.»
Bulletins de la
société d'anthropologie de Paris, année
1878, p. 248 et 249. |
On sait en outre aujourd'hui
que de nombreux individus du type savoyard ou
galtcha sont répandus en Europe depuis le Rhin
et les Alpes jusqu'à la mer Noire et les monts
Ourals.
Les renseignements de l'anthropologie viennent
donc confirmer et compléter ceux du Râmâyana
: les Aryas étaient des hommes du
type brachycéphale aux cheveux bruns ou noirs
comme le sont encore leurs descendants les plus
purs chez les Galtchas, chez les Savoyards, chez
les Auvergnats et chez les Bas-Bretons.
Piétrement 1882
|
~
N.B.: type
dolichocéphale à cheveux blonds (ou roux),
considéré comme "race" distincte de
la "race aryaque"
et déjà présent parmi
les plus anciens Aryas (connus)...
façon de parler sans
doute mais.....
|
Mais, à côté de cette
race aryaque, une autre race a joué un rôle
très important dans l'extension de la
civilisation aryenne sur le globe, tant dans l'Ancien
que dans le Nouveau Continent: c'est la race
dolichocéphale à cheveux blonds, qui occupait
déjà, depuis un temps immémorial, la Gaule
Belgique à l'époque de César, et à laquelle
appartiennent notamment toutes les populations
germaniques.
Malgré les opinions contraires qui ont été
émises, cette race blonde ne paraît donc pas
être une race aryaque, mais seulement une race
aryanisée.
II reste a déterminer à quelle époque ont
été aryanisés les premiers représentants de
cette race blonde qui ont adopté la civilisanon
aryenne; et il nous paraît certain que cette
époque est antérieure à celle des premières
grandes conquêtes et migrations des Aryas; ou,
en d'autres termes, que dès l'époque de leur
séjour dans l'Airyana vaedja les Aryas ne
constituaient déjà plus un peuple de race pure,
qu'ils avaient déjà admis parmi eux des hommes
de race blonde. [....]La
Loi de Manou (IV, 130) défend
à tous les Brahmanes de traverser l'ombre "d'un
homme à cheveux roux " ; et la même Loi
(III, 8) défend à tous
les Dwidjas, ou hommes des trois classes
supérieures, d'épouser des filles « ayant les
cheveux rougeâtres ».
Le premier de ces faits dénote qu'au milieu des
Aryo-Hindous il existait déjà des hommes d'un
blond plus ou moins rutilant, et le second fait
indique que ces hommes blonds n'avaient pas eu
assez d'influence pour obtenir l'égalité dans
la loi.
On ne saurait objecter qu'il s'agit là d'hommes
à cheveux roux et non à cheveux blonds;
car, dans l'antiquité comme aujourd'hui, la
couleur des cheveux variait du blond plus ou
moins pâle au blond plus ou moins roux, chez les
populations de race germanique; la lecture des
anciens auteurs grecs et latins ne laisse aucun
doute à cet égard.
Ainsi, par exemple, Diodore (V, 32)
dit à propos des prétendus Gaulois qui
habitaient au-dessus de la Celtique, le long de l'Océan,
la forêt Hercynienne et toutes les contrées qui
s'étendaient de là jusqu'à la Scythie, c'est-à-dire
à propos des nations germaniques :
" Non
seulement leurs cheveux sont
naturellement blonds , mais ils
réhaussent cette couleur par les moyens
artificiels: ils les lavent fréquemment
avec une lessive de chaux;" |
et Tacite
{Germanie, IV) dit que les
Germains ont les cheveux roux (comae
rutilae).
L'expression de Tacite correspond parfaitement à
celle de la Loi de Manou; car on sait par Aulu-Gelle
(Nuits attiques, II, 26)
que le mot rutilus et son synonyme phniceus
« désignent le
rouge le plus brillant et le plus vif,
tel que celui, qui éclate sur les fruits
du palmier avant leur parfaite maturité.
» |
Au reste, en raison du peu
de précision de la plupart des mots usités par
les peuples anciens et modernes pour désigner
les couleurs, on obtiendra des renseignements
plus exacts sur les différentes teintes de
cheveux des anciennes populations germaniques et
autres par l'étude de leurs représentants
actuels, que par des dissertations philologiques
sur la valeur exacte des mots en question.
Il existait donc réellement des hommes de race blonde
au milieu des Hindous, dès l'époque de la
rédaction de la Loi de Manou; et leurs
ancêtres devaient être arrivés dans l'Inde
avec les Aryas;
car, parmi les peuples ennemis que ces derniers
rencontrèrent dans cette contrée, le Véda ne
signale point d'hommes blonds ou roux, mais
uniquement des hommes a peau jaune, c'est-à-dire
de race mongolique, et des hommes à peau noire,
c'est-à-dire de race australienne ou nigritique
: fait sur lequel nous reviendrons
Piétrement 1882
|
~
|
Non seulement Hector avait
les cheveux noirs, et son frère Pâris, issu du
même père et de la même mère, avait les
cheveux blonds; mais Homère nous montre des
hommes à cheveux noirs et des hommes à cheveux
blonds, aussi bien parmi les héros grecs que
parmi les héros asiatiques de la guerre de Troie
: ce qui indique la présence et l'égalité
politique des deux races, la brune et la blonde,
chez les peuples aryens de l'Asie Mineure et de
la Grèce, dès les temps héroïques.
Les portraits qu'Homère fait de Vénus, d'Hélène
et autres héroïnes, prouvent également que ces
peuples n'avaient point les mêmes préventions
que les législateurs hindous contre la race
blonde.
Hérodote nous apprend (IV, 197) que les Maxyes
de la Libye se disaient issus des Troyens, et l'on
sait que ces Maxyes étaient les Maschouaschs,
signalés par les textes hiéroglyphiques dès la
dix-septième dynastie égyptienne, et
représentés sur les monuments de la dix-huitième
dynastie comme des hommes à peau blanche et à
cheveux, chez les uns bruns, chez d'autres blonds
et chez d'autres roux, ainsi qu'on le verra.
Lucrèce, femme de Tarquin Collatin, avait les
cheveux blonds . Ovide,
Fastes, liv. I, vers 753.
L'empereur Néron, aux
yeux bleus et aux cheveux blonds, appartenait à
la famille des Aenobarbus, ou à la barbe
couleur d'airain, ainsi nommée à cause de
la barbe rousse de son fondateur, qui était
contemporain de la guerre des Romains contre les
Tarquins, et dont la plupart des descendants
eurent comme lui la barbe rousse. Plutarque,
Paul-Emile, 25; et Suétone, Néron, l
et 51.
L'antiquité de la
présence des hommes blonds et des hommes roux
dans les anciennes populations latines est en
outre prouvée par l'antiquité des noms purement
latins, Flavus et Flavius (blond), Fulvius
(fauve), Rufus (roux), Rutilus et
Rutilius (roux); car Rufus était un
surnom commun dans plusieurs familles de l'ancienne
Rome, telles que celles des Rutilius, des
Cornélius, des Minutius, des Curtius; et un
Flavus avait été consul dès l'an 506 avant
notre ère, trois ans après l'expulsion des
Tarquins.
Or les premiers Latins qui ont porté des noms
correspondant aux noms français Leblond, Leroux,
Rousseau étaient évidemment des hommes blonds
et des hommes roux.La
question de l'existence des hommes blonds en
Perse était peu connue en France quand nous l'avons
élucidée en 1879, au moyen de documents
positifs, fournis à notre ami M. Léon Rodet par
le médecin persan Mirzà Mohammed .
Voyez Piétrement, Sur l'existence des hommes
blonds en Perse, dans les Bull. de la Soc.
d'antkrop. de Paris, année 1879, p. 406-4,08.
Il existe en Perse des
individus blonds dont le type est si bien
naturalisé dans le pays et tellement mélangé
dans les familles avec le type brun, que le type
blond reparaît souvent par atavisme chez des
enfants issus de pères et de mères au type brun.
On peut évaluer à 2 sur 100 en moyenne le
nombre des blonds dans la population de la Perse
entière ; cette proportion s'abaisse à 2 sur
1000 dans la province de Chiràz (ancienne
Suziane) et augmente en conséquence vers le nord.
Enfin, tous ces hommes blonds sont réputés devs
(on se sert aujourd'hui du mot arabe sheîtans),
c'est-à-dire "démons, satans, lutins,
fadets"; et l'on sait que l'antique
tradition iranienne place les devs dans le
nord.
Ces dernières données sont venues ajouter un
nouveau degré de vraisemblance à deux opinions
que nous avions émises, quelques semaines
auparavant, sur les Germaniens d'Hérodote et sur
la légende avestique de Tahmouras domptant
Ahriman et le soumettant à ses volontés.
La présence d'hommes blonds en Perse depuis un
temps immémorial autorise en effet à
considérer comme une tribu d'hommes blonds
aryanisés celle des Germaniens (...) ,
qui était, avant le règne de Cyrus, l'une des
tribus soumises aux tribus perses suzeraines, au
rapport d'Hérodote (I,125).
On ne saurait d'ailleurs objecter à l'assimilation
que nous faisons implicitement des mots(...)
et Germani, Germains, l'opinion de Mahn
adoptée dans le Dictionnaire de la
langue française de Littré, et
suivant laquelle les mots Germani et
Germains seraient dérivés du celtique;
car nous avons prouvé ailleurs que cette opinion
est erronée, et que les mots Germani et
Germains sont incontestablement d'origine
tudesque. voy
Piétrement, Sur les mots Germains, Germani
et (....), dans les Bull. de Soc. d'anthrop.
de Paris, 1880, p 196-206
Quant au nom de sheîtans,
anciennement devs, ou démons,
appliqué par les Perses ou Iraniens aux hommes
blonds qui vivent au milieu d'eux, il achève de
nous convaincre que la légende de Tahmouras et d'Ahriman,
rapportée aux yeshts XV, 10-13, et XIX, 29, est
une allusion métaphorique à la soumission, à l'aryanisation
d'un groupe d'hommes blonds par les Aryas
primitifs, dès l'époque de l'unité aryenne,
puisque Tahmouras est le pédécesseur de Yima, l'inventeur
de l'agriculture, et que Ahriman, dompté et
soumis par Tahmouras dans cette légende, est le
chef des devs ou démons.
Du reste, qu'on admette ou non ces opinions sur
les Germaniens d'Hérodote et sur la légende de
Tahmouras soumettant Arhiman, il n'en restera pas
moins certain que, dès l'antiquité, il
existait des hommes blonds au milieu des
populations aryennes brunes de l'Inde, de l'Asie
Mineure, de la Grèce, du nord de l'Afrique et de
l'Italie.
C'est là un fait considérable, qui s'expliquerait
difficilement si l'on n'admettait pas que les
Aryas se sont associés, dès l'époque de l'unité,
soit par la force des armes, soit par l'attrait
de leur civilisation, une notable quantité d'hommes
blonds qui leur ont fourni des contingents, qui
les ont suivis dans toutes leurs migrations; ce
qui ne justifie pas complètement l'assertion
précitée du comte de Gobineau.
Cette donnée sur la composition du peuple aryen,
avant le début de ses migrations, paraît à
elle seule suffisante pour expliquer ce que l'histoire
et l'anthropologie savent aujourd'hui sur l'état
ancien et sur l'état actuel des rameaux aryens.
Mais il est
possible que des découvertes
ultérieures finissent par montrer que la
composition du peuple aryen primitif
était plus complexe; car les races
humaines sont assez anciennes pour que
plusieurs d'entre elles aient pu
concourir à former le peuple aryen avant
que celui-ci soit devenu assez puissant
pour commencer à répandre sa
civilisation en dehors de sa première
patrie |
Piétrement 1882
|
haut
|