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Coup
d'il général sur les anciennes migrations
aryennes. (chapIII,
§6p175)
La civilisation aryenne
est donc née aux environs du lac Balkach.
C'est là que les Aryas ont passé du régime
pastoral au régime agricole, qui les a rendus
assez nombreux et assez puissants pour s'emparer
du Turkestan et des provinces septentrionales de
la Perse, comme le montrent les deux premiers
chapitres du Vendidad.
Pendant cette conquête, qui ne s'est pas faite
en un jour, les Aryas ont naturellement acquis un
nouveau degré de civilisation et de puissance,
qui leur a permis de se diviser en plusieurs
peuples distincts, capables d'envahir de
nouvelles contrées.
Dans les désignations successives d'Eran ou Iran
et d'Irak, les philologues reconnaissent
facilement les noms successifs de l'Airyana,
conservés par le peuple aryen qui a le plus
longtemps occupé cette patrie primitive des
Aryas, qui s'en est le moins éloigné et qui a
fini par étendre sa domination jusqu'au golfe
Persique et jusqu'aux rivages de l'océan Indien
situés à l'ouest de l'Indus.
Un autre peuple aryen s'est avancé à l'est de l'Indus,
où il est devenu le peuple des Aryo-Hindous, à
une époque que l'on regarde généralement
aujourd'hui comme antérieure à la réforme
zoroastrienne, d'après l'étude des documents
fournis par l'Avesta et par le Véda.
D'autres peuples aryens du même rameau que l'on
peut appeler asiatique ou oriental, et mieux
encore méridional, se sont dirigés à l'ouest
de l'Iran jusque dans l'Asie Mineure, puis ont
franchi le Bosphore, occupé la Grèce et envoyé
des colonies jusque dans le sud-ouest de l'Europe.
Avant que les Aryas du rameau oriental ou
méridional fussent arrivés au degré de
civilisation accusé par l'ensemble des documents
qui nous en sont parvenus,
un autre rameau aryen parti de l'Airyana vaedja,
des environs du lac Balkach, avait marché
directement à l'ouest, vers l'Europe centrale.
Il finit même par gagner l'Europe occidentale,
où il devint la souche des anciennes populations
celtiques des Gaules et des Iles-Britanniques.
Le rameau celtique avait passé au nord du lac d'Aral
et de la mer Caspienne, qui ne formaient
probablement alors qu'une seule mer; puis au nord
de la mer Noire et de la mer d'Azof, qui
communiquaient peut-être encore avec la mer
Caspienne par les parties les plus déclives du
gouvernement de Stavropol ;
Piétrement 1882
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car,
" le Bosphore étant fermé,
les eaux de la mer Noire pourraient s'élever,
déborder par-dessus les plaines du
Manitch et se réunir à la mer Caspienne
sans trouver aucun écoulement dans la
mer de Marmara. Une pareille jonction n'aurait
peut-être pas lieu aujourd'hui, par
suite des changements qui se sont
opérés dans le régime des fleuves et
des rivières.
Au reste, les mêmes phénomènes que j'ai
remarqués sur les côtes septentrionales
de la mer Noire, je les ai retrouvés sur
le littoral de la Bulgarie, de la
Romélie et de l'Anatolie.
Partout existait des traces d'une plus
grande élévation du niveau des eaux de
la mer Noire, se composant de dépôts
modernes s'élevant à peu près partout
à la même hauteur, dépassant rarement
25 à 30 mètres, et renfermant intactes
des coquilles marines dont toutes les
espèces vivent encore aujourd'hui dans
la mer Noire ".
Hommaire de Hell, Voyage en Turquie et
en Perse, t. IV, p.
136. |
Ces considérations
géologiques de Hommaire de Hell s'accordent
parfaitement avec cette tradition rapportée par Diodore
(V, 47) :
« Les Samothraces
racontent qu'avant les déluges arrivés
chez les autres nations, il y en avait eu
chez eux un très grand par la rupture de
la terre qui environne les Cyanées (Les
Cyanéea ou Symplégades, situées dans
la mer Noire, à l'embouchure du Bosphore
ou canal de Gonstantinople) et par suite
celle qui forme l'Hellespont.
Le Pont-Euxin ne formait alors qu'un lac
tellement grossi par les eaux des fleuves
qui s'y jettent, qu'il déborda, versa
ses eaux dans l'Hellespont et inonda une
grande partie du littoral de l'Asie. |
Du reste, quand les Aryas,
encore réunis aux environs du lac Balkach,
furent devenus assez puissants pour se livrer à
leurs instincts de conquêtes et à leur amour
des voyages, c'est la topographie du pays qui
détermina la direction de leur marche.
Rencontrant au nord une vaste steppe qui les
aurait conduits dans des climats très rigoureux,
arrêtés à l'est et au sud-est par la chaîne
de l'Alatau et par les hautes montagnes du
Khokand, les émigrants et les conquérants
aryens, suivant la loi des moindres résistances,
ont naturellement pris les routes de l'ouest et
du sud-ouest, qui ne présentaient aucun obstacle
géographique sérieux.
On ne possède aucun document positif sur les
dates de ces migrations; mais certaines
considérations qui seront exposées dans les
chapitres suivants permettent de supposer que les
Aryas civilisés, agriculteurs, possesseurs d'animaux
domestiques et d'armes en métal, ont commencé
leurs migrations vers l'an 3000 avant notre ère
et que ces migrations ont duré un assez grand
nombre de siècles.
Piétrement
1882
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