texte intégral
vaisseaux grecques (trirèmes) (à part.
d'im.wikipedia)
N. B.: les
translittérations Grec ancien/Latin (suivies ou
non d'un ?) ont été faites avec le secours de:
http://www.Lexilogos.com avec
application mais incompétence, donc sous toutes
réserves... |
|
Ce sont les
populations aryennes d'Asie Mineure qui ont
introduit le cheval en Grèce. (chap.IV,§6)
Le Bosphore de
Thrace ou canal de Constantinople n'ayant que 250
mètres et l'Hellespont ou détroit des
Dardanelles 1750 mètres dans leur plus petite
largeur, et, d'autre part, les nombreuses îles
de l'Archipel étant très rapprochées les unes
des autres, toutes en vue les unes des autres,
les diverses colonies de migrateurs aryens d'Asie
Mineure avaient de très grandes facilités, dont
elles profitèrent, pour passer en Europe par la
voie de mer, même avant que leur science
nautique se soit développée au contact des
Phéniciens.
C'est ce qui explique pourquoi, dans la légende
grecque, le titre de fils de Neptune est si
souvent donné à tant de chefs aryens,
représentés soit comme des fondateurs de villes,
soit comme les premiers rois de diverses
peuplades grecques auxquelles ils ont donné leur
nom.La
facilité avec laquelle on peut passer d'Asie
Mineure en Grèce suffirait à elle seule pour
indiquer que les essaims pélasgiques ou proto-grecs
amenèrent avec eux leurs chevaux aryens, quand
ils vinrent s'établir dans cette dernière
contrée.
C'est d'ailleurs un fait qui ressort clairement
de l'examen des différents mythes dans lesquels
l'histoire d'Athéné ou Minerve et surtout celle
de Poséidon ou Neptune se trouvent mêlées à
celle du cheval.
Mais, faute d'avoir assez peu tenu compte des
diverses phases par lesquelles ces mythes sont
passés, on n'en a guère tiré jusqu'ici que des
conclusions incomplètes et quelquefois erronées.
Il importe donc de s'arrêter sur l'histoire de
ces mythes, qui, sous leur forme primitive, ne
sont en réalité rien autre chose que l'histoire
de l'introduction du cheval aryen en Grèce.
~
Dans les
temps historiques de la Grèce et même pendant
la dernière période de ses temps héroïques,
le panthéon grec était habité par des
divinités pour la plupart aryennes, malgré l'antiquité
de l'arrivée en Grèce de diverses colonies
égyptiennes et phéniciennes.
Parmi les dieux d'origine incontestablement
aryenne on peut citer Zeus ou Jupiter, Héra ou
Junon, Arès ou Mars, Héphaistos ou Vulcain,
Poséidon ou Neptune et Athéné ou Minerve.
Aux époques en question, tous ces dieux étaient
déjà complètement anthropomorphisés: Jupiter
portait la foudre dans sa main; Vulcain
travaillait les métaux sur l'enclume; Neptune
parcourait les mers sur son char et commandait
aux flots avec son trident; Minerve était
représentée sous la figure d'une guerrière, et
Junon était une femme immortelle aux yeux de
gazelle (littéralement aux yeux de boeuf, (..),
c'est à dire aux grands yeux noirs à reflet
velouté, comme le sont encore les yeux des
boeufs de Syrie et d'Asie Mineure; c'est pourquoi
Homère ne donne jamais l'épithète de boôpis à aucune femme blonde, mortelle
ou immortelle.
Mais cet anthropomorphisme avait été un
résultat relativement tardif des conceptions des
poètes et des artistes.
Primitivement,
la religion des Pélasges, et l'on peut dire d'une
façon plus générale la religion aryenne était
un pur naturalisme, ou divinisation des
phénomènes naturels, des agents physiques, des
formes cosmiques.
En d'autres termes, avant d'être un dieu
anthropomorphe armé de la foudre, Jupiter avait
été le ciel.
Avant d'être un forgeron boîteux, Vulcain avait
été le feu, puis l'industrie métallurgique,
née de l'usage du feu. Avant d'être la
divinité porte-égide, Minerve avait été
uniquement la sophia grecque, expression
que l'on rend quelquefois par notre mot sagesse,
mais qui signifie réellement la science prise
dans son acception la plus large, c'est à dire l'ensemble
de toutes les sciences, de tous les arts et de
toutes les industries.
Enfin, avant d'être le dieu armé du trident,
Neptune avait été uniquement la mer, l'onde
salée, puis la navigation.
On peut même affirmer que, dans aucun temps, les
représentations anthropomorphes des divinités n'ont
jamais été prises au sérieux par les gens
éclairés de l'antiquité grecque et romaine.
Ainsi, par exemple, il est clair qu'en donnant à
Neptune l'épithète de (gaiêokhos)
"qui enveloppe, qui embrasse la terre",
Homère (Iliade, IX, vers183) témoigne suffisamment
que, pour lui, Neptune était la mer, bien qu'il
lui ait si souvent prêté la forme humaine pour
le besoin de la mise en scène.
Posidonius fait aussi remarquer dans Strabon (XVII, I,5) qu'en appelant le
fleuve Egyptos, "ce fleuve tombé du sein de
Zeus" (Odyssée, IV, vers 581), Homère "fait
réellement naître le Nil des eaux du ciel":
d'où Thalès avait conclu qu'Homère a déjà
connu la vraie cause des crues du Nil, c'est-à-dire,
suivant l'expression de Strabon,
"les pluies
torrentielles qui tombent en été dans
la haute Ethiopie, et en particulier dans
les montagnes situées aux derniers
confins de ce pays." |
On connaît en outre les
expressions usuelles:
..., Zeus pleut, pour il pleut; sub Jove,
sous Jupiter, pour en plein air, et d'autre
analogues.
Virgile
dit dans ses Géorgiques
(liv. I, vers, 11-13 et 18-19):
" Et toi,
Neptune, par le puissant trident de qui
la terre frappée produisit pour la
première fois le cheval frémissant.....
et toi, Minerve, inventrice de l'olivier."
|
le poète fait ici
allusion à une ancienne légende grecque, qui
nous a été conservée par Servius,
dans un passage de son Commentaire
sur Virgile, et dont voici
la traduction:
" Telle est
cette fable: quand Neptune et Minerve
prétendirent donner leur nom à Athènes,
les dieux décidèrent que la ville
prendrait le nom de celui qui ferait aux
hommes le présent le plus utile.
Alors Neptune frappa le rivage et en fit
sortir le cheval, animal propre à la
guerre; Minerve, d'un coup de lance,
créa l'olivier, emblème de la paix et
reconnu le meilleur." (Servius, o,c; page 60) |
Prise à la lettre, cette
légende signifierait que Neptune fut le
créateur du cheval et Minerve la créatrice de l'olivier;
mais il est clair que, ainsi présenté, cette
légende cache, sous un revêtement purement
poètique et relativement récent, un fait réel
qu'il reste à déterminer, puisque ni Neptune ni
Minerve ne sont des divinités créatrices dans
la cosmogonie hellénique.
Le fait en question a du reste été représenté
sous cette forme emblématique, aussi bien par
les artistes que par les poètes;
et une preuve de son importance capitale dans l'histoire
d'Athènes, c'est qu'il avait fourni le sujet
décoratif de l'un des deux frontons du
Parthénon, comme nous l'apprend Pausanias.
(Pausanias, Descript. de la Grèce, I,24;
t.I. p 164-167)
Minerve n'étant pas la créatrice de l'olivier,
certains auteurs modernes ont supposé qu'elle l'avait
importé en Grèce, et que c'est là le vrai sens
caché sous le mythe de sa dispute avec Neptune;
mais cette explication n'est pas acceptable,
puisque l'olivier, arbre naturel à tout le
bassin méditerranéen, n'a point été importé
en Grèce.
C'est dans la remarque suivante de
Diodore qu'il faut chercher l'expliction
de ce mythe:
"On attribue à
Minerve la culture des oliviers, qu'elle
communiqua aux hommes aussi bien que l'usage
de leur fruit. Car avant elle l'olivier
était laissé inculte parmi les arbres
sauvages et on n'en avait aucun soin" (V, 73). |
Cela est clair et vrai: la
culture de l'olivier et l'usage de son fruit sont
des résultats de la science et de l'industrie,
personnifiées dans Minerve.
L'arboriculture est d'ailleurs un art très
ancien, et, dès le temps de Diodore, il y avait
déjà "des oliviers greffés sur des
oliviers sauvages" jusque dans le petite
île de Pityuse, aujourd'hui Iviça (V,16).
Cet exemple montre une fois de plus qu'en
général, pour avoir la vraie
explication d'un mythe, il ne faut point s'arrêter
à la conception anthropomorphe des divinités;
il faut remonter plus haut, jusqu'au naturalisme
primitif.
C'est seulement ainsi qu'on s'explique pourquoi
Diodore (V,73) dit que
Minerve a enseigné aux hommes la préparation, l'architecture,
la confection et l'usage des instruments de
musique, ainsi que beaucoup d'autres ouvrages d'art;
ce qui fait qu'on l'a nommée Ergané,
ouvrière.
C'est pourquoi Homère avait
déjà dit de Minerve, au commencement de l'hymne 3e:
"Elle aime
les guerres et les travaux de Mars, et
les mêlées et les batailles; elle se
plait aussi à s'occuper d'ouvrages
merveilleux.
La première, elle apprit aux artisans,
parmi les terrestres mortels, à
façonner des chars de guerre, et des
chariots décorés d'airain. C'est elle
encore qui a enseigné à de tendres et
sédentaires jeunes vierges son art
ingénieux et en a pénétré leur esprit."
|
Lorsque
le même poète dit, dans l'hymne 10e, que
Minerve
"est aussi la
sauvegarde des armées au départ et au
retour " |
cela
signifie que la stratégie était déjà une
science à cette époque.
Quand il dit, dans l'hymne 19e, que,
"avec Minerve
aux yeux d'azur, Vulcain a enseigné les
beaux travaux, sur la terre, aux hommes
qui d'abord habitaient des antres dans
les montagnes, comme les bêtes fauves", |
cela
signifie tout simplemnt que l'industrie du
fondeur et du forgeron n'est que l'une des
branches de la science prise dans son acception
la plus générale.
Si Pindare et Pausanias ont pu dire, ainsi qu'on
l'a vu que Minerve a donné un mors à
Bellérophon, qu'elle lui a appris à s'en servir
et à dompter Pégase, considéré comme un
cheval ailé, c'est parce que la fabrication des
mors et le dressage des chevaux sont réellement
des arts, et que, nous le répétons, Minerve est
la personnification de toute science, de tout art,
de toute industrie.
Enfin,
c'est évidemment parce que l'équitation est l'une
des branches de la science que l'un des surnoms
de Minerve était Hippia ; ce qui avait
fini par donner lieu à une légende plus
poétique, que Pausanias raconte
ainsi:
" La statue (de
Minerve) qu'on voit maintenant à Tégée
a été apportée du bourg des
Manthuriens, qui lui donnent le nom d'Hippia,
parce que suivant eux, dans le combat des
dieux contre les géants, Minerve poussa
ses chevaux et son char contre Encelade."
(Pausanias, Descr.
de la Gr, VIII, 47; t. IV, p.
539) |
Minerve
était donc réellement la déesse de l'équitation,
et c'était une conséquence naturelle de la
conception primitive qui lui avait donné
naissance.
Néanmoins, Diodore dit aussi (V,
69), à propos des Crétois:
"On attribue
aussi à Neptune l'art de dompter les
chevaux et l'enseignement de l'art de l'équitation;
ce qui lui a valu le surnom d'Hippius." |
Nous
lisons dans le 21e hymne
Homérique:
"Pour toi, Neptune, les immortels
ont divisé les honneurs en deux parts;
ils t'ont donné d'être dompteur des
coursiers et sauveur des vaisseaux."
|
Pausanias dit de son
côté:
"Ce dieu (Neptune),
outre les noms que les poètes lui ont
donnés, en a plusieurs autres
particuliers à chaque pays dans lequel
il est honoré.
Les surnoms qu'on lui donne partout sont
ceux de Pélagius, d'Asphalius et d'Hippius.
On allègue beaucoup de raisons
différentes de cette dernière
dénomination; ma conjecture, à moi, est
qu'elle vient de ce qu'il est l'inventeur
de l'art de dompter les chevaux.
Nous voyons en effet dans Homère que
Ménélas, lors du combat à la course
des chars, dicte à Antilochus une
formule de serment par ce dieu: "Tenant
la main sur tes chevaux, jure par le
puissant dieu de la mer, que tu n'as usé
volontairement d'aucune fraude pour
entraver la course de mon char."
(Pausanias, Descr.
de la Gr, , VII, 21; t IV, p172; et Homère, Iliade, XXIII, p. 335) |
En donnant à Neptune le
titre de dompteur de chevaux, les poètes l'ont
fait empiéter sur les attributions de Minerve,
et ils lui ont encore fait jouer un rôle que ne
justifie nullement la nature originelle de ce
dieu;
car la mer n'a pas plus dressé que produit les
chevaux; et si Pausanias a admis que le surnom de
Hippius, donné à Neptune, vient de ce qu'il fut
l'inventeur de l'équitation, c'est évidemment
parce que cet érudit, d'ailleurs estimable, n'a
pas su voir au delà de la fiction poétique, et
relativement récente, qui vient d'être
signalée dans le 21e hymne homérique.
(Note
: pour nous
conformer à l'usage, et pour éviter des
périphrases, nous avons toujours parlé des
hymnes dits homériques comme s'ils étaient
réellement l'oeuvre d'Homère. Mais c'est ici le
cas de rappeler que ces hymnes sont
incontestablement postérieurs à ce poète.)
Piétrement 1882
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haut
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Le défaut de
perspicacité de Pausanias est même d'autant
plus manifeste, en cette circonstance, que c'est
à cet auteur qu'on est redevable du seul texte
qui, à notre connaissance, dénote clairement
sur quel fait primitif les poètes ont brodé
pour faire de Neptune le créateur et le premier
dompteur de chevaux.
A l'appui de son opinion, Pausanias invoque en
effet le témoignage de Pamphus, le plus ancien
des poètes lyriques d'Athènes.
On chantait autrefois aux mystères d'Eleusis les
hymnes de ce poète antérieur à Orphée; aucun
de ces hymnes ne nous est parvenu; mais, fort
heureusement, Pausanias a cité textuellement un
vers de Pamphus,
dans lequel ce poète appelle Neptune
hippôn te
dôtêra neôn t'ithykrêdemnôn
; (Pausanias, Desc de le
Gr, VII,21; t.IV, p174)
c'est-à-dire " le
donateur des chevaux et des vaisseaux à voiles
".
En traduisant ithykrêdemnon
par "à voiles", nous suivons
l'opinion de Clavier, bien que ce sens soit loin
d'être certain.
Les opinions ont varié et varient encore sur la
signification de ce mot, qu'on ne rencontre nulle
part ailleurs.
Ses racines sont "ithys"
et "krêdemnon"
qui vient lui-même de "kras"
et de "deô".
Le sens originel du mot "krêdemnon
", voile, pièce d'étoffe qu'on
attache sur la tête, justifierait donc l'opinion
de Clavier; mais ce mot a pris consécutivement d'autres
acceptions, qui permettent aussi de supposer que
Pamphus a pu vouloir désigner des vaisseaux au
bordage élevé, ou même tout simplement à la
proue élevée.
Quel que soit d'ailleurs le sens qu'il faille
assigner à lépithète que Pamphus donne aux
vaisseaux, on voit qu'avec ce poète si ancien
nous sortons des fictions poétiques
incompatibles avec les notions que l'on doit se
faire de Neptune, considéré comme la
personnification de la mer.
Neptune n'est plus ici le créateur ni le
dompteur du cheval;
il est seulement le donateur des chevaux et des
navires: ce qui signifie clairement que les Proto-Grecs,
les Pélasges fondateurs d'Athènes, sont
arrivés en Grèce par mer, avec leurs vaisseaux
et leurs chevaux.
On conçoit d'après cela que, la fiction
poétique aidant, Neptune, l'importateur de
chevaux en Grèce, y ait reçu le surnom d'Hippius
ou Equestre, et qu'il ait fini par être
représenté comme le créateur et le dompteur du
cheval.
Il est vrai que, préoccupé sans doute de l'opinion
émise par Pausanias sur l'origine du surnom
Hippius donné à Neptune,
Clavier a cru devoir traduire le
vers de Pamphus comme s'il y avait "hippon
t'elktêra" au lieu de "hippon
te dôtêra", ainsi qu'il le
déclare dans ses notes, tome VI,
page 227.
De sorte que, dans la
traduction de Clavier, Neptune n'est plus le
donateur des chevaux et des vaisseaux; il y
devient le dieu qui "préside à la course
des chevaux et des vaisseaux à la voile".
Mais cette fausse lecture de Clavier n'a pas
été admise dans l'édition de Dindorf, publiée
en 1845 chez Didot, où le mot "dôtêra"
a été avec raison conservé dans le
texte grec (p350) et rendu dans la traduction
latine par "largitorem",
le donateur (p 351).
Clavier avait été vraiment mal inspiré dans
cette circonstance; car ayant rencontré un texte
précieux, exprimant une idée très claire et
aussi sensée que si elle provenait d'un
historien et non d'un poète lyrique, notre
savant helléniste avait eu le tort de vouloir
altérer ce texte, pour lui faire signifier une
chose insensée, au point de vue du naturalisme
primitif de la religion pélasgique.
Du reste, même sans avoir
mentionné et peut-être sans avoir connu le
document si important fourni par le vers de
Pamphus, divers auteurs modernes ont déjà tiré
de la légende de Neptune, disputant à Minerve l'honneur
de donner son nom à Athènes, la conclusion que
le cheval a été introduit en Grèce par mer.
Ils ont pensé avec raison que la mer,
personnifiée sous le nom de Neptune, ne peut pas
avoir produit le cheval, qu'elle peut seulement l'avoir
aidé dans ses migrations, et que c'est la
véritable explication du mythe en question:
conclusion qui est confirmée par le vers de
Pamphus.
Mais, considérant que les chevaux ont été
importés en Grèce par mer, quelques auteurs en
ont inféré, bien à tort, que ces animaux y
sont arrivés pour la première fois, soit avec
les colons égyptiens, soit avec les colons
phéniciens.
Pour qu'il en ait été
ainsi, il faudrait que les Egyptiens et les
Phéniciens eussent précédé les Pélasges en
Grèce, ce qui a été quelquefois admis;
tandis qu'en réalité, on ne saurait trop le
répéter, les Pélasges furent le
premier peuple civilisé qui immigra dans cette
contrée.
Ainsi, par exemple, certains auteurs ont regardé
et regardent encore l'Egyptien Cécrops comme le
fondateur d'Athènes et le premier roi de l'Attique;
au lieu que, d'après une tradition qui
subsistait encore à l'époque de Pausanias, il y
avait eu des rois dans l'Attique avant l'arrivée
de Cécrops (Pausanias, Descr de la Gr,
1,31; t I p 327); et cette
tradition est en parfait accord avec le dire d'Hérodote,
VIII, 44:
" Les
Athéniens, quand les Pélasges
possédaient ce qu'on appelle maintenant
la Grèce, étaient Pélasges;
on les appelait Cranaens;
sous le roi Cécrops, on les nomma
Cécropides;
lorsque Erechthée hérita de la
souveraineté, ils changèrent leur nom
pour celui d'Athéniens;
enfin, Ion, fils de Xuthus, étant devenu
leur chef, ils furent à cause de lui
appelés Ioniens." |
Hérodote dit
aussi, VII,94,
qu'avant l'arrivée de l'Egyptien Danaüs en
Achaïe les habitants de cette contrée s'appelaient
Pélasges-Egiales, et qu'ils ne prirent
également le nom d'Ioniens qu'à l'époque d'Ion.
Piétrement
1882
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Les chevaux des Pélasges furent donc
réellement les premiers importés en Grèce;
et ce fait deviendra encore plus évident, quand
on verra, dans les chapitres suivants, qu'aux
époques où Cécrops, Danaüs et autres anciens
colonisateurs partirent d'Egypte et de Phénicie,
ces deux contrées ne possédaient pas encore la
race de chevaux qui, de temps immémoriale, a
constitué le fond de la population équine de la
Grèce.
Ajoutons, par parenthèse,
qu'il n'y a pas lieu d'être surpris qu'Athènes
ait reçu ce nom seulement à l'époque
relativement tardive indiquée par Hérodote.
Car, si l'on rapproche de ce fait la remarque de
Strabon (IX I,18) suivant
laquelle Posidonia avait été l'un des anciens
noms d'Athènes, on devra en inférer que la
dispute de Neptune et de Minerve, au sujet de
cette ville, n'a pas duré un seul jour, mais
plusieurs siècles;
ou, en d'autres termes, que cette ville a d'abord
été nommée Posidonia, c'est-à-dire la ville
de Poséidon ou Neptune, la ville des marins, par
ses fondateurs les Pélasges;
et qu'elle a été appelée Athènes, c'est à
dire la ville d'Athéné ou Minerve, la ville de
la science et de l'industrie, seulement lorsque
la science et l'industrie eurent eu le temps d'y
prendre un certain développement.
La
légende grecque de Neptune donateur des chevaux
semble indiquer que ces animaux n'existaient pas
encore en Grèce lors de l'arrivée des Pélasges.
Pline dit d'ailleurs (XXVII,
45):
"Les Grecs n'ont
point parlé des chevaux sauvages, parce
que leurs contrées n'en produisaient
point; " |
et l'on a vu qu'aucun
débris de cheval fossile n'a encore été
trouvé en Grèce.
Si, du reste, de nouvelles découvertes
paléontologiques venaient à démontrer l'ancienne
existence de chevaux sauvages dans ce pays, on n'en
serait pas moins autorisé à penser que leur
race est depuis longtemps éteinte, qu'elle n'a
même pas été domestiquée par les peuplades
sauvages que les Pélasges ont dû rencontrer en
Grèce et dont la présence est révêlée par
les débris archéologiques de l'âge de la
pierre.
Il est du moins certain qu'il n'existe pas, et
tout porte à croire, qu'il n'a jamais existé de
race chevaline domestique originaire de Grèce.
Enfin, le fait
incontestable du peuplement de la Grèce par des
chevaux arrivés par mer avec les peuples aryens
ou anciens Pélasges d'Asie Mineure prouve que
les premières immigrations des Aryas en Grèce
sont postérieures au phénomène géologique
dont il a été question, et qui sépara l'Asie
Mineure de la Grèce en donnant naissance au
Bosphore et à l'Hellespont;
car l'existence de ces détroits a seul forcé
les peuples aryens d'Asie Mineure de s'embarquer
avec leurs chevaux pour passer en Grèce.
Il faut aussi en conclure
que, les Pélasges n'ayant point été témoins
du phénomène géologique en question, la
tradition relative à ce phénomène n'est pas
une tradition pélasgique, mais bien une
tradition que les Pélasges ont apprise des
populations anaryennes qu'ils rencontrèrent dans
l'île de Samothrace et auxquelles, on l'a vu à
la page 246, ils enseignèrent les mystères.
Piétrement 1882
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