cavalier ép. archaïque, env. 6eme s.(Musée du Louvre)
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figurine
archaïque en cuivre trouvée à Dodone, (Musée nat. d'Athènes)
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Les peuples
aryens et leurs chevaux en Asie Mineure et en
Grèce (chapIV,§4)
p269 Chez
des peuples aussi habiles que les Grecs des temps
héroïques et les peuples aryens d'Asie Mineure
à diriger les chars dans les combats et dans les
courses, il devait nécessairement exister des
hommes capables de monter les chevaux.
On en trouve une première preuve dans Homère et
dans Hésiode, qui florissaient tous les deux au
Xeme siècle avant notre ère; c'est du moins la
date qui est donnée par Hérodote
(II, 53) et qui paraît la plus
vraisemblable.
Homère
montre, par la comparaison suivante, à quel
degré d'habileté étaient parvenus les
cavaliers de son temps:
" Tel un
habile cavalier, réunissant de front
quatre chevaux, les pousse à travers la
plaine, vers la grande ville, en suivant
la voie publique; les hommes, les femmes
accourent en foule et l'admirent; sans s'arrêter
et sans hésiter, il saute, et, tandis
que ses coursiers volent, il passe
légèrement de l'un à l'autre: ainsi le
fils de Télamon parcourt à grands pas
le tillac des vaisseaux légers." (Iliade,
XV, p 221-222) |
Il représente ailleurs
Ulysse et Diomède s'enfuyant au galop, montés
sur les chevaux de Rhésos qu'ils viennent de
voler. (Iliade X, p144).
Adraste, roi d'Argos, contemporain d'Hercule,
ayant eu son char brisé dans un combat, ne dut
son salut qu'à son cheval Arion, ce qui signifie
clairement qu'il monta sur ce cheval pour se
sauver.
Hésiode
fait aussi remonter l'art de monter à cheval au
moins jusqu'à l'époque d'Hercule; car, après
avoir fait la description de différentes scènes
représentées sur le bouclier de ce héros, il
décrit ainsi une autre scène également
sculptée sur ce bouclier:
"Auprès,
était une ville aux belles tours et aux
sept portes d'or bien ajustées sur leurs
portants. Les hommes s'y réjouissaient
par les festins et les danses. Ils
conduisaient, sur un char bien construit,
une jeune femme à son mari; et de tous
côtés on chantait Hyménaios; et dans
les mains des servantes la splendeur des
torches les précédait, et les choeurs
dansants les suivaient... Et les festins
et les danses emplissaient toute la ville,
et des cavaliers couraient autour sur le
dos des chevaux."(Hésiode, Le
bouclier de Héraklès, p 47) |
On va du reste voir les
courses de chevaux montés en usage dès l'époque
d'Hercule.
Homère a montré plus
haut Nestor prenant part à des courses de chars
dans sa jeunesse, et Nélée, père de Nestor,
envoyant ses chevaux chez les Epéens ou Eléens
pour y disputer le trépied, c'est-à-dire pour
concourir à une course de chars, donnée par
Augéas, à Elis sa capitale
(Strabon, VIII,III,30)
Pindare, Diodore et Pausanias nous ont même fait
connaître ....des courses de chars un peu plus
anciennes: celles auxquelles se livrèrent
Oenomaüs, roi de Pise en Elide, et Pélops, fils
du roi de Lydie.
Pausanias
dit en outre dans sa description du coffre
précité de Cypsélus:
"Non loin
de la maison d'Amphiaraüs (représentée
sur ce coffre), on voit les jeux qui
furent célébrés à la mort de Pélias,
....
Pisus, fils de Périérès, Astérion,
fils de Cométès, qui fut aussi, à ce
qu'on dit, l'un des Argonautes, Pollux,
Admète, et Euphémus, fils de Neptune,
suivant les poètes, et l'un des
compagnons de Jason dans l'expédition
contre Colchos, conduisent chacun un char
à deux chevaux, et c'est Euphèmus qui a
remporté le prix "(Pausanias, Descr
de la Gr V, 17; tIII, 128.) |
Cet autre
récit de Pausanias représente même les courses
de chars usitées en Arcadie bien avant l'époque
d'Hercule, fils d'Amphitryon:
"Arcas,
fils de Calisto, monta sur le trône.....
le pays prit sous son règne le nom d'Arcadie,
au lieu de Pélasgie qu'elle portait
précédemment, et les Pélasges prirent
le nom d'Arcadiens..... (Pausanias, descr
de la Grèce, VIII,4: t.IV, p
256)....... |
-
""
Les premiers jeux funèbres
qui aient été célébrés le furent à
la mort d'Azan, fils d'Arcas; je ne sais
pas s'il y eut d'autres prix; mais je
sais tout au moins qu'il y en eut pour la
course des chars."(Pausanias, Desc
de la Grèce, VIII,4; t. IV, p.259) |
Enfin
Pausanias fournit d'autres renseignements très
intéressants sur l'antiquité de l'usage des
courses de char et des courses à cheval, en
racontant l'histoire des jeux olympiques,
qui étaient les plus anciens et les plus
célèbres de tous les jeux sacrés de la Grèce.[....]
...les
traditions sur les jeux olympiques ne sont pas
les seules qui font remonter l'usage des courses
de chars et celles des chevaux montés jusqu'à l'époque
d'Hercule fils d'Amphitryon. [....]
Clavier l'a déjà fait remarquer dans
les notes de sa traduction
de Pausanias, tome VI, pages 61-62 :
"Dion
Chrysostome (Corinthiens, tome II, p.107) dit que ces jeux (les
isthmiques) furent institués par Neptune
et par le Soleil, qui les firent
célébrer de concert la première fois.
Ceux qui y remportèrent le prix furent...
Orphée pour la cithare, Hercules pour le
pancrace, Pollux pour le pugilat.... Il y
eut aussi des prix pour les courses de
chevaux: Phaéton fut vainqueur à la
course à cheval, et Nélée à celle des
chars à quatre chevaux." |
Piétrement
1882
|
applique
de vase grec ou d'Italie du Sud
entre 6eme et 3eme s. (Lo)
.
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D'autres renseignements
sur les courses des Grecs vont prouver que ce
peuple savait produire des chevaux doués des
qualités les plus utiles pour le service de
guerre.
Les courses d'Oenomaüs et des prétendants à la
main de sa fille montrent d'abord que leurs
chevaux avaient beaucoup de fond, étaient
capables de supporter de longues fatigues: car,
on l'a vu ..., la distance à parcourir était
celle de Pise au temple de Neptune, situé dans l'isthme
de Corinthe; et cette distance dépassait cent
vingt kilomètres, puisq'il y a cent vingt
kilomètres à vol d'oiseau de l'isthme de
Corinthe aux ruines d'Olympie, ville qui avait
été bâtie sur l'emplacement de Pise.
L'usage des courses de fond, exécutées en
dehors des jeux sacrés, persista d'ailleurs
pendant fort longtemps en Grèce. Diodore en
fournit un exemple postérieur d'environ dix
siècles à l'époque d'Oenomaüs. [...]
Pindare dit que les
concurrents tournaient douze fois autour de la
borne et parcouraient douze fois toute l'étendue
du cirque aux jeux équestres d'Olympie, de
Delphes ou Pytho, et de l'isthme de Corinthe (voyez
Pindare, IIe, IIIe et VIe Olympiques,
et Ve Pythique; p. 11, 17, 27, et 107 de
la traduction Poyard.);
et il devait en être ainsi aux fêtes de Némée.
Par cette simple indication, ce poète nous
apprend que les chevaux grecs possédaient aussi
des qualités encore plus désirables, pour des
chevaux de guerre, que la résistance aux longues
fatigues qui vient d'être constatée.
En effet, la piste de l'hippodrome
quadrangulaire d'Olympie avait environ 740
mètres, ce qu'il ne donnait qu'environ neuf
kilomètres pour les douze tours. La distance à
parcourir dans les luttes olympiques, aussi bien
pour les chevaux montés que pour les chevaux
attelés, n'était donc pas tout à fait un tiers
plus grande que celle qui est parcourue dans les
plus longues courses exécutées sur nos
hippodromes.
Aussi la principale difficulté des courses sur
les hippodromes grecs consistait-elle à tourner
douze fois autour de la borne et à changer
quarante-huit fois de direction aux coins d'hippodromes
très restreints.
Pour exécuter convenablement de pareils
exercices, il fallait des chevaux très dociles,
très maniables, très bien dressés, et surtout
doués d'une grande souplesse naturelle; ou, en d'autres
termes, la science de la production et de l'élevage
avait pour but et pour résultat, chez les Grecs,
de produire des chevaux possédant au dernier
point les qualités qui sont indispensables pour
le service de guerre [....]
Quoique de toute
antiquité la Grèce ait possédé des hommes
également habiles à monter les chevaux et à
conduire les chars, Homère ne montre pas un seul
héros combattant à cheval sous les murs de
Troie. Toute la cavalerie de l'Iliade
est montée
sur des chars, [...]lien
antiquité
retour
Ces héros, comme plus
tard les Parthes et de nos jours les Arabes,
avaient d'ailleurs en égale estime la vivacité
de l'attaque et la rapidité de la retraite,
comme achèvera de le montrer le passage suivant,
dans lequel Diomède dit à Nestor:
"Monte sur
mon char, tu sauras ce qu'est la race des
coursiers de Tros, aussi prompts dans la
plaine à poursuivre l'ennemi qu'à lui
échapper. J'ai pris un jour à Enée ces
arbitres de la fuite." (Iliade,
VIII, p.106) |
La seule mention d'un char
de guerre à quatre chevaux que nous ayons
rencontrée dans l'Iliade est celle du char d'Hector.
Deux fois seulement, nous y avons constaté la
présence d'un troisième cheval de volée, et
chaque fois la mort de ce cheval a failli causer
la perte du guerrier; on se rappelle qu'il s'agit
du char de Nestor et du char d'Achille monté par
Patrocle.
Tous les autres chars de guerre mentionnés dans
l'Iliade, et ils sont nombreux, sont attelés de
deux chevaux, même celui d'Achille allant venger
la mort de Patrocle; ce qui prouve bien que c'était
là le mode d'attelage habituel des chars de
guerre, chez les Grecs et chez les peuples aryens
d'Asie Mineure, dans les temps héroïques.
Piétrement 1882
|
bige, (Musée du
Louvre)
|
Les
textes précédents nous ont déjà largement
éclairés sur l'utilisation des chevaux par les
Grecs des temps héroïques.
Grâce à l'Iliade -dont le texte est d'ailleurs
disponible sur http://www.Kulturica.com-
nous les avons suivis au combat.
Dans les extraits ci-dessus, nous avons abordé l'utilisation
civile et déjà vu que les courses y avaient
leur place (du moins le genre de place qui se
prète le mieux à faire l'objet d'un rapport)........
à l'occasion en particulier de "jeux"
organisés dans de grandes occasions telles que
les funérailles des héros...
Il est dit que
Pausanias a raconté l'histoire des jeux
olympiques
Les courses s'inséraient dans ces jeux :
ci-dessous :
principaux extraits de ce que nous en donne
Piétrement:
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.
quadrige
triomphal : offrande votive à Athena: (BM)
la "victoire ailée" va couronner le conducteur
du char
.
|
.
"Les Eléens,
qui veulent remonter à ce qu'il y a de
plus ancien, disent, au sujet des jeux
olympiques, que Cronus fut le premier qui
règna dans le ciel, et que les hommes de
ces temps-là, nommés la race d'Or, lui
érigèrent un temple à Olympie.
Jupiter étant venu au monde, Rhéa le
donna en garde aux Dactyles, qui sont
aussi connus sous le nom de Curètes; ils
étaient venus du mont Ida de l'île de
Crète, et on les nommait Hercules,
Poeonoeus, Epimèdes, Iasius et Idas.
Hercules, qui était l'ainé, proposa en
s'amusant, à ses frères, de s'exercer
à la course, en disant qu'il
couronnerait le vainqueur avec une
branche d'olivier sauvage.... L'honneur
de la première institution des jeux
olympiques appartient donc à Hercules
Idæen, et ce fut lui qui donna ce nom;
il ordonna qu'onl es célébrât tous les
cinq ans parce qu'ils étaient cinq
frères ." (Pausanias, Desc
de la Grèce, V,7; t.III,p.47-48).......
"Dans la suite des temps, environ
cinquante ans après le déluge de
Deucalion, Clyménus, fils de Cardys, et
descendant d'Hercules, Idæen, étant
venu de l'île de Crète dans la Grèce,
fit célébrer les jeux à Olympie, et
érigea, dit-on, un autel aux Curètes et
particulièrement à Hercules, l'un de
ses ancêtres; il donna à cet Hercules
le nom de Paradaste.
Endymion, fils d'Aethlius, détrôna
Clyménus, et proposa ensuite à Olympie
son royaume, pour prix de la course, à
ses trois fils.
Une génération s'était à peine
écoulée, quand Pélops fit célébrer
des jeux en l'honneur de Jupiter Olympien
avec plus de solennité que tous ceux qui
l'avaient précédé.
Les fils de Pélops ayant abandonné l'Elide
pour se disperser en divers lieux du
Péloponnèse, Amythaon, fils de
Créthéus et cousin germain d'Endymion
du côté de son père (car on dit qu'Aëthlius
était aussi fils d'Æolus, quoiqu'il
passât pour fils de Jupiter), fit
célébrer les jeux olympiques;
après lui, Pélias et Nélée donnèrent
la même fête à frais commun; ces jeux
furent aussi célébrés par Augéas et
ensuite par Hercules, fils d'Amphitryon,
lorsqu'il eut pris Elis.
Iolas y remporta le prix de la course des
chars avec les chevaux d'Hercules; car
anciennement il avait permis de concourir
avec les chevaux des autres, et nous
voyons dans Homère qu'aux jeux qui
furent célébrés pour les funérailles
de Patrocle, Ménélas attela Æthé,
jument d'Agamemnon, avec un de ses
propres chevaux.
Iolas, au reste, conduisait ordinairement
le char d'Hercules; il eut donc le prix
de la course des chars, et Iasius
Arcadien, celui de la course à cheval....
Oxylus fit aussi célébrer ces jeux;
mais ils furent interrompus après lui
jusqu'à Iphitus, qui les rétablit,
comme je l'ai déjà dit."(Pausanias, Desc
de la Grèce, V,8; t.III p51-52) |
Pausanias raconte ailleurs
qu'à Tégée en Arcadie, sur l'un des deux
cippes de la place publique, on voyait encore de
son temps la statue de cette Arcadien,
"Iasius
auprès de son cheval, tenant dans sa
main droite une branche de palmier."(Pausanias, Desc
de la Grèce, VIII,48; t, IV, p 543) |
D'après les calculs de
Fréret, dans les Recherches
sur la chronologie de l'histoire de la Lydie
(Voyez Mém.de l'Acad.des
inscript., tome V, 1729, p 300-302 et 314),
c'est en l'an 1326 avant notre ère que les jeux
olympiques furent rétablis par Hercule, fils d'Amphitryon.
On vient de voir qu'ils
furent de nouveau interrompus après le règne d'Oxylus,
lequel fut l'un des chefs qui aidèrent les
Héraclides à reconquérir le Péloponnèse et
qui s'y installèrent à côté d'eux (Strabon,
VIII, III, 33, et VIII, VIII, 5),
quatre-vingt-dix ans après la prise de Troie, c'est-à-dire
vers l'an 1190.
Ce n'est qu'en l'année
884 qu'Iphitus, descendant d'Oxylus, rétablit
définitivement ces jeux, sur l'avis de l'oracle
de Delphes et par les conseils de Lycurgue, pour
essayer de faire cesser les divisions intestines
qui désolaient la Grèce.
Depuis lors, on célébra
constamment tous les quatre ans ces fêtes
sacrées, qui duraient encore au troisième
siècle après Jésus-Christ. Mais c'est
seulement en l'an 776 avant notre ère que l'on
commença d'inscrire les noms des vainqueurs sur
un registre; et c'est pourquoi cette dernière
date a été adoptée par les Grecs comme le
point de départ de leur ère dite des Olympiades,
dont la première année correspond en effet à l'an
776 avant Jésus-Christ.
Du reste, le
rétablissement des jeux olympiques par Iphitus
ne comporta pas d'abord tous les exercices
gymniques ni surtout équestres qu'on y avait vus
figurer autrefois; plusieurs d'entre eux ne
furent rétablis que successivement, à des dates
qui sont indiquées par Pausanias et dont nous
citerons celles qui se rapportent à l'histoire
du cheval.
" A la vingt-cinquième
olympiade, on admit parmi les jeux la
course des chars attelés de chevaux
ayant acquis toute leur force, et
Pagondas le Thébain y fut victorieux. Le
pancrace et la course à cheval furent
mis au nombre des jeux en la trente-troisième
olympiade; le cheval de Crauxidas,
Cranonien, passsa tous les autres.... La
Synoris, ou course de deux forts chevaux
attelés à un char, fut instituée en la
quatre-vingt-treizième olympiade, et le
prix remporté par Evagoras, Eléen. On
imagina, dans la quatre-vingt-dix-neuvième,
d'admettre aussi au concours des chars
attelés de poulains, et la couronne fut
décernée à Sabariades, Lacédaemonien.
Les chars attelés de deux poulains (Synoris),
et les courses de poulains portant un
cavalier (Célis), furent ajoutés plus
tard. Bélistiché, Macédonienne du
voisinage de la mer, remporta le prix de
la Synoris des poulains en la cent-vingt-huitième
olympiade; Tlépolème le Lycien, celui
de la Célis, en la cent trente et
unième ."(Pausanias, Descr
de la Grèce, V, 8; t.III, p. 56 |
Quoique Pausanias ne le
dise pas d'une façon explicite, sa narration
indique clairement que c'est la course des
quadriges qui fut rétablie à la vingt-cinquième
olympiade.
Il suffira, pour achever
de prouver ce fait, de citer la mention positive
de quelques courses de chars à quatre chevaux,
qui ont eu lieu avant la quatre-vingt-treizième
olympiade, époque du rétablissement des courses
de chars à deux chevaux, comme vient de le dire
Pausanias, d'accord sur ce sujet avec Diodore,
XII, 75.
[...]
Piétrement 1882
|
course d'apobates
aux jeux panathénaïques (institués en 566 avt J.C.)
Musée de l'antique Agora d'Athènes (ph. Giovanni Dall'Orto)
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