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L'histoire du
cheval chez les Chinois et la première patrie
des Mongols. (chapV§2) p327
Certains documents, relatifs aux premiers
rapports des Chinois avec les chevaux,
contribueront beaucoup à faire connaître dans
quelle région la civilisation mongolique a pris
naissance;
[....] les Chinois, (..) placent en tête
de leur histoire Pan-kou
ou Pouan-kou,
l'ordonnateur du monde,
à la suite duquel viennent trois grands règnes,
périodes ou Houang
: celui du ciel, celui de la terre, et celui
de l'homme auquel succèdent dix grands cycles
ou ki, pendant
chacun desquels régnèrent plusieurs dynasties.
Enfin, les historiens chinois comptent, depuis
Pan-kou jusqu'à la mort de Confucius, arrivée
en 479 avant notre ère, un laps de temps que les
plus modérés évaluent à 2 276 000 ans et que
d'autres portent à 96 961 740 années. Il faut
toutefois observer que l'auteur chinois Hou-chi a
déjà dit:
"Je
croirais volontiers que ce qui a donné
lieu à l'histoire des trois Hoang, c'est
qu'avant toutes choses il y a eu le ciel;
la terre fut formée ensuite, et, après
la terre, l'homme fut produit par les
différentes combinaisons que les vapeurs
les plus subtiles prirent entre elles." (Pémare, Recherches,
dans Les Livres sacrés de l'Orient,
p.20) |
La prétendue
histoire des trois Hoang semble effectivement n'être
que l'exposé symbolique d'un système de
cosmogonie; et un examen attentif de la
partie mythique des récits relatifs aux huit
premiers ki nous a également conduit à penser
que la plupart de ces mythes ne se rapportent pas
à des faits historiques, mais qu'ils sont la
représentation emblématique des phénomènes
géologiques et paléontologiques, tels que les
anciens Chinois les ont conçus d'après l'étude
des contrées qu'ils ont pu explorer.
[....] on sait déjà que les traditions
chinoises relatives aux origines de l'humanité
sont d'autant plus dignes d'attirer l'attention
"qu'elles
s'éloignent davantage de celles qui sont
communément reçues et qui se rattachent
presque toutes à l'opinion mosaïque.
Celle-ci admet comme principe fondamental
de l'antiquité du genre humain la
création d'un premier homme et d'une
première femme, leur perfection au
sortir des mains de leur créateur, et
leur chute, qui s'est étendue à tout le
genre humain;
les traditions chinoises, au contraire, n'admettent
pas unanimement un premier homme. ...
[....] le genre humain, selon ces
traditions, n'est arrivé à son état
actuel que lentement et par degrés, en
perdant quelques-unes de ses formes
primitives. [....]" (Pauthier, Chine,
p. 26) |
[....]
D'après leurs annales, les Chinois n'abandonnèrent
le séjour des cavernes qu'à la fin du 7e ki;
ils ne se bâtirent des cabanes et ils n'apprirent
à se servir du feu pour faire cuire leurs
aliments que dans le courant du 8e ki. Mais c'est
cependant en pleine période anté-historique,
dans la première moitié du 9e ki, que nous
voyons naître les sciences, les arts et l'industrie
chez ce peuple.
En effet, pour remplacer les cordes garnies de
noeuds qui tenaient lieu d'écriture à la fin du
8eme ki, Se-hoang, (...) , 1er roi du 9e ki,
inventa les premiers caractères chinois ou
écriture figurative; c'est du moins l'opinion de
plusieurs auteurs chinois, notamment de Liu-pou-ouei,
de Lo-pi, et leur opinion paraît la mieux
fondée, bien que d'autres auteurs ne fassent
remonter cette écriture qu'au règne de Fo-hi (Voyez
Prémare, Recherches,
p 27, 32,33)
Le 7e roi du 9e ki, Hien-yuen, fit battre de la
monnaie de cuivre, mit en usage la balance pour
juger du poids des choses; et
"il
joignit ensemble deux morceaux de bois, l'un
droit et l'autre en travers, afin d'honorer
le Très-Haut, et c'est de là qu'il s'appela
Hien-yuen. (Prémare, id, p27-29) |
Avec Fo-hi ou Fou-hi, qui est le
17e roi du 9e ki et qui ouvre la seconde moitié
de ce cycle, nous entrons, en l'an 3468 avant
notre ère, dans les temps semi-historiques
des Chinois. Ce roi travailla beaucoup
sur l'astronomie, divisa le ciel en degrés,
inventa la période ou cycle de 60
années encore en vigueur en Chine, et
établit un calendrier pour fixer l'année. Enfin
c'est lui qui apprit au peuple à faire des
filets pour la pêche et pour la chasse, et à
élever les six animaux domestiques, sur
lesquels nous reviendrons plus loin.
Chin-nong ou Chin-noung, qui lui
succéda en l'an 3218, inventa la charrue, apprit
aux Chinois à cultiver les champs et à faire le
vin, donna un grand essor au commerce, fit un
livre sur l'art militaire, et étudia la
médecine et la chimie. Il enseigna tout ce qui
concerne le chanvre et le mûrier, afin qu'il y
eût des toiles et des étoffes de soie en
abondance dans ses Etats.
Enfin, il mesura la terre et la trouva aplatie
aux pôles, ce qui n'a été constaté par les
Européens que dans le siècle dernier. (Pauthier, Chine,
p.26, 200.)
Les descendants de Chin-nong occupent tout le
reste du 9e cycle, qui finit en l'an 2637
avant notre ère; date incontestable, à
partir de laquelle la chronologie chinoise
présente tous les caractères de la plus
entière certitude.
Quant à la date
de 3468 assignée à l'avènement de Fo-hi,
et à la date de 3218 attribuée à l'avènement
de Chin-nong,[...], on peut les adopter
provisoirement comme dates minimum. Mais
il est probable que les dates [...] des
périodes historiques qu'ils
personnifient, devront être notablement
reculées dans le passé. [...] Chi-tse,
Liu-pou-ouei et Lo-pi, |
regardent comme
incontestable que la dynastie de Chin-nong
a eu soixante-dix empereurs, lesquels
régnèrent pendant une période sur la
durée de laquelle on n'est pas
parfaitement d'accord, mais qui doit
être évaluée à une vingtaine de
siècles;
ce qui placerait l'avènement de Fo-hi
entre 5000 et 6000 ans avant notre ère. |
Quoi qu'il en
soit, la dynastie de Chin-nong se termina lors de
l'avènement de Tchi-Yeou, [...]
C'est (..) le règne de Hoang-ti qui ouvre, en l'an
2698 avant notre ère, les temps
véritablement historiques des Chinois,
et c'est à la 61e année de son règne, c'est-à-dire
en l'an 2637, que commence le 10e cycle qui dure
encore actuellement.
Dans sa guerre contre Tchi-Yeou, Hoang-ti se
dirigeait au moyen d'un char magnétique
indiquant le sud, c'est à dire d'une boussole
Note: ("On le nommait Tchi-nan-tche,
c'est à dire chariot qui montre le midi; et c'est
le nom que les Chinois donnent à présent à la
boussole." (Livres sacrés de l'Orient,
page 122, en note.) - voyez aussi Pauthier,
Chine, p 28, 87; et le père Huc, Empire
chinois, tome II, p 142.).
Il créa un Tribunal pour écrire l'histoire qui
existe encore aujourd'hui. Sous son règne, le
système décimal, généralisé et appliqué à
toutes les divisions du calcul 4500 ans plus tard
par la Révolution française, était déjà mis
en pratique par les Chinois [...]
Sous le règne de Yao, commencé en l'an 2357,
les Chinois déterminent la durée précise de la
révolution annuelle du soleil, et ils arrivent
ainsi à la connaissance de notre année
julienne, découverte renouvelée par
Sosigène en l'an 46 avant Jésus-Christ.
C'est en la 61e année du règne de Yao, c'est à
dire en l'an 2297, que le livre des grands Tableaux
chronologiques chinois ou Li-tai-ki-see
place la grande inondation diluvienne dont il est
déjà question dans le Chou-king, liv.
I, chap. I, § 11; chap.III, § 14; et chap. V,
§ 1.
Note ("Ce magnifique
livre historique, le plus beau peut-être de tous
ceux qui sont sortis des presses impériales de
Péking, en 100 volumes in-folio, se trouve à la
Bibliothèque royale de Paris. Composé sur un
plan critique et méthodique, dont les Tablettes
chronologiques du président Hénault, ou l'Atlas
historique de Lesage, ne peuvent donner qu'une
faible idée, il commence à Yao et finit à Kien-loung."
(Pauthier, Chine, p 35.) - le Li-tai-ki-see
contient donc l'histoire détaillée de l'empire
chinois depuis le XXIVe siècle avant Jésus-Christ
jusqu'au XVIIe siècle de notre ère.)
[...] Yu, alors tout jeune, fut chargé par Yao
de réparer les désastres causés par les eaux,
et il termina ses travaux en l'an 2278. Devenu
empereur, il consigna ce fait dans une longue
inscription [...]
Au reste, quoiqu'il y ait eu en Chine plusieurs
grandes inondations qui ont causé de grands
ravages, les Chinois n'ont jamais admis l'existence
d'un déluge universel. [...]
Les trois
successeurs immédiats de Yu, les seuls qu'il
soit nécessaire de mentionner ici, furent Ki en
l'an 2197, Taï-kang en l'an 2188, et Tchong-kang
en l'an 2159, sous le règne duquel eut lieu la
fameuse éclipse de soleil de l'an 2155 avant
Jésus-Christ.
Piétrement
1882
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On a vu plus haut que Fo-hi apprit au peuple à
élever les six animaux domestiques.
"ces
six animaux sont: Ma, le cheval;
Nieou, le boeuf; Ki, la
poule; Tcha, le cochon; Keou,
le chien; et Yang, le
mouton." (Pauthier, Chine, p 24;
et Prémare, Recherches, p 33 ) |
Aussi l'histoire
des Chinois rapporte-t-elle que l'usurpateur Tchi-yeou
était à cheval quand il fut vaincu, en l'an
2698, par Hoang-ti, qui combattait sur un char et
qui s'empara de l'empire. (Prémare,
Recherches, id, p 41)
Mais, pour fournir des documents véritablement
incontestables sur l'utilisation en grand du
cheval par les anciens Chinois, nous les
puiserons dans le Chou-king,
ou Livre sacré, Livre par excellence,
nommé aussi Chang-chou, ou Livre ancien,
auguste, supérieur. On sait en effet que le
Chou-king, encore appelé Livre des
annales, embrasse toute la période comprise
entre le commencement du règne de Yao, 2357,
et l'an 624 avant Jésus-Christ, [...]
et qu'il a été recueilli et coordonné par Confucius vers la fin du VIe
siècle avant notre ère:
"
Mais ce grand philosophe, qui avait un si
profond respect pour l'antiquité, n'altéra
point les documents qu'il mit en ordre.
D'ailleurs, pour les sinologues, le style
de ces documents, qui diffère autant du
style moderne que le style des Douze
Tables diffère de celui de Cicéron, est
une preuve suffisante de son ancienneté."
(Pauthier,
dans Livre sac. de l'or. introd.
p x.) |
Aussi les
critiques chinois et les missionnaires jésuites,
entre autres le Père Gaubil, s'accordent tous à
reconnaître que les fragments historiques dont
se compose le Chou-king sont tirés des
historiens publics contemporains de chacun des
règnes dont il est parlé dans ce livre.
La première mention qu'il y
soit fait de l'usage du cheval
est relative à la répression par l'empereur Ki,
fils de Yu, d'une révolte d'un prince de sa
famille:
"Avant
le grand combat qui se donna à Kan, les
six King (généraux) furent appelés.
Le roi leur dit: "Hélas! vous qui
êtes préposés aux six corps de troupes,
écoutez les ordres sévères que j'ai à
vous donner....Si ceux qui sont à la
gauche et à la droite ne sont pas
attentifs aux devoirs de leur charge, c'est
vous qui serez coupables du crime de n'avoir
pas bien exécuté mes ordres.Vous
tomberez dans la même faute si les
officiers qui dirigent les chars ne
savent pas s'en servir à propos." (Chou-king, 1,II,chapII,
§1,2,4) |
Cet antique
passage du Chou-king montre quelle était déjà
l'importance des chevaux dans les combats sous le
règne de l'empereur Ki (2197- 2189); et le Père
Gaubil donne en note cette explication des
expressions ceux qui sont à la gauche et à
la droite:
"
la guerre se faisait sur des
chars: au côté gauche étaient
les arbalétriers; à droite étaient les
gens armés de haches et de lances; au
milieu étaient des gens qui avaient
soins des chevaux attelés." |
La seconde
mention du cheval que nous trouvons dans le Chou-king
indique même que les Chinois attelaient déjà
jusqu'à six chevaux à un char sous le règne de
Yu (2205-2196), quoique habituellement leurs
chars de guerre ne fussent trainés que par
quatre chevaux attelés de front.
Cette deuxième mention du cheval se trouve dans
une élégie rapportée par le Chou-king et
composée sous le règne de Taï-kang (2188-2160),
fils de Ki, voici en quelle circonstance:
"
La conduite de ce roi (Taï-kang), qui
passait ses jours dans les débauches de
son palais, ou à la chasse au milieu des
bois, ravageant avec ses chevaux et ses
chiens les campagnes cultivées, excita l'indignation
publique." (Pauthier, Chine,
p 55) |
-
"Etant
allé à la chasse au delà du Lo, cent
jours se passèrent sans qu'il revînt.
Y, seigneur de Kiong, profitant de l'indignation
des peuples, avait fait garder les
passages de la rivière pour empêcher
son retour.
Alors les cinq frères du roi suivirent
leur mère et allèrent à l'embouchure
du Lo. Dans le chagrin où étaient ces
cinq fils, ils composèrent chacun un
chant qui contenait les avis et les
préceptes du grand Yu. le premier d'entre
eux dit : "Voici ce qui est dans les
documents de notre illustre aïeul....
Quand je me vois chargé de si
innombrables populations, je crains
autant que si je voyais des rênes
pourries employées à atteler six
chevaux : celui qui commande aux autres
ne doit-il pas toujours craindre?" (Chou-king,
1, II, chap. III, !1-5) |
[...] Sous le
règne de Tchong-kang (2159-2147), que les grands
mirent à la place de son frère l'intrépide
chasseur Taï-kang, le Chou-king parle de nouveau
du cheval à propos de l'éclipse de soleil
arrivée en l'an 2155 avant Jésus-Christ.
"
[...] Au premier jour de la troisième
lune d'automne (ki-tsieou), le Tchin
(selon le commentaire de Tsaï-chin: la
conjonction du soleil et de la lune) n'a
pas été en harmonie dans la
constellation Fang.
L'aveugle a frappé du tambour; les
magistrats et la foule du peuple ont
accouru avec précipitaion, tels un
cheval égaré." (Chou-king,
1,II,chap IV,§4). |
C'est là la
traduction littérale donnée par Pauthier dans
une note de la 2e colonne de la page 68 des Livres
sacrés de l'Orient. Mais, dans sa
traduction du Chou-King et dans sa Préface, le
Père Gaubil avait d'abord traduit ainsi la
dernière phrase de ce passage:
"L'aveugle
a frappé du tambour, les officiers ont
monté à cheval, et le peuple a accouru." (Gaubil, dans Livres
sacrés de l'or., p6) |
Piétrement
1882
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haut
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[...] d'autres passages du Chou-king achèvent d'éclairer
l'histoire des premiers âges du cheval dans ce
pays.
Lorsqu'en l'an 1122 avant notre
ère, Vou-vang ou Wou-wang, roi
du Tcheou dans le Chen-si, se préparait à
combattre et à détrôner Cheou-sin, dernier
empereur de la dynastie des Chang,
"....,
En donnant ses ordres, le roi [....] dit:
Vous, princes héréditaires des royaumes
voisins; et vous qui êtes préposés au
gouvernement des affaires; vous,
président de l'instruction publique (Se-tou),
président des chevaux ou de la guerre (Se-ma),
président des travaux publics, (Se-kong);
vous, officiers de tous grades (Ya-tu
et Che-chi); vous qui êtes à
la tête de mille hommes, vous qui
commandez cent hommes; vous qui êtes
venus des pays de Yong, de Chou, de Kiang,
de Meou, de Ouei, de Lou, de Peng et de
Pou; élevez vos lances, préparez vos
boucliers; j'ai des ordres à vous donner." (Chou-king,
1, IV, ch. II, § 1-4.) |
Après la
victoire de ce fondateur de la dynastie des
Tcheou,
"[...]
le roi partit du royaume de Chang et alla
à Fong; il congédia les troupes et
gouverna en paix.
Il renvoya les chevaux au nord de la
montagne Hou, et les boeufs dans la
plaine de Taolin, en avertissant tout le
royaume qu'ils ne serviraient plus pour
la guerre." (Ibid., 1, IV, ch. III,
§4.) |
L'empereur
Tching-vang (1115-1079 avant J.-C.) nous
renseigne sur les hautes fonctions du Se-ma
ou président des chevaux, que son père Vou-vang
vient de signaler parmi les grands dignitaires de
l'Etat.
"Le
Se-ma, dit Tching-vang, veille
à la défense de l'empire, commande aux
six corps de troupes, et maintient en
paix les provinces." (Ibid., 1,IV, ch.XX,
§10.) |
Sous le règne
de ce Tching-vang, [....] le prince Pe-kin publia,
lors de son entrée en campagne dans le pays de
Mi, une ordonnance dans laquelle on remarque ces
prescriptions:
"
Dans la marche et le campement de l'armée,
qu'il y ait des gens qui aient soin des
boeufs et des chevaux; qu'il y ait des
lieux commodes pour faire paître ces
animaux et pour les garder....
Lorsque des boeufs et des chevaux
s'échappent, lorsque des valets
et des servantes prennent la fuite, leurs
maîtres ne doivent pas franchir les
barrières du camp pour les reprendre;
que ceux d'entre vous qui les auront
trouvés les restituent à leur maîtres
sans leur faire aucun mal.... Vous, gens
des trois Kiao et des trois Soui de Lou...
c'est vous aussi qui devez faire de
grands amas de fourrage. (Ibid, 1,IV, ch. XXIX,
§ 3-5) |
En l'an 1078
avant notre ère, au commencement du règne de
Kang-vang, fils de Tching-vang,
"
le roi, étant sorti, [...] Pi-kong, à
la tête des princes vassaux d'Orient,
entra par celle (la porte) qui est à
droite; on rangea les chevaux (présents
des princes vasssaux) de quatre en quatre;
ils étaient de couleur tirant sur le
jaune, et leur crinière était teinte en
rouge."( Ibid, 1 IV ch XXIII,
§1) |
Le livre des
grands Tableaux
chronologiques chinois, ou Li-tai-ki-sse, dit que, dans la 3e
année de son règne (999 avant J.C.),
"Mou-vang
ordonna [....] à Pe-kioung d'être grand
écuyer, ou intendant des chars
et des chevaux" (passage
traduit par Pauthier dans Chine p
96) |
Et le Li-tai-ki-sse
ajoute que, en la 8e année du règne de cet
empereur (993):
"au
printemps, les Tang du nord vinrent
rendre hommage et offrir en tribut un
magnifique cheval de course appartenant
à l'espèce célèbre lou-euth."
(passage traduit par Pauthier dans Chine
p 96) |
Pauthier dit du reste de ce Mou-vang
ou Mou-wang :
"
Passionné pour les chevaux, qui étaient
rares en Chine à cette époque, il en
avait toujours à sa suite un grand
nombre quand il visitait ses provinces,
à cheval, ou sur un char traîné par
les chevaux les plus beaux et les plus
vigoureux" (Chine, p
94); |
et il ajoute
plus loin:
"L'histoire
des quatre successeurs de ce prince est
fort concise et n'offre rien d'intéressant
pour l'histoire de la civilisation.
On voit seulement que, l'un d'entre eux
ayant envoyé une armée contre les Barbares
d'Occident , ceux-ci
lui firent présent de plusieurs
chevaux.
D'après les données de l'histoire,
on peut présumer que les chevaux de la
Chine sont originaires de la Tartarie,
d'où ils furent souvent envoyés en
présent aux empereurs par les chefs de
cette contrée, ou enlevés par la
conquête.
Il fallait que cet animal fût encore
rare en Chine à cette époque pour que
son usage devînt si souvent l'objet de
folies royales.
Le troisième successeur de Mou-wang (900
avant J.C.) fut si charmé du talent de l'un
de ses palefreniers à monter et à
dresser les chevaux qu'il lui donna une principauté
dans la province du Chen-si.
Ce roi ne poussa pas encore si loin le
mépris de l'espèce humaine que cet
empereur de Rome qui plaça son cheval au
rang des sénateurs. " (Ibid.,
p100-101) |
Piétrement
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On aurait tort de prendre tout à fait à la
lettre l'assertion de Pauthier sur la rareté des
chevaux en Chine jusqu'au Xe siècle de notre
ère.[...].
Au reste, Pauthier signale lui-même
divers documents qui prouvent que les chevaux n'étaient
pas rares dans l'empire chinois à ces époques
reculées.
Ainsi il dit à la page 197 de son livre de la Chine
:
"
On a vu dans la description des
funérailles du roi Tching-wang (page 89)
à quel degré le luxe royal était
parvenu à cette époque (1078 avant J.-C.).
Nous avons fait graver (planche 35) le
char dont les rois se servaient dans les
grandes cérémonies, et que l'on faisait
figurer avec quatre autres, d'espèce
différente, dans leurs funérailles."
|
Et il ajoute à
la page suivante:
"
Les anciens souverains de la Chine, dit
Deguignes, avaient encore un char nommé tching.
Il était tiré par seize chevaux, ce qui
servait à faire connaître leur
supériorité.
On s'est ensuite servi de ce mot pour
désigner la maison d'un prince, par l'expression
de cent chars de seize chevaux chacun
(pe-tching), un prince ne pouvant
posséder que seize cents chevaux, selon
la loi.
Par la même raison, mille chars de
seize chevaux (tsien-tching) désigne
la maison royale.
Dans ces temps anciens, huit cents
familles du peuple étaient obligées de
fournir un char de seize chevaux, avec
trois capitaines armés de leurs casques
et de leurs cuirasses, et vingt-deux
fantassins." |
Le Chou-king
indique d'ailleurs qu'un grand luxe de chevaux et
de chars existait véritablement en Chine dès l'an
1115 avant Jésus-Christ, à l'époque de l'avênement
de Tching-wang, car il raconte ainsi le début du
règne de cet empereur:
"
Dans le temps que Tcheou-kong était
Tchong-taï (régent), et à la tête des
ministres, les oncles paternels du roi
firent courir des bruits sédicieux.
Kouan-kou fut exécuté à mort dans le
pays de Kang.
Tsaï-chou fut envoyé en prison à Ko-lin,
et on lui laissa sept chars." (Chou-king,
1,IV, chXVII, §1) |
Et le Père Gaubil ajoute en note:
"
Le nombre des chars désignait la
qualité et la puissance des princes
vassaux. Ces chars, laissés à
Tsaï-chou, étaient un reste de sa
dignité. " |
Piétrement
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