profil de
"niséens" de Persépolis sur un
fragment de bas relief
|
Les Mongols ont
domestiqué la race chevaline asiatique à front
bombé (chap V, §4)
Les
chevaux domestiqués par les Mongols ..... ont
été identifiés, aux pages 13-15, avec la race
chevaline orientale à front bombé;
et après avoir prouvé, dans le chapitre IV, §7,
que la race orientale à front plat a été
assujettie par les Aryas, nous en avons conclu
que les anciens chevaux néséens appartenaient
à la race chevaline mongolique ou à front
bombé.
Ce sont ces deux propositions qu'il s'agit de
justifier dans le présent paragraphe;
nous commençons par la question des chevaux
niséens.
Hérodote dit à propos de l'Inde:
"Ses
quadrupèdes, ses oiseaux, sont beaucoup
plus grands que partout ailleurs, hormis
les chevaux, que surpassent les chevaux
médiques, connus sous le nom de niséens" (III, 106); |
et plus loin il
mentionne, dans le défilé des troupes de
Xerxès sortant de Sardes,
"
les dix chevaux sacrés niséens, comme
on les appelle, magnifiquement ornés. On
nomme ces chevaux niséens; une vaste
plaine de la Médie a le nom de Niséenne;
or cette plaine nourrit de grands chevaux.
Derrière les dix chevaux sacrés roulait
le char de Jupiter... A sa suite venait
Xerxès lui-même sur un char attelé de
chevaux niséens" (VII, 40). |
On lit aussi
dans Polybe,
X, 27:
"La
Médie est la plus considérable des
provinces de l'Asie, par son étendue,
par sa population, par la vigueur de ses
habitants et l'excellence de ses chevaux;
elle en fournit à presque toute l'Asie.
Les haras royaux sont confiés aux Mèdes,
à cause de la fertilité du sol." |
Et cet auteur
dit à propos des jeux de Daphné donné par
Antiochus Epiphane en l'an166 avant notre ère:
"On
voyait s'avancer ensuite mille chevaux
niséens et trois mille cavaliers
indigènes, parés pour la plupart d'ornements
et de couronnes d'or, les autres d'ornements
et de couronnes d'argent" (XXXI,3). |
Strabon dit:
"l'Arménie
est si favorable à l'élève des chevaux,
et ses pâturages à cet égard sont si
près d'égaler ceux de la Médie, qu'il
est notoire qu'une partie de chevaux
néséens affectés au service exlcusif
des rois de Perse en provenaient, et que
chaque année le satrape chargé du
gouvernement de cette province était
tenu d'envoyer au grand roi vingt mille
poulains pour figurer dans les fêtes
mithriaques" (XI, xIv, 9). |
Strabon a dit
dans l'important passage cité aux pages 316-317
que les chevaux niséens sortaient des pâturages
de la Médie suivant certains auteurs, des
pâturages de l'Arménie suivant d'autres; les
citations précédentes montrent que les uns et
autres avaient raison; l'Arménie et la Médie
fournissaient également des chevaux de race
niséenne aux Achéménides.
Ces chevaux étaient réservés au service du
culte ainsi qu'à celui des rois de Perse, et ils
étaient assez nombreux pour que ces rois pussent
en donner à leurs favoris et à leurs généraux.
Sous le règne de Xerxès, un peu avant la
bataille de Platée, dans une escarmouche qui eut
lieu au pied du Cithéron, près de la ville d'Erythrée
en Béotie, le général en chef de la cavalerie
perse, Masistée,
"montait
un cheval niséen dont le frein était d'or
et le harnais d'une grande richesse"
(Hérodote, IX, 20) |
Arrien parle également de ces
chevaux dans ses expéditions d'Alexandre, liv.VII, à la fin du ch.III:
"Alexandre
aperçut dans sa route le champ où
paissent les cavales des haras royaux.
On l'appelle la prairie de Nysée, au
rapport d'Hérodote, de là le nom de
Nyséennes donné à ces cavales, dont le
nombre s'élevait autrefois à cent
cinquante mille.
Alexandre n'en trouva que le tiers, le
reste ayant été volé." |
Enfin, Ammien Marcellin (XXXI,6) disait encore au IVe
siècle de notre ère à propos de la Médie qu'il
avait visitée:
"
Là s'élève aussi Corone, dont le
revers occidental offre un sol arrosé d'une
multitude de sources et de cours d'eau,
et d'une fertilité merveilleuse en
moissons et en vins.
Les pâturages encore y sont excellents
et nourrissent une célèbre race de
chevaux dits niséens, sur lesquels les
habitants du pays voltigent dans les
combats avec une dextérité singulière:
particularité relevée paaar tous les
historiens et que j'ai pu vérifier moi-même." |
Les chevaux niséen, ainsi nommés à cause d'un
de leur lieu de production, la plaine de Nisée,
constituaient donc une nombreuse race chevaline
dont la célébrité avait pénétré en Grèce
dès l'époque d'Hérodote et s'est maintenue
dans le monde gréco-latin au moins jusqu'à l'époque
d'Ammien Marcellin, qui vivait environ huit
siècles plus tard; c'est à dire que cette race
est restée célèbre, même chez les peuples
civilisés de l'Europe, depuis l'aurore de la
littérature historique en Grèce, jusqu'au
déclin des lettres latines et à l'invasion de l'empire
romain par les barbares de race tudesque.
Ces chevaux niséens [....] appartenaient
réellement à la race asiatique à front bombé
[....]. car l'étude des anciens monuments de la
Perse confirme d'une façon irrécusable cette
déduction déjà si légitime.
Ce sont en effet les chevaux niséens qui sont
représentés sur ces monuments, puisque c'éaient
eux qui étaient affectés au service des rois et
du culte;
La forme caractéristique de la tête, notamment
celle du front, est d'autant plus facile à
constater que tous les chevaux de ces planches
sont représentés de profil, et que leur toupet
est lié en forme de pompon relevé sur le sommet
de la tête.
[.......]
Au reste, les bas-reliefs de Persépolis
sont les plus beaux spécimens de l'art perse, et
les chevaux y sont traités avec un grand soin.
Piétrement
1882
|
Persépolis :
Apadana
défilé des
dignitaires, chevaux et chariots de la cour (mur nord de
l'escalier Est: registre supérieur)
détails
(ph. livius)
1er
cheval
|
2eme chariot
|
détail de moulage ( reg.
inf. de bas relief, face N. côté ouest (B.M.)
..
Paradoxe:
que
ce soit sur les monuments des anciens Perses que
l'on trouve la représentation des chevaux de
type mongolique
l'explication
peut en être trouvée en premier à la page
traitant "des anciens peuples mongoliques: "
"
Avant les migrations aryennes, certains
peuples mongoliques, nommés Touraniens
dans l'Avesta, avaient occupé la
Bactriane et s'étaient établis sur le
plateau de l'Iran, surtout dans sa partie
occidentale ou ancienne Médie."....
|
*
|
arméniens (ph. Livius)
|
Enfin les chevaux niséens, [....] n'étaient pas
élevés et fournis aux Achéménides et aux
Sassanides par leurs sujets perses, par leurs
sujets aryens;
ces chevaux étaient élevés et étaient fournis
à ces rois par leurs sujets mèdes et arméniens,
c'est à dire par les descendants des populations
mongoliques que les Aryas ont vaincues en Médie
et en Arménie, mais dont ils n'ont point
détruit la race.
On a vu en effet que l'élément mongolique
était établi dans ces contrées avant l'arrivée
des Aryas; il a toujours continué depuis à
former le fond de la population de ce pays;
dès 1863, M.
Oppert
disait avec raison dans son Expéd. scient. en
Mésopot., t I, p 76, que les Mèdes
véritables, les Mèdes des basses classes,
"quoique
dans les derniers temps dominés par une
aristocratie et une royauté ariennes, n'ont
jamais cessé, comme peuple, d'appartenir
au Touran; " |
et en 1871,
dans ses Lettres assyriologiques, t.I, p 113 et suivantes, M.F.
Lenormant est arrivé aux mêmes conclusions en
ce qui concerne les Arméniens.
On va du reste voir qu'aujourd'hui encore, [....]
malgré l'antiquité et la multitude des
croisements des deux races chevalines asiatiques,
celle à front plat et celle à front bombé, c'est
cette dernière qui prédomine chez celles des
populations mongoliques sur les chevaux
desquelles on possède des renseignements assez
précis pour juger la question avec connaissance
de cause.
Mais, pour apprécier ces renseignements à leur
juste valeur, il ne faut pas oublier que les
voyageurs et les hippologues désignent
habituellement la race chevaline aryenne sous le
nom de race arabe: expression qui s'explique par
les caractères typiques des chevaux de l'Arabie,
mais qui ne doit pas faire illusion sur l'origine
prétendue arabe de ces chevaux, car le cheval n'a
été introduit en Arabie que vers le
commencement de notre ère, comme on le verra
dans le chapitrte VIII.
Piétrement
1882
|
.
tête de cheval,
région de Kerman
env. 4eme siècle av. J.C.(Lo, ph. RMN)
|
char du"
Trésor de l'Oxus" (ph.BM)
|
.
|
[...], sachant que les Sémites ont reçu les
chevaux tout domestiqués; qu'il n'existe que
deux races chevalines d'origine orientale; que l'une
de ces races, celle à front plat, a été
assujettie par les Aryas dans leur première
patrie; que
les Proto-Mongols ont également domestiqué des
chevaux dans leur première patrie, qui était
séparée de la patrie aryenne par la barrière
presqu'infranchissable des monts Alatau[...];
[...], on est forcé d'en
conclure que ce sont les Proto-Mongols qui ont
domestiqué la race chevaline à front bombé, à
laquelle nous avons par conséquent eu raison de
donner le nom de mongolique.
L'histoire des chevaux dans la vallée du Nil,
loin d'infirmer cette conclusion, la confirmera
au contraire, quoi qu'on en ait dit, comme on le
verra dans le chapitre IX.
La patrie des Aryas et celle des Mongols ont d'ailleurs
des climats assez dissemblables pour expliquer
les différences typiques qui existent aussi bien
entre ces deux peuples qu'entre leurs deux races
chevalines; car si ces deux patries, les environs
du lac Balkach et le pays actuel des Kalkas, sont
situés à peu près sous la même latitude et
présentent tous les deux des écarts
considérables entre leurs températures maxima
et minima, le pays des Kalkas doit à son
altitude plus considérable un climat beaucoup
plus rigoureux que celui des environs du lac
Balkach.
Ces
différences typiques entre les deux races
chevalines asiatiques ont déjà permis, dans le
chapitre IV, §2 et 3, d'apprécier à leur juste
valeur quelques passages de l'Avesta et du Véda;
[...]
[....]
Enfin, puisque la race chevaline asiatique à
front bombé a été domestiquée par les Proto-Mongols,
ce sont des chevaux de cette race qui ont d'abord
exclusivement peuplé la Chine, ainsi que les
autres contrées de l'Asie que les migrateurs
mongoliques ont trouvées dépourvues de chevaux dispersion
;
et si,
postérieurement aux migrations aryennes,
les chevaux mongoliques ont été plus ou
moins supplantés par les chevaux aryens
dans plusieurs de ces contrées, le fait
s'explique par les conflits et conquêtes
des anciens peuples asiatiques, par leurs
relations, soit hostiles, soit
commerciales, et par le supériotité du
cheval aryen sur le cheval mongolique
pour le service de la guerre. |
Piétrement
1882
|
Le profil busqué présenté par les chevaux de
Persépolis, dont l'uniformité est parfois
suspecte, n'est pas représentatif de tous les
chevaux existant dans la région à l'époque.
On
peut déjà constater ce fait en examinant tous
les chevaux présentés dans le défilé des
tributaires (voir Institut Oriental de l'Université
de Chicago)
Mais voici ci-dessous :
quelques
autres exemples de cette variation
selon les régions et le temps
prisonniers
elamites sous Asurbanipal
petit cheval à profil "concaviligne?" (Lo)
|
chevaux en bronze
trouvés dans les cendres de Persépolis
(musée
de Bagdad)
|
jusqu'aux
Sassanides, en passant par la flèche "à
rebours" du Parthe:
cérémonie d'investiture
d'Ardashir I,
bas-relief
de Naqsh-e Roustam (ph. Livius)
|
reddition de l'Empereur
Valérien à Sapor I (Shapur Ier)
bas-relief
de Naqsh-e Roustam 3eme s
derrière
Valérien: Philippe dit l'Arabe
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haut
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