Kladruber
(les plus beaux chevaux, s. R. Glyn)
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LES CHEVAUX
DANS LES ETATS BARBARESQUES (suite) Abstraction faite des
quelques sujets importés en Algérie depuis la
conquête de ce pays par les Français,
la population chevaline des Etats Barbaresques se
compose exclusivement d'une majorité appartenant
aux deux races chevalines asiatiques ou
orientales et d'une notable quantité de chevaux
germaniques.
M. Sanson a déjà dit à la page 13 des
Migrations des animaux domestiques :
"
Dans le nord même de l'Afrique,.....
parmi les populations chevalines des deux
types orientaux dont il vient d'être
parlé, on en trouve un autre qui,
malgré les réductions de taille et de
volume qu'il a subies, se rattache à sa
souche de la manière la plus nette. Il
suffit de passer, par exemple, une revue
rapide de l'un de nos régiments montés
en chevaux de provenance africaine, pour
y constater sa présence. Ce type est le
germanique, reconnaissable
au premier coup d'oeil, par la forme
arquée, dite busquée, de sa tête. L'étude
craniologique comparative des sujets dont
il s'agit démontre l'identité parfaite
de leur espèce avec celle du nord de l'Allemagne
(E.C.
Germanicus)). " |
M. Sanson attribue la présence
de ces chevaux dans le nord de l'Afrique au
séjour qu'y firent les Vandales, puis il ajoute:
"
Les indigènes, frappés par la plus
grande taille de ces chevaux, partout
très estimée, parce qu'elle est un
indice de force, ont dû s'appliquer à
les conserver et à les reproduire.
Toujours est-il qu'ils se sont
perpétués jusqu'à présent, surtout
dans les parties les plus fertiles du
nord de l'Afrique, en vertu de l'atavisme
propre à tous les types naturels. N'y
eût-il aucune trace de la relation entre
la Germanie et ces régions lointaines, l'inflexibilité
de la loi zoologique nous autoriserait à
affirmer la provenance du type étranger
dont nous y constatons la présence; mais
l'histoire encore ici nous éclaire
suffisamment." |
Le séjour
prolongé des Vandales dans les Etats
barbaresques, qu'ils occupèrent de l'an 429 à l'an
534, suffit en effet pour y expliquer la
présence actuelle des chevaux germaniques, dont
quelques ancêtres y étaient sans doute venus
avant les Vandales,[..]; de même que l'existence
des chevaux mongoliques et des chevaux aryens
dans ces contrées s'explique par les antiques
immigrations qu'y firent certains peuples d'origine
asiatique.
Piétrement
1882
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.
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...,
en l'an 480 avant Jésus-Christ, le général
carthaginois Amilcar, déjà cité ac3b, se dirigeait sur la Sicile.
"
En traversant la mer de Libye, il fut
assailli d'une tempête qui lui fit
perdre les barques chargées du transport
des chevaux et des chars " (Diodore, XI,
20) |
En
l'an 409, Annibal l'Ancien débarque en Sicile
avec quatre mille cavaliers (Diodore, XIII, 54);
et en l'an 396 le Carthaginois Bomilcar aborde
aussi en Sicile avec quatre mille chevaux
indépendamment des chars, qui étaient au nombre
de quatre cents (Diodore, XIV, 54).
Les Carthaginois auraient naturellement employé
un plus grand nombre de chevaux dans une guerre
sur leur propre territoire: c'est ce que prouvent
les deux faits suivants.
En l'an 310 avnt notre ère, surpris par le
débarquement en Libye d'Agatocle de Sicile, les
généraux Hannon et Bomilcar,
" voyant que le temps
pressait, sans attendre l'arrivée des
forces de leurs alliés, firent des
levées de troupes à Carthage même, et
mirent en campagne une armée d'au moins
quarante mille hommes d'infanterie, de
mille cavaliers et de deux mille chars"
(Diodore,
XX,10) |
En
l'an 307, pendant une autre campagne en Libye,
Agatocle avait indépendamment de l'infanterie,
"
quinze cents cavaliers et plus de six
mille chars libyens" ( Diodore, XX,
64). |
Au
reste, après avoir signalé l'admirable
fertilité de l'Afrique c'est à dire de la Libye,
Polybe ajoute (XII,3) :
"
Les chevaux, les boeufs, les moutons, les
chèvres abondent tellement en cette
contrée qu'on ne saurait en trouver en
aucun lieu du monde un aussi grand nombre.
" |
Strabon dit en décrivant la
Libye (XVII, III,19) :
"L'élève
des chevaux est pour les rois l'objet de
soins particuliers, si bien que les
recensements officiels accusent chaque
année la naissance de cent mille
poulains." |
Cirta,
aujourd'hui Constantine, était, suivant Strabon
(XVII, III,13),
"une
ville très forte et merveilleusement
pourvue de toutes choses, grâce surtout
à Micipsa, qui y a établi une colonie
grecque et qui a mis la ville en état de
lever au besoin dix mille cavaliers et le
double de fantassins. " |
Appelé
par Agatocle à la conquête de la Libye,
Ophellas partit de Cyrène en l'an 308 avant
notre ère,
"
avec une armée de plus de dix mille
hommes d'infantrie, de six cents
cavaliers, de cent chars de guerre,
montés par plus de trois cents hommes,
tant conducteurs que combattants; enfin
plus de dix mille hommes non
enregimentés accompagnaient cette armée.
Beaucoup d'entre eux amenaient leurs
femmes et leurs enfants, de manière que
l'armée ressemblait à une colonie. (Diodore, XX,41) |
Cyrène,
comme Carthage, avait donc alors l'usage
simultané des chars de guerre et de la cavalerie
proprement dite; mais, à partir de cette époque,
les historiens ne signalent plus que des chevaux
montés chez les Carthaginois et les Libyens, qui
cessèrent de se servir de chars après qu'ils
eurent adopté l'usage des éléphants.
Ainsi, par exemple, en l'an 228 avant notre ère,
"
Asdrubal, gendre d'Amilcar (Amilcar Barca,
père d' Annibal), en apprenant le
malheur de son beau-père, se mit en
marche et vint à Acra-Leucé.... Il se
rendit maître de douze villes de l'ennemi,
ainsi que de toutes les villes de l'Ibérie...
Il fonda ensuite sur les bords de la mer
une ville à laquelle il donna le nom de
Nouvelle-Carthage (Carthagène)....
Il était alors à la tête d'une armée
de soixante mille fantassins, de huit
mille cavaliers et de deux cents
éléphants.
Il périt assassiné par un de ses
domestiques, après avoir exercé le
commandement pendant neuf ans " ( Diodore, XXV,
fragments). |
On
a vu, Annibal, fils d'Amilcar, franchissant l'Ebre,
au printemps de l'an 219, à la tête de quatre-vingt-dix
mille fantassins et d'environ douze mille
cavaliers.
En l'an 203, Asdrubal, fils de Giscon, avait
trente mille fantassins et trois mille cavaliers,
et Syphax avait cinquante mille fantassins et dix
mille cavaliers avant que leurs deux camps
voisins fussent incendiés par Scipion l'Africain(Polybe,XI,1,a).
Pendant l'incendie des ces deux camps, les
Romains prirent à l'ennemi plus de deux mille
sept cents chevaux numides et six éléphants (Tite-live,
XXX,6).
En
l'an 202, Annibal est obligé d'abandonner l'Italie
pour venir au secours de Carthage.
"
Annibal, qui manquait de chevaux, envoya
des députés au Numide Tychée, parent
de Syphax, et qui passait pour avoir la
plus belle cavalerie de l'Afrique...
Tychée se laissa convaincre et se rendit,
avec deux mille cavaliers, auprès d'Annibal"
(Polybe,
XV, 3). |
La
même année, quelques jours avant la bataille de
Zama,
"
Massinissa, avec six mille fantassins et
quatre mille chevaux, vint rejoindre
Scipion "(Polybe, XV,5). |
Quelques
temps auparavant, Massinissa avait eu à
combatttre l'usurpateur du royaume de ses
ancêtres, Mézétulus, dont l'armée était
composée de quinze mille fantassins et de dix
mille cavaliers (Tite-Live, XXIX, 30).
Piétrement
1882
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*
mosaïque d'Oudna .
(Musée du
Bardo, Tunis
( Le cheval Barbe, E.J. Roux)
en
haut: ph. Giorces de cette mosaïque
(w.comm.)
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détail du harnachement
"simple
corde " tenant lieu de mors
|
|
détail de la mosaïque d'El
Jem
p. comparaison de harnais
(même
Musée)
|
Strabon (XVII, III,7) dit d'ailleurs à propos des
peuples de la Libye :
" Leurs
cavaliers ne combattent guère qu'avec la
lance et le javelot; ils guident
leurs chevaux avec une simple corde qui
leur tient lieu de mors et les montent
toujours sans selle...
Au reste, on peut dire que les Maurusii,
les Masæsylii, leurs voisins les plus
proches, et tous les peuples compris sous
la dénomination commune de Libyens, ont
les mêmes armes, le même équipement,
et en général toutes les mêmes
habitudes.
Ils se servent tous, par exemple, des
mêmes petits chevaux, si vifs, si
ardents, et avec cela si dociles, puisqu'ils
se laissent conduire avec une simple
baguette. On leur passe au cou (pour la
forme) un harnais léger, en coton ou en
crin, auquel est attachée la bride, mais
il n'est pas rare d'en voir qui suivent
leurs maîtres comme des chiens, sans qu'on
ait même besoin d'une longe pour les
tenir en laisse." |
César
était venu poursuivre Métellus Scipion et
Labiénus dans la province d'Afrique en l'an 46
avant notre ère.
"Plein d'espoir
et d'audace, fier de se voir à la tête
de seize cents cavaliers (N. Le traducteur
Dumas-Hinard dit chevaux, mais
le texte dit réellement equitibus:
ce qui n'empêche pas, bien entendu, que
ces cavaliers pouvaient avoir des chevaux
provenant de la Germanie et de la Gaule) germains et gaulois, de
huit mille Numides, qui ne se servaient
point de brides, de onze cents cavaliers
que lui avait amenés Pétréius, de
quatre fois autant d'infanterie et de
troupes légères, et d'un grand nombre d'archers
et de frondeurs à pied et à cheval,
Labiénus avait attaqué César en rase
campagne, la veille des nones de janvier,
trois jours après notre débarquement. (Hirtius, Guerre d'Afrique,
XIX.) |
L'habitude
de monter les chevaux sans bride n'était
toutefois pas générale à cette époque chez
les peuples de Libye, car Hirtius dit plus loin (XLVIII) de Juba Ier:
" Afin de
rassurer l'armée de Scipion et d'effrayer
celle de César, il prit avec lui trois
légions, huit cents hommes de cavalerie
régulière, un grand nombre de cavaliers
numides qui ne se servaient pas de brides,
un fort parti d'infanterie armée à la
légère, et trente éléphants." |
Ils nous
apprend d'ailleurs (XIX) que
Labiénus avait avec lui
"des
étrangers, des affranchis et des
esclaves levés dans le pays, qu'il avait
exercés et dressés à conduire des
chevaux avec la bride." |
Hirtius
fait aussi observer (LXIX) que
"il n'est
pas croyable avec quelle vitesse et
quelle agilité l'infanterie légère des
Numides, mêlée avec leur cavalerie,
savait combattre avec elle, la suivre
dans l'attaque et dans la retraite." |
*
Tous ces
renseignements s'appliquent, bien entendu, aux
peuples de la Libye proprement dite, c'est à
dire à la région septentrionale des Etats
Barbaresques, qui était la mieux connue des
Grecs et des Romains;
les deux suivants concernent les habitants les
plus méridionaux de la région barbaresque:
" Les
Garamantes chassent en chars à quatre
chevaux les Troglodytes Ethiopiens."
(Hérodote, IV, 183) |
*
" Les
Pharusii et les Nigrètes, qui habitent
au-dessus des Maurusii, dans le voisinage
des Ethiopiens occidentaux, sont en outre,
comme les Ethiopiens eux-mêmes, d'habiles
archers.
Ajoutons que l'usage des chars armés de
faux leur est familier " (Strabon XVII, III,7). |
Les
Garamantes étaient en effet un peuple lybien du
Fezzan ou partie méridionale de la Tripolitaine;
et les Ethiopiens dont il s'agit étaient des
nègres, le Tébous d'aujourd'hui, qui, chassés
de leur pays par des événements inconnus, s'étaient
réfugiés dans les parties les plus arides du
Fezzan méridional, dont ils habitaient les
cavernes.
Les anciens
habitants des Etats Barbaresques ne paraissent
pas avoir étendu leurs relations jusqu'au sud du
Sahara, même sous la domination des Romains et
des Byzantins.
Piétrement
1882
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haut
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