EPOREDO
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APERCU DE L'HISTOIRE
DES ANES ET DES MULETS
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plan3
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"Detail der Nordwand des
Grabes BN 3 des Chnumhotep II. in Beni Hassan, Ägypte,
1849
Denkmaeler aus Aegypten und Aethiopien,
Tafelwerke, Abteilung II, Band IV, Seite 133, Carl
Richard Lepsius
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CHAPITRE XIV La
plupart des naturalistes modernes ont longtemps
attribué une origine asiatique à tous les ânes
domestiques; ils les croyaient issus des
prétendus onagres ou ânes auvages de l'Asie,
déjà signalés par les anciens et dont des
troupeaux plus ou moins nombreux se rencontrent
encore aujourd'hui en liberté depuis l'Altaï
septentrional jusqu'aux régions méridionales de
l'Asie. Puis, en 1862, Isidore
Geoffroy Saint-Hilaire
a admis que la patrie primitive de l'âne est
"partie en
Asie, partie en Afrique," parce que
, suivant lui, "l'onagre s'étend de
l'Asie jusque dans le nord-est de l'Afrique1."
Isid. Geoffroy
Saint-Hilaire, Hist. nat. génér. des
règnes organ., t. III, p. 78-80. |
Mais, dès 1869, M.
Milne Edwards considérait
"comme bien
démontré que l'âne est une espèce
essentiellement africaine, qui ne s'est
répandue en Asie qu'à l'état
domestique, car tout ce que les anciens
ainsi que les voyageurs modernes, ont dit
des ânes sauvages, ou onagres, de la
Syrie, de la Perse, etc., est applicable
à l'Hémippe, au Gour, au Ghor-Khur, au
Kiang ou Fshiggetei, c'est à dire à
diverses variétés de l'Equus
hemionus et non à l'Equus
asinus. Le cheval, au contraire,
paraît une espèce originaire de l'Asie
centrale et d'une partie de l'Europe. Or
il est présumable que la domestication
de l'âne a été effectuée en Afrique,
probablement dans le haute Egypte, ou
dans une contrée voisine, tandis que
celle du cheval a dû avoir lieu dans la
région occupée par les peuples indo-germaniques.
Si la civilisation de l'Asie centrale et
de l'Europe avait précédé de beaucoup
celle de l'Egypte, on aurait pu supposer
que les anciens Egyptiens avaient reçu
de l'étranger des chevaux dressés avant
d'avoir su dompter l'âne, qui vivait
près d'eux à l'état sauvage; mais rien
ne nous autorise à supposer qu'il en fut
ainsi, et, suivant toute probabilité,
les habitants de l'Egypte ont dû faire
usage de l'espèce indigène, c'est à
dire de l'âne, avant de se servir du
cheval, qui est une espèce exotique et
qui n'a jamais pu arriver en Afrique qu'à
l'état d'animal domestique." Milne Edwards, dns
les Comptes rendus de l'Acad. des sc.,
t. LXIX, 1869, p.
1259.
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On a vu dans le chapitre
IX que le cheval n'a en effet été utilisé en
Egypte que longtemps après l'âne, et M. George
a développé, dans ses Etudes zoologiques précitées
sur les hémiones, la thèse de M. Milne Edwards
sur l'origine africaine de l'âne.
Ainsi, M. George
montre dans son paragraphe 3 qu'aujourd'hui les
véritables ânes sauvages se rencontrent
seulement en Abyssinie, où ils vivent en troupes
nombreuses avec une robe d'un gris ardoisé, la
raie cruciale ou dorso-scapulaire noire, et
quelques zébrures noires, irrégulières, vers
la région inférieure des membres. Or, tout en
admettant qu'une partie de ces ânes puisse
descendre de sujets marrons, il faut avouer qu'on
trouve dans leur robe, qui est identique chez
tous les sujets, l'un des principaux caractères
des races sauvages. Chez les ânes sauvages d'Abyssinie,
" la portion
interorbitaire de la région frontale est
fort bombée transversalement, " |
suivant M. George (§3); c'est
précisément l'un des caractères typiques de la
race asine domestique à laquelle M. Sanson a
donné le nom de race africaine ou d'Egypte.
M. George étudie ensuite, dans les paragraphes 4
et 8, les diverses variétés d'Equidés
asiatiques auxquelles on a si souvent donné le
nom d'ânes sauvages, et il arrive à ces
conclusions dans le paragraphe 9 :
" Nous voyons
que tous les Solipèdes asiatiques dont
les voyageurs et les naturalistes des
temps modernes parlent sous le nom d'ânes
sauvages sont en réalité des Hémiones
et que de nos jours l'Ane, proprement dit,
n'a été trouvé à l'état sauvage que
dans le nord de l'Afrique. En était-il
toujours de même, et les ânes
domestiques, répandus en si grand nombre
dans l'Asie Mineure, dans la Perse, dans
l'Inde et dans d'autres parties de l'Asie,
sont-ils d'origine étrangère, ou bien y
avait-il jadis dans ces contrées des
Onagres proprement dits, dont tous les
descendants auraient été réduits en
domesticité? Cette dernière hypothèse
me paraît peu probable dans un pays où
la population est rare et où les
déserts ainsi que les steppes et les
montagnes offrent de nombreux refuges
pour les animaux rapides à la course." |
Ces considérations
rendent déjà très probable qu'il n'a pas plus
existé d'ânes sauvages en Asie dans l'antiquité
qu'aujourd'hui, et par conséquent que la race
asine orientale a été domestiquée dans la
vallée du haut Nil, par les indigènes de cette
région, c'est à dire par les Nubiens ancêtres
des anciens Egyptiens. Le fait est confirmé par
une déduction philologique qui paraît avoir
échappé à tous les philologues et qui n'en est
pas moins décisive.
En effet, la robe des hémiones est d'un fauve
plus ou moins ardent suivant les races; elle est
même complètement rousse chez le kiang, tandis
que, chez les ânes, la robe est d'un gris souris
plus ou moins foncé, qui passe au noir mal teint
chez certains sujets, au blanc bleuâtre chez d'autres;
mais elle n'est jamais fauve ni rousse chez aucun
âne libre ni chez aucun âne domestique.1.
Or les anciens Egyptiens désignaient l'âne par
le seul nom que les égyptologues prononcent âa,
qui est purement égyptien et qui signifie l'animal
au grand pénis, au lieu que dans tous les
dialectes sémitiques anciens et modernes,
hébreu, syriaque, arabe, etc., le nom populaire
de l'âne est hamar
(en assyrien iméru),
qui signifie rouge, fauve ardent. On est forcé d'en
conclure que ce nom s'appliquait d'abord
exclusivement à l'hémione, propre au pays des
Sémites, et que ceux-ci ont ensuite donné ce
nom à l'âne, d'origine étrangère; car il est
évident que si l'âne eût été naturel au pays
des Sémites, c'est à dire au sud-ouest de l'Asie,
ils n'eussent pas donné à cet animal le nom de
hamar, lequel dénote une
couleur qui n'existe jamais chez les ânes. Cela
prouve en outre que les anciens Sémites ont
confondu spécifiquement les hémiones et les
ânes, comme les autres peuples anciens et comme
la plupart des naturalistes et voyageurs modernes.
1
C'est le cas de rappeler que le proverbe: "Opiniâtre
comme un âne rouge, " fait allusion aux
cardinaux de l'Eglise romaine, et non à de vrais
ânes. Voyez Leroux de Lincy, Le livre des
proverbes français, in-8, Paris, 1859, tome
I, p. 143.
Piétrement 1882
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Ce sont par conséquent les hémiones que Xénophon
a chassés en Mésopotamie,
bien qu'il désigne sous le nom d'ânes sauvages
(..grc..) ces animaux, dont il vante la
délicatesse de la chair et la vélocité, dans
la Retraite des dix
mille (I,5).
Au reste, on voit une chasse aux équidés
sauvages dans une bas-relief assyrien du British
Museum reproduit par Victor Place dans Ninive
et l'Assyrie, planche 54.
Ces animaux, percés de flèches et poursuivis
par des chiens, sont des hémiones très bien
représentées et non des ânes.
Il est donc permis d'afficher aujourd'hui que la
race asine domestique orientale n'est pas d'origine
asiatique, qu'elle est originaire de la région
du haut Nil. M. Sanson
a par conséquent eu raison de l'appeler race
d'Egypte ou Equus
caballus africanus.
Quant aux ânes naturels au centre Hispano-Atlantique,
on a vu à la page 43 que, dès 1871, M. Sanson
en avait fait une race distincte, la race
asine européenne; et, leur aire
géographique restreinte ne laissant aucun doute
sur leur berceau, nous n'insisterons pas sur la
question.
Dans ses Origines indo-européennes, t.Ier,
p. 353-355, Pictet montre que le grec (..), le
latin asinus,
le français âne,
et les noms analogues des dialectes aryens
anciens et modernes de l'Europe, proviennent tous
de l'un des noms sémitiques de l'âne, et il en
conclut que ce sont les Sémites qui ont
domestiqué cet animal. On vient de voir que sa
conclusion est erronée. On peut seulement
inférer, de son document philologique, qu'après
avoir reçu la race asine orientale des Egyptiens,
les Sémites l'ont transmise aux rameaux aryens,
qui l'ont fait pénétrer en Europe en même
temps que leurs dialectes et leur civilisation.
Plusieurs documents indiquent d'ailleurs qu'aucune
race asine n'est originaire des régions
septentrionales de l'Ancien Continent.
Ainsi, par exemple, nous ignorons à quelle
époque les ânes ont pénétré en Chine; mais
nous savons de l'empereur Ling-ti
(168-189) que,
"par une
fantaisie stupide, il substitua des ânes
aux chevaux qui étaient à son usage, se
promenant dans l'enceinte de son palais,
et allant aux appartements de ses femmes
sur un char attelé de ces nobles animaux.
Et comme en Chine la cour donne le ton à
tout l'empire, les chevaux tombèrent à
vil prix, et toute la nation des
employés du gouvernement ne se fit plus
traîner en voiture que par des ânes."
(Pauthier, Chine,
p.267.) |
Nous savons également,
par les publications des voyageurs, notamment
par celles du Père Huc précitées, qu'aujourd'hui
les ânes supportent parfaitement le climat du
Thibet et des provinces septentrionales de la
Chine. Mais il n'en est pas moins vrai, on l'a vu
dans le chapitre V, §2, que l'âne n'est pas l'un
des six animaux qui furent domestiqués par les
Proto-Mongoles, ancêtres des Chinois, dans la
partie de la Mongolie qui est située au nord des
Monts-Célestes, entre l'Alatau et le désert de
Gobi. Il n'y a pas lieu d'en être surpris, car
de nos jours encore il paraît n'y avoir que peu
ou pas d'ânes dans cette partie de la Mongolie;
c'est du moins ce que font supposer les récits
des voyageurs, qui y signalent de nombreux
troupeaux de moutons, de chèvres, de vaches, de
chameaux et de chevaux, mais qui ne font aucune
mention des ânes.
Après avoir parlé du climat rigoureux de la
Scythie, notamment de celui du Bosphore
Cimmérien, Hérodote
ajoute, IV,28:
" Les chevaux
s'acclimatent à cet hiver et le
supportent; les ânes et les mulets ne
peuvent y résister; " |
et il revient plus loin
sur ce fait, IV, 129, à propos de l'expédition
de Darius en Scythie:
" Je vais
parler d'un singulier auxiliaire des
Perses, singulier adversaire en même
temps des Scythes, lorsqu'ils attaquaient
le camp ennemi. C'était le braiement des
ânes et l'aspect des mulets. Car la
Scythie ne produit ni mulets ni ânes,
comme je l'ai fait voir précédemment.
Il n'y a dans la contrée entière pas un
seul âne, pas un seul mulet, à cause du
froid. Les ânes donc, quand ils étaient
en joie, troublaient la cavalerie des
Scythes; souvent, tandis qu'elle
chargeait, les chevaux, à moitié chemin
du camp, venant à entendre les ânes
braire, s'effarouchaient, se retournaient,
et dans leur surprise dressaient ls
oreilles, comme des chevaux qui n'avaient
jamais entendu pareils cris ni vu pareils
formes. Mais ce fut de peu de
conséquence dans cette guerre." |
Aristote
dit aussi:
" L'âne
supporte difficilement le froid, aussi n'y
a-t-il point de ces animaux dans le Pont
ni dans la Scythie"; |
et plus loin:
"Souvent la
température du climat est cause de ces
variétés (dans la taille). Par exemple,
dans l'Illyrie, la Thrace et l'Epire, les
ânes sont petits; dans la Scythie et
dans la Celtique, il n'y en a point du
tout, parce que le froid est trop
rigoureux". . Aristote, Histoire
des animaux, VIII, 25
et 28. |
Strabon
dit également, VII, III, 18:
" La
température est extrêmement
rigoureuse dans tout le pays situé au-dessus
de la côte comprise entre le Borysthène
et l'embouchure du Maeotis et sur les
points les plus septentrionaux de la
côte elle-même, c'est à dire à l'embouchure
du Maeotis, et plus encore à l'embouchure
du Borysthène et au fond du golfe
Tamyracès ou Carcinitès, dans le
voisinage de l'isthme de la grande
Chersonnèse. On retrouve là, malgré l'absence
de montagnes, tous les caractères des
contrées les plus froides : ainsi les
habitants ne peuvent pas élever d'ânes,
animal, comme on sait, très sensible au
froid." |
Les Grecs du temps d'Aristote
désignaient sous le nom de Celtique
toutes les régions situées au nord des
Pyrénées et des Alpes; ils n'avaient que de
vagues notions sur ces contrées; mais le
renseignement d'Aristote sur l'absence d'ânes
dans le nord-ouest de l'Europe n'en est pas moins
digne de foi; car l'Equus caballus est encore le
seul Equidé que Linné ait signalé dans la
faune de Suède en 1761. Voyez Linné,
Fauna suecica, editio altera, auctior; 1
vol. in-8, Stockhom, 1761, p. 15-16.;
et l'on a vu aux pages 588-589 que, du temps de
Diodore, c'étaient les chevaux qui étaient
employés comme bêtes de somme pour transporter
l'étain des côtes de la Manche à l'embouchure
du Rhône; ce qui montre encore trois siècles
après Aristote, l'absence ou tout au moins l'extrême
rareté des ânes et des mulets chez les Gaulois
du Littoral de la Manche.
Quant au littoral de la mer d'Azof ou Palus
Maeotide et de la partie septentrionale de la mer
Noire, les Grecs le connaissaient prafaitement
par leurs colonies établies en Crimée de temps
immémorial, et l'on ne saurait par conséquent
révoquer en doute les affirmations d'Hérodote,
d'Aristote et de Strabon sur l'absence d'ânes
dans ces régions.
Il est toutefois certain que, dès l'époque d'Aristote,
l'âne était acclimaté dans quelques-unes des
parties les plus tempérées de l'Europe moyenne,
puisqu'on lit dans les Stratagèmes
de Frontin (II, iv, 20):
"Athéas, roi
des Scythes, combattant contre les
Triballiens, qui le surpassaient en
nombre, envoya les femmes, les enfants,
et tout ce qu'il y avait de gens sans
armes, avec les ânes et les boeufs,
paraître sur les derrières de l'ennemi,
tenant la pique haute; et il fit
répandre le bruit que c'était un
renfort qui lui arrivait du fond de la
Scythie. Ce stratagème
fit retirer l'ennemi." |
Or on sait par Justin (IX,
2) que cet Athéas était
contemporain de Philippe, père d'Alexandre le
Grand.
Néanmoins, l'âne est encore loin d'occuper
aujourd'hui toute la région septentrionale de l'Ancien
Continent, car on lit dans l'ouvrage de
M. de Ujfalvy:
" J'ai pu m'assurer
que l'âne vit et se reproduit à
Orenbourg et à Sémipalatinsk, par une
température de _26°R. A Omsk,
l'âne est un animal de luxe; il n'y vit
qu'avec beaucoup de soins" Ujfalvy, Expéd.
scient. française en Russie, etc.,
t. II, p. 56.; |
et, d'après un
renseignement oral de ce savant voyageur, il n'existait
que cinq ânes à Omsk lors de son passage dans
cette ville, où ils n'étaient pas acclimatés
et où les ânes sont incapables de travailler.
Les tableaux statistiques officiels rapportés
par M. Ujfalvy donnent aussi de précieux
renseignements. On y voit figurer 78 357 chevaux
contre 3361 ânes et mulets dans le district de
Kouldja - id, t. I, p.147,
392 150 chevaux conttre 31 264 ânes et mulets
dans le gouvernement de Syr Daria - id, t.
II p.65 et 415 660 chevaux contre
12 ânes et mulets dans le gouvernement de
Sémiretché ou des Sept-Rivières - id, t. II,
p. 116. Ces tableaux prouvent
donc que les ânes sont encore relativement très
rares aujourd'hui dans les provinces
septentrionales du Turkestan. Le dernier nombre
est surtout très remarquable, puisqu'il montre l'absence
presque complète d'ânes dans le gouvernement de
Sémirétché, qui est précisément le plus
montagneux et le plus froid de tout le Turkestan.
On peut inférer de tous ces documents que les
Aryas n'ont pas plus connu l'âne dans leur
première patrie que les Proto-Mongols dans la
leur, et la philologie comparée a conduit Pictet
à penser que les Aryas n'ont pas domestiqué l'âne,
bien qu'il ait admis que l'âne sauvage ou onagre
était naturel à leur première patrie - Voyez
Pictet, Orig. ind.-europ., p. 353-356.,
conformément aux idées zoologiques erronées
qui ont été réfutées plus haut.
Piétrement 1882
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Mastaba
de Ti
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Aussi l'âne ne figure-t-il
nullement parmi les animaux offerts en sacrifice
par les héros de l'Avesta, et n'avons-nous
remarqué qu'un seule mention de cet animal dans
ce livre. C'est au chapitre VII,
verset 110
du Vendidad, à propos des honoraires attribués
par la loi mazdéenne au médecin qui soigne la
femme d'un chef de nmâna
ou maison; mais on sait que, à l'époque où
naquit le mazdéisme de Zoroastre, les Iraniens
possédaient déjà les provinces septentrionales
de la Perse, où les ânes avaient pénétré
dès la plus haute antiquité, puisqu'on a vu à
la page 394 Téglathphalasar Ier en
capturer dans le pays de Naïri, vers les sources
du Tigre et de l'Euphrate.
Le nom par lequel le Vendidad désigne l'âne est
khara, et c'est aussi
celui dont se sert le Véda pour désigner l'âne
qu'on a vu, à la page 223, attelé au char des
Açvins.
Dans ses Origines indo-européennes, (t.Ier,
p.355), Pictet présume que le mot khara
est peut-être d'origine sémitique. S'il en
était ainsi, ce serait une nouvelle preuve que
les Aryas ont reçu l'âne des Sémites. Mais,
dans une lettre datée du 24 décembre 1868, M.
Emile Burnouf nous dit au contraire que khara
lui semble être un mot purement aryen. Cette
dernière opinion nous paraît la plus
vraisemblable, parce que l'Avesta et le Veda se
servent tous les deux du mot khara pour désigner
l'âne, et que, dans le patois briard en partie
issu du celtique, khara
est une expression ironique désignant un mauvais
cheval. Nous en inférons que khara
a d'abord été le nom de l'hémione et que les
Aryas l'ont ensuite appliqué à l'âne après
avoir reçu ce dernier des Sémites, de même que
les Sémites ont donné le nom de hamar
à l'hémione, puis à l'âne après avoir reçu
celui-ci des anciens Egyptiens. L'animal attelé
au char des Açvins, dans l'hymne de l'Açvamédha,
peut d'ailleurs être une hémione, un animal
indompté, puisqu'on a vu que ce sont des biches
qui traînent le char des Marouts dans le même
hymne.
L'âne a toutefois pénétré de bonne heure dans
l'Inde, sans doute avec les Koushites, et la loi
de Manou ne laisse aucun doute sur l'antiquité
de son utilisation chez les Hindous. Ainsi,par
exemple, elle défend au Brahmane de lire sur un
âne (IV, 120);
elle déclare que les Tchandâlas et les
Swapâkas
" ne doivent
posséder pour tout bien que des chiens
et des ânes" (X, 51); |
elle prescrit au Dwidja
qui a violé le voeu de chasteté de sacrifier un
âne borgne ou noir à Nirriti, de se couvrir de
la peau de cet âne et, pendant un an, de mendier
chaque jour dans sept maisons en proclamant son
péché (XI, 118-123).
Nous n'avons pas à revenir sur les faits
exposés dans les chapitres précédents et qui
ont incidemment montré les ânes utilisés chez
les Hébreux dès l'époque d'Abraham, en Assyrie
et dans les pays voisins dès le règne de
Téglathphalasar Ier, en Grèce
du temps d'Hésiode, puisqu'il y signale l'habitude
de châtrer les mulets, et tout le monde connaît
ce passage d'Homère:
" Ainsi Ajax,
l'âme navrée, s'éloigne des Troyens,
bien à regret, car il craint pour la
flotte des Grecs. Tel un âne, aux pieds
lents, entre dans un champ de blé,
malgré les enfants qui le gardent; ils
accourent, ils brisent sur son dos leurs
bâtons; mais il ne cesse pas de paître,
car leurs mains sont débiles; et à
peine leur cède-t-il lorsqu'il est
rassasié: ainsi le fils de Télamon est
assailli sans relâche par les fiers
Troyens et leurs auxiliaires. " ( Iliade, chant
XI, p 158) |
Le Grand
Papyrus Harris montre Ramsès
III soumettant le Pount et le Tonouter ou Arabie
méridionale, puis il ajoute :
"Leurs fils,
les chefs du Tonouter, vinrent eux-mêmes
en Egypte avec leurs tributs; ils
arrivèrent sains et saufs au pays de
Coptos, et abordèrent en paix avec leurs
richesses. Ils les portèrent en
caravanes d'ânes et d'hommes et les
chargèrent dans des barques sur le
fleuve, au port de Coptos." (Mariette, Hist.
anc., p. 265) |
L'inscription précitée,
dans laquelle Méneptah Ier raconte sa
victoire sur les Maschouasch et les Libyens (Rebu
ou Lebu), contient ce passage :
" Au milieu
du combat, le vil chef de Rebu s'arrête
terrifié, le coeur leui manqua... Il
perdit tous ses joyaux d'or et d'argent,
tous ses ustensiles de bronze, les
parures de sa femme, ses meubles, ses
arcs, ses épées, et tout ce qu'il avait
apporté avec lui de son pays, ses boeufs,
ses chèvres et ses ânes." De Rougé, Mém.
sur les attaques dirig. contre l'Egypte
par les peuples de la Méditeranée,
dans la Revue archéologique, t.
XVI, 1867, p. 41. |
Mais c'est en Egypte qu'on
constate la plus ancienne utilisation des ânes.
Un bas-relief d'une hypogée de Gizeh, datant de
la IVe dynastie, cité plus haut à la
page 505, représente deux troupeaux d'ânes et M.
Lenormand a déjà dit :
" Pour ce qui
est de l'âne, nous le voyons figurer sur
les monuments égyptiens aussi haut que
nous puissions remonter. Sa
représentation est très fréquente dans
les tombeaux de l'ancien empire, à Gizeh,
à Sakkarat, à Abousir. On n'a
certainement pas oublié le délicieux
bas-relief du tombeau de Ti (Ve
dynastie) représentant un groupe d'ânes,
dont le moulage avait été apporté par
M. Mariette à l'exposition universelle
de 1867. Dès la IVe dynastie,
l'âne était un animal aussi multiplié
en Egypte qu'il l'est encore aujourd'hui.
Dans le Tombeau de Schafra-Ankh à
Gizeh, publié par M. Lepsius, il
est question d'un troupeau de sept cent
soixante ânes élevés sur les
propriétés du défunt, haut
fonctionnaire de la cour du fondateur de
la pyramide de Gizeh (IVe
dynastie). Dans d'autres tombeaux encore
inédits découverts par M. Mariette, j'ai
remarqué des propriétaires qui se
vantent d'avoir possédé des milliers d'ânes....
Au reste, les faits qui résultent sur ce
sujet de l'étude des monuments
égyptiens n'étaient pas exclusivement
propres à l'Egypte... En effet, dans les
peintures du célèbre tombeau de
Noumhotep, à Beni-Hassan-el-Kadim, on
voit l'arrivée d'une famille d'Aamou, c'est
à dire de nomades pasteurs de race
sémitique qui viennent s'établir en
Egypte avec leurs troupeaux sous un des
premiers règnes de la XIIe
dynastie (environ 3000 ans avant notre
ère). Leurs seules bêtes de somme sont
des ânes qui portent le bagage et les
enfants." F. Lenormant, Sur
l'antiquité de l'existence de l'âne et
du cheval domestiques en Egypte, dans les
Comptes rend. de l'Acad. des sciences, t.
LXIX, 1869,p. 1257, 1258. |
Piétrement 1882
|
détail Mastaba de Ti
Saqqara,;ph : Hispalois
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