anesmulets2
EPOREDO
Arrival
of some foreigners in Egypt. From Beni Hassan Plate XII.,
Iconographic Collections, Keywords: Egyp
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Le moulage du bas-relief
précité du tombeau de Ti représentant un
groupe d'ânes a été exposé pendant plusieurs
années dans la galerie égyptienne du Louvre; il
méritait d'y rester, à cause de la beauté et
de la fidélité du dessin.
Si les ânes ont été souvent figurés sur les
anciens monuments de l'Egypte, nous n'y avons
rencontré aucune représentation du mulet, même
sur les nombreux monuments qui sont postérieurs
à l'introduction du cheval dans cette contrée.
En raison de la nature de leur sol, ainsi que de
l'antiquité de leur possession du chameau et d'une
excellente populaton asine, les Egyptiens n'ont
jamais senti la nécessité de se livrer à l'indudtrie
mulassière. Aussi les mulets sont-ils encore
très rares aujourd'hui en Egypte; et ceux qui
ont été employés au percement de l'isthme de
Suez avaient été achetés en Syrie.
Les Assyriens ne nous ont au contraire laissé
aucune figure de l'âne, peut-être parce qu'ils
l'ont jugée trop peu décorative; mais on trouve
plusieurs représentations de mulets dans leurs
anciens bas-reliefs, où ces animaux sont très
reconnaissables à leurs oreiles d'ânes et à
leur queue de cheval, dont le tronçon est garni
de crins dans toute sa longueur. - Voyez Layard,
Monum. of Niniveh, planches 82, 83, et
Sec. ser. of the monum. of Nineveh, planches
33, 34 et 35.
C'est du reste dans les régions asiatiques
situées entre le Gange et le littoral
méditerranéen de Syrie que doivent être nés
les premiers mulets orientaux, peu de temps
après l'arrivée des premiers immigrants mongols
dans ces contrées, où leur séjour mit pour la
première fois en présence l'une des deux races
chevalines asiatiques avec l'âne africain ou
nilotique.Il n'est donc pas
étonnant que la légende d'Izdubar, citée à la
page 390, fasse remonter l'existence du mulet en
Assyrie jusqu'aux temps fabuleux, et cette
légende est d'accord avec la tradition suivante,
rapportée par Diodore, II,
11 :
" Sémiramis
fit extraire des montagnes de l'Arménie
et tailler un bloc de pierre de cent
trente pieds de longueur sur vingt-cinq d'épaisseur;
l'ayant fait traîner par un grand nombre
d'attelages de mulets et de boeufs, sur
les rives de l'Euphrate, elle l'embarqua
sur un radeau, et le conduisit, en
descendant le fleuve, jusqu'à Babylone,
où elle le dressa dans la rue la plus
fréquentée." |
Les inscriptions
cunéiformes fournissent d'ailleurs des données
certaines et assez nombreuses sur l'antiquité de
l'existence des mulets en Assyrie et dans les
pays voisins; on en a vu quelques exemples dans
le chapitre VII.
En faisant la généalogie des Edomites ou
descendants d'Esaü, la Genèse
raconte (XXXVI,
24) que Hana, fils de Tsibhon, contemporain d'Isaac,
rencontra des haïmim
en faisant paître les ânes de son père
dans le désert d'Edom ou Séhir, mais on ignore
complètement le sens étymologique du mot haïmim,
qu'on ne trouve nulle part ailleurs.
Le texte samaritain porte Enim
au lieu de Haïmim, ce
qui explique pourquoi le Targum l'a traduit par gibbaraiia,
c'est-à-dire puissants,
forts, robustes.
Les haïmim étaient
des eaux thermales pour la Vulgate
et pour les traducteurs de la Vulgate;
mais c'étaient des mulets suivant la plupart des
autres traducteurs de la Bible et des anciens
commentateurs israélites.
La dernière opinion est plus vraisemblable que
celle de la Vulgate; car un événement rare et
émotionnant expliquerait mieux que tout autre
pourquoi l'auteur de la Genèse a interrompu son
énumération généalogique pour le raconter. Or
telle était certainement à l'origine la
rencontre de mulets par les Hébreux, puisque le Lévitique
dit (XIX,19)
:
" Tu n'accoupleras
point tes bêtes avec d'autres de
diverses espèces; tu ne sèmeras point
ton champ de diverses sortes de grains,
et tu ne mettras point sur toi de
vêtements de diverses espèces, comme de
laine et de lin; " |
et le Deutéronome
ajoute même (XXII, 10-11):
" Tu ne
laboureras point avec un âne et un boeuf
accouplés ensemble. Tu ne te vêtiras
point d'un drap tissu de diverses
matières, c'est -à-dire de
laine et de lin ensemble; " |
tant la loi mosaïque
avait horreur de tout ce qui pouvait ressembler
à la promiscuité entre les individus d'espèces
différentes.
Cependant, d'après M.H. Milne
Edwards,
"il est très
probable que les quadrupèdes aperçus
dans le désert par Hana, et appelés
mulets par les traducteurs de la Bible, n'étaient
pas des mulets proprement dits mais de hémiones,
animaux qui, par leur taille et
leurs formes, sont intermédiaires entre
le cheval et l'âne.". Comptes rendus
de l'Acad. des Sc., t. LXIX, 1869, p.
1284 |
Du reste, quel que puisse
être le sens de haïmim,
il n'en est pas moins avéré que l'usage du
mulet (péred)
était condamné par la loi mosaïque, comme
celui du cheval; aussi a-t-il également été
adopté par les Istaélites seulement après que
l'établissement de la royauté eut subordonné
le pouvoir sacerdotal au pouvoir laïque. La plus
ancienne mention de mulets sur lesquels les gens
des tribus d'Isachar, de Zabulon et de Nephtali
apportèrent à Hébron des vivres pour David,
après la mort de Saül (I,
Chroniques, XII, 40).
Viennent ensuite celles qui ont été indiquées
aux pages 554-555 et qui se rapportent toutes au
règne de David, à partir duquel les mulets sont
souvent mentionnés dans le Bible.
Le mulet est déjà cité dans le Véda, sous le
nom d'Açvatara,
comparatif augmentatif d'açva,
évidemment à cause de sa force; et l'on
constate dans Strabon, XV,I,
37, qu'il existait des
mulets chez les Prasii des bords du Gange, à l'époque
du voyage de Mégasthène dans l'Inde.
Hérodote
raconte que Cyrus fit transporter de l'eau du
Choaspe sur des chariots à quatre roues
traînés par des mulets, lorsqu'il partit de
Perse pour assiéger Babylone (I,
188); qu'au vingtième mois
du siège l'une des mules de Zopyre mit bas (III,
153); qu'à Sardes, lors du
départ de Xerxès pour la Grèce,
"un poulain
était né d'une mule, portant doubles
parties sexuelles, celles de la femele et
celle du male; celles du mâle étant au-dessu
des autres " (VII, 57); |
et l'on a vu à la page
447 que du temps d'Ezéchiel les marchés de Tyr
étaient approvisionnés de mulets par les gens
de Togarma, c'est à dire de l'Arménie.
Suivant Diodore,
après la prise de Persépolis, Alexandre fit
venir de Babylone, de la Mésopotamie et même de
Suse, une multitude de mulets, tant de bât que d'attelage,
ainsi que trois mille chameaux, pour en
transporter le trésor dans des lieux désignés
(XVII, 71);
puis, lorsque le corps d'Alexandre fut conduit de
Babylone en Egypte,
" quatre
timons étaient fixés au char, et à
chaque timon un train de quatre jougs, et
chaque joug composé de quatre mulets, ce
qui formait un attelage de soixante-quatre
mulets, choisis parmi les plus vigoureux
et les plus élancés" (XVIII, 27). |
Homère
fournit d'assez nombreux renseignements sur l'antiquité
de l'existence des mulets en Asie Mineure et en
Grèce. Ainsi, par exemple, Priam se fait suivre
par un chariot traîné par des mules, sur lequel
il place les présents destinés à Achille et
sur lequel il ramène le corps de Patrocle (Iliade,
XXIV, p. 348
et suiv.). Pendant le siège de Troie, les mulets
et les chiens sont les premiers atteints par les
flèches d'Apollon, c'est-à-dire par la maladie
pestilentielle qui ravage le camp des Grecs (Iliade,
I p.2);
C'est avec des mulets que Mérion va chercher sur
les pentes de l'Ida le bois destiné au bûcher
de Patrocle (Iliade, XXIII,
p.324); et dans ce passage le
mulet est nommé tantôt ..., tantôt... Des
mules figurent parmi les prix offerts par Achille
aux vainqueurs dans les jeux célébrés aux
funérailles de Patrocle (Iliade, XXIII,
p.328-336).
Noémon regrette de ne pouvoir quitter Ithaque
pour se rendre dans son pays, en Elide, où douze
de ses juments viennent de mettre bas de mulets (Odyssée,
IV, p.409).
Ménélas propose à Télémaque de lui faire
parcourir l'Hellade et l'Argolide, afin de lui
faire offrir des présents, notamment des mules,
par tous les héros de ces contrées (Odyssée,
XV, p.531).
Tout le chant VI et les premiers vers du chant
VII de l'Odyssée sont consacrés à l'épisode
de Nausicaa, fille du roi des Phéaciens,
laquelle "emporte au lavoir ses riches
vêtements", sur un chariot traîné par des
mules qui sont citées dix fois dans la narration.
Homère déclare du reste, dans l'épisode
de Dolon, que
" les mules
sont préférables aux boeufs pour
traîner, dans une profonde jachère, la
solide charrue " (Iliade, X, p.140); |
et il fait cette belle
comparaison à propos de Mérion et de Ménélas,
qui entraînent le corps de Patrocle vers les
vaisseaux:
" Tels, avec
effort, accablés de fatigue, inondés de
sueur, des mulets, revêtus d'une force
invincible, traînent, du haut des
montagnes, au travers d'un âpre
sentier, les poutres et les larges
planches dont on veut construire un
vaisseau : tels les deux héros
entraînent le corps avec ardeur." (Iliade,
XVII,
p.258-259) |
En se fondant sur l'ancienne
renommée des chevaux et des mulets de la
Paphlagonie, certains auteurs, notamment Strabon
(V,1,4),
ont vu des "mulets farouches", c'est-à-dire
d'un dressage difficile à cause de leur vigueur,
dans les .... mentionnés dans l'Iliade (II,
vers852). Mais d'autres ont admis
qu'Homère désigne ici des "hémiones
sauvages", et l'on peut invoquer les
considérations suivantes à l'appui de cette
dernière opinion :
Piétrement 1882
|
.
2 |
Parmi les animaux pourvus
de crinières, Aristote
cite
"les mulets
(...) de Syrie, qui ne portent ce nom qu'à
raison de leur ressemblance avec les
mulets proprement dits, n'étant point de
la même espèce, puisque ces animaux s'accouplent
entre eux et que leur accouplement est
fécond" (Hist.
des anim.,I,6). |
Il répète plus loin:
" Les mules
(...) de cette partie de la Syrie qui est
au-dessus de la Phénicie *Et non "
au-dessus de la Phrygie" comme le
dit Roulin dans les Comptes rendus de
l'Acad. des sc. t. LXIX, 1869, p.1284 conçoivent et
ont des poulains; mais cette espèce,
quoique ressemblant à celle des autres
mulets, n'est pas la même." (Hist. des
anim., VI,24) - " "On voit en
Syrie des animaux que l'on nomme mulets
(...) et qui, ressemblant à l'extérieur
aux mulets produits par le cheval et l'âne,
forment néanmoins une espèce
différente... Les mules et les mulets
dont nous parlons produisent ensemble:
quelques animaux qui restent de cette
race en Phrygie, où ils ont "été
amenés sous Pharnace, père de
Pharnabaze, font la preuve de ce fait." (Hist. des
anim., VI,36)
|
Il ajoute au chapitre LXIX
des Récits merveilleux:
" On affirme
qu'il y a en Cappadoce des mulets
féconds, et en Crête des peupliers
noirs portant des fruits;" |
Il s'agit encore ici d'hémiones
se reproduisant entre eux, et non de mules
exceptionnellement fécondes, comme pourrait le
faire supposer la version latine qui dit mulas
foecundas, à la page 85 du tome IV
de l'Aristote de la collection Didot, tandis que
le texte grec dit au contraire ...., au masculin,
et non ..., au féminin.
Strabon dit dans sa description
de l'Asie Mineure:
" Bien qu'étant
plus méridionale que le Pont, la
Cappadoce a un climat plus froid. Cela
est si vrai que le canton de Bagadania,
qui n'est qu'une plaine (et la plaine est
plus méridionale de toute la Cappadoce,
puisqu'elle est située juste au pied du
Taurus), c'est à peine si l'on rencontre
un seul arbre fruitier. Ajoutons que ce
canton, comme presque toute la Cappadoce
du reste, mais surtout comme la
Garsauiritide, la Lycaonie et le
Morimène, nourrit un très grand nombre
d'onagres." (XII,II,10) - " Quant aux
cantons d'Orcaorci et de Pitnisos et aux
plateaux de la Lycaonie, ce sont autant
de pays froids et nus, dans lesquels
paissent de nombreux onagres... Du même
côté, mais dans un canton plus riant et
fertile que cette âpre région à
laquelle on a donné le nom d'Onagrobote,
s'élève Iconium, petite ville assez
populeuse." (XII, VI, I)
|
Puisque Hérodote,
Aristote et Strabon déclarent que de leur temps
les ânes ne pouvaient pas encore vivre dans les
pays froids, notamment dans le Pont, il est clair
que les onagres signalés par Strabon en
Cappadoce et Lycaonie, pays plus froid que le
Pont, n'étaient pas de vrais ânes. C'étaient
évidemment des hémiones, comme ceux qu'Aristote
vient également de signaler en Cappadoce et en
Syrie, en les distinguant nettement d'avec les
mulets, malgré l'habitude qu'avaient les Grecs
de leur donner parfois ce nom.
Homère a donc pu, comme les autres Grecs,
désigner les hémiones sous le nom ..., et il
est probable, sinon certain que, au vers 852 du
chant II de l'Iliade, ce sont ces
animaux dont il a mentionné la présence en
Paphlagonie, pays voisin de la Cappadoce et de la
Lycaonie, qui en étaient encore couvertes du
temps de Strabon.
Quant aux... que Strabon (XVI,
IV,18)
représente nombreux dans les plaines fertiles de
l'Arabie situées au sud de la Nabatée, c'étaient
incontestablement des hémiones, comme l'indique
la traduction de M. Amédée Tardieu, et non des
mulets (muli), comme l'indique
la version latine annexée au texte grec du Strabon
de la collestion Didot; car la présence des
mulets implique celle des chevaux, et Strabon dit
lui-même dans d'autres passages qu'il n'y avait
de son temps ni chevaux ni mulets en Arabie,
comme on l'a vu aux pages 437 et 438.
Il faut en outre observer que, dans le passage
dont il s'agit, les manuscrits font suivre le mot...
de l'épithète...; aussi Letronne
a-t-il rendu l'expression de Strabon par celle de
"mulets sauvages" Géographie
de Strabon traduite du grec en français, in-4,
Paris 1805-1819,tomeV,
page 286. ,
bien qu'il n'existe pas de tels animaux, les
mulets étaient toujours produits par les soins
de l'homme. - Nous ne parlons , bien entendu, que
des mulets proprement dits, nés du croisement
des ânes et des chevaux, et non des autres
hybrides, parfois produits par le croisement
de diverses espèces sauvages et aussi appelés
quelquefois mulets, par une extension
abusive du sens de ce mot.
Mais les nouveaux éditeurs ont mis un point
après..., et ils ont rejeté l'épithète...
après le mot suivant ....: double correction qui
ne nous paraît pas heureuse.
Que Strabon ait voulu désigner ici des chameaux
sauvages, c'est ce qu'indique le passage
correspondant de Diodore (III, 43), dont les
renseignements sont puisés aux mêmes sources,
et qui associe des "chameaux sauvages"
aux cerfs, antilopes et autres animaux sauvages
également cités par Strabon.
Il n'en est pas moins certain que les .. du
passage de Strabon étaient des hémiones
sauvages et non des mulets, puisqu'il n'existait
pas alors de chevaux en Arabie, comme on l'a vu
dans le chapitre VIII. Le sens de ce passage ne
peut donc être que celui-ci: Les plaines
fertiles situées au sud de la Nabatée
nourrissent beaucoup de bétail ainsi que de
nombreux animaux sauvages, tels que hémiones,
chameaux, antilopes, lions, léopards et loups. C'est
ce qu'il ne faudrait pas oublier si l'on voulait
proposer de nouvelles corrections pour ce passage,
réputé altéré dans les manuscrits.
Non seulement on possède beaucoup moins d'anciens
renseignements sur les ânes et les mulets que
sur les chevaux, parce que leur rôle dans l'histoire
n'a pas été aussi important; mais encore les
documents historiques sur les ânes et les mulets
permettent de remonter plus loin dans le passé
de ces animaux en Orient qu'en Occident, ce qui s'explique
facilement.
D'abord l'habitude de conserver la mémoire des
faits est née plus tôt en Orient. En outre, ce
sont surtout les auteurs latins qui nous ont
laissé quelques renseignements sur l'histoire
des ânes et des mulets en Occident; et les
renseignements précis sur ce sujet sont d'autant
plus rares que ces auteurs désignent souvent par
l'expression générique de jumenta l'ensemble
des bêtes de somme et d'attelage, chevaux, ânes,
mulets, boeufs, chameaux, qui composaient les
convois des armées dont ils racontent les
exploits.
Il n'en est pas moins vrai que la domestication
de l'âne européen doit aussi remonter très
haut; elle doit avoir suivi de près l'importation
dans le centre Hispanique de l'usage des dolmens
et de celui des armes en pierre polie.
Au reste, on possède au moins un fait qui ne
laisse aucun doute sur l'usage de l'âne en
Occident dès une époque très reculée.
Boucher de Perthes a trouvé dans les tourbières
de la Somme, à 4 à 5 mètres
au-dessous du niveau du cours d'eau, un crâne d'Equidé
que M. Sanson a reconnu être celui d'un âne
africain ou nilotique Voyez A.Sanson,
Traité de zootechnie, t. III, p. 138..
Bien que la date de l'enfouissement des objets
trouvés dans la tourbe soit en général très
incertaine, le sujet auquel ce crâne a appartenu
vivait évidemment à une époque très ancienne;
et, comme il n'est pas admissible qu'un âne
sauvage soit venu proprio motu de la
vallée du Nil dans les Gaules, on est forcé d'admettre
que l'individu en question, ou l'un de ses
ancêtres, était un âne domestique conduit dans
la vallée de la Somme par des hommes,
vraisemblablement par des migrateurs aryens ou
par des navigateurs phéniciens.
Piétrement 1882
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~
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Properce
dit d'ailleurs dans son livre IV, chant Ier, vers21,
à propos des premiers temps de Rome:
" La pauvre
Veta était alors toute joyeuse d'être
portée sur un âne couronné de fleurs." |
de ces faits, joints à
ceux qui ont montré plus haut l'antiquité de l'usage
des chevaux en Occident, il est permis d'inférer
l'antiquité de l'existence des mulets dans le
sud-ouest de l'Europe; et quelques documents
peuvent être cités à l'appui de cette
assertion, malgré la pénurie des renseignements
sur l'histoire de ces animaux dans cette région.
" M. Varron
rapporte que le sénateur Axius acheta un
âne 400 000 sesterces (84 000 francs);
je ne sais si jamais animal a été
acheté à si haut prix. cette espèce
rend sans doute des services merveilleux;
elle sert même au labourage; mais son
principal emploi est d'engendrer des
mules." (Pline, VIII, 68) |
A la page 589 de sa
traduction de Pline, Guéroult
fait remarquer en note, à propos de ce passage,
que
" Varron, liv.III, ch.8, écrit qu'Axius
paya un âne 40 000 et non 400 000
sesterces. Mais c'est évidemment une
faute, et le texte de Varron doit être
corrigé par celui de Pline; car, si cet
âne n'avait coûté que 40 000 sesterces,
comment Pline aurait-il pu dire que nul
animal peut-être ne fut jamais mis à si
haut prix? d'autant plus que Varron lui-même
avait déjà parlé, livII, chap. I, d'un étalon
vendu 100 000 sesterces." |
On voit, dans le traité De
l'agriculture de Columelle (VI, 36-37),
de quelle importance était l'industrie
mulassière chez les Romains, et quels soins ils
lui donnaient. C'est la principale raison du prix
élevé qu'ils payaient certains ânes, car l'espèce
asine n'était alors ni rare ni nouvelle en
Italie; il suffirait pour le prouver de cette
remarque de Pline (VIII, 69):
" Les anciens
appelaient hinnus
les mâles nés d'un cheval et d'une
ânesse, et, au contraire, mulus
les mâles nés d'un âne et d'une cavale." |
En outre, d'après le
témoignage de Denys d'Halicarnasse (Antiq.rom. I, VI, 5),
quand les Arcadiens conduits par Evandre
arrivèrent en Italie soixante ans avant la prise
de Troie,
" ils
consacrèrent un temple à Neptune
Hippien (c'est-à-dire Cavalier),
et ils instituèrent en son honneur une
fête que les Arcadiens appelent
Hippocratées et les Romains Consualia.
Pendant cette solennité, les chevaux et
les mulets ne font aucun travail chez les
Romains, suivant une coutume anciennement
établie, et on leur met des couronnes de
fleurs sur la tête." |
Cette expression "suivant
la coutume anciennement établie" indique
peut-être que l'habitude de laisser reposer les
chevaux et les mulets pendant les Consualia
remontait chez les Romains à l'époque de l'introduction
de ces fêtes à Rome, c'est-à-dire au règne de
Romulus, comme on l'a vu à la page 592; elle
peut même signifier que cette coutume fut
importée par Evandre en Italie.
Denys d'Halicarnasse raconte d'ailleurs dans ses
Antiquités romaines, IV
,IX,
26,
que Tullia fit passer son char attelé de mules
sur le corps de son père Tullius, lors de l'assassinat
de ce roi, c'est à dire en l'an 534 avant J.-C.
C'est, à notre connaissance, parmi les dates
indiquées avec précision, la plus ancienne où
l'on ait signalé l'usage des mulets en Occident.
Ensuite, sous le consulat de Popilius Laenas et
de Cn. Manlius Capitolinus, 359 ans avant notre
ère, le dictateur - Et non "consul",
comme le dit Frontin dans ses Stratagèmes,
II, IV,
5.
Sulpicius Péticus étant sur le point de livrer
bataille aux Gaulois,
" son esprit
ingénieux imagine un expédient nouveau,
employé depuis par plusieurs généraux
romains ou étrangers et même de nos
jours. Il fait enlever aux
mulets leurs bâts, ne leur laissant que
des housses pendantes; ils sont montés
par des muletiers revêtus d'armes prises
à l'ennemi ou de celles des malades. Il
en équipe ainsi mille environ, leur
adjoint cent cavaliers, etc. " Tite-Live, VII,14.) |
Les mulets furent en effet
employés depuis au même stratagème, notamment
par Marius contre les Teutons (Frontin, Stratagèmes
II, iv,6), et par César pendant le siège de
Gergovie (Guerre des Gaules, VII,45).
En l'an 293 avant notre ère, le consul L.
Papirius Cursor, fils du consul et dictateur du
même nom, imagina, pendant un combat contre les
Samnites,
" de faire
descendre d'une montagne située sur les
derrières de l'ennemi une poignée de
cavaliers auxiliaires et de valets
montés sur des mulets, traînant par
terre des branches d'arbre avec grand
bruit.... Les Samnites, effrayés de
cette poussière, prirent la fuite.
". Frontin, Stratagèmes, II,IV, 1; clef Tite-Live, IX, 40-41 |
En Espagne,
"C. César
avait su par un soldat, pris en faisant
de l'eau, qu'Afranius et Pétréius
devaient décamper dans la nuit. Voulant
empêcher les desseins des ennemis sans
dommage pour les siens, la nuit arrivée,
il fit donner le signal du départ et
envoya le long du camp ennemi des mulets
qu'on chassait à grand bruit. Ce bruit,
prolongé à dessein, retint les
Pompéiens, qui crurent que César lui-même
décampait.""(Frontin, Stratagèmes
I, VIII, 9). |
Dans sa description du
littoral du pays des Ligyens ou Ligures, dont
Gènes éait le marché, Strabon nous apprend (IV,VI,2)
que c'est de leur pays qu'on tirait, entre autres
choses, des mulets appelés ginnes
(...). Or le ... ou .. des Grecs était le ginnus,
hinnus ou hinnulus
des Latins, c'est à dire notre bardot
ou produit du cheval et de l'ânesse.
Plutarque reproche à ses contemporains de s'endetter
de diverses façons, notamment par l'achat de
.... - Voyez Plutarque, ..(grec)
ou L'amour des richesses, chap. II..
Comme l'épithète.... signifiait également de
la Galatie et de la Gaule, et que Plutarque a
longtemps habité l'Italie, la Grèce et l'Illyrie,
tous les auteus ne sont pas d'accord sur la
provenance des dites mules.
Dans Le génie gaulois, p. 464, Roget de
Belloguet admet que c'étaient des mules de la
Gaule, tandis que dans leurs traductions du
passage en question, Amyot et Robinot
ont rendu l'.... par " de Galatie". Le
choix entre les deux options est difficile, mais
il n'existe du moins aucun doute sur le sens de
la Iere
épigramme de Claudien,
qui commence ainsi:
" Sur les
bords nourriciers du Rhône impétueux,
vois les mules dociles qu'un cri
rapproche ou sépare, changer d'allure
suivant le ton de la voix qui les dirige,
et prendre la route qu'il leur désigne.
Leur marche n'est point gênée par les
rênes; un joug pesant ne presse pas leur
cou; cependant on les croirait asservies
par des liens. Infatigables au travail,
elles saisissent d'une oreille attentive
de barbares accents." |
Diodore
(V,17)
dit des Iles Baléares:
" La plus
petite qui est située vers l'orient,
nourrit d'excellents bestiaux de toute
sorte, mais surtout des mulets d'une
taille élevée et d'une force
remarquable." |
Enfin, nous trouvons la
note suivante dans le Traité
de zootechnie de M. Sanson,
t. III, p.155
:
" D'après
Herrera, dont le livre sur l'agriculture
espagnole a paru en en 1598, année de la
mort de Philippe II, le mulet aurait fait
son apparition en Espagne vers le milieu
du XIIIe
siècle, et c'est de là que, selon lui,
daterait la dévastation de ce pays, car,
dit-il, " le mulet ne possède pas
assez de force pour labourer à une
profondeur suffisante. " ( J. Liebig, Les
lois naturelles de l'agriculture,
traduction française de Ad. Scheler, t. I, p. 122.)" |
Nous ne connaissons ni le
texte de Liebig ni celui de Herrera auquel il
fait allusion, et nous avons cru inutile de faire
de longues recherches sur l'hisoire des mulets en
Espagne; mais nous supposons à priori
que Herrera a voulu parler uniquement de l'époque
où les Espagnols commencèrent à labourer avec
des mulets et non de celle où l'industrie
mulassière naquit chez eux. S'il en était
autrement, Herrera nous paraîtrait s'être plus
écarté de la vraisemblance historique que l'auteur
de la Chanson de Roland, qui représente
le roi Marsile faisant offrir par Blancandrin
trois cents mulets chargés d'or et d'argent à l'empereur
Charlemagne pour l'engager à quitter l'Espagne (ch.
II, vers35),
et qui montre les chevaliers maures d'Espagne
arrivant à Rocevaux en chevauchant sur leurs
destriers, après avoir laissé leurs mulets et
leurs palefrois (ch. XII,
vers 7-).
Il nous semble en effet inadmissible que l'industrie
mulassière soit née en Espagne seulement au
XIIIe siècle; parce que si elle n'eût pas
existé de temps immémorial chez les Espagnols
comme chez leurs voisins les Baléares, elle
aurait certainement été
introduite chez eux par la domination romaine qu'ils
supportèrent pendant plus de six siècles,
depuis l'an 201 avant J.-C. jusqu'au commencement
du Ve siècle de notre ère.
Quoi qu'il en soit, les faits de l'histoire des
ânes les plus intéressants à notre point de
vue sont en définitive les deux suivants:
1° Les deux races asines sont originaires des
pays chauds, l'une de la région du haut Nil, l'autre
du centre Hispani-Atlantique. c'est pour cela que
les ânes ont eu de la difficulté à s'acclimater
dans les pays froids comme on l'a vu dans ce
chapitre, et qu'ils supportent mieux que les
chevaux la température torride du pays des
diamants de l'Afrique australe, comme on l'a vu
aux pages 610 et 611.
2° L'âne africain ou nilotique s'est très
anciennement répandu dans une aire géographique
qui s'étendait au moins depuis le Gange jusqu'à
l'océan Atlantique, tandis que l'âne européen
ou hispano-atlantique n'a guère dépassé les
limites de sa première patrie.
L'histoire des ânes témoigne donc, comme celle
des chevaux, que les anciennes migrations
civilisatrices ne sont pas parties des contrées
occidentales de notre continent.
Piétrement 1882
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