EPOREDO

accueil

CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES ZOOLOGIQUES

plan

Equidés

.....

classification

races originelles

N.B.

Des "considérations préliminaires zoologiques" du premier chapitre de Piétrement, nous n'avons retenu que le minimum nécessaire à la compréhension de l'ensemble, bien que certains autres passages plus anecdotiques soient d'un grand intérêt...

*

Quelques mots du contexte historique de la rédaction feront comprendre certaines longueurs et le besoin de l'auteur de justifier surabondamment ses propos.....

Professeur de zoologie et zootechnie à l'Ecole de Grignon et à l'Institut national agronomique, André Sanson vient de publier son traité de zootechnie dans lequel,à con tre courant de l'usage général, il adopte des définitions qui créent polémique ....

Obligé de s'opposer à certaines, Piétrement s'en trouve gêné du fait des relations personnelles et de "travail" qu'il a avec Sanson .....
ainsi, par exemple:

" la race est du reste ici pour M. Sanson ce qu'est l'espèce zoologique pour les autres naturalistes : une suite d'individus d'un même type spécifique; et nous ne pouvons pas rendre cette notion par le mot race, puisque, de même que les autres naturalistes, nous la rendons par le mot espèce."

*

Classification des Equidés actuels ou genre Equus.

Les Equidés de l'époque actuelle sont : le cheval et l'âne, aujourd'hui répandus dans toutes les parties du monde ; l'hémippe, le ghor-khur, le gour, le dzigghetai, le kiang et le yo-to-tzé, qui sont tous confinés en Asie et généralement désignés sous le nom commun d'hémiones; enfin, le zèbre, le couagga et le daw ou onagga, qui sont propres à l'Afrique et désignés sous le nom commun de zébrides ;
mais le cheval et l'âne sont les seuls Equidés qui aient été réellement domestiqués, bien qu'on ait tenté d'en assujettir d'autres dès une époque assez ancienne.
[.....] tous les naturalistes modernes se sont-ils accordés à reconnaître qu'ils constituent un groupe parfaitement naturel et bien délimité, [.....]; mais c'est le seul point sur lequel il n'y ait eu aucune divergence d'opinions.
[.....] Les divergences d'opinion ont été tout aussi marquées en ce qui concerne le nombre soit des espèces, soit des races attribuables aux divers groupes d'Equidés
[.....] De telles divergences [.....] s'expliquent par la multiplicité des caractères zoologiques qui ont été choisis pour base,
......
Les classifications de beaucoup d'autres groupes zoologiques, également fondées sur l'étude des caractères anatomiques, sont tout aussi discordantes que celles des Equidés; et, pour essayer de remédier à un tel état de choses, la plupart des naturalistes ont cherché un autre critérium dans les résultats obtenus par le croisement des animaux appartenant aux divers types zoologiques.
Ils ont admis que les divers groupes d'animaux, dont le croisement est absolument infécond, constituent autant de genres distincts ; ils ont vu des espèces particulières appartenant à un même genre, dans les différents groupes d'animaux dont le croisement produit des êtres inféconds, ou dont la fécondité s'éteint après un petit nombre de générations, et auxquels on donne le nom d'hybrides ou de mulets:
enfin, ils ont appelé races, ou simples variétés d'une même espèce, les divers groupes d'animaux dont le croisement produit des êtres indéfiniment féconds, connus sous le nom de métis.
En divers endroits de ses œuvres, notamment dans ses articles Ane, Chien, et Animaux de l'ancien continent
(t. IV ,8 p. 25, 62, 234), Buffon avait déjà considéré la fécondité continue
« comme le seul caractère qui différencie ou identifie les espèces » ;

......Paul Broca, disait déjà en 1859:

« L'hybridité est le croisement des espèces: mais cette définition ne serait régulière que s'il était possible de faire reposer la distinction des espèces sur des caractères anatomiques précis, invariables et inaltérables; je crois avoir montré, dans les premières pages de mon travail, combien la science est loin d'avoir atteint ce but, vainement poursuivi par les naturalistes, et destiné peut-être, à échapper éternellement à leurs efforts . » ( P. Broca, Mémoire sur l'hybridité. dans le Journal de la physiologie de l'homme et des animaux-., t. II, 1839, p.218.)

.......Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a réuni en 1859 dans son Histoire naturelle générale des règnes organiques (t.. II, P- 379-446), les définitions de l'espèce données par quarante des principaux auteurs qui se sont occupés de cette question à partir de Linné;

[...], on voit que tous ces auteurs, à une exception près, ont fait consister l'espèce zoologique en une collection d'individus qui ont certains caractères communs et transmissibles par la génération.

.......Paul Broca a dit dans son Mémoire sur l'hybridité :

« Pour différencier deux races, il suffit d'un seul caractère, quelque léger qu'il soit, pourvu qu'il soit héréditaire et suffisamment fixe. .......; c'est le sens vulgaire et vrai du mot, qui n'implique d'ailleurs aucune idée d'identité ou de diversité d'origine » (P. Broca, Journal de la physiologie de l'homme et des animaux, t. II, 1839, page 608.)

C'est ce sens vulgaire, impliquant des différences typiques moins grandes entre les races qu'entre les espèces, que nous donnerons au mot race, comme tous les naturalistes autres que M. Sanson.

.........Mais, tout en répudiant quelques-unes de ses expressions, nous adopterons les divisions et les subdivisions des Equidés de ce savant zootechniste, parce que, sous ce rapport, lui seul nous paraît avoir atteint son but par une étude très sérieuse de la question; que la détermination de ses types est surtout fondée, sur des caractères empruntés à la conformation du squelette et en particulier du crâne ou tête osseuse; que ces caractères sont réellement les plus importants, les plus fixes, et qu'ils ont seuls l'avantage de pouvoir être utilisés dans les études paléontologiques.

Nous admettons donc sa division des Equidés actuels ou genre Equus en quatre groupes : les Caballins, les Asiniens, les Hémioniens et les Zébrés;

Piétrement 1882

haut



races "originelles"

Classification et patries, des races chevalines domestiques

La subdivision des Equidés caballins en leurs divers groupes naturels a été publiée pour la première fois par M. Sanson dans une note intitulée Nouvelle détermination des espèces chevalines du genre EQUUS, présentée le 6 déœmbre 1869 à l'Académie des sciences et insérée dans les Comptes-rendus, t. LXIX, p. 1204-1207 (:. ).

Il subdivise les Equidés caballins de l'époque actuelle en huit espèces chevalines qui ont chacune son type ostéologique propre, son origine distincte dénotée par son prénom latin, et qui sont :
« Les Equus caballus asiaticus, E. C. africanus, E..C. germanicus, E. C. frisius, E. C. belgius, E. C. britannicus, E. C. hibernicus et E. C. sequanus.

Les deux premiers avaient été confondus sous le nom de cheval arabe ou oriental.

Les autres sont connus et désignés par des noms de race, uniques pour quelques-uns, multiples pour les autres. Ainsi le cheval germanique est appelé danois ou allemand ; le frison est qualifie de flamand; le belge porte son vrai nom (et aussi celui d'ardennais); le britannique s'appelle en France boulonnais et cauchois et en Angleterre suffolk-punch, norfolk ou black-horse; l'irlandais est le poney dans le Royaume-Uni, le breton en France; enfin le séquane est chez nous le percheron si connu et si universellement estimé pour sa force et sa vigueur » ( Sanson, Mig. des anim. dom., p. 9.)

.

« II y a donc, dans le genre Equus, huit espèces de chevaux domestiques, au lieu d'une seule, comme on l'avait cru jusqu'à présent. Chacune de ces espèces a sa race, dans l'aire géographique de laquelle se sont formées, avec le temps, sous l'influence des milieux naturels ou artificiels, des variétés dépendantes des modifications subies par ses aptitudes physiologiques, mais laissant parfaitement intact le type ostéologique qui la caractérise. » (Sanson, Comptes rend. de l'Ac. des Sc., t. LXIX 1869 p.1206.)

.

En principe, nous adoptons aussi cette division des Equidés caballins en huit groupes distincts, (.....)
....nous réserverons, .., le nom d'espèce chevaline, ou Equus caballus, à l'ensemble des sujets constituant ces huit groupes secondaires, et nous donnerons à ces derniers le nom de races chevalines, uniquement pour nous conformer à l'usage : (...)


Nous acceptons donc les six dénominations de races chevalines germanique, frisonne, belge, britannique, irlandais et percheronne. [.....] ces races sont réellement originaires des diverses contrées de l'Europe occidentale auxquelles ces noms font allusion; [....]

.........Quant aux deux races depuis si longtemps appelées chevaux orientaux, aujourd'hui nommées asiatique et africaine par M. Sanson, leur aire géographique ne suffit pas à elle seule pour démontrer leur origine orientale;
la réalité de cette origine orientale sera toutefois établie dans les chapitres suivants, par une foule de documents empruntés à l'histoire, à l'archéologie et à la philologie, etc. ; mais ces documents feront voir que ces races sont toutes les deux d'origine asiatique.

......... M. Sanson admet, comme nous, que son espèce asiatique est originaire de l'Asie centrale, qu'elle a été primitivement domestiquée par les Aryas;
nous l'appellerons donc Equus caballus aryanus, ou race chevaline aryenne, pour la distinguer de l'autre race orientale qui est également asiatique.

Cette dernière race orientale est le plus généralement désignée sous le nom de race dongolàwi ou nubienne, parce que les voyageurs modernes l'ont pour la première fois signalée en masse compacte dans la province de Dongola, en Nubie: et c'est évidemment cette considération qui a surtout porté M. Sanson à la déclarer

« originaire du nord-est de l'Afrique, probablement de la Nubie » ( Sanson, Compt. rend. de l"Ac. des sc., t. LXIX, 1869, p. 1205).

Mais les documents auxquels il vient d'être fait allusion montreront que cette race est originaire de la Mongolie, qu'elle a été domestiquée par les populations mongoliques ou tartaro-finnoises; et nous lui donnerons en conséquence le nom d'Equus caballus mongolicus, ou race chevaline mongolique.(.....)

Piétrement 1882

cheval "dongolawi"
exposition universelle de Paris 1900
illustration des rapports du jury international-Imprimerie Nationale Paris



haut