hlitt2
Babylonie et Assyrie
..
fichier Wikimedia. Commons :
"En rouge : le cur de l'Assyrie avec les
principales villes assyriennes.
En orange : l'empire assyrien à son maximum
territorial sous le règne d'Assurbanipal (668-627 av. J.-C.)".
auteur : Zunkir
babylonie
Babylonie
Selon Bottéro (Mésopotamie),
"Babylonie
désigne couramment, depuis le milieu du IIe
millénaire, la
seule moitié méridionale du territoire mésopotamien.
L'Assyrie,
moitié
nord, quel qu'ait été son destin
politique ultérieur, à partir de cette
même époque avec
ses capitales successives: Assur*, Kalhu*
et Ninive, s'est
toujours trouvée culturellement en
dépendance de la Babylonie.
". J.Bottéro |
La littérature
babylonienne procède sans discontinuité de la
première littérature suméro-akkadienne
|
.
Il
est utopique de vouloir dater
précisément la plupart des tablettes d'argile,
d'autant plus que selon
Charles-F. Jean,op.
cit., page
précédente
[..]
"les Mésopotamiens déployèrent une
activité « scripturaire » très intense[...]
aussi, pour ne citer qu'un exemple, à Tello dont
les fouilles sont bien loin d'être terminées, a-t-on,
trouvé pour un intervalle d'une dizaine d'années
de règne, 30.000 tablettes environ. "
Jean, (1924), introduction |
Et selon Roux :
[..]
"On estime aujourd'hui à environ un million le nombre de tablettes ...
d'autres sont découvertes chaque année, ....
sous la forme
même
où ils ont été écrits et, par conséquent, d'une
authenticité incontestable.
" Roux, 1995 |
Parlant
des "pièces maîtresses de la littérature
sumérienne et akkadienne"
publiées , voici ce qu'en dit
Roux :
[..]
"ces poèmes, ces mythes et ces légendes
souffrent d'un inconvénient majeur : ce ne sont
jamais que des pièces
isolées d'un puzzle, ...qui ne
peuvent être pleinement compris et appréciés faute d'être localisés
sur l'échelle du temps .[..] " Roux,
op.cit. p14 |
|
Les textes de ces périodes sont pour beaucoup
des transcriptions de traditions orales
ancestrales
préhistoriques
(au sens d'avant l'Ecriture)
|
|
hlitt/G.Roux
NDLR: notons ici pour info que
selon Jean,
"[...]
....l'effort principal, sinon exclusif,
consistait à conserver les
souvenirs de l'antiquité; toute
uvre nouvelle ne sera guère que la répétition,
la réédition des idées
traditionnelles sur le monde ou sur la vie, ou
bien leur adaptation aux besoins du moment."
Jean |
La littérature babylonienne est
subdivisée par les spécialistes en 2 ou en 3, selon les
époques
Paléobabylonienne d'abord,
dite encore classique ou
"hammurabienne" car
plus ou moins centrée sur le règne d'Hammurabi
(v.- 1792-1750),
Compte tenu des problèmes de datation, c'est la littérature
akkadienne d'avant l'époque kassite....
On peut y classer tous les textes en akkadien
dès l'époque suméro-akkadienne.
Kassite et postkassite
(XVe s.-XIe s.
av. J.-C.)
Néobabylonienne
du Ier millénaire,
d'oeuvres dont certaines bilingues (sumérien/akkadien),
dont la langue sumérienne a évolué et peut
être remplacée par la langue populaire "emesal
", dite aussi "langue des
femmes"*
*(NDLR: entendez: "du
peuple", tout un programme de réflexion
!!!)
.
Notons
là une certaine confusion, car la
qualification de néobabylonienne peut
avoir été réservée, en littérature,
comme elle l'est en Histoire, à la
période babylonienne d'après la
chute de l'Assyrie. |
haut
|
Littérature babylonienne
classique
Selon l' encyclopédie
Larousse en ligne, : à cette époque
[...] les uvres
majeures de la littérature sumérienne, épique
ou hymnique, sont soit négligées, soit
remplacées.... par des versions
akkadiennes.[...] web
|
Exemple : Jean
" Le Déluge, d'après
la recension de Nippur
Nous avons actuellement au moins six
recensions assyro-babyloniennes du
déluge....
[..]
De la recension de Nippur nous avons un fragment
qui date, d'après
Hilprecht, de la dynastie d'Isin...
Elle
représente la plus
ancienne version
sémitique du déluge faite
sur un original sumérien [..]" Jean, 1924,
p24 |
Abondante donc, symbiotique
puis héritière de la sumérienne, la littérature
babylonienne classique est faite de genres divers.
pour résumer :
le tout
imprégné de la religiosité qui fait s'imbriquer l'une dans l'autre
les catégories réliées toutes par :
"[..] Le caractère
religieux .....
La plus aride quittance, le plus vulgaire contrat eux-mêmes sont
religieux : religieux en ce sens qu'ils étaient rédigés par des
clercs et
conservés aux archives du Temple
; religieux encore, parce que les noms propres qu'ils renferment ont toujours un
sens religieux.
Le sentiment religieux
pénétre plus encore la poésie lyrique, l'épopée,
la médecine, l'astronomie,
l'histoire. [..] Jean Introduction |
Jean relève en outre qu'il n'y a presque aucun
nom d'auteur
dans cette littérature.
Il met aussi l'accent
sur la relativité de nos classements chronologiques en
remarquant qu'un certain nombre d'écrits de l'époque
seront classés dans la littérature assyrienne,
uniquement par le fait qu'on les aura trouvés dans la célèbre
bibliothèque d'Assurbanipal... dans les ruines
de Ninive.
exemple : le poème du "Juste souffrant" :
[..] "
parce que nous n'en possédons jusqu'à présent
qu'une copie de la Bibliothèque d'Assurbannipal,
nous ne le citerons qu'aux temps Assyriens, afin
de ne pas avoir l'air de vieillir nos documents
sans raison suffisante ...[..] Jean p28 |
Nous faisons de
même avec "l'épopée de Gilgamesh" lorsque
nous nous référons à la version ninivite dans Bottéro, Gallimard,
1992 ...
La réflexion peut s'appliquer à un
grand nombre de pièces du "puzzle" .. dont les morceaux et versions
multiples ont traversé les siècles...
Il faudra
encore de nombreuses études pour les classer et replacer
dans leur contexte chronologique..(si possible)... et
même linguistique...car il n'est pas rare, par exemple,
que certaines oeuvres rédigées en akkadien, soient
attribuées, en l'état, au mérite des Sumériens.
où il
est question de chien
|
Littérature
divinatoire
Extraits de Mésopotamie
(op.cit.), Jean Bottéro:
"[...]
Ils étaient convaincus
que le monde ...dépendait
totalement de puissances
supérieures, ...
Ces dieux,... sur le modèle des
hommes ....Rien de ce que nous
ignorons, ... n'échappait à
leur connaissance et à leur
décision. Mais il leur était
loisible de le notifier à leur
gré aux hommes : c'est tout le sens
de la divination." Bottéro
(p198)
|
Cette communication des
dieux avec l'Homme passe par l'intermédiaire
du "barû",
"voyant" (medium) qui la
reçoit et l'interprête.
Pour répondre aux
questions possibles:
[..] les barû
constituèrent peu à peu des
Collections dans lesquelles ils
consignaient le plus possible de
phénomènes observés ou
observables, avec leur
signification,...
[..] De là vient que la
Littérature que nous appelons
"des Voyants" est
énorme. Jean p218 |
Exemples concernant le
chien
Présages tirés
des animaux, ...
|
Chiens.
- «
Si un chien
dans la maison de l'homme
éteint le feu
qui
y est, dans cette maison
il y aura révélation.
» - « Si un chien
blanc
sur un homme mingit,
cet
homme l'épreuve s'emparera
de lui
»
-Si
un chien
est de constitution
mâle et femelle,
ce pays prendra
de
l'extension (). -
« Si un
chien
entre dans un palais , se
couche
sur
un trône, ce palais sera
bouleversé . » _ « Si
un chien
blanc
entre
dans un temple, ce temple
son fondement sera stable
." -
Si
des
chiennes
mettent bas un être
humain, cette ville
exercera la domination,
la farine du pays sera
altérée. Jean
p227 |
Il
y a des choses bien plus
étranges encore à ce sujet.
Passons
....
Présages
tirés des naissances
|
"si
une femme enfante un
chien
le maître de la maison
mourra, et cette maison
sera détruite, le pays
perdra la raison, un dieu
ravagera." "si
une femme enfante, et que
l'enfant ait une tête
de chien,
la ville changera de
place; il y aura des
massacres dans le pays."
|
Jean p228-229
|
De nombreux
présages sont du domaine de l'oniromancie:
"valeur divinatoire des
songes" (Bottéro
op.cit. p197) relativement moins
importante selon cet auteur chez les
anciens Mésopotamiens que dans d'autres
civilisations mais tout de même bien
développée chez eux... comme on peut le
constater dans la littérature poétique..
et aussi par l'existence du
Traité
divinatoire "dZiqîqu,
dZiqîqu" :
[..]
Cette
uvre, intitulée
comme c'était la coutume
par son incipit: ^Ziqîqu,
^Ziqîqu,
«Ô dieu-des-songes ! ô dieu-des-songes...
», devait dans son intégralité
comporter onze tablettes
... [..]
extrait...:
|
"
Si (un
homme rêve qu'il mange)
de la
viande
de chien
: attaque;
désir non atteint.
Si....
de blaireau
(?) (en
akkadien:
chien-mortier) :
attaque.
|
Bottéro p 214-215
|
N.D.L.R.
noter particulièrement l'appellation
du blaireau composée à partir
de celle du chien.....Nous
retrouverons le même système
dans une autre littérature...
|
|
Genre poétique
Poème
de la Création : Enuma
éli
Selon Jean :
"
Voici un poème d'un
millier de lignes en sept
sections
écrites sur sept
tablettes qui
exerça une particulière
influence sur l'activité
intellectuelle des Babyloniens et
des Assyriens. Il fut lu et relu,
copié, recopié, commenté,
donné comme thème d'exercices
aux écoliers, utilisé dans la
littérature religieuse "
[..] copié au
7eme siècle avant J.C. pour la Bibliothèque
d'Assurbanipal, à
Ninive; mais ce n'est pas à
cette époque qu'il fut composé,
car, tel qu'il se présente à
nous, il a manifestement pour but
de glorifier, non pas le dieu de
Ninive, Asur, mais Marduck, le
dieu particulier de Babylone.Il
est donc bien clair que les
scribes ninivites firent
simplement des copies de vieilles
tablettes babyloniennes.
[..] composé de quatre
morceaux bien
distincts qui durent
exister*
d'abord séparément, ...note * Quelques-uns
certainement; les autres,
probablement
note(2) *
" On
l'appelle aussi Enuma
éli parce
qu'il commence par ces deux mots....
"
Jean, op. cit. p92-95
|
déchiffré
premièrement en 1902 par L.W.
King
Telle que nous est
présentée la copie ninivite,
[..] Notre
poème a pour but de justifier la
prétention de Marduck à
la première place parmi les
dieux et de son temple à la
primauté sur les autres temples
.
[..] L'hymne à Marduck, sorte d'éloge
ou de litanie de ses cinquante
attributs, a été incorporé
comme une conclusion naturelle du
poème à laquelle on ajouta un
épilogue..." Jean p94-95 |
D'autres auteurs
présentent cet hymne comme n'étant
probablement pas antérieur à la fin du
2eme millénaire (après l'époque
kassite), ce qui n'est pas en accord avec
la thèse ci-dessus.
___________
"[..]
Nous
sommes à l'origine des choses ;
rien n'existe encore, pas même
les dieux. Dans ce néant
apparaissent les principes
cosmiques : Apsu
(= l'Océan)* et Tiamat
(=la Mer) d'où sortent tous les
êtres, y compris les dieux :... d'abord Mummu,
le premier-né...:
c'est la triade
primitive
Les dieux se multiplient;
alors - débuts de l'Histoire
mythologique - ils commencent à
se mutiner et à troubler la
triade primitive....
|
34.
ils échangèrent des
vues au sujet des dieux
leurs enfants |
Apsu
et Mummu
doivent commencer l'attaque; mais
le sage Ea
triomphe, grâce à ses opérations
magiques.
Tiamat
en fureur veut venger les vaincus
:
|
121.
Elle fit surgir les
serpents, les monstrueux
reptiles et les Lahamu,
122.
les
monstres-tempêtes,
les
chiens furieux,
les
hommes-scorpions.
126. En tout onze
monstres de cette sorte
elle créa . |
Jean p 97
|
Commentaire
les
termes de la tablette
akkadienne ont été
traduits diversement:
exemples:
En anglais, selon King :
"raging
hounds",
et selon Timothy
J. Stephany, "Enuma
elish", 2013,
de
même que selon Dennis
Bratcher (d'après
www.
arapao.org): "mad
dog"
En français, selon
Jean (reprenant
la traduction de P.
Dhorme, Jean
p96, note 1) : chiens
furieux
selon Bottero/Kramer
dans «Lorsque les dieux
faisaient lhomme»,
éd.1993, d'après
www.
arapao.org :
des
Molosses-enragés
.
Notons que ces deux
traductions en français
expriment deux
états
très différents que
peut présenter le chien
en
effet, |
un
chien
sain
peut être menaçant,
agressif voire mordant (le
plus souvent par auto
défense préventive)
mais un chien
enragé s'entend
d'un chien atteint de la
rage, qui est l'encéphalopathie
virale que l'on
sait.
Dans la
rage furieuse, qui
s'oppose à la rage
paralytique, le chien
bave, fuit l'eau et
attaque n'importe qui
inconsidérément
On comprend qu'il
soit alors assimilable à
un monstre
d'autant plus redoutable
dans les faits que sa
morsure transmet cette
effroyable maladie.. |
Le webmaster d'arapao.org
propose quant à
lui : Chien-Fou
alors
qu'on trouve sur le site
leveildenout.canalblog.com
:
Uridimmu (ou
chien
écumant et terrifiant),
ce qui renvoie bien l'image
du
chien atteint de rage..."furieuse"
le
contexte de la fureur de
Tiamat plaide bien en
faveur de cette
interprétation
B.Q.
2014
|
|
|
poème d'Atrahasis (le
Supersage)
ou
poème "de
la Création et du Déluge"
note "(1)
publié par Arno
Poebel .....Philadelphie
1914 . " " Une
tablette originaire de Nippur,
divisée en six colonnes,
fragmentaires, qui peut remonter
à la deuxième moitié de la
dynastie babylonienne, contient
un poème sumérien qui, au point
de vue de la forme... ressemble
aux compositions les plus
reculées......." Jean p105
|
En gros:
Les deux premières parties traitent de
la création de l'Homme
pour remplacer les Igigi ("en grève"(ndlr)", puis de
sa destruction quand il
devient envahissant par sa prolificité.....
Atrahasis déjoue
plusieurs de leurs plans...jusqu'à ce qu'Ellil
décide du Déluge... et
que, prévenu en songe par Ea, le héros
imagine de sauver une partie de la
création grâce au fameux bateau...
Il n'est pas précisément question de
chiens, sauf qu'on peut sans doute
compter ceux-ci au nombre des passagers
de toutes espèces.
Mais, il
est fait allusion à eux dans la Tablette
III qui décrit le
cataclysme et dit que même les
dieux en sont si impressionnés
qu'ils se réfugient au plus haut
des cieux d'Anu
où ils
se pelotonnent en tremblant comme
des chiens
|
Voici la
traduction en anglais de ce
passage par Timothy J.
Stephany dans
Enuma Elish, Createdspace, USA,
2013, p100 et 101
|
[...]
"Even the gods were alarmed
by the full force of the flood
They retreated to the safety of
the highest heaven of Anu
Where they cowered
like dogs from
the crash of the deluge"...Stephany 2013 |
Cette phrase se
retrouve textuellement dans l'épopée de
Gilgames
|
Epopée de
Gilgamesh écrit :
par les deux
auteurs cités transcriptions/page
précédente
[...]"
Gilgames, dont le nom est encore
inexpliqué (4), réalise
tous les exploits que rêvait l'imagination
des peuples antiques....
Note (4)
On lisait autrefois Izdubar
les signes (AN)
IZ-TU-BAR.
Un Syllabaire (Bab.
and Or. Rec. IV, 264)
donne la lecture (ilu) Gi-il-ga-mes
qui est une abréviation de Gi-bil-aga-mis
et Gi(s)-bil-ga-mis. On trouve (CT
XII, PI. 50 = K. 4359,1.17)
l'équation Gis-hi-mas-si = Gis-bil-ga-[mes].
Dans nos deux fragments, nous
avons AN-GIS
ou (îlu) Gis.
Ce sont là des variantes du nom
de notre héros qu'on lit
explicitement Gilgames
dans une inscription de Sin-gâmil
d'Uruk, un peu avant Hammurabi (tablette
B, 1. 6, dans ISA, p. 317).." Jean, 1924, p108 |
Pour cette époque
hammurabienne, Jean cite p109 les
fragments suivants: Tablette de
Pennsylvanie, Tablette de Yale, et le
Fragment Meissner, qui seront insérés
par Jean
Bottero dans son ouvrage:
L'Epopée
de Gilgames,
Le
grand homme qui ne voulait pas mourir,
Gallimard, 1992
La
version la plus complète qui
fait l'objet de l'ouvrage de Bottéro, a été
retrouvée dans la bibliothèque d'Assurbanipal
et c'est pourquoi elle est qualifiée de "ninivite"
"[..]
état sous lequel nous
connaissons le mieux cette oeuvre...Des
fragments plus anciens... donnent
à croire qu'il a dû exister une
(ou plusieurs?) version(s) ou
édition(s)
paléo-babylonienne(s)
de l'oeuvre.
Plus tard, l'on a ajouté à l'ensemble,
en une "XIIème
tablette", la traduction
akkadienne d'une des légendes en
sumérien: "Gilgames,
Enkidu et l'Enfer"....."
Bottéro, Mésopotamie
(op.cit. ) p 532, Lexique
sommaire |
___
"[..] LE
HÉROS : GILGAMES
Son nom, vraisemblablement
sumérien et qui, en cette langue,
devrait s'être articulé Bilga.mes, est
composé d'éléments répandus
dans l'onomastique locale
antérieure à la moitié du IIIe
millénaire.....
"[..] L'Épopée présente
ce Gilgamesh comme « roi
d'Uruk», ... ( Erek)
"[..] la Liste
sumérienne des rois, ....donne
donc Gilgames pour le cinquième
souverain de la première
dynastie qui aurait détenu l'autorité
à Uruk, après le Déluge,...."
Bottéro, l'Epopée
p22 |
___
[..]...
propagée avant tout par la voie
orale...sa légende
héroïque n'a dû cesser ...de s'enrichir
et de se compliquer avec le temps.
Nous n'avons pas les moyens
d'en contrôler le développement
avant la fin du IIIe millénaire
[..]...IIIe dynastie d'Ur.
Ses souverains,.... avaient
pour Gilgames un grand faible
déclaré : ils
le prenaient explicitement pour
modèle et protecteur... le roi Sulgi
(2094 -2047), rappelle
même, dans une sorte
d'hymne, les succès
militaires de Gilgames
...."Bottéro, l'Epopée,
p26 |
Du
début du IIeme millénaire
nous avons au moins cinq poèmes sur le
sujet
"[..]
Mais il y a gros à parier que
la plupart avaient vu le jour
plus tôt : au temps du royaume d'Ur,
sinon plus anciennement encore. C'est
le cas d'un certain nombre
de pièces qui ont Gilgames pour
héros, et qui tirent parti de
son copieux folklore." Bottéro,
l'Epopée
p27 |
Selon Bottéro
p 126: Tablette
VI: du Taureau céleste:
après que le héros
soit revenu à Uruk, Istar
tombe amoureuse de lui ; celui-ci
l'éconduit et cite tous les maux
qu'elle a fait endurer à ceux
qui se sont laissés séduire:
en particulier :
Le
Pâtre |
"Tu
as aimé le Pâtre,
Le
Berger-chef^
[Qui]
te préparait assidûment
Galettes
(cuites) sous la cendre,
Et
[chaque jour
Te
sacrifiait ses (? che)
vrettes,
(Puis,
tout à coup,) tu l'as
frappé
Et
changé en loup,
Si
bien que ses propres
valets
Le
pourchassent,
Et
que ses chiens
Lui entament l'arrière-train
! " |
|
p 191 Tablette
XI: L'échec
et le retour à la vie ordinaire
Réaction
des dieux |
"Les
dieux
Etaient épouvantés par
ce Déluge :
Prenant la fuite,
Ils grimpèrent jusqu'au
plus haut du ciel ,
Où,
tels des chiens, ils
demeuraient pelotonnés
Et accroupis au sol....." |
|
|
Selon Jean op.cité
p179:
[..]"D'un
poème de Gilgames,
rythmé, en douze
tablettes, ....nous avons
plusieurs exemplaires (2)
(2)
Toutes sont en écriture
assyrienne, sauf..."
Jean |
p181
[..]"II.-
ENKIDU maudit la
courtisane d'Erek. Elle
est seule punie; vêtue
d'une peau de chien,
elle doit errer dans la
campagne....." Jean |
|
Selon Bottéro
p263
[..]"
Tablette d'Ur
puis
la Courtisane |
10 |
Quand
il eut mau[dit] le Cha[ss]eur
(Tout) son (soûl],
Lui [vint env]ie de [mau]dire
aussi
La Courtisane |
|
C'est
la seule allusion que l'on trouve
dans l'Epopée Bottéro à une
malédiction de la Courtisane
|
..
|
Le
dialogue pessimiste Intéressante
pièce littéraire faisant l'objet de
discussions multiples des spécialistes (voir
wikipedia): à coup sûr, à la fois mal
nommée et mal classée...
Dans Bottéro op.cit.
III
Chasse |
Esclave,
à mes ordres!
Voilà,
maître, voilà!
En
route! Va me quérir et m'atteler
le char:
je
pars chasser!
Vas-y, maître, vas-y?
Le
chasseur a de quoi
s'emplir
la panse!
Le
chien courant brise les
os
(de la proie)! |
Le
[corbe]au [...]
Eh
bien, non, esclave,
je
ne [pars} point
chasser!
N'y
va pas, maître, n'y
v[a
pa]s
Le
destin du chasseur est
versatile!
Le
chien courant (finit par)
se
bris[er les de]nts! |
[...]
|
~
VIII
Culte |
[...] 55
[...)
Eh
bien, non, esclave,
je
ne veux pas faire de
sacrifice
à mon dieu!
N'en fais pas, maître,
n'en
fais pas!
60
Tu
habituerais ton dieu à
te
suivre comme un,
chien,
|
Te
réclamant «Mon
culte!-»
ou «Ne me
consultes-tu
pas ? » ou
n'importe
quoi d'autre!
[...]
|
Bottéro, p 459-462
|
Commentaire
Noter
particulièrement
le choix du traducteur en
français de traduire "hunting
dog"
de la transcription
anglaise par
"chien courant" cf
le site gatewaystobabylon.com
By
Lishtar
|
The
hunting dog will break
the bones of the prey! |
.
|
|
|
|
haut
Littérature
des époques kassite et postkassite (XVe s.-XIe s.
av. J.-C.)
Selon l'
Encyclopédie Larousse (en ligne)
[..] L'époque
kassite et postkassite (XVe s.-XIe s.
av. J.-C.) est la seconde et
dernière grande période de
création dans l'histoire de la
littérature babylonienne, et cela
malgré des conditions politiques et économiques
moins brillantes qu'à l'époque
paléobabylonienne.
L'activité scribale est alors caractérisée par
le souci de préserver l'héritage acquis et de
maintenir vivante la tradition. Cela conduit à
fixer définitivement, en des « versions
canoniques », le texte des créations
antérieures...encyclopédie Larousse en
ligne |
On ne peut
pas parler de littérature kassite car, comme le souligne sur le web (www.clio.fr) Dominique Charpin,
"[..] Les
Kassites ou l'histoire d'une acculturation
réussie...."...
....une lettre parle de leur interprète, ce qui
montre qu'ils n'étaient pas capables de parler
le babylonien...." Charpin, |
Et selon Roux,
"[...]
Contrairement aux Hurrites, ils n'ont rien écrit
dans leur propre langue ....
[..] Les
Kassites sont apparus pour la première fois en
Mésopotamie à l'époque babylonienne ancienne
sous forme d'individus isolés ou en groupes,
puis de tribus appelées « maisons » (en akkadien
bîtâtum) de tel
ou tel chef. Les plus anciennes références
datent d'environ -1800.... Roux p
287 |
Les lettres d'El-Amarna
" [...] Ces
documents sont d'une importance capitale ...
Elles nous font constater ... qu'au 14e
siècle av. J.-C. , le babylonien
était la langue officielle pour la
correspondance ...." Jean p
139 |
Le koudourrou
" [...] Les
kudurru sont des duplicata de titres de
propriété....
On connaît deux sortes de Kudurru: les uns sont
des pierres dures roulées ou galets ovoïdes, et
les autres des stèles taillées...
...Tous les
kudurru connus jusqu'à ce jour sont de
provenance babylonienne." Jean, 1924, p
150 |
.
Kudurru de Méli-Shipak (-1188-1174)
Lo
description détaillée
sur
www.ezida.com
|
Kudurru de l'époque de
Nabu-Mukin-Apli (-945) BM
|
Littérature
akkadienne néobabylonienne
Selon Jean :
[..]
.." L'activité littéraire fut grande, en
particulier sous Nabuchodonosor, le véritable
fondateur de l'empire néo-babylonien, et aussi
sous Nabû-na'id. A cette époque, les textes
historiques, les textes religieux et les textes
astronomiques sont ceux qui méritent le plus de
fixer l'attention.Jean Introduction
pXVII |
On change alors d'époque,
puisqu'on compte dans cette littérature tous les
textes provenant de Babylonie jusque sous les
rois perses, Cyrus, Cambyse, Artaxerxès I et
DariusII... là commence une autre histoire et on
peut par conséquent exclure ce paragraphe de la
présente page .
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Assyrie
Selon Jean:
[...].."quand les
Assyriens feront parler d'eux, les
Babyloniens auront, depuis longtemps, atteint leur apogée; leur
littérature sera largement répandue dans tout l'Orient,
les scribes d'Assur n'y ajouteront
à peu près rien : ils ne feront guère qu'imiter
ou même copier
textuellement." .... Jean
intro pXIV |
Selon l'encyclopédie
Larousse en ligne :
[...].."Il est pourtant
un domaine dans lequel les Assyriens
développèrent, sinon inventèrent, une
tradition nationale, celui de la littérature
historique. Certes, les Babyloniens
eurent aussi la curiosité de lhistoire, et
cest chez eux, mais à lextrême fin
de leur civilisation, que lon trouve, dans
de grandes Chroniques, ce qui, en Mésopotamie
ancienne, se rapproche le plus de notre
conception de lhistoire. Mais, auparavant,
ils navaient guère produit que des
documents historiographiques, des histoires
édifiantes et de brèves séries discontinues dévénements
marquants. De
bonne heure, au contraire, la tradition
assyrienne débuta par des textes commémoratifs
de construction de temples ou de palais, dans
lesquels les rois en vinrent à mentionner leur
activité guerrière. ...
Ce genre trouva son apogée dans les inscriptions
officielles, annales, fastes, histoires
militaires ou lettres à Dieu des grands
conquérants de la dynastie des Sargonides....
" Encyclopérie Larousse en
ligne
|
Bien
qu'ils aient été précédés dans l'édition des
inscriptions commémoratives par les suméro-akkadiens,
les Assyriens se sont donc fait une réputation dans le
genre littéraire historique.
Si l'on veut consulter un échantillon des fameuses
Annales de ces rois eporedo\hteantiq\hac3.htm et p. suivantes
Roux en dira que :
" [...] Ce
sont des textes de ce genre qui ont donné aux
Assyriens une épouvantable réputation. Certains
historiens de la vieille époque en ont été
profondément offusqués et l'un d'entre eux n'hésita
pas, en 1906, à terminer une longue diatribe en
disant : «II faut feuilleter l'histoire entière
du monde pour trouver ça et là, dans les
époques les plus troublées, des crimes publics
dont l'odieux soit comparable aux horreurs
commises journellement par les Ninivites au nom
de leur dieu. »
Depuis, bien d'autres textes sont sortis du sol,
qui nous montrent les Assyriens sous un jour
beaucoup plus nuancé, et avec tout ce que nous
avons vu et voyons encore dans notre siècle dit
« civilisé », il nous est difficile de nous
ériger en juges...." Roux p335 |
Mais pour
le reste
Selon Jean
[...].." Le siècle qui
voit le déclin de l'Assyrie est marqué par une
vie littéraire très intense, mais l'Assyrie
ne crée rien : l'unique but du travail
intellectuel est de recueillir les données de la
tradition, aussi se borne-t-on à revivre la vie
intellectuelle du passé, c'est-à-dire,
en réalité, la vie babylonienne.
".Jean intro
pXVI [...].."Sargon,
Sennacherib, Asaraddon de 728 à 668
avaient déjà
constitué dans la capitale assyrienne (*) une sorte de « Bibliothèque
» ; mais Asurbanipal donna de
tels développements
à cette institution qu'il peut en être appelé le fondateur."
(*) Exactement à
Kuyundjik . p162
[...].."Les scribes
tantôt copiaient textuellement leurs documents, tantôt y
ajoutaient une traduction, des notes explicatives en assyrien
à tel texte suméro-akkadien; des «
épigraphes », c'est-à-dire de petites
inscriptions sur tablette d'argile
destinées aux sculpteurs ou autres artistes qui devaient les graver
sur les bas-reliefs, les statues, les chars, etc. ;" Jean
p163
|
.
La dernière phrase de la
citation ci-dessus introduit un aspect de l'Ecrit
assyrien qui nous intéresse
spécialement,
à savoir les inscriptions sur les statuettes des
chiens sous Assurbanipal :
D'après Fernando
Casolino et Stefano Gandolfi, Il
Cane corso, Gruppo Ugo Mursia éditeur :
"[...]
Statuette di terracotta, raffiguranti
molossi in atteggiamento minaccioso,
venivano utilizzate per tenere lontani
dalle case gli spiriri maligni. Esse
venivano disposte davanti all'uscio, in
genere, nel numero di cinque per parte e
recavano scritto sulla parte sinistra il
nome del soggetto che esprimeva la forza
ed il carattere dell'animale, quali:
"Non esitare, lavora ganascia";
"Conquistatore del nemico";
"Azzanna gli oppositori";
«Eliminatore dei vigliacchi";
"Forte abbaiatore»; « L'acquirente
urlante».[...] " |
Sans connaître
particulièrement l'italien nous pensons
comprendre que ces statuettes, représentant des
molosses en attitude menaçante, étaient
utilisées pour écarter de la maison les esprits
malins, en étant disposées par cinq face à la
porte d'entrée,
elles
portent inscrit sur le côté gauche le nom du
sujet évoquant sa force et son caractère
tels que ""actif de la mâchoire (ou
dent), sans hésitation", "tombeur de l'ennemi
(ou du nuisible?), "mordeur ("agrafeur")
d'adversaires",
"liquideur de lâches", "gros
aboyeur" ou "aboyeur à voix forte",
"chien de prise hurlant"...
(avec mélange de langues et notions
cynégétiques hispano-portugaises et françaises
on pourraît dire, pour le dernier nom cité :
"fila" et "hurleur")
|
haut
Post
Scriptum :
en
Digressions
En
cherchant des références au chien nous avons
"survolé" l'Histoire (littéraire) de
ces époques anciennes et trouvé bien d'autres
sujets ... intéressants
Tels que:
Selon Jean,
op. cit.:
Les
canaux de l'eden (*).
Vers 1250 av.J.-C.,
on signale 138 canaux creusés à travers l'eden
ou plaine luxuriante de Nippur. Autant
qu'on peut en juger, le Nâr-essuti
était un canal principal dont d'autres canaux
moins importants dérivaient les eaux
dans les cantons qui sont
nommés dans le fragment de tablette qui
nous est conservé.(*) Texte
dans L.LEGRAIN, Historical
Fragments, petit in-4° ,
Philadelphia, 1922, n°78, Pl.
XXX
Jean, p160
|
Selon
Werner Keller, La
Bible arrachée aux sables, Le
Livre Contemporain - Amiot-Dumont, 1956
Extrait: Chapitre
III, texte intégral
LES
TRACES DU DÉLUGE
|
Et le
Seigneur dit à Noé: « Entre
dans l'arche, toi et toute
ta maison... »
Car dans sept jours je ferai
pleuvoir sur la terre,
pendant quarante jours et quarante
nuits, et j'exterminerai de la
surface de. la terre tous les
êtres que j'ai créés.
Et, au bout de sept jours, les
eaux du déluge se
répandirent sur la terre (Genèse,VII,
1,4, 10). |
Le
mot déluge évoque en notre esprit le
souvenir de la merveilleuse
histoire de l'Arche de Noé qui, au fur
et à mesure
de l'expansion du christianisme, s'est
imposée dans le
monde entier. Toutefois, si cette
relation du déluge est la
plus connue, cela ne veut pas dire qu'elle
soit la seule.
Chez des peuples
de différentes races, il existe diverses
traditions qui font état d'une
inondation colossale. C'est ainsi que les Grecs
se sont transmis l'histoire de Deucalion
; chez les populations
du continent américain, diverses
légendes, qui avaient
cours bien avant le voyage de Christophe
Colomb, conservaient
le souvenir d'une catastrophe du même
genre ; de même
en Australie, aux Indes, en Polynésie,
au Tibet, au Cachemire
et en Lituanie, le souvenir d'une sorte
de déluge s'est
perpétué jusqu'à nos jours. Est-il
possible, qu'il s'agisse uniquement
de légendes sans fondement, de récits
purement inventés
?
On est amené à supposer que toutes ces
traditions ont leur origine
dans un même cataclysme mondial, qui se
serait
produit, à une
époque, où la terre était déjà
habitée par des êtres doués d'intelligence
et capables de se rendre compte de l'événement,
et dont certains, ayant survécu,
auraient ainsi pu
en transmettre le souvenir aux
générations suivantes.
Les géologues ont cru pouvoir expliquer
le mystère en faisant état des
alternatives de périodes froides et de
périodes chaudes de l'évolution
de notre globe. A quatre reprises, le
niveau
des mers s'éleva
considérablement à la suite de la fonte
progressive de la croûte glaciaire qui
recouvrait les continents et qui
atteignait par endroits une épaisseur de
plusieurs milliers
de mètres. Les masses d'eau ainsi
libérées modifiaient considérablement
l'aspect de la planète et envahissaient
les régions
côtières basses et certaines vallées
en y détruisant tout,
hommes, bêtes et végétation. Cependant,
tous les essais d'explication
restaient du domaine de l'hypothèse. De
telles
spéculations ne
sauraient satisfaire les historiens, qui
ont l'habitude d'exiger en toutes
circonstances des preuves matérielles.
En l'occurrence,
il n'y en avait aucune, car aucun savant, quelle
que fût sa discipline, n'avait pu en
découvrir. La situation
en resta là jusqu'au jour où le hasard
à l'occasion de
recherches qui avaient un tout autre but
permit à des archéologues
de donner une preuve absolument formelle
du déluge.
Et cela se passa en un lieu que nous
connaissons déjà : au cours
des fouilles d'Ur !
Depuis six ans, la mission anglo-américaine
était occupée aux fouilles
du Tell al-Muqaiyar qui, entre-temps,
avait pris l'aspect
d'un énorme chantier. On y remuait des
tonnes de sable, et
celui-ci était soigneusement examiné et
trié ; des déchets
vieux de plusieurs milliers d'années
étaient manipulés comme le
minerai le plus précieux. Le travail
assidu de six saisons
avait déjà donné de notables
résultats. Aux temples sumériens
avec 'leurs entrepôts, leurs
manufactures et leurs tribunaux,
aux demeures de patriciens, avaient
succédé, entre
1926 et 1928, des découvertes d'une,
richesse telle que tout ce
qui avait été fait auparavant se trouva
éclipsé.
Il s'agissait des sépultures
royales d'Ur : Woolley
avait ainsi baptisé
les tombes des notables sumériens,
découvertes dans une butte
de quinze mètres de haut située au sud
des temples et dont
la richesse et la magnificence étaient
au vrai sens du mot
royales. Les caveaux ressemblaient à de
véritables trésors, bourrés
qu'ils étaient de tout ce qu'Ur
possédait de plus précieux : des coupes
et des gobelets en or, des vases aux
formes
merveilleuses, de
la vaisselle de bronze, des bas-reliefs
en mosaïque
de nacre, de lapis-lazuli et d'argent
voisinaient avec la
poussière des morts. Des harpes et des
lyres étaient appuyées
aux murs. Un jeune homme, « héros du
pays de Dieu »
à en croire une inscription, portait un
casque d'or. Un peigne, d'or enrichi de
lapis-lazuli ornait la chevelure de la belle
Sumérienne Shub-ad " Lady
Shud-ad ", comme l'appellent les
Anglais. Même les fameuses chambres
funéraires de
Nefertiti et de Toutankhamon n'étaient
pas plus riches : notons à
ce propos que les célèbres "sépultures
royales d'Ur " leur sont
antérieures de plus de mille ans.
Les puits
devenaient de plus en plus profonds et,
au fur et à mesure
de l'avancement des forages, de nouvelles
couches de
dépôts contenant des débris de vases
divers étaient découvertes. Chose
curieuse, les archéologues constatèrent
que les objets en
céramique restaient toujours identiques
à ceux qui avaient
été trouvés dans les « sépultures
royales ». On pouvait en
déduire que, durant des siècles, la
civilisation sumérienne n'avait
pas subi de changements notables : elle
semblait avoir
connu très tôt un degré fort élevé
de développement.
Lorsque, après des jours et des jours d'efforts,
des ouvriers vinrent
annoncer à Woolley qu'ils avaient
atteint une couche de
terrain vierge, il alla se
rendre compte de la chose par lui-même
et constata que ses hommes avaient raison
; subitement, il n'y avait plus aucune
trace du passage de l'homme dans la
terre : quelques objets encore, des
traces d'incendie, puis plus
rien. «Enfin», pensa d'abord Woolley.
Puis il examina soigneusement la nouvelle
couche de terrain et s'aperçut qu'il s'agissait
d'argile, identique, à celle de
certaines a!luvions. Ne comprenant pas
comment ce phénomène avait pu se
produire, l'archéologue chercha une
explication et pensa qu'il
devait s'agir de dépôts laissés par l'Euphrate,
puisque le delta du
fleuve empiétait déjà sur le golfe
Persique, comme il le fait
encore de nos jours en progressant de
vingt-cinq mètres par an.
Du temps de la première apogée d'Ur, l'Euphrate passait
si près de la ville que la tour en
gradins se reflétait dans ses
eaux. Du haut du sanctuaire, on
apercevait, le golfe : c'est
donc sur les alluvions argileuses du
delta qu'avait du se faire
le premier établissement humain.
A la suite de
mesures et de calculs très précis,
Woolley fut
amené à tirer de cette découverte des
conclusions tout à fait
différentes de celles qui s'étaient d'abord
imposées à son esprit.
« Je constatai que nous étions à un
niveau beaucoup trop
élevé par rapport à celui de l'eau du
fleuve pour qu'il ait pu s'agir
de l'île sur laquelle la première
agglomération fut
établie », raisonna le savant. Par
conséquent, il ne pouvait plus
être question d'alluvions laissées par
l'Euphrate. Mais alors, de
quoi s'agissait-il ? Aucun des
collaborateurs de Woolley ne sut trouver
une explication plausible. On décida
donc de
continuer à creuser. Impatient, l'archéologue
assista aux travaux.
La terre ramenée à la surface était
soigneusement visitée
: on n'y trouva rien. Le puits s'enfonça
de plus en plus, un mètre,
deux mètres... toujours rien. Après trois
mètres environ,
la couche argileuse s'interrompit aussi
subitement qu'elle avait commencé. Les
savants se demandèrent alors ce que, la
suite allait leur réserver.
Le puits
révélant la couche de terre alluviale
qui fournit une preuve du déluge.
1. Sépultures
royales; 2. Poteries faites au tour; 3.
Couche alluviale (3 m.) ; 4. Poteries
faites à la main.
Les premiers
échantillons de terre remontée
fournirent la réponse à leur question.
Ils n'en croyaient pas leurs yeux.
Là où ils s'attendaient
à trouver de la terre vierge, ils
déterrèrent de nouveau des débris
parmi lesquels se trouvaient des
fragments d'objets en céramique. Donc, au-dessous
d'une couche alluviale, de près
de trois mètres, on retombait sur de nouveaux
vestiges d'établissement humain.
Toutefois, la céramique avait totalement
changé d'aspect. Les vases découverts
au-dessus de la couche argileuse avaient
manifestement été produits sur des
tours à potier, alors que ceux qui se
trouvaient au-dessous avaient été
façonnés à la main. D'autre part,
malgré les recherches les plus
méticuleuses, aucun objet métallique ne
put être découvert. Les outils qui se
trouvaient dans la nouvelle couche
étaient faits de silex taillés. Il s'agissait
donc de vestiges datant de l'âge
de pierre.
C'est alors que le
monde reçut un télégramme sensationnel
: « Nous avons découvert des traces du
déluge... » Les journaux anglais et
américains consacrèrent à l'événement
des titres impressionnants.
En effet, le
déluge fournissait la seule explication
plausible de la présence dans le sous-sol
d'Ur d'une couche argileuse séparant
nettement les vestiges de deux époques
différentes de la
civilisation. D'ailleurs, des restes de
petits animaux marins
confirmèrent l'origine marine
des alluvions.
Woolley n'eut
plus qu'une idée : trouver aussi vite
que possible des preuves
supplémentaires pour étayer son
hypothèse. Donc, à trois
cents mètres du premier puits, il en fit
creuser un second ;
le profil était le même : débris de
vases, argile, nouveaux débris, mais de
vases façonnés à la main. Pour
éliminer tout
sujet de doute, un troisième forage fut
entrepris, cette fois en
un point où l'agglomération se dressait
sur une colline naturelle
; le nouvel endroit était donc situé
beaucoup plus haut par
rapport à la couche d'alluvions. Comme
Woolley l'avait
supposé, on ne trouvait plus de débris
de vases faits au tour
à la même profondeur que dans les
autres puits, mais les
vases faits à la main y venaient
immédiatement après,
sans couche argileuse intermédiaire, ce
qui est naturel.
« A seize pieds (cinq
mètres) environ au-dessous d'un pavé de brique,
nota Woolley, dont nous pouvons faire
remonter l'origine
a 2700 av. J.-C. environ, nous étions
parvenus aux ruines de
l'Ur d'avant le déluge. »
Restait à établir l'étendue de la
couche alluviale et, partant, la
superficie du territoire atteint par la
catastrophe.
On rechercha alors
minutieusement les traces laissées par
le déluge dans diverses villes de la
Mésopotamis méridionale.
Territoires atteints par le raz de marée
monstre en Mésopotamie
Près de Kisch, au nord-est de Babylone,
au point où l'Euphrate et le Tigre se
rapprochent, d'autres archéologues découvrirent
un indice important : ils rencontrèrent
également une couche d'alluvions, mais
elle n'avait que cinquante centimètres
environ. Des sondages permirent de
déterminer peu à
peu les limites de l'action du cataclysme.
D'après Woolley,
le territoire aurait 630 kilomètres de
long sur 160 de large,
partant du golfe Persique en direction
nord-ouest. Un examen de
la carte nous fait penser qu'il s'est agi
d'un événement purement local
pour employer le jargon actuel mais,
pour les habitants de ce pays, il
concernait l'ensemble de leur
monde à eux.
A la suite de
recherches et d'essais d'interprétation
multiples qui n'avaient rien donné de
concluant, on avait abandonné l'idée de
déchiffrer le mystère du déluge qui
semblait remonter
à de sombres époques préhistoriques
que l'homme n'avait
aucune chance d'étudier jamais. Et
voilà que le travail acharné
de Woolley et de ses hommes donnait des
résultats valables
aussi bien pour les savants que, pour le
grand public : il était établi qu'un
formidable cataclysme, rappelant le
déluge de la
Bible souvent considère comme une
légende par les sceptiques,
avait effectivement eu lieu et, de plus,
au cours d'une
période que l'histoire était à même d'étudier.
Au pied de la
vieille tour en gradins des Sumériens à
Ur, sur le
bas cours de l'Euphrate, on pouvait
visiter un puits étroit
et contempler et même toucher la couche
de près de trois
mètres d'alluvions laissée par une
colossale inondation.
Et, d'après l'ancienneté
des couches de débris laissés par l'homme,
on peut affirmer que cela se passait vers
4000 av. J.-C.
!
Keller, 1956
traduction M.Muller-Strauss
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