scène de
chasse en char,
royaume de Milid (Malatya) vers -1000
Musée du Louvre
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Les peuples
aryens et leurs chevaux en Asie Mineure et en
Grèce (chapIV,§4)
Quoique
les peuples aryens ne soient arrivés en Asie
Mineure qu'après la conquête de la Médie et de
l'Arménie, l'histoire hippique de ces deux
dernières contrées sera mieux à sa place dans
le chapitre V, § 3 et 4; et nous aborderons tout
de suite les histoires de l'Asie Mineure et de la
Grèce, qui ont entre elles d'intimes liaisons.
« Les
Touraniens de l'Asie Mineure, comme les
Touraniens des bords de l'Euphrate et de
l'Iran, succombèrent sous les attaques
simultanées des Aryens et des Sémites.....
La plupart des mots qui nous restent des
langues anciennes de l'Asie Mineure se
rattachent à la souche aryenne; les
mythes et la religion des peuples sont
apparentés de plus près aux mythes de
la Grèce qu'aux religions sémitiques.......[....]
Les Aryens d'Asie Mineure appartiennent
tous à une même famille dont le domaine
s'étendit du massif de l'Arménie au
Tauros et à la mer de l'Archipel.
Le gros de la nation se concentra sur la
partie occidentale du plateau, ........
pays, auquel on donna le nom de Phrygie,...
bientôt le siège d'un royaume puissant
et d'une race laborieuse. La langue
phrygienne est apparentée au grec
.[....]
Séparés de la mer par des peuples de la
même famille, les Phrygiens s'isolèrent
bientôt et donnèrent à leur
civilisation un tour particulier......
[....]
Au nord de la Phrygie, quelques tribus
aryennes peu nombreuses se répandirent
dans les forêts qui bordent la côte du
Pont-Euxin et devinrent entre le Billaeos
et l'Halys la race obscure des
Paphlagoniens.
A leur gauche, les Thraces, sous le nom
de Thyni, Bithyni, Bebrikes, occupaient
les deux rives du Bosphore.
Plus à gauche encore, la grande nation
des Mysiens et les peuplades qui tiraient
d'elle leur origine, Teucriens,
Kébrènes, Dardanes, couvraient la
vallée du Rhyndakos et celle du Caïque,
le massif de l'Ida et la péninsule qu'il
forme entre la Propontide, l'Hellespont
et la mer Egée (Il est a peine besoin de
rappeler que les anciens donnaient à
cette péninsule le nom de Petite Phrygie.) - La légende
racontait de Dardanos qu'il avait, sous
les auspices de Jupiter Idéen, fondé la
ville de Dardania, et qu'il était devenu
la souche des Dardanes.
Une partie de ses enfants descendit de la
montagne aux rives du Scamandre et y
bâtit une ville sur une colline
escarpée qui domine au loin la pleine
mer (c'était la première Troie).....
Les fouilles entreprises dans les
derniers temps ont fait retrouver près
de l'emplacement où fut Troie les ruines
de plusieurs villes superposées. Le
résultat de ces fouilles a été publié
par M. Schliemann.
Les débris découverts dans la plus
ancienne de ces villes prouvent l'existence
d'une civilisation originale où l'on
chercherait en vain les traces d'une
influence égyptienne ou assyrienne. La
plupart des outils sont en pierre ou en
os taillé, mais leur usage n'exclut pas
l'usage des métaux. Le cuivre, l'or, l'argent
et ses alliages étaient connus et
employés, l'or surtout. Les poteries
étaient faites à la main sans le
secours du tour ; elles ne sont, ni
peintes ni vernies, mais seulement
lustrées au moyen d'un polissoir en
pierre. La première Troie périt dans un
incendie allumé sans doute par les
tribus voisines confédérées contre
elle, mais sortit bientôt de ses ruines.....
Les Lydiens exploitaient les riches
vallées de l'Hermos, du Caystre et du
Méandre. Les plus anciennes traditions
du pays conservaient la mémoire d'un
Etat puissant établi sur les flancs du
mont Sipylos, entre la vallée de l'Hermos
et le golfe de Smyrne.
Il avait pour capitale Magnésie, la plus
vieille des villes, le siège primitif de
la civilisation en ces contrées, la
résidence de Tantale, l'ami des dieux,
le père de Niobé et des Pélopides....
» Maspéro, Hist.
anc., p. 238-242.
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Ainsi,
« les
traditions antiques et la critique
moderne s'accordent à désigner les Phrygiens
comme le principal trait d'union
entre les Hellènes et les Aryens.....
Le vaste plateau, [....] peut être
considéré comme le berceau du grand
peuple phrygio-hellénique.
C'est, dans ces régions que doivent
avoir eu lieu les principales scissions
ethnologiques ;
c'est là que probablement, après le
départ des Italiotes, les Grecs sont
restés, formant d'abord une branche de
la nation phrygienne et, plus tard, un
peuple indépendant.
La population en excès finit par
déborder ; le flot, partagé en
plusieurs courants, s'avança vers l'ouest
jusqu'à la mer et la franchit. » (E. Curtius, Hist.
grecq., t. 1, p. 38-39.) |
~
« Ce
mouvement, qui entraîna les peuples (aryens)
d'Asie en Europe, se partage pour nous en
deux périodes.
Un premier courant amena les précurseurs
des Hellènes ou Pélasges,
population qui couvrit,... le littoral de
l'Asie Mineure, les côtes de la
Propontide et, sur l'autre bord, tout le
pays, depuis la Thrace jusqu'au cap
Ténare....
A la suite de cette première invasion
arrivèrent une à une des peuplades qui
avaient abandonné plus tardivement la
patrie commune ....
Ces nouveaux venus prirent des routes
diverses.
Les uns, suivant le grand chemin des
peuples, pénétrèrent par l'Hellespont
dans les montagnes de la Grèce
septentrionale ..... parmi eux se
trouvaient les ancêtres de cette tribu
qui, plus tard, sous le nom de Doriens,
devait changer cette vie obscure contre
de plus brillantes destinées.
Les autres, en quittant les plateaux de
la Phrygie, descendirent les vallées
jusqu'à la côte de l'Asie Mineure et de
là se répandirent dans l'Archipel. Ceux-là
furent les ancêtres de ces familles
helléniques auxquelles appartenait la
tribu des Ioniens. » (E. Curtius, Hist.
qrecq., t. I, p. 39-40.) |
~
« II
est vrai que la tradition vulgaire
considère l'Ionie d'Asie comme une
colonie attique, comme un domaine
progressivement envahi par la
civilisation ionienne, à dater d'une
époque postérieure à la guerre de
Troie.
Mais déjà, avant Homère, comme il est
facile de le démontrer, il y avait, dans
les îles éparses entre l'Asie et l'Europe,
des cultes ioniens et des populations de
murs parfaitement ioniennes ;
tandis que l'Attique elle-même, d'où l'on
fait partir le courant qui aurait ionisé
l'Asie Mineure, n'est devenue ionienne qu'à
la suite d'invasions venues de l'Orient
et en commençant par sa côte orientale.
» (E. Curtius, Hist.
grecq., t. I, p. 35.) |
Piétrement
1882
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ci
dessous du Musée des civilisations anatoliennes (Ankara)
(époque néo hittite et phrygienne (la même) env. 1200
à 700 avt J.C.)
chasse en char
(noter sur ph. de droite et à droite de la photo de
gauche: le "bonnet phrygien"?
guerre
ornement de têtière censé d'inspiration assyrienne (mais
pourquoi pas l'inverse?)
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rappelons que Kikkulli,
l'auteur du plus ancien traité d'équitation du
monde
était d'origine mittanienne et
enseignait à Hattusha.
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cheval pendeloque, Asie Mineure?
ou Grèce,
6eme ou 7eme s. avt J.C.) (Lo)
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L'origine
aryenne qui vient d'être attribuée à la
civilisation pélasgique nous paraît également
indéniable.
« En
effet, on ne trouve pas de légendes
pélasgiques, de dieux pélasgiques que l'on
puisse opposer aux légendes et aux dieux
des Hellènes ;
car enfin le premier Hellène pur sang
que nous connaissions, l'Achille d'Homère
(Iliade, XVI,
vers 223), adresse sa prière au « Zeus
pélasgique », et Dodone, considérée
de tout temps comme la première colonie
des Pélasges, était en même temps le
point où s'attacha pour la première
fois en Europe le nom d'Hellade. » (E. Curtius, Hist, grecq,, t. I, p.
.33.) |
~
« Les
Pélasges, comme les autres branches de
famille aryenne les Hindous, les Perses,
les Germains, adoraient le dieu suprême
sans image matérielle et sans temple.
Pour eux, les hautes cimes étaient des
autels élevés par la nature..... Ils
invoquaient ce Très-Haut sans lui donner
de nom personnel, car Zeus (Deus)
désigne simplement le ciel, l'éther, la
demeure lumineuse de l'Invisible.....
Cette pure et chaste religion des «
divins » Pélasges laissa aux
générations suivantes autre chose que
de pieux souvenirs ; au milieu de la
Grèce peuplée de statues et couverte de
temples, on voyait fumer, comme par le
passé, les hauts lieux consacrés à
Celui qui n'habite point dans des
demeures faites de main d'hommes.....
Outre l'autel de « l'Inconnu », on
rencontrait ça et là dans les vallées
des autels élevés aux dieux « purs »,
aux « grands », aux « miséricordieux.
», et la grande majorité des noms de
dieux en Grèce n'était à l'origine que
des qualifications de la divinité,
inconnue dans son essence.
Il était impossible que ce culte
pélasgique se conservât dans toute sa
pureté.
D'abord, on ne saurait nier qu'il n'y
eût chez les Grecs, comme chez les
autres peuples aryens, certains germes d'idées
polythéistiques, et qu'ils ne les aient
apportées avec eux de la mère patrie.
Une religion fondée sur l'adoration de
la Nature ne pouvait s'en tenir à l'idée
pure et simple d'une force première
faisant circuler la vie dans les
entrailles de la Nature. A côté de ce
grand ressort, il y avait les forces de
détail qui obtinrent chacune leur part
de vénération;
ainsi le culte des Nymphes, notamment, a
pris place, dès la plus haute antiquité,
dans la religion populaire. » (E. Curtius, Hist.
grecq., t. I, p. 59-60.) |
Quant
à l'immense et antique extension des
Pélasges en Grèce, elle est mise hors
de doute par une foule de documents ;
car, d'après les anciens auteurs grecs,
notamment Hérodote et Strabon, tout le
Péloponèse, ainsi que l'Attique, la Béotie, la
Thessalie, la Macédoine, la Thrace, Lemnos,
Imbros, Lesbos et la plupart des autres îles de
la mer Egée eurent les Pélasges pour premiers
habitants (Voyez Hérodote, I, 56-58, 146; II, 51-52,
56; V, 26; VI, 137-139; VII, 94-93; VIII, 44; et Strabon, V, II, 4; VII, vII, 10-12; VIII, VI, 5; IX, II, 3; IX, v, 5-6.)
C'est
pourquoi Hérodote dit (II, 56) qu'anciennement
« la
Grèce se donnait à elle-même le nom de
Pélasgie » |
et
que les Athéniens étaient les descendants des
Pélasges, parce que ces derniers n'ont jamais
été expulsés de l'Attique, bien qu'ils aient
été chassés de diverses autres contrées de la
Grèce.
Au rapport de Diodore (V, 81), Lesbos serait
même restée complètement déserte jusqu'à l'arrivée
des Pélasges, sept générations avant le
déluge de Deucalion.
Les Pélasges étaient aussi l'un des
quatre peuples de l'île de Crète que Minos
parvint à amener à l'unité après de longs
efforts (Diodore, V, 81). Enfin, quelques historiens, au nombre
desquels était Ephore, soutenaient que Minos
était lui-même venu en Crète avec les Dactyles
idéens (Diodore, V, 64) ; et tous s'accordent à regarder ces
Dactyles comme originaires du mont Ida en Phrygie (Strabon, X, III, 22).
Il n'y a d'ailleurs pas lieu d'être surpris que,
tout en donnant les Pélasges comme les ancêtres
des Athéniens, Hérodote ait pu dire (I, 57) qu'à son avis les
Pélasges ont dû parler « une langue barbare »
; car on sait que, suivant les idées des anciens
Grecs, nous devrions considérer comme barbares
non seulement l'espagnol et l'italien, qui sont
deux langues surs du français, mais encore
la langue de nos chansons de geste et la langue
latine, qui sont deux des formes ancestrales du
français.
On voit du reste dans Hérodote (V, 22) que les Grecs
regardaient comme barbares leurs frères les
Macédoniens, et qu'Alexandre, fils d'Amyntas et
roi de Macédoine, contemporain d'Hérodote, fut
obligé de prouver que sa famille était d'origine
argienne, avant d'être admis à concourir aux
jeux olympiques, d'où l'on voulait d'abord l'exclure,
« alléguant que les barbares
ne prenaient point part aux jeux, mais
les Grecs seuls. » |
II
est également certain que le peuple
aryen des Pélasges était arrivé par mer d'Asie
Mineure en Grèce, puisque Hérodote (II, 51) dit positivement que,
« avant de passer en Attique,
les Pélasges avaient demeuré à Samothrace et avaient
appris les mystères aux habitants de
cette île. » |
Piétrement
1882
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Boite de jeu en ivoire, Chypre env.
1200 avt J.C. (BM)
haut
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