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Les
chevaux aryens dans l'Inde (chapIV,§3p219).
La Loi de Manou
dit déjà du Dwidja:
« II peut s'asseoir
avec son vénérable maître dans un
chariot traîné par des bufs, des
chevaux ou des chameaux » (II, 204); |
et elle contient les
prescriptions suivantes :
« Les chars, les
chevaux, les éléphants,....appartiennent
de droit à celui qui s'en est emparé à
la guerre »(VII, 96).
« Les Soutas doivent dresser des chevaux
et conduire des chars » (X, 47).
« Lorsque le roi se met en campagne pour
envahir le territoire de son ennemi, il
doit s'avancer peu à peu de la manière
suivante, en se dirigeant vers la
capitale de son adversaire...... Ayant
fait ouvrir trois sortes de routes à
travers les plaines, les forêts et les
endroits inondés, et organisé les
six corps de son armée, les
éléphants, la cavalerie, les chars, les
fantassins, les officiers, et les valets .
(Les mots écrits en lettres italiques
sont une glose du scoliaste Koulloûka,
de date inconnue), conformément aux
règles de la tactique militaire, qu'il
se dirige vers la capitale de son ennemi......
Qu'il combatte dans une plaine avec des
chars et des chevaux; dans un endroit
couvert d'eau, avec des éléphants et
des bateaux armés; sur un terrain
couvert d'arbres et de broussailles, avec
des arcs; dans une place découverte,
avec des sabres, des boucliers et autres
armes » (VIII, 181, 185 et 192). |
Le même code règle
plusieurs autres choses relatives au cheval :
notamment quelle est l'amende imposée pour le
meurtre de cet animal (VIII, 296); et quel est le
propriétaire légal du poulain né d'une jument
qui a été couverte par un étalon appartenant
à un autre maître que le sien (IX, 48-55).
Mais la Loi de Manou étant postérieure
à l'institution du régime des castes, un autre
livre antérieur à cette institution, le Rig-Vêda,
va nous fournir des documents encore plus
anciens sur l'usage du cheval chez les Hindous.
Piétrement 1882
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Le Rig-Véda est
souvent nommé simplement le Véda, parce
que, au point de vue des études historiques, c'est
le seul important des quatre Vêdas.
C'est un recueil d'hymnes, composés en langue
védique ou sanscrit archaïque par de nombreux richi
(prêtres-poètes), pendant la longue série
d'années que les Aryas employèrent à
conquérir, puis à gouverner féodalement le
Saptasindhu ou Pendjab actuel et les provinces
septentrionales de l'Inde.
La lecture de ces hymnes montre en effet que les
Aryas de la période védique s'étaient avancés
à l'est seulement jusque dans la vallée de la
Sarayû qui arrose la ville d'Ayôdhyâ (Aoude),
et qu'ils n'étaient pas descendus au sud jusqu'à
la mer des Indes, ni même jusqu'au confluent de
la Yamunà avec le Gange.
Le mot védique samudra (étymologiquement
réceptacle des eaux), que Langlois traduit
par notre mot mer, comme on le verra
bientôt, désigne donc en réalité l'Indus, qui
était le plus grand fleuve connu des Aryas
védiques, ainsi que l'un des poètes védiques
les plus récents, Priyamêdha, le dit dans son
hymne "Aux Rivières".
Les principales rivières du pays védique sont
énumérées dans cet hymne; c'est la seule fois
que le Véda nomme le Gange;
et ce fleuve immense, qui prit plus tard tant d'importance
dans la littérature hindoue, est encore confondu
par Priyamêdha dans la foule des cours d'eau
secondaires, inférieurs à l'Indus.
D'abord religieusement
conservés dans les tribus de leurs auteurs
respectifs, les hymnes védiques furent ensuite
rassemblés avec soin, à une époque inconnue,
mais sur l'antiquité de laquelle on ne saurait
conserver aucun doute.
Vers l'an 600 avant notre ère, on avait même
déjà compté, dans les écoles théologiques de
l'Inde, chaque vers, chaque mot, chaque syllabe
des 1028 hymnes du Vêda : fait qui suffirait à
lui seul pour indiquer toute la vénération des
Hindous pour ce livre sacré et tous leurs
efforts pour le transmettre intact à la
postérité. (Voy. sur toutes ces questions
: Em. Burnouf, Essai sur le Vêda, p118-181
; Max Müller, Essais sur l'hist. des relig.: p.1-73;
et l'introduction placée par Langlois en tête
de sa traduction du Rig-Véda.)
Les auteurs de ces hymnes
ne se renferment pas dans le cadre restreint des
louanges, des prières et des remerciements
adressés aux dieux.
Pères de famille et toujours mêlés aux choses
de la vie réelle, ils en sont les échos : la
guerre et la paix, le labour, le soin des
troupeaux, les voyages, le mariage, la mort, sont
des objets très fréquents de leurs chants.
Ces hymnes présentent donc un tableau fidèle de
la civilisation des Aryas à l'époque de leur
arrivée sur les affluents supérieurs de l'Indus,
puis du Gange; et les plus anciens comme les plus
récents représentent déjà ce peuple en pleine
possession de l'usage du cheval.
C'est ce que vont montrer des citations
textuelles, empruntées à la traduction du Rig-Véda
de Langlois, rangées
suivant l'ordre où elles se trouvent dans ce
recueil, et non d'après l'ordre chronologique de
leur composition : ce qui serait souvent
impossible, bien que l'on connaisse l'antiquité
relative d'un grand nombre de richis, tels
que Angiras, Atri, Bhrigu, comparée à celle des
plus récents auteurs du Vêda, tels que
Bharadwàdja, Priyamêdha, Viçvvâmitra, etc.
Nous plaçons en tête de chaque extrait le titre
de l'hymne d'où il est tiré; et, à la suite de
chaque citation, le nom du poète, suivi lui-même
de l'indication du tome et des pages où se
trouve cet hymne.
« A INDRA.
0 Indra, viens à notre secours ! donne-nous
de l'or .... Avec l'or, et protégés par
toi, nous pouvons repousser nos ennemis
à pied et à cheval. Madhoutchhandas,
I, 13-14.
» A VAROUNA. 0 Varouna, par nos
chants nous voulons adoucir et calmer ton
esprit, de même que le conducteur d'un
char (délasse par sa voix) son cheval
fatigué. Sounah- sépa, I,
42-44.
« A AGNI, A TOUS LES DIEUX. Que
ce dieu qui voit tout accorde la victoire
à nos cavaliers, et la richesse à nos
sages ! Sounhasépa, I, 46-47.
« Aux MAROUTS. De même que (l'écuyer)
dresse le cheval, eux, ils apprennent aux
nuages à pleuvoir. Nodhas, 1,125-128.
« A AGNI. II est dans nos
demeures, agréable comme un enfant
nouveau-né, comme un coursier chéri.
Parasdra, I, 133-134.
« A AGNI. 0 Agni, que par ton
secours nos coursiers, nos soldats, nos
chefs, triomphent des coursiers, des
soldats, des chefs (des ennemis). Parasdra,
I, 141-142.
" A INDRA L'invincible Indra,
avc les os de Dadhyantch, a terrassé quatre-vingt-dix-neuf
ennemis. Il a cherché la tête de cheval
(de Dadhyantch), cachée dans les
montagnes, et l'a trouvée dans le lac
Saryanàvan. Gotama, I, 158-160.
« Aux ASWINS. La puissance avec
laquelle vous avez soutenu
Grisânou dans un combat; sauvé, en
excitant sa vitesse, le cheval du jeune
héros, ... montrez-la encore, ô Aswins,
et secourez-nous ! Coutsa, I,
214-219.
« Aux ASWINS. 0 Aswins, c'est à
vous que Dadhyantch, fils d'Atharvan, dut
sa tête de cheval. Cakchîvân,
I, 232-236.
« Aux ASWINS. 0 Aswins...,
nourrissez nos chevaux, .... 0 Aswins,
vous avez donné à Pédou un cheval
blanc, vigoureux, terrible, aimé d'Indra,
redoutable en ses hennissements, frappant,
immolant son ennemi, auteur étonnant de
mille biens. Cakchîvân, I,
236-238.
« ACTION DE GRACES. ...De ce roi
puissant j'ai reçu ..., cent chevaux
bien dressés, ...et à ma suite se sont
rangés dix chars noirs, qui chacun
portait une femme ; ...Les quarante
chevaux blancs attelés aux dix chars
viennent en tête .... Enivrés d'orgueil
et ornés de ceintures, les Padjras
rassemblent ces chevaux tout brillants d'or.
Cakchîvân, I, 310-310.
« SACRIFICE DU
CHEVAL, ou ASWAMÉDHA. Tels sont
mes vux : Que ce (coursier) à la
croupe flexible Le texte dit vita-prishthas,
qui signifie plutôt au dos plan, ou
droit peut-être large. Le
sens précis est difficile à déterminer.
vienne heureusement combler l'espérance
des dieux.....
0 victime, quand
de ton ventre cuit au feu d'Agni la
broche vient à sortir, que rien ne tombe
à terre sur le gazon..... Si ceux qui
voient le cheval cuit disent : « II
sent bon, coupez-en un morceau! »
accueillez la demande de quiconque voudra
de cette chair. Cependant on a apporté
les vases destinés à recevoir les
chairs ou les sauces qui les arrosent,
les marmites, les chaudrons, les plats,
les instruments de cuisine, et on les
place autour du cheval. Que le feu ne
vienne pas, en frémissant, t'apporter
une odeur de fumée, que le vase qui te
reçoit ne sente rien..... Quand dans ton
écurie tu hennis fortement, et qu'on te
frappe avec le pied ou avec le fouet, ô
coursier, je détruis toutes ces choses
avec la prière, comme dans les
sacrifices on épuise les libations avec
la cuiller. La hache tranche les trente-quatre
côtes du rapide cheval, ami des dêvas.
Laissez entières les autres parties. 0 *victimaire,
que chaque membre soit convenablement
paré....(0 coursier), quand tu vas (vers
les dieux), ne te chagrine pas de ton
sort. Que la hache ne s'appesantisse pas
longtemps sur ton corps. Qu'un barbare et
indigne victimaire n'aille pas, par
ignorance, taillader tes membres avec le
fer. Ce n'est pas ainsi que tu dois
mourir; la souffrance n'est pas faite
pour toi. C'est par des voies heureuses
que tu vas vers les dieux. Pour te porter,
tu as les deux coursiers (d'Indra), les
deux biches (des Marouts), et le char
léger (des Aswins) traîné par un âne.
Que le cheval (sacrifié) nous procure de
nombreuses vaches, de bons coursiers, des
guerriers, des enfants, une abondante
opulence.Toi qui es pur et sain, rends-nous
(purs et sains); que le cheval, honoré
par l'holocauste, nous donne la puissance.
Dîrghatamas,I, 376-379.
« Au CHEVAL DU
SACRIFICE. 0 cheval, après toi,
les mortels et leurs chars, et leurs
vaches, et le bonheur des jeunes filles !
Tous les vivants recherchent ta faveur;
les dieux voudraient égaler ta force.
Sa crinière est d'or; ses pieds, rapides
comme la pensée. Indra est descendu. Les
dieux sont réunis pour consommer l'holocauste
de celui qui, le premier, a monté le
cheval. Dïrghatamas, I,
380-382.
« A AGNI. .... Sur la ramée, il
agite ses flammes, comme le cheval
attelé à un char agite ses crins.
Somahouti, fils de Bhrigou,
I, 448-450.
" EN L'HONNEUR D'INDRA (Dialogue
de Viswâmitra et des Rivières).
Descendant avec vitesse du sommet des
montagnes et emportées à l'envi l'une
de l'autre, telles que deux cavales
impétueuses, pressant leurs rives et
courant comme deux vaches rapides, la
Vipàçà (l'Hyphase) et la
Çoutoudrî (le Setledge) roulent
leurs flots abondants. "
Lancées par Indra et suivant une pente
rapide, vous courez à la mer (Le mot est
samudra, que Em. Burnouf a traduit
avec raison par grand- fleuve à
la page 90 de son Essai sur le Veda, puisque
l'Hyphase et le Setledge se rendent dans
l'Indus et non dans la mer) comme deux
conducteurs de chars. Vous vous
précipitez l'une vers l'autre, et dans
cette rencontre vos vagues brillantes s'enflent
et grossissent.....
...Je viens à vous de loin sur un char
léger. Calmez votre fougue; donnez-moi
un passage facile. Car, ô rivières, la
force de votre courant renverse nos chars.
» ...« Que les rênes s'élèvent au-dessus,
ô rivières. Ne touchez pas aux jougs.
...» Viswâmitra, II, 45-47. |
« A INDRA.
... Déjà ils lancent leur cheval aussi
rapide que la roue; ... Viswâmitra,
II, 76-80.
« A AGNI. 0 Agni, toi qui donnes
la vie, que ce sacrifice nous procure des
vaches, des brebis, des chevaux, ... Que
ce dieu sage distingue entre les mortels
les bons et les mauvais, comme (le
coursier) sait distinguer sur son dos les
fardeaux lourds et légers. _Wâmadéva,
II, 105-108.
« A AGNI. ...Èlles s'élancent
avec la rapidité du cheval préparé
pour la course. _ Wâmadéva, II,
109-111.
« A INDRA ET SÔMA. ... (Dieux)
magnifiques et terribles, Indra et Sôma,
si par votre force vous parvenez à nous
rendre ces vaches, ces chevaux, ces
trésors, ces terres ..., Wâmadéva,
II, 160-161.
« A DADHIKRÂS . (Dadhikrâs, ou
le Soleil transformé en cheval, était
le symbole du cheval de bataille)...Vous
lui avez donné le cheval Dadhikrâs,
auteur de tant de prouesses et gardien de
tous les hommes, vif, rapide, impétueux,
héros à la forme resplendissante, ...Il
semble de ses pieds dévorer l'espace,
héros aussi léger que le nuage, aussi
rapide que le char, aussi prompt que le
vent. Dans les combats qu'il livre, il se
jette au plus épais de la mêlée ....
Aussi, le voyant dans les batailles, les
ennemis poussent un cri, ... Ainsi, dans
l'ardeur d'attaquer, il s'avance le
premier à la tête des chars. Paré de
guirlandes, ami des peuples, il brille,
battant la poussière et mordant le frein.
Ainsi, ce coursier fort et juste, au
corps souple dans la bataille, à l'attaque
impétueuse contre les impétueux, au pas
rapide, forme un tourbillon de poussière
qui s'élève au-dessus de sa tête
hautaine. ...il attaque mille ennemis à
la fois, invincible, formidable et
superbe. Wâmadéva, II,
179-181.
« A AGNI. ... Tryarouna, fils de
Trivichna, m'a rendu riche..... Il m'a
donné cent vingt vaches et deux chevaux
de trait, ...Aswamêdha,II,
282-283.
« A INDRA. Que ces coursiers
ornés d'or ..., que les dix chevaux
blancs ... me transportent à l'assemblée
du sacrifice. J'ai aussi reçu ..., de
forts et magnifiques chevaux, distingués
par leur couleur rougeàtre. Samvarana,
fils de Pradjapati, II, 295-297.
« A INDRA 0 Marouts, que les
hommes se baissent avec respect devant ce
jeune Sroutaratha, riche en offrandes,
qui (nous) a donné deux chevaux rouges
.... Prabhouvasou, II, 300-301.
"A PARDJANYA.- Tel que l'écuyer qui
avec le fouet stimule ses chevaux,
Pardjanya se fait annoncer par des
coursiers chargés de pluies; ... Bhôma,
fils dAtri, II, 378-380.
« Aux MAROUTS. Compagnons du
grand Vichnou, combattez comme de fiers
conducteurs de chars, ... Evayâmarout,
II, 384-385.
» A AGNI. 0 brillant (Agni), tes
rayons éclatants ressemblent à des
coursiers libres et sans frein qui
tondent la prairie.
Bharadwâdja, II, 396-397.
« A INDRA. Le roi Asanga parle
: J'ai des chevaux supérieurs; ...
Quand j'attelle à mon char mes coursiers
dociles à ma voix, tout ce qui est de la
race des Yàdwas ne doit penser qu'au
bonheur et à l'opulence. Médhâtithi
et Médhyatithi, III, 185-189.
. ,
« A INDRA. Pâcasthâman m'a
donné un (coursier) rouge, richement
harnaché, remplissant son surfaix,
prompt à la conquête de la richesse.
Dix autres chevaux suffiraient à peine
à porter le fardeau dont on le charge.
Médhâtithi, III, 194-197.
« A INDRA. Tel qu'un cheval
chargé de provisions, il se laisse
conduire vers nous, amené par le désir
de boire le Sôma.Irimbithi, III,260-261.
...Ces deux princes, soutiens des mortels,
m'ont encore donné des coursiers rapides
et bien dressés. Vyaswa; III,
285-288.
«A INDRA. ...J'ai reçu soixante
mille chevaux, douze mille chameaux,
mille cavales noires, trois mille (cavales)
rousses, deux mille vaches. Dix chevaux
noirs, à la course rapide, à la longue
crinière, font rouler les roues (de mon
char)....Ce maître généreux m'a donné
un char d'or. Que sa gloire soit
éclatante! Vasa, fils d'Aswa,
III, 330-339 . (On ne s'expliquerait
guère que Vasa, fils d'Açva, eût reçu
autant de chevaux si l'on ne supposait
pas que ce richi était l'un des princes
feudataires du roi Prithousravas. Nous
rapportons d'ailleurs sans les discuter,
et sous toutes réserves, les nombres de
soldats et d'animaux de toutes espèces
dont parlent les auteurs sacrés aussi
bien que les auteurs profanes : cela est
dit une fois pour toutes.)
« A INDRA. Donne-nous des vaches,
des chevaux, des parfums, des ornements d'or.
..... Mon désir s'attache à toi et
demande de l'orge, des vaches, de l'or,
des chevaux. Courousouti,
III, 382-383.
" Au DIEU DU JEU (Vibhâdaka).
...Car le sort d'un joueur est
celui d'un vieux cheval de louage.....
Les dés sont comme le conducteur d'un
éléphant, armé d'un croc avec lequel
il le presse.., Kavacha, IV,
192-194.
« A VRIHASPATI. De même qu'on
couvre un cheval noir d'ornements dorés,
ainsi les Pères (du sacrifice) ont semé
le ciel d'étoiles brillantes. Ayâsya,
IV, 291-293.
"AUX RIVIERES.- ... De ces rivières,
la Syndhou (l'Indus) est la
première par sa force..., elle s'emporte
comme une cavale ardente. Jeune et
magnifique, superbe et féconde, parée
de ses rives fertiles, elle roule ses
flots d'or; elle voit sur ses bords des
chevaux excellents, des chars rapides,
des troupeaux à la laine soyeuse;..Priyamêdha,
IV, 305-306.
« Aux ASWINS. ... comme un cheval
de course, vous lui avez donné une
nouvelle vigueur. Vous avez rajeuni
Cakchîvân, comme on répare un vieux
char. Atri, IV, 439-440.
« A SAVITRI. Avec le même
empressement que les génisses se rendent
au hameau, que les cavales s'élancent au
combat, que la vache, excellente mère,
arrive près de son nourrisson, que le
mari accourt vers sa femme, que Savitri,...
vienne aussi du ciel vers nous. »
Artchata, IV, 445-446.
|
Les hymnes du Vêda qui
parlent du cheval se comptent par centaines.
Les mentions se rapportent principalement soit
aux chevaux mythiques des divinités, soit aux
chevaux que les prêtres recevaient pour prix de
leurs services, et peut-être, plus souvent
encore aux chevaux que les poètes demandaient
aux dieux pour leurs tribus.
En laissant de côté toutes les mentions des
chevaux mythiques, nous avions choisi parmi les
autres plus de quatre-vingts fragments d'hymnes,
jugés les plus dignes de figurer ici ; nous n'en
avons toutefois rapporté que trente-sept; et l'on
trouvera peut-être que c'est encore beaucoup
trop, bien qu'ils nous aient paru nécessaires
pour renseigner, aussi complètement que possible,
sur quelques-unes des qualités physiques et
morales des chevaux des Aryas védiques, et sur
la nature des rapports de ce peuple avec ces
animaux.
Piétrement 1882
|
haut
.
|
La lecture de ces
fragments d'hymnes ne laisse en effet aucun doute
sur les faits suivants.
Le cheval était déjà le plus important des
moteurs animés chez les Aryas védiques qui, à
ce titre, l'avaient en haute estime et en grande
affection.
Ce peuple mangeait des chevaux dans la
cérémonie religieuse de l'Açvamêdha;
il logeait ces précieux serviteurs dans des
écuries comme les Iraniens avestiques ; il les
prêtait en louage, les montait et leur faisait
porter des fardeaux; il les attelait à des chars
pour le service des transports, pour les voyages
et pour les combats.
Il les préparait même pour la course; ou, en d'autres
termes, il les soumettait à un véritable
entraînement, vraisemblablement analogue à l'entraînement
arabe actuel,[...]
Les couleurs données aux chevaux par le Véda
sont très variées; mais celles des chevaux
mythiques sont purement symboliques. Parmi les
robes des chevaux possédés par les Aryas
védiques, nous n'avons remarqué que les
blanches, les noires, les rouges, les rousses et
les rougeàtres; ce qui suffit néanmoins pour
indiquer que ce peuple avait des chevaux de
teintes très variées [...]
L'hymne de l'Açvamêdha ou Aswamêdha prescrit
au victimaire de trancher les trente-quatre
côtes du cheval sacrifié. A la page 123 de nos Origines
du cheval domestique, nous en avions conclu
incidemment qu'il devait avoir existé, chez les
Aryas védiques, une population chevaline n'ayant
que ce nombre de côtes;
[...] Huxley fait observer avec raison que, au
lieu de lire les trente-quatre côtes du
cheval, il est préférable de lire trente-quatre
côtes du cheval, sans l'article les; car,
suivant lui, le sacrificateur coupait uniquement
les cartilages costaux des trente-quatre
premières côtes pour mettre les viscères
thoraciques à découvert, n'ayant pas besoin de
faire subir la même opération aux deux
dernières côtes, en raison de leur brièveté
relative. [...]
En énumérant plus haut les divers modes d'utilisation
du cheval, dont la notion ressort si clairement
de la lecture des fragments d'hymnes précités,
nous avons négligé à dessein de mentionner l'usage
de la cavalerie proprement dite, parce que le
sujet exige un commentaire.
Il est question, dans le premier et dans le
troisième de ces fragments, de combats à pied
et à cheval, et de victoire des cavaliers.
Mais de telles expressions s'appliquent
indifféremment en français aux exploits de
soldats montés soit sur des chevaux, soit sur
des chars; et il en est de même des expressions
analogues non seulement en sanscrit mais encore,
on le verra plus loin, dans d'autres langues,
telle que l'égyptien, le grec, l'hébreu, etc.
Si l'habitude de combattre sur des chars, et
même de monter à cheval, est très clairement
indiquée dans le Véda, l'existence de
combattants montés sur des chevaux n'y est donc
pas accusée avec autant de précision [...]
Les anciens attelaient un plus ou moins
grand nombre de chevaux à leurs chars de
parade. Le char triomphal des Romains
était traîné par quatre chevaux blancs
; et cet usage remontait même à Romulus. Voyez Properce, livre
IV, chant 1er, vers 32.
Les anciens
Chinois ont combattu sur des chars
traînés par quatre chevaux attelés de
front, et dont les antiques dessins sont
parvenus jusqu'à nous. Voy. Pauthier, Chine,
p 152,197,198, et planches 5, 7, 35.
Quelques autres
peuples civilisés de l'antiquité, ont
aussi quelquefois combattu sur des
quadriges, et même sur des chars à
trois chevaux, mais les chars de guerre
des anciens étaient le plus souvent
attelés de deux chevaux ; les anciennes
littératures et les anciennes
représentations graphiques ne laissent
aucune espèce de doute à cet égard.
Quant aux chars de guerre traînés par
un seul cheval, il n'en est fait mention
nulle part; cette sorte de char n'était
pas en usage chez les anciens. |
La notion d'un
char de guerre, attelé d'un seul cheval
était même tellement étrangère aux
Grecs et aux Latins, en parler leur eût
semblé une idée si insolite, qu'ils n'ont
jamais osé atteler le mythologique
Pégase, qui n'avait pas de compagnon.
Poètes, historiens, sculpteurs, ont tous
été obligés de faire enfourcher ce
cheval ailé par les héros auxquels ils
l'ont prêté, par Persée, par
Bellérophon, dès l'époque où la
cavalerie grecque était encore
exclusivement composée de chars de
guerre.
C'est par la même raison que le
conducteur de quadrige Apollon était lui-même
obligé de se transformer en véritable
cavalier pour se servir de Pégase. Il
est vrai qu'à l'origine, on le verra
[...], Pégase était l'emblème d'un
vaisseau ; mais beaucoup de poètes et d'artistes
ne l'ont pas moins représenté et fait
agir comme un cheval ailé, ce qui suffit
pour justifier notre remarque. |
Cette absence complète de chars de guerre
attelés d'un seul cheval a déterminé une
différence caractéristique dans la façon dont
les auteurs ont mentionné ou glorifié les
chevaux de guerre, suivant, qu'ils étaient
attelés ou montés.
Il fallait deux
excellents coursiers pour former un bon
attelage de guerre; car les qualités du
meilleur des chevaux seraient devenues
inutiles par le seul fait de son
association avec un compagnon indigne de
lui. C'est pourquoi chez les peuples dont
la cavalerie était exclusivement
composée de chars de guerre, comme chez
les Egyptiens de Ramsès II et chez les
Grecs contemporains d'Achille, aucun des
écrivains qui ont célébré leurs
exploits n'a jamais fait l'éloge d'aucun
cheval de guerre considèré isolément;
ou, en d'autres termes, l'éloge a
toujours été commun aux deux coursiers
attelés au même char.
Ainsi Pentaour a célèbré les coursiers
de Ramsès II ; Homère a célébré ceux
de tel ou tel héros de la guerre de
Troie ; le fait ne souffre d'exception
chez aucun peuple.
Mais au contraire, chaque fois qu'un
coursier a mérité qu'un poète ou un
historien transmît ses prouesses
individuelles à la postérité, ç'a
toujours été un cheval monté par un
cavalier, comme le cheval d'Alexandre,
celui de Roland, celui de Renaud de
Montauban, etc., etc. ...
L'éloge individuel caractérisant aussi
sûrement le cheval monté que l'éloge
collectif caractérise les deux chevaux
attelés au même char, on peut déjà |
en conclure, que
Grisânou sauvé dans un combat par la
vitesse de son cheval (hymne de Coutsa Aux
Açvins), Pédou possesseur d'un
cheval blanc si redoutable dans les
batailles (second des hymnes de
Cakchîvân Aux Açvins) et les
fils ou descendants de Bhàrata, qui
tendent la corde de leur arc, en lançant
contre l'ennemi « leur cheval aussi
rapide que la roue " (hymne de
Viçwâmitra A Indra) étaient
tous de véritables cavaliers, qui
combattaient chacun sur le cheval jugé
digne d'être chanté par le poète ; et
tel nous parait être aussi le Dadhyantch,
fils d'Atharvan (hymne de Gotama A
Indra, et le premier des hymnes de
Cakchîvân-Aux Açvins)
D'après la tradition hindoue, ce
Dadhyantch était une espèce de centaure,
un monstre à tète de cheval sur un
corps d'homme Langlois, Rig-Véda, t. 1,
p. 280, en note.
Ce mythe procède évidemment de la même
conception poétique qui a donné
naissance à la fable grecque des
Centaures ; et la forme différente des
deux sortes de monstres tient uniquement
à la différence des idées en
esthétique des Grecs et des Aryas
védiques. Or la fable grecque des
Centaures n'est pas autre chose que la
symbolisation, la peinture emblématique
d'un peuple d'excellents cavaliers.[.. ].
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Dadhyantch était donc un
habile cavalier.
Cakchivàn l'indique d'ailleurs très clairement,
en racontant que Dadhyantch dut sa tête de
cheval aux Açvins, qui, on le sait, étaient les
deux divinités hippiques des Aryas, analogues
aux deux cavaliers jumeaux de la mythologie
grecque, Castor et Pollux.
La phrase de Cakchivàn est aussi transparente
que l'épithète homérique "rejeton de Mars",
si souvent employée dans l'Iliade comme synonyme
de favori de Mars, égal de Mars, pareil à Mars,
etc.
Le titre de cavalier donné à Dadhyantch est d'ailleurs
pris ici dans l'acception propre du mot; car les
hommes montés sur un char ne font pas assez
corps avec les chevaux pour qu'on puisse supposer
qu'ils aient donné naissance à aucune fable de
centaures. Dadhyantch était même, suivant nous,
un illustre guerrier qui combattait monté sur un
cheval ; car les Aryas védiques n'eussent pas
fait un dieu, ni même un héros, d'un simple
écuyer de manège ou de cirque ; ils n'étaient
pas encore descendus au niveau des Romains de la
décadence ni des Grecs du Bas-Empire.[... ]
Enfin la peinture du cheval de bataille,
personnifié sous le nom de Dadhikrâs, présente
certains traits qui paraissent se rapporter tout
spécialement au cheval monté. (hymne de
Wamadêva -A Dadhikrâs)
Ainsi, lorsque Wâmadêva représente Dadhikrâs
s'avançant « le premier a la tête des chars »,
cela peut à la rigueur signifier que les
meilleurs chevaux abordent l'ennemi les premiers
; mais il est au moins aussi probable que le
poète a voulu faire allusion à de brillants
cavaliers qui devançaient la ligne des chars
dans les combats livrés par les Aryas.
Quant à la phrase dans laquelle Wâmadêva dit
que ce cheval, « aussi rapide que le char » se
jette au plus épais de la mêlée, elle ne peut
se rapporter qu'à un cheval monté; car, si dans
ce cas il n'avait pas eu l'intention de glorifier
le cheval monté à l'égal des chevaux attelés,
il faudrait en conclure que ce poète eût été
digne de chanter les hauts faits de «Monsieur de
La Palisse ».
Mais, la peinture de Dadhikras n'appartenant pas
au genre burlesque, il n'est pas admissible que
Wâmadêva ait voulu donner, comme l'un des
brillants attributs de ce cheval, sa faculté de
se mouvoir aussi rapidement qu'un char auquel il
aurait été attelé.
La poésie
épique indique du reste qu'il existait déjà de
la cavalerie proprement dite chez les radjas, ou
rois féodaux aryens feudataires ou suzerains,
dès le début de la grande guerre qui mit fin à
la période védique.
Piétrement
1882
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