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Moïse en proscrit l'usage
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ABSENCE
INITIALE ET INTRODUCTION DE L'USAGE DU CHEVAL
CHEZ LES HEBREUX (Chap. X)
suite
[...] Il est clair que Moïse cherche tout
simplement à empêcher les futurs rois d'Israël
de prendre les moeurs et les habitudes des autres
rois de l'Orient, parce qu'il en redoutait les
fatales conséquences pour son peuple.
Nous avons rapporté tous les passages du
Pentateuque qui font mention du cheval.
Nous pensons qu'on peut déjà en conclure que
les Israélites ne s'en sont pas servis avant
leur arrivée sur les bords du Jourdain sous la
conduite de Moïse, et que ce législateur
redoutait même de voir son usage se répandre
chez eux.[...]
Dans
l'un des derniers chapitres du Deutéronome,
Moïse, sentant sa fin approcher, exhorte les
Israélites à conserver sa loi; il les menace, s'ils
y désobéissent, d'une foule de calamités [...]
Cela
ressort peut-être encore plus clairement de l'étude
de la question des prémices et des autres
revenus de la classe sacerdotal chez les Hébreux,[...]
Selon la loi mosaïque, les quadrupèdes (mammifères)
sont purs et peuvent être mangés lorsqu'ils ont
le sabot divisé et qu'ils ruminent :
" Ce sont ici
les bêtes à quatre pieds dont vous
mangerez : le boeuf, ce qui naît des
brebis et des chèvres, le cerf, le daim,
le buffle, le chamois, le chevreuil, le
boeuf sauvage et la girafe. " (Deut.
XIV, 4-5) "
.......
"Vous mangerez donc d'entre les
bêtes à quatre pieds, de toutes celles
qui ont l'ongle divisé, le pied fourché
et qui ruminent. " (Lévitique,
XI, 3; Deut. XIV, 6) |
[....]
Quoiqu'il fût défendu de manger les animaux
impurs, on pouvait les utiliser pour le travail
et pour d'autres usages. Ainsi l'âne et le
chameau, animaux impurs pour les Hébreux, leur
servaient de bêtes de somme et de montures; et l'on
pouvait offrir à Jéhovah des peaux de blaireau
ou taisson,[....]
Mais
Jéhovah n'admettait, parmi les quadrupèdes, que
les trois espèces domestiques bovine, ovine et
caprine, pour les sacrifices sanglants: clause
expresse d'où découlaient des règlements d'une
grande importance sur l'offrande des prémices.
[....]
Quelle
que soit l'origine de cette loi, elle donnait aux
prêtres tous les premiers-nés
des hommes et des animaux, et l'on devait
racheter ceux des hommes et des bêtes immondes.
Or l'âne, animal impur, avait été considéré
comme assez important pour que la loi fixât le
prix du rachat de son premier-né: c'était un
chevreau.[....]
par la modicité du prix exigé pour le rachat du
premier-né de l'âne, Moïse avait voulu
concilier deux intérêts : celui de la
multiplication d'une bête de somme précieuse
pour un pays très accidenté, d'une monture
modeste qui se prêtait peu aux expéditions
lointaines; et celui de l'augmentation des
revenus de la caste sacerdotale, sujet qui a
singulièrement préoccupé le législateur
hébreu.
[....], comment expliquer que Moïse, dont la
législation s'occupe du présent et de l'avenir
de son peuple, n'ait rien spécifié pour le
rachat des premiers-nés de la jument, si les
Hébreux avaient eu des chevaux de son temps, ou
s'il avait voulu qu'ils en eussent plus tard. En
outre, puisqu'il fixe deux fois dans l'Exode,
pour le rachat du premier-né de l'âne, un prix
qui par sa modicité doit être considéré comme
un encouragement à la multiplication de cette
espèce si utile, pourquoi n'a-t-il rien statué
de semblable à l'égard du cheval?
Evidemment parce que Moïse redoutait un tel
auxiliaire, trop capable de créer à son
possesseur des relations lointaines dont le
législateur voulait à tout prix préserver les
Istraélites.
C'est ce que la suite du récit biblique
démontrera d'une façon encore plus péremptoire.
Piétrement 1882
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Il n'est pas utilisé
sous Josué
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Moïse s'était nommé un
successeur avant de mourir; il avait désigné
Josué au détriment de ses propres fils.
Un tel choix prouve que Josué était pénétré
des principes de Moïse et qu'il avait toutes les
qualités requises pour les faire triompher.
[...]Les Israëlites ne
paraissent pas avoir rencontré de chevaux au sud,
à l'est et au nord-est de la mer Morte, chez les
peuples avec lesquels ils eurent des rapports
avant de passer le Jourdain.[....]
Les dix premiers chapitres du livre de Josué ne
signalent pas davantage la présence du cheval
chez les tribus éablies vers l'embouchure du
Jourdain et dans les montagnes des environs de
Jérusalem,[....]
A Jéricho,
" quand le
peuple eut ouï le son des cors et eut
jeté un grand cri de joie, la muraille
tomba sous soi; et le peuple monta dans
la ville chacun vis-à-vis de soi; et ils
la prirent...et passèrent au fil de l'épée
tout ce qui était dans la ville, depuis
l'homme jusqu'à la femme, depuis le
vieillard jusqu'à l'enfant, même jusqu'au
boeuf, au menu bétail et à l'âne...
Puis ils brûlèrent par le feu la ville
..." (Josué, VI, 20-24) |
Ce
qui fut ponctuellement exécuté.
[....]
Si les chevaux n'ont pas encore paru dans cette
première campagne, ils vont se montrer dans la
grande coalition qui se prépare pour repousser l'invasion:
ce qui prouve qu'ils n'étaient alors utilisés
que par une partie des nombreuses tribus plus ou
moins indépendantes qui occupaient la Palestine.
" Ils
sortirent donc, et toutes leurs armées
avec eux, un grand peuple, comme le sable
de la mer, par leur multitude; il y avait
aussi des chevaux et des chariots en fort
grand nombre... Et l'Eternel dit à
Josué: Ne les crains point; car demain,
environ cette même heure, je les
livrerai tous blessés à mort devant l'Eternel,
tu couperas les jarrets à leurs chevaux,
tu brûleras au feu leurs chariots. ...
Et Josué leur fit comme l'Eternel lui
avait dit...... " (Josué, XI, 1-15) |
[...]
le texte de la Bible est formel; Josué agit d'après
les precriptions de Moïse, et il n'en omet
aucune; c'est par son ordre qu'il extermine les
peuples dont il convoite le pays, qu'il conserve
le butin et le bétail, qu'il coupe les jarrets
des chevaux.
Plus tard, Mahomet élèvera la production des
chevaux de guerre à la hauteur d'un acte
religieux des plus méritoires;
Moïse, au contraire, ordonne à son peuple de
les détruire;
[...] Après le partage de la Terre promise entre
les tribus d'Israël,
" Les enfants
de Joseph parlèrent à Josué en disant:
... tous les Cananéens qui habitent au
pays de la vallée ont des chariots de
fer .....;" (Josué, XVII, 14-18) |
Enfin,
dans les versets 6 et 7 du dernier chapitre du
livre qui porte son nom, Josué
rappelle encore aux Hébreux que Dieu les a
délivrés des chariots et des gens de cheval de
Pharaon.
Quant au livre des Juges, il ne parle des chevaux
que dans deux circonstances.
Juda, successeur immédiat de Josué, entreprit
la conquête des pays situés au sud-ouest de
Jérusalem; il pénétra jusque chez les
Philistins et atteignit même la mer de Gaza:
" Et l'Eternel
fut avec Juda, .... mais ils ne
dépossédèrent pas les habitants de la
vallée, parce qu'ils avaient des
chariots de fer. " (Juges, I, 19)
.......
" Mais les enfants d'Israël se
mirent encore à faire ce qui déplaît
à l'Eternel après qu'Ehud fut mort. C'est
pourquoi l'Eternel les vendit en la main
de Jabin, roi de Canaan, ...de l'armée
duquel Sisera était le chef, . Et les
enfants d'Israël crièrent à l'Eternel;
car Jabin avait neuf cents chariots de
fer, et il avait violemment opprimé les
enfants d'Israël durant vingt ans.... Et
Sisera assembla tous ses chariots, savoir,
neuf cents chariots de fer, et tout le
peuple qui était avec lui.... Et l'Eternel
frappa Sisera, et tous ses chariots, et
toute l'armée au tranchant de l'épée
devant Barak; et Sisera descendit de
chariot et s'enfuit à pied.... " (Juges, IV, 1-4 et 13-16)
......
" En ce jour-là, Débora, avec
Barak, fils d'Abinoham, chanta en disant:
.... Alors a été rompue la corne des
pieds des chevaux par le battement des
pieds, par le battement, dis-je
des pieds de ses puissants chevaux.
" (Juges, v, 1 et 22) |
Si
l'on voulait faire une traduction libre de cette
dernièrer phrase, il suffirait de dire:
" Alors ses
chevaux ( Il s'agit
ici des chevaux de l'ennemi, de l'armée
de Sisera) se sont rompu la
corne des pieds dans l'impétuosité de
leur fuite;" |
Mais
on aurait tort d'y introduire le mot bride comme
l'a fait de Sacy, car ce mot n'existe pas dans le
texte hébreu.
Les livres de Josué et des juges prouvent par
conséquent que plusieurs peuples de la Palestine
se servaient déjà des chevaux quand les
Hébreux vinrent s'établir dans ce pays; mais
ils sont très loin de faire supposer
que ces derniers en aient alors possédé.
Le livre de Josué montre au contraire combien la
loi mosaïque était hostile à l'usage du cheval;
et les faits suivants indiquent encore que cet
animal n'était pas employé par les Israélites
pendant le période des Juges.
Débora dit dans son cantique:
" Vous qui
montez sur les ânesses blanches, et qui
êtes assis dans le siège de la justice,
et vous qui allez par les chemins, parlez.
" (Juges, V, 10) |
Plus
tard,
" fut
suscité Jaïr, Galaadite, qui jugea
Israêl vingt-deux ans; Il eut trente
fils qui montaient sur trente ânons, et
qui avaient trente villes, qu'on appelle
les villes de Jaïr jusqu'à ce jour,
lesquelles sont au pays de Galaad. (Juges, V, 3-4.) |
Après
Elon,
" Habdon,
fils d'Hillel, Pirhathonite, jugea
Israël. Il eut quarante fils et trente
petit-fils qui montaient sur soixanrte-dix
ânons." (Juges, XII, 13-14) |
Enfin
lorsqu'il s'agit de venger l'injure faite au
lévite d'Ephraïm par les Benjamites,
" toutes les
tribus d'Israël se trouvèrent à l'assemblée
du peuple de Dieu, au nombre de quatre
cent mille hommes de pied, dégainant l'épée."
(Juges, XX,2) |
Ainsi
tout démontre que, jusqu'à la judicature d'Héli,
prédécesseur de Samuel, les Hébreux ne se
servaient pas du cheval; les principaux d'Israël
éaient encore portés par des ânes; et les
montures d'honneur, celles des Juges et des
Anciens, étaient des ânesses blanches.
Ces modestes montures ne servaient du reste en
aucune façon à porter les guerriers israélites,
qui étaient tous fantassins. [....]......
Mais dans le courant du
XIe siècle avant J.C., environ cinq cents ans
après la mort de Moïse, la période des Juges
se termina par l'établissement de la royauté;
événement qui eut une influence considérable
sur l'histoire du cheval chez les Hébreux, [...]
Piétrement 1882
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Il n'est pas utilisé
sous Saül
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[... ]. Samuel, qui avait
été élevé dans le sanctuaire et qui devait
toute sa fortune au sacerdoce, ne pouvait songer
à se faire nommer roi, puisque l'établissement
de la royauté était en opposition avec la loi
mosaïque. [....] ce qui nous importe
ici, c'est de montrer textuellement, d'après le
Bible, le portrait que Samuel fait aux Hébreux
du roi qu'il va leur donner, parce que c'est un
document précieux pour l'histoire de l'introduction
de l'usage du cheval chez les Israëlites.
[....]
au moment où Samuel est forcé de se démettre
du pouvoir suprême et de nommer un roi, les
Israélites ne se servent pas encore du cheval.
[....] les Hébreux exigent la nomination d'un
roi et en acceptent toutes les conséquences.
La frayeur des chevaux et des chars de guerre de
leurs ennemis les a jusqu'ici empêchés de
conquérir les plus riches vallées de la
Palestine et les a souvent livrés au joug de
leurs voisins;
mais il paraît qu'une partie de la nation est
déjà convaincue qu'il est indispensable que les
Israélites adoptent l'usage du cheval. Aussi
allons-nous bientôt voir l'usage de cet utile
auxilliare s'introduire chez eux; cela ne se fera
cependant pas subitement; trop d'éléments
contraires s'y opposent encore.
Dans la seconde année du règne de Saül :
" les
Philistins s'assemblèrent pour faire la
guerre à Israël, ayant trente mille
chariots et six mille hommes de cheval;
et le peuple était comme le sable qui
est sur le bord de la mer, tant il était
en grand nombre...... Mais ceux d'Israël
se virent dans une grande angoisse;" (I Samuel, XIII, 5-7) |
Saül
battit les Philistins, leur prit des brebis, des
boeufs et des veaux; mais l'Ancien Testament ne
dit pas s'il leur enleva des chevaux ni ce qu'il
en fit.
[...] rien n'indique dans la Bible que Saül ait
possédé des chevaux. Il semble même que le
jour de sa mort il combattait encore à pied
lorsque, vaincu par les Philistins, il fut
obligé de se jeter sur sa hallebarde, pour n'être
pas pris vivant [...]
" par un
chariot et quelques chefs de gens de
cheval qui le poursuivaient. " (II Samuel, I, 6). |
Il
est vrai que quelques auteurs, notamment Paul
Gervais (Hist. nat. des mam. , t. I, p.
144) ont invoqué, comme preuve
de l'utilisation du cheval par les Israélites du
temps de Saül, l'expression soit-disant biblique
d'écuyer de Jonathan. [....]
Samuel était mort quelques temps avant Saül; et
Is-Boseth, fils de Saül, après un règne de
deux ans (voyez II Samuel,
II,10), fut assassiné par ses
propres partisans (voyez
II Samuel,
IV, passim).
Piétrement 1882
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haut
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