Schleswiger
(les plus beaux chevaux, s. R. Glyn)
détail
du mausolée de Glanum
(à
p.de ph. wiki comm.)
|
LES
RACES CHEVALINES ASIATIQUES ET EUROPEENNES EN
OCCIDENT (chap. XI) (suite) p583
Quant à la
présence d'un certain nombre de chevaux
germaniques et de chevaux belges en dehors de
leurs aires géographiques naturelles, il est
facile de l'expliquer en quelques mots.
[...]
" Dans les
maremmes de la Toscane vit à l'état
demi sauvage une population chevaline
assez nombreuse, puisque, d'après le
dernier recensement , il existe dans les
provinces de Florence, de Pise, de Sienne,
de Grossetto, de quinze à vingt-quatre
chevaux par kilomètre carré.
Dans cette partie centrale de l'Italie
domine le cheval appelé maremmano, dont
les caractères spécifiques sont
exactement ceux de la race germanique.
" (Sanson, Zootechnie, t.III, p.81).t.germanique |
Pour se rendre compte de
la présence de ces chevaux de race germanique
dans cette région, il suffit de se rappeler qu'elle
fut à diverses reprises envahie et occupée par
des peuples d'origine tudesque.
Elle fut traversée par les Wisigoths d'Alaric (410-411);
elle fut successivement occupée par les Hérules
d'Odoacre (476-491) et par les Ostrogoths de
Théodoric (489-554); enfin elle fut envahie par
les Lombards d'Alboin, qui s'y établirent en 568
et qui n'en furent jamais dépossédés.
L'existence de chevaux germains au milieu des
chevaux asiatiques en Espagne et dans le sud de
la France s'explique également par les
conquêtes des peuples tudesques qui
détruisirent l'empire romain; et le chapitre
suivant montrera le même fait se reproduisant
dans les Etats Barbaresques.
"Les
monuments de l'art antique, dans la Rome
des Césars, ceux de l'art roman, nous
indiquent le rôle considérable qu'a dû
jouer, après la guerre des Gaules, la
race des chevaux belges.
C'est son type (Les chevaux du type belge
se distinguent surtout par leur tête qui
ressemble à celle du rhinocéros), en
effet, que la scuplture a reproduit à
peu près invariablement sur ces
monuments.
Les chevaliers romains l'avaient tiré de
la Gaule Belgique, vraisemblablement à
cause de sa forte corpulence.
Les guerriers franks, à la chute du
monde romain, le firent sans doute aussi
descendre de son pays vers le midi.
Toujours est-il qu'on le retrouve dans l'île
de Camargue et jusqu'en Italie, et que
les bas-reliefs de ces époques, ainsi
que les effigies des médailles et des
monnaies trouvées sur le sol des Gaules,
n'en représentent pas d'autre. (Sanson, Zootechnie,
t.III,
p.93). |
A l'appui des
judicieuses remarques de M. Sanson, nous pouvons d'ailleurs citer
ce passage de
Strabon (IV,IV, 2-3):
" Les
Gaulois n'en sont pas moins par nature
tous d'excellents soldats, supérieurs
seulement comme cavaliers à ce qu'ils
sont comme fantassins, et, en effet, à l'heure
qu'il est, c'est de chez eux que les
Romains tirent leurs meilleure cavalerie.
On remarque aussi qu'ils sont plus
belliqueux à proportion qu'ils sont plus
avancés vers le nord et plus voisins de
l'Océan.
A ce titre, le premier rang, dit-on
appartient aux Belges, confédération de
quinze peuples répandus le long de l'Océan
entre le Rhin et la Loire, et assez
vaillants en effet pour avoir pu à eux
seuls arrêter l'invasion germanique, j'entends
celle des Cimbres et des Teutons. " |
La nation belge des
Trévires est précisément celle dont César dit dans la Guerre des Gaules, V, 3:
" Cette
nation est de beaucoup la plus puissante
par sa cavalerie et possède de
nombreuses troupes à pied; elle habite,
comme nous l'avons dit plus haut, les
bords du Rhin. " |
Comme les bons cavaliers
font généralement les bons chevaux, ceux des
Belges devaient être les meilleurs chevaux de
guerre de la Gaule à l'époque de la domination
romaine, et c'était une raison de plus pour qu'ils
fussent recherchés par les Romains.
Piétrement
1882
|
urne cinéraire (république
romaine) (BM)
.
*
revers de monnaie
Trinovantes
(peuple
breton insulaire allié aux Catuvellani
ditigés par Cassivellaum, ph.wiki.)
.
* N.B: le
paragraphe ci-contre
(encadré en bleu) est déplacé
du chapitre IV §4
_ |
|
|
Il nous reste, pour terminer ce chapitre, à
rappeler encore quelques-uns des très nombreux
documents que l'on possède sur les anciennes
cavaleries de la Bretagne, de la Gaule, de la
Germanie, de l'Italie, de la Sicile et de l'Espagne
ou Ibérie.
Le passage suivant ne laisse aucun doute sur l'importance
de la cavalerie dans l'île de Bretagne:
"Cassivellaum,
comme nous l'avons dit plus haut,
désespérant de nous vaincre en bataille
rangée, renvoya la plus grande partie de
ses troupes, ne garda guère que quatre
mille hommes montés sur des chars, et se
borna à observer notre marche, se tenant
à quelque distance de notre route, se
cachant dans les lieux de difficie accès
et dans les bois, faisant retirer dans
les forêts le bétail et les habitants
des pays par lesquels il savait que nous
devions passer. " (César, Guerre des
Gaules, V, 19) |
César raconte ailleurs
(IV, 33) que, fondant sur les Romains
occupés à couper du grain, les Bretons
"les
avaient enveloppés à la fois de leur
cavalerie et de leurs chariots" (equitatu
et essedis). |
.
Toute
la cavalerie de l'Iliade est montée sur des chars,
véhicules dont l'usage dans les combats
a été décrit et apprécié par César,
à propos des peuples de l'île de
Bretagne.
César dit en effet de ces
peuples:
"
Voici leur manière de combattre
avec ces chariots:
D'abord ils les font courir sur
tous les points en lançant des
traits; et, par la seule crainte
qu'inspire les chevaux et le
bruit des roues, ils parviennent
souvent à rompre les rangs.
Quand ils ont pénétré dans les
escadrons, ils sautent à bas de
leur chariots et combattent à
pied.
Les conducteurs se retirent peu
à peu de la mêlée et placent
les chars de façon que, si les
combattants sont pressés par le
nombre, ils puissent aisément se
replier sur eux.
C'est ainsi qu'ils réunissent
dans les combats l'agilité du
cavalier à la fermeté du
fantassin;
et tel est l'effet de l'habitude
et de leurs exercices journaliers,
que, dans les pentes les plus
rapides, ils savent arrêter
leurs chevaux au galop, les
modérer et les détourner
aussitôt, courir sur le timon,
se tenir ferme sur le joug, et de
là s'élancer précipitamment
dans leurs chars." (César, Guerre
des Gaules, IV, 33.) |
Sauf
l'habitude de courir sur le timon, qui
aurait présenté de sérieuses
difficultés sur les chars grecs et
asiatiques ouverts uniquement à l'arrière,
les héros d'Homère combattaient
absolument comme les Bretons insulaires
de César.
Piétrement
|
Tacite dit aussi dans la Vie d'Agricola, chap. XII, à propos des Bretons:
"Leur
force est dans leur infanterie; quelques
peuplades font la guerre montées sur des
chars, que le plus noble
conduit tandis que ses clients combattent."
|
Ils les montre d'ailleurs
plus loin (XXXV-XXXVI) combattant les uns à pied, les
autres à cheval et d'autres sur des chars.
L'usage des chars de guerre aurait même duré
jusqu'au VIe siècle chez les habitants de l'île
de Bretagne, suivant Jornandès, qui dit dans son
chapitre II:
"Ils
combattent à cheval ou à pied, mais
encore sur des chars à deux chevaux et
sur des chariots armés de faux, qu'ils
appellent essèdes en leur langue." |
Piétrement
1882
|
char celtique du Pays de Galles (env. 400 avt J.C.)
reconstitution par
C.FOX en 1946 à partir d'éléments trouvés dans le lac
Llyn Cerrig Bach (ph. internet)
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