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LES
CHEVAUX EN ARABIE (chap VIII) (suite) p425(rappel): Certains
auteurs, notamment le docteur Perron, ont
prétendu que le cheval est originaire de l'Arabie.....
Il dit aussi
.... que jusqu'à l'islamisme les Arabes n'ont eu
pour annales que la mémoire des hommes [...]
....., à la
page 104, Perron fait allusion à plusieurs migrations
arabes anté-islamiques [...]
Il avoue du
reste que la plus ancienne des susdites
migrations est celle des Sabéens et des
Kahlanides de l'Yémen qui vinrent fonder le
royaume arabe de Hira dans la Babylonie; et nous
devons dire tout de suite que cette migration
commença sous le règne d'Amrou-ben-Amer, à l'époque
de l'inondation causée par la rupture de la
digue de Mareb, dans la première moitié du IIe
siècle de notre ère: vers l'an 140 d'après
Silvestre de Sacy, vers l'an 120 selon Caussin de
Perceval (Voyez Noël Desvergers, Arabie, p 64;
Caussin de Perceval, Hist des Arabes, t.
I, p 83-88).
A ceux qui s'étonneraient qu'une telle
incertitude fût possible sur une date si
importante dans l'histoire des Arabes, et
relativement si récente, nous rappellerions ce
que M.
Renan a
déjà dit sur l'Arabie:
"Elle
n'a pas de haute antiquité, elle est si
jeune dans l'histoire que le VIe siècle
est son âge héroïque et que les
premiers siècles de notre ère
appartiennent pour elle aux ténèbres
des temps anté-historiques. (Voyez Renan, Hist.
gén. des lang. sémit., p 104) |
Masoudi ou Massoudi dans
les Prairies
d'or, Abou-Bekr-ibn-Bedr dans le Nacéri, ont parlé de la
migration d'Amrou-ben-Amer, et la comparaison de
leurs récits ne sera pas inutile pour le but que
nous poursuivons.
Silvestre de Sacy a publié dans le tome XLVIII des Mémoires de l'Académie
des inscriptions, un long extrait des Prairies d'or
de Massoudi; et il a donné la traduction de
cet extrait aux pages 627-644.
Masoudi raconte la construction de la digue de
Mareb, qui permit d'irriguer le pays, de le
fertiliser à ce point que
"un
voyageur, soit à pied, soit à cheval,"
|
pouvait le
parcourir d'une extrémité à l'autre sans
ressentir les ardeurs du soleil (page 629).
Il dit que le roi Amrou-ben-Amer, surnommé Mozaïkia,
ou le déchireur, avait près de lui un frère
devin qui s'appelait Amran, et une femme
devineresse nommée Dharifat-alkaïr, laquelle
prévint à temps le roi de prendre ses
précautions contre une inondation prochaine que
déterminerait la rupture de la digue; puis il
ajoute aux pages 640-642:
"Quand
Amrou-ben-Amer eut recueilli le prix de
tous ses biens, il annonça aux habitants
l'inondation dont ils étaient menacés.
Son frère Amran, le devin, leur dit:
"j'ai vu que vous devez être
dispersés de divers côtés et dans les
contrées fort éloignées l'une de l'autre.
Je vais vous faire connaître les
avantages et les propriétés de chaque
pays;
choisissez la contrée qui vous plaira
davantage, et allez y établir votre
domicile.
Quiconque parmi vous aime les grandes
entreprises, possède un chameau robuste
et une outre neuve, qu'il aille s'établir
dans le château fortifié du pays d'Oman.
"
Les descendants d'Azd, qu'on nomme Azd d'Oman,
allèrent habiter ce pays.
Le devin ajouta: "s'il est parmi
vous quelqu'un dont l'âme ne soit pas
portée aux grandes entreprises, qui ne
possède ni un chameau robuste ni une
outre neuve, qu'il aille se joindre aux
tribus des Kurdes; c'est le pays connu
sous le nom de Hamdan."
Wadia, fils d'Amrou, choisit ce parti.
Amran continua: "quelques-uns de
vous sont-ils doués d'une âme ferme, d'un
coeur intrépide, qu'ils portent leur
pays vers Mén (Dans le Nedj); c'est le
même que Sérat".
Ceux-ci furent ceux à qui l'on donna le
nom d'Azd de Schénoua.
" Que ceux, continua Amran, qui
aiment les affaires, le travail, le
gouvernement, l'autorité, et qui peuvent
supporter les coups de la fortune,
aillent choisir leur séjour à Batn-Marr
" (près de la Mecque).
Ce furent les Khozaïtes
qui fixèrent leur séjour en ce lieu. On
leur donna le nom de Khozaa, parce qu'ils
s'étaient séparés de leurs camarades d'émigration
pour s'établir dans cette contrée...
là se fixèrent aussi Malec, Aslam, et
Malcan fils de Kasi, fils d'Haréthé,
fils d'Amrou Mozaïkia.
"Voulez-vous, dit encore Amran,
posséder des plantations d'arbres dont
les racines soient profondément
enfoncées dans une terre humide et
fangeuse, et qui fournissent des aliments
dans les temps de stérilité, allez à
Iathreb, cette ville riche en palmiers."
C'est Médine.
Elle fut choisie par Aus et Khazradj,
fils d'Harétha, fils de Thaléba, fils d'Amrou
Mozaïkia.
Amran dit encore: "si quelqu'un de
vous aime le vin et les liqueurs
fermentées, les étoffes tissées d'or
et de soie, les soins du commandement et
de l'administration, qu'il choisisse pour
sa retraite Basra el Hafir: ce qui
indique la Syrie." Ce fut là que se
retira la famille de Ghassan.
"Que ceux , continua le devin, que
leur goût porte vers les chevaux d'une
noble race, les trésors et l'abondance
des choses nécessaires à la vie, et le
sang versé dans les combats, se
transportent dans l'Irak".
Ceux qui se retirèrent dans cette
contrée furent les enfants de Malec,
fils de Fahm Azdi, et une partie des
Arabes de Ghassan, qui habitèrent Hira." |
Tel est le
récit de Masoudi, rédigé dans la première
moitié du Xe siècle [....],
[...] le fait important à constater avec Masoudi,
c'est la dispersion d'un grand
nombre de tribus de l'Yémen qui, après l'abandon
de ce pays par Amrou, allèrent fonder de
nouvelles colonies dans les différentes parties
de la péninsule Arabique, ainsi que les royaumes
arabes extra-péninsulaires de Ghassan et de Hira,
sur lesquels nous reviendrons dans le paragraphe
suivant.
[....]
Piétrement
1882
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stèle
funéraire d'Arabie du sud (1er à 3eme s.) (Lo)
|
Mais pour bien apprécier les renseignements des
anciens, notamment des Grecs, sur les Arabes et l'Arabie,
il faut savoir au juste ce qu'ils ont désigné
par ces noms;
et Strabon nous l'apprend dans les
passages suivants:
"Toute
la partie de la Mésopotamie qui borde
les montagnes, toute la Parorée,
comme on dit, est passablement fertile.
" (Strabon, liv. XVI, ch. I, §
23.)
"En revanche, dans sa partie
méridionale, c'est à dire là où elle
est la plus éloignée des montagnes, la
Mésopotamie n'offre plus qu'un sol aride
et pauvre et n'est plus habitée que par
les Arabes Scénites, population de
pâtres et de brigands, toujours prêts
à se déplacer quand les pâturages sont
épuisés et que le butin vient à
manquer.
De là une situation difficile pour les
populations agricoles de la Mésopotamie
Parorée, exposées en même temps aux
incursions des Scénites et aux menaces
des Arméniens." (Strabon, liv.
XVI, ch I, §26.)
"L'itinéraire suivi par les
marchands qui de la Syrie se dirigent
vers Séleucie et vers Babylone traverse
tout le territoire et tout le désert des
Arabes Scénites (des Maliens, pour dire
comme certains auteurs aujourd'hui): c'est
à la hauteur d'Antémusie, localité
dépendant de la Mésopotamie, qu'ils
passent l'Euphrate;
ils laissent derrière eux à 4 schoenes
au-dessus du fleuve, la ville de Bambycé,
ville qu'on désigne aussi sous le nom d'Edesse
et de Hiérapolis....,
puis, après avoir passé le fleuve, ils
coupent le désert dans la direction de
la frontière babyloniènne et atteignent
ainsi Scenae, ville importante bâtie sur
le bord d'un canal.
Du passage de l'Euphrate à Scenae, on
compte vingt-cinq journées de marche.
Dans le trajet, on rencontre des
hôtelleries tenues par des chameliers et
toujours bien pourvues soit d'eau de
citerne (ce qui est le cas le plus
habituel), soit d'eau apportée (à dos
de chameau comme les autres provisions).
Les Scénites n'inquiètent pas ces
marchands, ils modèrent même en leur
faveur les droits qu'ils exigent d'ordinaire.....
Scenae est à 18 stades de Séleucie."
(Strabon,
liv. XVI, ch. I, § 27.)
"
Le canton d'Apamée est borné à l'est
par ce vaste territoire dépendant des
phylarques arabes que l'on nomme la Parapotamie,
et par la Chalcidique, laquelle commence
à partir du Massyas.
Quant au territoire situé au sud d'Apamée,
il est peuplé surtout de Scénites, dont
les moeurs rappellent tout à fait celles
des populations nomades de la
Mésopotamie." (Strabon, liv.
XVI, ch. II, § 11.)
"Au dessus de la Judée et de la
Coelé-Syrie,* on voit s'étendre dans la
direction du midi, jusqu'à la Babylonie
et jusqu'à la vallée de l'Euphrate, l'Arabie
proprement dite, ou, en d'autres termes,
l'Arabie sans le pays des Scénites,
lequel dépend de la Mésopoamie.
Mais nous avons parlé ci-dessus de la
Mésopotamie et des différents peuples
qui l'habitent; nous avons décrit de
même, de l'autre côté de l'Euphrate,
tout le territoire voisin des bouches du
fleuve qu'habitent les Babyloniens et les
Chaldéens;
disons maintenant que le pays qui fait
suite à la Mésopotamie et qui s'étend
jusqu'à la Coelé-Syrie offre
deux parties distinctes, la partie la
plus rapprochées du fleuve, qui, comme
la Mésopotamie elle-même, est occupée
par les Arabes Scénites, nation
fractionnée en petits Etats et qui se
voit réduite par la nature pauvre et
aride du pays qu'elle habite à ne s'occuper
que peu ou point de culture, pour se
consacrer toute à l'élève des
troupeaux, à l'élève des chameaux
principalement;
et une autre partie au-dessus de celle-là
(*"On a vu au commencement de l'alinea
et il ne faudra pas oublier que, dans les
descriptions topographiques de Strabon, l'expression
"au-dessus" signifie "au
sud"), composée uniquement d'immenses
déserts.
Au sud de ces déserts, maintenant,
commence l'Arabie Heureuse, qui se trouve
avoir de la sorte pour côté
septentrional le désert indiqué par
nous tout à l'heure, pour côté
oriental le golfe Persique, pour côté
occidental le golfe Arabique, et enfin
pour côté méridional la Grande Mer (on
emploie de préférence ce dernier nom
quand on n'entend désigner que la partie
de mer extérieure aux deux golfes
Persique et Arabique, tandis que le nom
de mer Erythrée embrasse en même temps
les deux golfes). " (Strabon, liv.
XVI, ch. III, §1.) |
Depuis les
conquêtes des Arabes musulmans en Asie et en
Afrique, nous donnons le nom d'Arabes non
seulement aux habitants de la péninsule Arabique,
mais encore à une foule de populations
asiatiques cantonnée en dehors de cette
péninsule et à la plupart des populations qui
occupent la partie de l'Afrique située au nord
du Sahara.
Le mot
Arabes n'avait pas
encore pris une telle extension dans l'antiquité
classique, mais on voit qu'il s'appliquait
déjà non seulement aux habitants de la
Péninsule, mais encore aux populations
nomades cantonnées dans le région
moyenne de la Mésopotamie, région
bornée au sud par la Babylonie, au nord
par la Mésopotamie Parorée,
laquelle confinait à l'Arménie;
que le nom d'Arabes était également
donné à toutes les populations nomades
qui entouraient la Syrie tant à l'est qu'au
sud;
et que le nom d'Arabie s'appliquait à
tous les pays, même extra-péninsulaires,
occupés par les Arabes. |
Piétrement
1882
|
.
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Quant à l'épithète purement hellénique de Scénites,
donnée à beaucoup de tribus arabes extra-péninsulaires,
elle signifiait simplement nomades, vivant sous
la tente, de .., tente;
et Ammien
Marcellin (XXIII, 6) nous apprend que de son temps les
descendants des Scénites s'appelaient Sarrasins
(Saraceni).
Chaque fois qu'on rencontre les mots Arabes ou
Arabie dans les textes anciens, il importe donc,
pour éviter toute méprise, de s'assurer s'il s'agit
de pays et d'habitants appartenant ou non à la
péninsule Arabique.
Ainsi, par exemple, de ce que dans la Cyropédie (II, 1)
Xénophon mentionne
les cents chars et les dix mille cavaliers de l'Arabe
Maragdus, allié de Crésus et des Assyriens
contre Cyrus, on n'est pas autorisé à conclure
qu'il existait des chevaux dans la péninsule
Arabique au VIe siècle avant notre ère;
car un peu plus loin, en racontant la panique et
la dispersion des ennemis de Cyrus, près des
frontières d'une tribu d'Hyrcaniens limitrophes
des Assyriens " Xénophon dit (IV, 2):
"
Le roi des Cappadociens et celui des
Arabes, qui se trouvent tout près et qui
n'ont pas eu le temps d'endosser leurs
armes, sont tués par les Hyrcaniens.
Mais la plus grande perte est parmi les
Assyriens et les Arabes, qui, se trouvant
dans leur pays, s'avançaient d'une
marche fort lente." |
Il est donc
certain qu'il s'agit ici des Arabes de la
Mésopotamie, et que c'est encore d'eux que Xénophon parle ainsi plus tard
(VII, 4):
"Cyrus,
en se rendant de Sardes à Babylone,
soumet les Phrygiens de la grande Phrygie,
soumet les Cappadociens et réduit les
Arabes sous le joug." |
Hirtius,
ancien lieutenant de César et consul avec Vibius
Pansa en l'an 43 avant notre ère, commence ainsi
ses Commentaires
sur la guerre d'Alexandrie :
"
La guerre d'Alexandrie ayant éclaté,
César fait venir de Rhodes, de Syrie et
de Cilicie toute sa flotte; il demande
des archers aux Crétois, et des
cavaliers à Malchus, roi des Nabatéens." |
Cela ne prouve
pas non plus qu'il y eut des chevaux dans la
péninsule Arabique à l'époque de la guerre d'Alexandrie,
47 ans avant J.-C.;
car ce Malchus ou Malec commandait aux Nabatéens
du gouvernement de Pétra, situé entre la Mer
Morte et la Mer Rouge, dans les montagnes des
anciens Edomites ou Iduméens, par conséquent en
dehors de la péninsule Arabique.
Ammien
Marcellin (XIV, 4) représente aussi les Sarrasins de son
temps exerçant de continuelles déprédations,
"en
paix comme en guerre, à l'aide de leurs
chevaux et de leurs chameaux agiles et
élancés." |
Mais ce sont
là des Arabes extra-péninsulaires,
dont les actes se rapportent d'ailleurs au IVe
siècle de l'ère chrétienne, et les anciens
font une peinture toute différente des peuples
qui habitaient l'Arabie véritable, l'Arabie
péninsulaire, avant le commencement de cette
ère.[....]
Piétrement
1882
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scénites
haut
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