détail de bas-relief du
palais d'Assurnasirpal à Nimroud,
(d'après ph.
British Museum, abrégé B.M.)
N.B.
La citation des
paroles attribuées à Ishtar met en
scène le mulet
Il y a lieu d'être
prudent dans l'interprétation de tous
les textes anciens à ce sujet.
En effet, qui dit mulet dit produit d'âne
et de jument et suppose donc la présence
de ces deux espèces à l'état
domestique dans la civilisation
concernée...
Parfois on pourra
suspecter l'erreur de traduction
|
|
LES
CHEVAUX CHEZ LES ASSYRIENS
(chap.VII) Le
cheval ayant été introduit en Mésopotamie par
les Mongols qui y fondèrent le plus ancien
empire mésopotamien dont le souvenir ait été
conservé, les Sémites de cette
contrée ou Assyro-Chaldéens
ont naturellement possédé des chevaux dans les
temps les plus anciens auxquels remontent leurs
traditions.
Aussi, dans une inscription cunéiforme
découverte par G.Smith et relative à Izdubar,
donné comme le premier roi post-diluvien de la
Chaldée, la déesse Ishtar dit-elle à ce roi:
"Tu seras
porté dans un char de pierres
précieuses et d'or, dont le corps est d'or
et le timon magnifique;"
et ajoute plus loin: " Tes troupeaux
de boeufs et de moutons produiront de
doubles portées.... Le mulet sera
obéisssant... au char, il sera fort et
sans faiblesse... au joug .
"(F.
Lenormant, Les premières
civilisations, t. II, p. 27) |
Du reste, l'usage du
cheval chez les Assyriens était déjà connu par
plusieurs passages de la Bible et des auteurs
grecs et latins, ainsi que par les textes
hiéroglyphiques [....].
Mais il l'est bien mieux depuis les récentes
découvertes des documents nationaux, textes
cunéiformes et bas-reliefs équestres, qui
étaient depuis si longtemps enfouis sous les
sables de la Mésopotamie..
Les
premières découvertes importantes ont été
faites en 1843, par nos compatriotes Botta et
Eugène Flandin, dans les ruines du palais de
Sargon à Khorsabad, qui n'était pas dans l'enceinte
de Ninive, comme on l'avait cru d'abord, mais qui
était à Ninive ce que le Versailles de Louis
XIV était à Paris et dont les fouilles,
momentanément interrompues, ont été reprises
en 1851 par Victor Place. L'Anglais Layard, issu
d'une fafmille d'origine française, a exploré
avec un égal succès: en 1845, les ruines de l'ancienne
Kalakh ou Calach, sur l'emplacement du site
actuel de Nimroud; en 1847, les ruines de Ninive
à Koyoundjik; et, en 1849, celles de Kalh-Cherghat
ou ancienne Ellassar de la Bible. Fulgence
Fresnel et Jules Oppert ont exploré en 1852
diverses parties des ruines de Babylone. Enfin, d'autres
fouilles ont été faites dans certaines autres
localités, notamment à Mossoul, ville située
sur la rive droite du Tigre, en face de
Koyoundjik, également sur l'emplacement de
Ninive.
L'étude des bas-reliefs permettra de constater l'antiquité
de la lutte victorieuse de l'élément aryen
contre l'élément mongolique dans la population
chevaline de la Mésopotamie. Mais nous nous
occuperons d'abord des renseignements fournis par
les inscriptions cunéiformes; et au risque de fatiguer
un peu le lecteur, nous leur emprunterons bon
nombre de citations, d'abord parce que les
Assyriens ont rempli un assez grand rôle dans l'histoire
pour qu'on s'intéresse à la façon dont ils ont
utilisé les chevaux, et surtout parce que le
soin avec lequel leurs souverains signalent les
captures de chevaux sur la plupart de leurs
ennemis contraste d'une façon très
significative avec ce qu'on leur verra raconter
dans le chapitre suivant sur les Arabes, auxquel
ils prennent des chameaux et du bétail, mais pas
un seul cheval.
En raison du vandalisme des conquérants qui, à
tant de reprises, ont ravagé la Mésopotamie,
les monuments de ses dynasties antérieures à la
domination sémitique et même ceux des plus
anciens rois assyriens ont été détruits avec
un tel soin, que les inscriptions cunéiformes
actuellement connues ne fournissent des
renseignements sur l'usage des chevaux qu'à
partir du règne de Téglathphalasar Ier, vers le
XIIe siècle avant notre ère, et qu'on ne
connaît encore aucun bas-relief équestre
antérieur à Sardanapale III, du Xe siècle
avant Jésus-Christ.
Il faut aussi observer que si les dates
assyriennes postérieures à l'an 747, où
commence l'ère du Babylonien Nabonassar, sont
parfaitement établies, les dates antérieures à
cette ère, que nous donnons d'après
l'Hist. de Chaldée et d'Assyrie de M. J. Oppert,
sont seulement approximatives, ce qui suffit du
reste pour notre sujet.
Piétrement 1882
|
~
|
Les
gestes de Touklat-habal-asar Ier
ou Téglathphalasar
Ier sont connus par une
longue inscription cunéiforme, gravée en quatre
exemplaires sur quatre prismes octogones trouvés
aux quatre coins du grand temple d'Assour, à
Kalah Cherghat.
M. Oppert a
traduit (..) p 44-59, cette inscription, dans
laquelle Téglathphalasar Ie raconte
lui-même ses campagnes, et dont nous extrayons
les passages suivants.
"Au
commencement de mon règne, je vainquis
20 000 hommes moschiens (Muskaya)
et leurs cinq rois... Aucun roi ne les
avait jamais défaits dans une bataille;
ils se fièrent à leur puissance et
subjuguèrent la Commagène ( Kummukh).
Dans la déférence à Assour, mon
seigneur, je disposai mes chars et mes
armées. Je ne laissai rien derrière moi,
et j'abordai le pays de Kasiraya, un
plateau élevé. Je me rencontrai avec les
20 000 guerriers et les cinq rois; je les
fis fuir. Je surpris, comme la tempête,
les rangs de leurs combattants dans la
mêlée; je dispersai les cadavres dans
les abîmes et les vallées des montagnes;
je leur coupai les têtes." (P. 45)
"Dans ce temps, je marchai contre
les hommes de la Commagène, mes ennemis,
qui avaient refusé à Assour, mon
seigneur, leurs tributs et leurs dons. J'envahis
entièrement la Commagène, je fis sortir
les esclaves, les butins et les trésors;
je brûlais par le feu leurs villes, je
les démolis, je les détruisis. Les
restes des habitants de la Commagène,
qui s'étaient soustraits à ma puissance,
s'étaient retirés sur la ville de
Sérissé, avaient franchi l'autre rive
du Tigre et avaient fortifié cette ville
pour s'y maintenir. Je réunis mes chars
et mes guerriers; je, ahsi 1 les lieux
inaccessibles et les abîmes tortueux
avec des roues en airain; je uhib
sihula, pour faire passer mes chars
et mes soldats. (P 45-46) |
1. le
traducteur a transcrit en caractères italiques
les mots assyriens dont il n'a pu découvrir le
sens.
" Je
jetai mes chars et mes armées sur le
Tigre. Sadiantirou, fils de Khattikhi,
roi d'Ourraskhinas, prit mes genoux pour
m'empêcher d'attaquer ce pays." (P.46)
" Pour montrer mes armes puissantes,
auxquelles Assour, le Seigneur, a
accordé la force et l'empire du monde,
avec trente chars qui marchent comme des idi
gamarriya, ..., je marchai vers le
pays de Mildis, dont les habitants sont
retors et ennemis. Je traversai les
grands territoires et les plateaux
élevés et plans dans mes chars; mais je
marchai à pied dans les contrées
inaccessibles 1. |
1. le sens
de ce membre de phrase est obscur dans le texte);
mais on va voir à la page suivante qu'il est
éclairé par un autre passage de la même
inscription. (renseignement oral de M. Oppert)
" Dans le pays d'Ourouma,
terrain tortueux qui n'est pas praticable
pour faire passer mes chars, je les
abandonnai." (P 47.)
"Quatre mille hommes de Kaska et d'Ouroum,
des habitants de Syrie (Hatti) qui
avaient conquis le pays Soubarti, firent
leur soumission devant Assour, mon
seigneur.... En dehors de leurs trésors,
je leurs pris deux soixantaines de chars
et de paires de bétail de labour, et je
les livrai aux habitants de mon pays."
(P 47-48)
" D'après les profondes décisions
d'Assour, mon seigneur, le dieu Assour,
mon maître, m'appela à marcher contre
le pays de Kharia, et les armées du
vaste pays de Kourkhié, et des forêts
impénétrables dont aucun roi n'a
exploré le site. Je disposai mes chars
et mes armées, et je commençai le
passage des pays d'Itni et d'Aya, des
plateaux élevés; des montagnes
impénétrables, à pic, comparables à
la pointe d'un poignard, n'étaient pas
propres au passage de mes chars. Je
laissai mes chars dans la plaine
argileuse, et je traversai les montagnes
tortueuses." (P 48)
Ce fut dans mon asaridut que j'attaquai
les rebelles; je réunis mes chars et mes
soldats. Je franchis le Zab inférieur, j'attaquai
le pays des Murattas et de Saradanit, qui
forment un plateau élevé en Asaniou et
Atouma. Je moissonnai leurs armées comme
l'herbe." (P. 49)
"Puis, d'après les conseils
profonds d'Assour, mon seigneur, d'après
sa volonté éternelle, j'assemblai les
guerriers, dans le service des grands
dieux des quatre nations, et je les
commandai selon la justice, brave dans la
mêlée, courageux dans les batailles,
sans égal. Je marchai contre les rois nisut
du bord de la mer Supérieure qui n'avaient
pas reconnu leur servitude, et que le
dieu Assour m'avait signalés. Je dus
traverser des marais inaccessibles, des
contrées fiévreuses, que personne parmi
les rois antérieurs n'avait osé
affronter, des chemins à pic, des
fourrés épais, nommément le pays Elama,
Amadana, etc..., seize grandes contrées.
Je ahsi les bons chemins sur mes
chars, et les chemins escarpés sur des
roues d'airain; je coupai les urum
des bois des montagnes, et je me frayai
un passage pour faire passer mes
guerriers. Je franchis l'Euphrate.
Des rois de Noummi, etc..., en tout vingt-trois
rois des pays Naïri (des fleuves),
avaient dans les limites de leurs
territoires disposé leurs chars et leurs
armées, et vinrent à ma rencontre pour
livrer combat et bataille.... J'arrêtai
deux soixantaines de chars hadirta
au milieu de la mêlée; je poursuivis
une soixantaine de rois Naïris et ceux
qui étaient venus à leur secours... J'emmenai
leurs troupeaux (sugutta) de
chevaux, juments, ânes, veaux et les
produits de leurs vignes sans nombre. Je
pris vivants tous les rois des pays de
Naïri, j'eus pitié de ces rois, je leur
pardonnai et leur accordai la vie... Je
pris comme otage leurs fils, les rejetons
de leur royauté. Je leur imposai comme
redevance douze cents chevaux et deux
mille boeufs, et je les renvoyai dans
leur pays. " (P 50-51)
"Dans l'adoration d'Assour, mon
maître, je réunis mes chars et mes
guerriers, et je m'approchai de la ville
de Kibsouna, la ville de leur royauté.
Les gens de Koumani craignirent le choc
de mes terribles attaques; ils prirent
mes genoux. Je leur fis grâce de la vie."
(P 53)
"Compte donc 42 pays et leurs
princes depuis les rives du Zab
inférieur, le site des forêts risuti,
jusqu'aux rives de l'Euphrate, la
Syrie et la mer Supérieure qui est au
coucher du soleil.
Depuis mon avênement jusqu'à ma
cinquième campagne, ma main les
atteignit; je les soumis l'un après l'autre,
je pris leurs otages, je leur imposai des
tribus et des redevances.
" Ajoute à cela les expéditions
nombreuses contre les rebelles qui ne
fournissaient pas leurs prestations à ma
liste de tributs; je les poursuivais et
je parcourais les chemins bons en char,
et les chemins impraticables à pied 1 |
1. Ici le
texte est très clair ; Téglathphalasar Ier
parcourt incontestablement à pied les chemins
inaccessibles aux chars (renseignement oral de M.
Oppert)...
"
Dans l'adoration de Ninip, mon aide, j'ai
tué quatre bufles mâles suturut
dans le kudirti, dans le pays de
Mitân et dans la ville d'Arazik, qui est
vis-à-vis de la Syrie; je les ai privés
de la vie par mon arc puissant, mon
glaive en fer et ma grande mulmulli;
j'apportai leurs peaux et leurs cornes à
ma ville d'Ellassar.
" Dix sangliers mâles puissants
furent tués par moi dans le pays de
Resaina (Rasni), et, sur les bords du
Khabour, je pris quatre sangliers vivants,
je portai les peaux et les dents avec les
sangliers vivants à Ellassar, ma ville.
"Sous les auspices de Ninip, qui a
pitié de moi, je tuai deux soixantaines
de lions, avec mon courage concentré,
dans la lutte corps à corps, sous mes
pieds. Je capturai 800 lions avec mes
chars dans les passuti bu ul an nir, en
totalité, et l'oiseau du ciel, dans son
vol, la sureté de mes flèches (siggi)
les atteignit.
" Parmi les rebelles contre Assour,
je fis un choix (apila) dans
toutes leurs contrées... Je prélevai
des troupeaux de chevaux, de boeufs, de
moutons que dans l'adoration d'Assour,
mon dieu, j'avais choisis dans les
différents pays vaincus et réunis par
ma main...
" J'ai augmenté le nombre
antérieur de mes chars, attelés par des
couples de bêtes pour la commodité de
mon pays, et je les fis circuler. J'ai
ajouté à l'Assyrie du territoire, à
ses habitants d'autres hommes. J'ai
réjoui le coeur de mes sujets, je leur
ai fait habiter un lieu de délices.
" Téglathphalasar, le seigneur
suprême que Assour et Ninip ont
contenté selon son coeur... fils d'Assour-ris-ili,
le roi puissant... petit-fils de
Moutakkil-Nabou...arrière-petit-fils d'Assourdayan,
qui porta le sceptre suprême, qui
illustra la nation de Bel... descendant
de Ninippalassar, roi qui inaugura le
royaume d'Assyrie... qui institua le
premier les armées d'Assyrie." (P
54-56) |
A propos du nom de ce
dernier roi, il faut observer que l'articulation Ninip
a depuis été lue Adar par les
assyriologues, ce qui a donné Adar-habal-asar ou
Adarpalasar;
; mais il paraît que la
dernière lecture est aussi incertaine que la
première. Quant au dieu précité, Ninip ou Adar,
c'était l'Hercule assyrien, surnommé Samdan (le
puissant); un grand bas-relief de la galerie
assyrienne du Louvre le représente étouffant un
lion dans ses bras.
Piétrement 1882
|
~
Assournasirpal et ses troupes en
pays montagneux, (ph. B. M.)
|
Assour-nasir-habal
ou Sardanapale III régna
de l'an 923 à l'an 899 avant notre ère.
Son inscription,
gravée sur le monolithe trouvé à Nimroud, est
le plus grand texte lapidaire connu; sa
traduction occupe les pages 73 à 103
de l'Hist. de Chald. et d'Assyr, de M.
Oppert. Sardanapale III y
raconte ceci:
"Au début de
ma royauté.... je comptai mes chars et
mes armées." (P.76)
"Dans ma première année....
pendant qu'on me retenait en Commagène,
on m'apporta la nouvelle que la ville de
Sour, qui appartenait à Bit-Kaloupië,
avait fait défection. Les habitants
tuèrent l'homme du Hamath qui gouvernait,
et proclamèrent, comme leur roi,
Akhiyabab, fils de Lamaman, qu'ils
avaient appelé Bit-Adin. d'après la
volonté d'Assour, d'Ao, les grands dieux
qui font grandir ma royauté, je comptai
mes chars et mes armées; je me dirigeai
vers le fleuve Khabour, et, en passant,
je reçus des tributs considérables de
Salman-Haman-Ilan, de la ville de
Sadikanna et de Ilu-Hou, de la ville de
Soura, consistant en lingots d'argent et
d'or, barres de fer, instruments en fer,
des étoffes teintes en berom et
en safran. Je m'approchai de la ville de
Sour, du district de Bit-Kaloupié; alors
la crainte immense d'Assour, mon maître,
les entraîna. Les grands et les notables
de la ville vinrent à moi pour sauver
leur vie; ils saisirrent mes genoux. J'en
tuai toujours un, j'en fis vivre un autre.
j'en... un troisième. Je pris Akhiyabab,
fils de Lamaman, qu'ils avaient appelé
de Bit-Adin. D'après la volonté de mon
coeur, et pour faire respecter mes ordres,
je châtiai la ville, je fis saisir les
hommes criminels; puis je rassemblai mes
grands dans ses palais magnifiques. Son
argent, son or, son pécule, son trésor,
de l'airain, de l'acier(?), de l'étain,
des barres d'airain, des instruments en
airain, des casseroles en airain, des
creusets en airain, des ustensiles en fer,
en grand nombre; du plomb, du ..., des ahzi;
des femmes de son palais, ses filles et
fils. les dépouilles des hommes
criminels, leurs ustensiles ; les dieux
avec leurs ustensiles ; des pierres
précieuses ; son char, avec le timon
pour les chevaux... des harnais pour les
chevaux ; des armures pour les hommes ;
des étoffes teintes en berom et
en safran ; des pasus excellents
en cèdre, des ... excellents en cèdre kisiti
; des plaques de cuivre lisse, des
plaques de cuivre travaillées(?); des
boeufs, des agneaux ; des dépouilles de
toutes sortes, nombreuses comme les
étoiles du ciel ; des enfants sans
nombre ; j'emmenai tout cela. je mis au
dessus d'eux un homme choisi parmi mes
dignitaires; je construisis un mur devant
les grandes portes de la ville ; je fis
écorcher les grands ammar et je
couvris le mur de leurs peaux. j'en fis
murer quelques-uns dans le mur, j'en fis
monter en croix d'autres sur le mur, j'en
fis empaler d'autres le long du mur;
beaucoup d'autres, je les fis écorcher
devant moi-même, et je fis couvrir le
mur de leurs peaux.
Je mis sur la tête des chefs des
couronnes, comme des couronnes royales,
et je transperçai leurs intestins. J'emmenai
Akhiyabab à Ninive; je le fis écorcher
et couvrir le mur de sa peau." (P 78-79)
" Les contrées du pays d'Oukhira ahata
isbut. Je menaçai Tiël, la ville
de leur puissance. Je quittai Kinabou; je
m'approchai de Tiëla, de la ville de Dan-il-dan
et de 23 forteresses remplies de
garnisons. Ils se fièrent à leurs murs
fortifiés, à leurs armées nombreuses,
et ils ne s'humilièrent pas et ne
prirent pas mes genoux. Je m'avançai sur
Tiëla; après un combat meurtrier, j'occupai
la ville de Tiëla. je m'emparai de 3000
guerriers, tués parmi eux; j'emmenai les
captifs, les trésors, les boeuf et les
moutons; je brûlai par le feu beaucoup
de butin. Je fis de ma main beaucoup de
prisonniers vivants ; je coupai aux uns
les mains et les pieds, aux autres le nez
et les oreilles ; à d'autres je crevai
les yeux. j'en fis un monceau des vivants,
un autre composé des têtes, dans les
isduni, aux environs de leurs villes
; j'y amoncelai les têtes. Je
déshonorai leurs fils et leurs filles.
Je détruisis la ville, je la démolis, j'en
brûlai par le feu le contenu." (P
80) |
Ce début des exploits de
Sardanapale III suffit pour montrer ce qu'était
ce féroce guerrier.
Il se glorifie partout d'avoir commis de
pareilles atrocités, d'avoir conquis du butin,
notamment des chevaux. Il dépouille 326
cavaliers du pays de Nisir, qu'on appelle aussi
Loulla-Kiniba, et il leur prend leurs chevaux (p
83) Il mentionne plusieurs fois "
les chars et la cavalerie " des
ennemis, notamment du pays de Patina (p 96)
Piétrement 1882
|
retour de campagne triomphal
"flèches dans la main droite, corde de l'arc dans
la gauche" (ph. et commentaires B.M.)
~
chasses royales:
à gauche, le "roi" porte un diadème : il se
peut donc que ce ne soit qu'un prince (d'après
commentaires id)
~
|
Son fils Salmanasar
III, qui
régna de l'an 898 à l'an 870 avant notre ère,
raconte aussi ses campagnes dans l'inscription
de l'obélisque de Nimroud, que M. Oppert a traduite
dans son Hist. de Chaldée et
d'Assyrie, p 108 à
117. Salmanassar
III dit dans le cours de sa narration: "
Dans ma 18e campagne, je franchis l'Euphrate
pour la 16e fois. Hazaël, roi de
Damùas, vint à ma rencontre pour me livrer
bataille. Je lui pris 1121 chars, 470 cavaliers,
avec son camp." (p113) Puis il
raconte que dans ses deux dernières campagnes,
la 30e et la 31e, il imposa,
comme signe de soumission, des tributs consistant
en chevaux à la ville de Van et à beaucoup d'autres
des environs (p 115-117).
Sur la stêle trouvée à Kurtkh, Salmanassar III
raconte longuement ses 6 premières campagnes que
l'obélisque de Nimroud relate sommairement. La 6e
campagne est dirigée contre une confédération
de douze rois à la tête desquels est Binidri,
le Benhadad ou Benhadar de la Bible,
prédécesseur du Hazaël précité. M.Maspéro,
Hist.anc., p 353, la
résume ainsi:
"Benhadar
avait avec lui deux mille chars et dix
mille Juifs envoyés par Akhab, sept
cents chars, sept mille cavaliers, dix
mille fantassins de Hamath, mille
mercenaires égyptiens, mille Ammonites
qui, joints aux troupes de ses vassaux,
formaient une armée de soixante-deux
mille neuf cents fantassins, huit mille
deux cents cavaliers, quatre mille huit
cents dix chars; un chef arabe nommé Djendib
avait amené un corps de mille chameaux.
Les alliés perdirent la bataille;
quatorze mille des leurs périrent, le
reste s'enfuit au delà de l'Oronte." |
L'inscription
de cette stèle a d'ailleurs été traduite par M. Ménant
dans ses Annales
des rois d'Assyrie.
Salmanassar III y dit (p.113) à propos
de la défaite de Benhadar et de ses alliés:
"Je les ai
poursuivis au delà du fleuve Arantu, j'ai
pris au milieu des chemins leurs chars,
leurs cavaliers et leurs chevaux." |
Enfin,
dans l'inscription des Taureaux,
Salmanasar III dit :
" Dans ma 15e
campagne, j'allai vers le pays de Naïri,
je fis une image de ma majesté près des
sources du Tigre, dans le pays Kapi
(les rochers) des montagnes d'où il sort
de son souterrain. J'y écrivis le récit
de ma valeur et l'histoire de mes
exploits. J'entrai dans le district du
pays de Thouniboun; je détruisis, je
désolai, je brûlai par le feu les
villes d'Arami l'Arménien, jusqu'aux
sources de l'Euphrate. J'allai jusqu'aux
sources de l'Euphrate; j'offris des
sacrifices à mes dieux, je chantai les
louanges d'Assour. Je pris Asia du pays
de Dayani, je lui imposai la prestation
de tributs et de chevaux. Je fis une
image de ma majesté et je la plaçai au
milieu de sa ville. (Oppert, Hist
de Chaldée et d'Assyrie., p. 121) |
Piétrement 1882
|
détails des plaques de bronze des
portes de Balawat ("Balawat gates") du palais
de l'ancienne cité d'Imgur-Enlil
(d'après les ph. B. M.)
..
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